Chapitre 23.

*PDV Camille.*

J'ai reproché à Aaron de ne pas avoir été au campus depuis dimanche... Mais je ne suis pas mieux que lui puisque je ne sors plus de la maison. D'ailleurs, ça ne plait pas du tout aux gars mais je m'en fous. Je compte bien retourner à la fac demain de toute manière. C'est juste que le fait de ne pas le voir tous les jours m'a rendu la vie impossible. Jour après jour, j'avais l'impression d'oublier son visage, le contact de sa peau contre la mienne, son sourire...

Après l'avoir vu ce matin, j'allais mieux. J'ai réalisé que vivre sans lui m'était impossible. Pourtant, je n'arrive pas à le pardonner. J'ai peur qu'il recommence. Ça me terrifie.

La sonnerie retentit. Je sais déjà d'avance que ce ne sont pas les gars qui vont aller ouvrir alors je me dévoue. J'ouvre la porte et suis choquée devant la personne qui se tient devant moi.

_ Jane ?

_ Bonjour, Camille. Je crois que nous devons avoir une petite discussion toutes les deux.

Je hoche faiblement la tête. Elle est au courant alors... C'est Aaron qui lui a demandé de venir me voir ? Non, je ne pense pas. Il n'est pas du genre à appeler sa mère quand il y a un problème dans notre relation. Surtout après ce qu'il a fait cette fois-ci, je ne le vois clairement pas appeler sa mère pour le lui dire.

J'ouvre la porte en grand pour la laisser rentrer puis je la referme. Les gars se lèvent par politesse pour lui dire bonjour.

_ Bonjour, je suis la mère d'Aaron. Mais appelez-moi Jane.

Les mecs se raidissent légèrement. Tous sauf Isaac.

_ Bonjour Jane, comment allez-vous ?, lui demande t-il.

Elle lui adresse un sourire chaleureux en lui serrant la main.

_ Très bien et toi, Isaac ? Tu as beaucoup changé...

_ Vous... Vous connaissez ?, rétorqué-je, confuse.

_ Oui, sourit la mère d'Aaron. Il était déjà venu chez nous quand Aaron et lui se sont rencontrés il y a de ça quelques années.

_ Trois ans maintenant, rit Isaac.

_ Le temps passe tellement vite.

_ Oui, c'est vrai.

Un silence prend place. Les garçons se dandinent d'un pied sur l'autre, mal à l'aise.

_ Camille ?, m'appelle Jane.

_ Oui ?

_ Je suis venue te parler. En privé, si possible.

_ Oui, bien sûr.

Je lance un regard aux garçons qui s'empressent de partir en haut. Dès qu'ils sont montés, je lui prie de s'asseoir sur le fauteuil. Elle obtempère et je fais de même. Je lui propose un café mais elle refuse.

_ D'abord, commence-t-elle, tu dois savoir que je suis venue contre le grès d'Aaron. Il avait peur que j'empire les choses.

_ Je ne vous en veux pas d'être venue. Au contraire, ça me fait toujours plaisir de vous voir.

_ Tu peux me tutoyer, râle-t-elle. Je te l'ai déjà dit une centaine de fois.

_ Oui pardon, souris-je.

Son regard fixe longuement mon visage encore abîmé. Cela me gêne. C'est la mère du garçon qui m'a fait ça qui m'examine avec insistance... Je baisse légèrement la tête et détache mes cheveux pour qu'ils tombent en cascade le long de mon visage.

_ Vous êtes au courant alors..., dis-je faiblement.

_ Effectivement. Bien qu'il ne voulait pas au départ, Aaron m'a expliqué ce qu'il s'était passé samedi soir. Je suis vraiment désolée pour toi.

_ Vous n'avez pas à l'être. Je l'ai cherchée aussi en quelque sorte.

_ Quoi que tu aies fait ou dit, cela ne méritait pas que tu te fasses frapper. Surtout par ton copain.

_ J'ai dépassé les limites, répliqué-je à peine.

