Chapitre 27.
Je m'empresse de tendre l'oreille à la porte pour entendre ce qu'ils se disent.
_ Qu'est-ce que vous avez fait ce soir ?
Mon frère parle calmement. Un peu trop d'ailleurs. Les seules fois où il parle comme ça c'est parce que, justement, il n'est pas calme mais qu'il veut faire comme s'il l'était.
_ Elle a mangé avec moi à l'appart' et on est sortis.
_ Tu veux qu'elle tombe malade ou quoi ?
_ C'est plus une enfant. Si elle veut sortir, tu peux la laisser faire, elle est assez grande pour savoir ce qu'elle fait. Et elle avait ma veste de toute manière.
_ D'après ce que j'ai vu, elle a toutes ses dents. T'as réussi à te contrôler ce soir ?
_ Tu vas me le reprocher encore longtemps ?, grogne Aaron.
_ Jusqu'à ta mort. J'ai pas encore décidé si j'irais sur ta tombe pour te le rappeler ou pas.
_ Ahah, ironise-t-il faussement.
Un silence prend place. À tous les coups, ils sont en train de se fusiller du regard.
_ Camille et moi avons prévu de se voir dimanche après midi.
_ Où ça ?
_ À l'appartement.
_ Pour ?
_ Je sais pas encore, ment-il.
Je souris en me disant qu'il ne veut sûrement pas qu'Isaac sache que je vais lui couper les cheveux. Trop de fierté. Ou de honte.
_ Essaie ne serait-ce que de la toucher contre son grès et crois-moi qu'en deux minutes, je serai chez toi et ce ne sera pas la peine de me supplier de te laisser une chance. Tu seras déjà mort.
Le supplier ? Ça sort d'où ça ?
_ Tu sais que je ne ferai pas ça. Elle veut du temps. Je lui en donne.
_ J'espère bien. Bon... Faut que j'aille engueuler ma sœur parce qu'elle ne sait pas rentrer à l'heure.
_ Tu vas tout faire pour la dégoûter de sortir avec moi, constate Aaron.
_ Exactement.
_ Si tu crois que ça marchera, essaie toujours.
_ Autant tout tenter.
_ Ouais.
_ Demain elle sort pas. On sort au soir.
Ah bon ? C'et nouveau ça ?
_ Elle ne m'en a pas parlé.
_ Peut-être parce qu'elle ne voulait pas que tu le saches.
Aaron ne répond rien. La clinche s'abaisse lentement. Je m'empresse de me cacher dans le salon en essayant de tendre l'oreille tout de même.
_ Essaie de pas te faire écraser sur la route du retour. Ce serait vraiment, mais alors vraiment, trop con.
_ Je tâcherai de m'en rappeler.
Sur ce, Isaac rentre dans la maison. Je m'affale dans le fauteuil en faisant semblant de regarder la télé. Les mecs ne sont pas là, ils doivent sûrement être sortis ou dans leur chambre.
_ T'es là toi.
_ Ouais. J'avais pas envie de me mettre en pyjama tout de suite, mentis-je.
Il vient s'asseoir, non plutôt s'affaler, à côté de moi.
_ T'as fait quoi ce soir avec l'autre tebê ?
Il va chercher à savoir les versions de tout le monde ou c'est comment ? Il veut que je lui donne le numéro du concierge de l'immeuble pour vérifier tant qu'il y est ? Pff.
_ On a baisé. C'était sympa franchement. Je suis déjà en manque, faudrait que je le revoie bientôt.
_ C'est qu'elle se croit drôle la gamine. T'as fait quoi sérieux ?
_ J'ai baisé j'te dis.
_ On peut pas parler sérieusement avec toi de toute manière.
_ Avec toi non plus.
_ C'est peut être pour ça qu'on est frère et sœur...
_ Mais non, t'es adopté toi et tu le sais. Rappelle-toi ce qu'avait dit Lisa l'autre jour.
_ T'as sûrement raison. C'est pour ça que t'es moche et que je suis beau. Parce qu'on n'est pas de la même famille.
Quel con. Je ne relève pas. De un, parce que j'ai la flemme et de deux parce que j'ai rien à répliquer en fait.
_ Ils sont où les gars ?, demandé-je pour changer de sujet.
_ Cole est dans sa chambre et Jack et Emery sont en boîte.
_ Ok. Tu montes quand toi ?
_ Ch'ais pas. Après. Et toi ?
_ Maintenant.
_ D'accord. Bonne nuit, frangine.
Il me tire contre lui pour déposer ses lèvres sur mon front. Je fais la même chose avec lui avant de monter. Je pars me mettre en pyjama dans la salle de bains puis je vais dans la chambre de Cole. Je toque faiblement à la porte avant de rentrer. Il est allongé dans son lit et regarde un film à la télé. En me voyant, il souffle longuement. Je m'empresse de grimper dans son lit et de filer sous sa couette.
_ Encore toi ? Est-ce que tu vas me laisser tranquille un de ces jours ?
_ Nop.
_ J'avais prévu de me branler en matant un bon vieux porno et tu foires mes plans là.
_ Tant pis.
Il soupire en passant son bras autour de mes épaules pour m'attirer contre son torse.
Depuis que je suis arrivée ici, je dors avec lui car je n'arrive pas à dormir toute seule. Soit je ne trouve pas le sommeil ou alors je fais des cauchemars. Avant, quand je vivais encore avec Aaron, je trouvais le sommeil en quelques minutes à peine. Maintenant, je dois me coucher une heure plutôt car je mets plus de temps à trouver le sommeil. Cole râle du fait que je vienne avec lui mais je suis sûre qu'au fond ça l'arrange. Quant à Isaac, il ronfle comme un grizzli, j'ai vite abandonné la simple hypothèse de passer une nuit avec lui.
Le film est Nos Pires Voisins 2. Je ne l'ai jamais vu. Durant le film, je pose ma tête sur son torse et il caresse mes cheveux. Ce geste et sa présence me repose un peu.
_ Tu savais qu'on sortait demain soir ?, demandé-je innocemment.
_ Ouais. On va en boîte de nuit. Isaac te l'a dit ?
_ Nan je l'ai entendu en parler tout à l'heure.
_ Ok. Sinon ça a été ta soirée ?
_ Ouais.
Je lui explique comment Aaron avait tout organisé pour ce moment rien qu'à deux puis notre promenade nocturne. Bizarrement, il ne dit rien durant mon récit. J'aime bien parler avec Cole parce qu'il m'écoute et ne critique pas comme Isaac. Enfin, si, il le fera demain mais pour le moment il me laisse me confier à lui et ça fait du bien de pouvoir me confier à quelqu'un. Aaron, lui est tout seul. Il doit s'ennuyer à l'appartement. Sa mère est partie cet après-midi car son petit fils, Clay, était malade et il fallait le garder. Je l'imagine dans notre lit, silencieux et seul. Ça me serre la poitrine. Mais nous avons besoin de cette pause pour refaire le point sur notre couple.
_ Et toi tu as fait quoi ?, le questionné-je.
_ J'ai passé l'aprem à tenir la chandelle. Isaac en couple c'est vraiment chiant. Faut que je me trouve une nana.
_ Pour l'instant, tu as toujours ta main qui peut te satisfaire, ris-je.
_ Ouais. Ma vieille Josianne.
Je ris de sa connerie. Il est vraiment con, ce mec.
À la fin du film, il éteint la télé et la lumière. Je cale confortablement ma tête sur son torse. Il pose sa main dans le bas de mon dos en s'installant à son aise.
_ Bonne nuit, P'tite.
_ Bonne nuit, Cole.
Je ferme les yeux et mes pensées s'éloignent vers un monde parfait où tous mes problèmes n'existeraient pas. Où je serai heureuse avec mon copain, mon frère et mes amis. Mais comme je l'ai dit, c'est un monde trop parfait pour moi.
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