_ C'est faux, ma belle. Tu n'as rien dépassé du tout. Aaron n'aurait jamais dû s'emporter ainsi. Tu sais, j'ai discuté avec lui. Il regrette énormément. Il sait que ce qu'il a fait été mal, très mal. Mais sa colère prend vite le dessus sur sa rationalité. Il ne réfléchit plus. Et rien ne l'excuse de t'avoir frappée. Mais tu dois savoir qu'Aaron a changé grâce à toi. Il y a trois ans, j'allais le chercher à son ancien lycée ou à la gendarmerie presque tous les mois parce qu'il se battait avec d'autres garçons. Il a frappé une fille, une fois, à l'époque. Jusqu'à toi, il n'avait jamais recommencé. Sa jalousie est un point très sensible. Je l'ai constaté à plusieurs reprises. Or, depuis qu'il t'a rencontrée, il s'est transformé. Je ne dis pas qu'il ne fait plus d'erreurs, ah ça non. Je suis certaine qu'il en fait tout le temps mais il ne pense pas à mal. Pas tout de suite du moins. Votre couple n'est pas mon problème mais tu es quelqu'un de bien et Aaron t'aime plus que tout. Même plus que moi je suis sûre, rit-elle. Et tu l'aides à s'améliorer. Il ne frappe plus d'autres garçons aussi fréquemment qu'avant, il ne boit plus et ne parle plus méchamment comme il le faisait. Je suis certaine que tu l'aimes aussi énormément. Cela va faire deux ans que vous sortez ensemble. Tu dois tenir à lui autant qu'il tient à toi. Alors tu sais qu'il s'en veut. Je ne peux pas te promettre qu'il arrêtera de faire des erreurs mais au moins, il essaiera de ne plus en faire. La seule chose que je te demande, c'est de lui donner une seconde chance.

J'étais au courant de la plupart des choses que Jane vient de m'avouer mais quand ces explications proviennent de la seule femme qui puisse connaître Aaron mieux que moi, cela crée quelque chose de spécial. Je la crois, elle.

_ Je ne sais pas quoi dire... Je savais tout ça mais c'est trop dur d'oublier ce qu'il a fait.

_ Alors n'oublie pas. Je veux juste que tu essaies de le revoir. Pas aujourd'hui, ni demain. Mais prendre le temps de le retrouver. Il vient de te perdre et je t'assure qu'il est très mal.

_ Oui... Je l'ai remarqué. Mais moi aussi je vis mal cette séparation parce qu'il a fait quelque chose de grave. Il faut que je réfléchisse... Et que je prenne du recul. Nous sommes trop dépendants l'un de l'autre et ça ne nous crée que des problèmes. Je lui ai dit que c'était terminé entre nous et je le pensais car je croyais qu'il m'avait trompée. Mais j'avais tort. Il faut que je sache où on en est sinon ça n'ira pas mieux entre nous.

_ Dans ce cas, vois où vous en êtes tous les deux, mais avec lui. Ne le laisse pas de côté parce qu'il se sent rejeté de tout le monde maintenant que vous ne vivez plus ensemble. Tout le monde est avec toi et je n'ai rien contre ça car ce qu'il a fait est inadmissible mais là, il a besoin de quelqu'un sur qui se reposer.

_ Je comprends, répondis-je en hochant la tête. Ça me fait de la peine qu'il soit seul, je ne souhaitais pas ça. En allant le voir tout à l'heure, il va sûrement te demander ce que nous nous sommes dit. Est-ce que tu pourras lui dire que malgré le fait que je veuille qu'il me donne du temps et de l'espace, je ne le rejette pas. Tout à l'heure, je me suis emportée car je n'étais pas au mieux de ma forme. Je pense que lui aussi. Je lui ai dit des choses blessantes dans le but qu'il ait autant mal que moi.

_ Crois-moi que c'est déjà le cas. Mais je te promets qu'en rentrant, je lui dirai qu'on a parlé et que tu ne l'abandonnes pas.

_ Je ne veux pas non plus qu'il croit que je serai tout de suite dans ses bras. Je veux dire... Aaron est très persévérant quand il s'y met et si je ne suis pas prête, je ne céderais pas.

_ Écoute, ce que je te propose, c'est que vous passiez un moment tous les deux pour voir où vous en êtes. Si ça ne va pas, explique-lui que ça va trop vite à ton goût. Il comprendra, il est prêt à tout pour te récupérer.

_ D'accord. On fera ça alors.

Elle m'adresse un sourire franc. Le genre de sourire qui me laisse croire que tout va s'arranger.

Jane reste encore une demi-heure avant de retourner à l'appartement. Nous avons parlé de l'université, du fils d'Alexis, Clay, ainsi que de son mari Marc. Nous avons aussi échangé nos numéros pour que je la tienne au courant et que je lui demande de l'aide si besoin. Cette femme est une mère en or. Aaron a beaucoup de chance d'avoir une mère comme elle. J'aurais donné n'importe quoi pour me sentir aussi protégée et soutenue qu'Aaron l'est avec elle.

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