Chapitre 21.

*PDV Aaron.*

Je me réveille en sursaut. Quelle était la probabilité pour qu'un putain d'oiseau se cogne dans la fenêtre alors que j'avais enfin réussi à m'endormir ? Une chance sur un million. Et faut que ça m'arrive à moi. Putain de karma.

Je grogne en me redressant. Des frissons viennent me parcourir le bas du dos. Ma bonne vieille amie est déjà au garde à vous. À quoi bon bander alors que Camille n'est pas avec moi dans notre lit ? À rien. Je suis seul. Et je l'ai bien mérité. Je grogne une seconde fois.

Après avoir pris une longue douche froide, je sors de la salle de bains. À poil. Ouais j'avoue que ce détail n'était pas primordial. J'attrape mon fidèle jogging que j'enfile puis je pars dans la cuisine. J'ouvre les placards pour voir ce qu'il y a à manger. Après un rapide coup d'œil, je les referme. J'ai pas faim. Ça fait trois jours que je ne mange plus.

Elle me manque. C'est fou comment j'ai besoin d'elle pour vivre. Je crois que je suis malade. C'est une maladie rare... Peu de gens l'ont, je crois même que je suis le seul.

J'ai la Camipharyngite.

Et c'est incurable.

Les symptômes ? Un manque total de sommeil, d'appétit, de goût à la vie... Et surtout, un manque irrévocable de Camille Clayton.

Le traitement ? Arrêter d'être con.

Ça va être dur. Mais je vais y arriver. Pour elle.

Parce que je ferai tout pour elle.

Cette fille a changé ma vie. Elle est mon paradis personnel. Le problème, c'est que je suis son propre enfer.

Samedi soir, ses paroles étaient blessantes. Mais je ne peux pas lui en vouloir après ce que j'ai fait. Je l'ai blessée. Physiquement. C'est certainement la plus grosse connerie que j'ai faîte. Je ne me le pardonnerai jamais, c'est clair. Et je comprendrai qu'elle ne le fasse pas non plus. Je suis tombé très bas. En perdant la fille que j'aime, j'ai aussi perdu ceux que je considérai comme mes meilleurs amis.

Parfois je me demande ce qui ne va pas chez moi. Je dois sûrement être instable pour toujours tout foirer. Je suis même pas foutu de traiter ma copine comme elle le mériterait... Il faut toujours qu'on s'embrouille et que je dise ou fasse des choses que je ne pense pas.

Quelqu'un toque faiblement à la porte. Je n'ai même pas le courage d'aller ouvrir. Mais j'y vais quand même. J'ouvre lentement la porte.

Mon regard tombe instantanément sur le sien. Comme deux aimants qui ne peuvent s'empêcher de s'attirer l'un et l'autre. Elle est magnifique. Ma poitrine se gonfle subitement. Elle est la bouffée d'air frais dont j'avais besoin pour tenir un jour de plus sans elle. J'émerge enfin à la surface.

_ Camille...?

_ Je viens chercher le reste de mes affaires.

Elle me contourne pour partir directement dans la chambre. Comme si ce n'était pas déjà évident comme réaction, je la suis. Elle saisit quelques vêtements qui lui appartiennent puis va dans la salle de bains prendre son fer à lisser et son sèche-cheveux. Elle n'est pas maquillée et porte un sweat ainsi qu'un jean. Mais putain, qu'est-ce qu'elle est belle !

J'étudie chaque détail de son corps avant qu'elle ne s'en aille, encore une fois. Ses longs cheveux bruns sont attachés en une queue de cheval. Ses beaux yeux clairs m'évitent. Ils ont raison de le faire.

_ Tu n'es pas venu sur le campus hier et avant-hier..., commente-t-elle.

Je sursaute presque de surprise. Elle me parle ! J'y crois pas.

_ Ouais... J'avais pas très envie de sortir.

_ Isaac t'en veut.

_ Je sais.

Elle me frôle et nos doigts se touchent presque. Ma peau frissonne. Elle se dirige dans le séjour pour prendre sa tablette et le chargeur. Elle range tout ça dans un sac de sport. Je remarque qu'elle est toujours légèrement bleue à sa mâchoire. Je ne peux m'empêcher de serrer les poings. C'est moi qui ai fait ça. Je me hais.

_ J'ai tout ce qu'il me faut.

_ Okay.

Elle s'arrête enfin de tourner comme une toupie dans tout l'appart'.

_ Bon... J'y vais alors...

Elle fait un pas vers l'entrée mais je me place entre elles.

_ Attends.

J'encercle son dos de mes bras et enfouis mon nez dans ses cheveux. Surprise, elle se fige d'abord puis pose ses mains sur mon torse pour me repousser.

_ Arrête... Aaron, ne fais pas ça.

J'hume son odeur qui me chatouille les narines. Je savoure ce moment contre elle parce que je sais qu'il n'y en aura pas d'autres avant longtemps. Elle essaie de me pousser de la paume de ses mains mais elle n'est pas assez forte pour me faire bouger.

_ Arrête..., dit-elle faiblement.

Je resserre une dernière fois mes bras contre elle puis je la lâche enfin. Son regard regarde tout, sauf moi.

_ Tu n'aurais pas dû faire ça.

_ J'en avais besoin.

_ Tu n'aurais pas dû.

Un silence prend place entre nous. Je mourrais d'envie de la serrer contre moi. Est-ce qu'elle le désirait aussi ? J'espère. Et si elle ne voulait plus de moi ?

_ Je vais y aller..., murmure-t-elle.

_ Tu ne veux plus de moi ?

Ma voix était plus basse que je ne l'aurais voulu. Elle va me prendre pour un faible mais je m'en fiche. C'est ce que je suis quand elle n'est pas avec moi. Elle souffle en claquant sa langue sur son palais. Je déteste quand elle fait ça. Mais je me tais.

_ Je n'ai jamais dit ça.

_ On dirait pourtant.

_ Tu ne vas pas recommencer tes crises tout de même ?, s'agace-t-elle.

_ Non, m'empressé-je de répondre de peur qu'elle s'énerve vraiment. J'ai... C'est juste que...

Putain ça parait banale dans ma tête mais j'ai l'air d'un guignol là à ne pas savoir parler correctement.

_ J'ai peur de te perdre.

_ Tu m'as déjà perdue, avoue-t-elle. Tu as dépassé les limites, samedi soir.

_ Je sais, putain. Tu crois que je ne le sais pas ?

_ J'en sais rien. Je ne sais rien. Je ne suis qu'une p'tite putain après tout.

_ Ne commence pas.

_ Tu n'as aucun ordre à me donner.

Je me tais. Elle a raison.

Ce qui me tue, c'est le ton qu'à notre discussion. Il est monotone. Elle ne laisse paraître aucune émotion et putain, ça me fait chier. Comment je suis censé savoir ce qu'elle veut, moi ?

_ Tu crois que ça va s'arranger entre nous ?, demandé-je.

_ Comment ça ?

_ Tu vas revenir vivre avec moi un jour ?

_ Tu connais déjà la réponse à cette question.

_ C'est faux.

Elle ouvre la porte d'entrée.

_ Si. Tu l'as dit samedi soir : « Je reviens, on baise et c'est reparti. »

_ Je ne le pensais pas.

_ Si tu le pensais. Et tu avais raison.

_ Non, j'avais tort. Ce n'est pas censé se passer comme ça, Camille. J'ai compris que c'était moi qui faisais toujours les erreurs et que c'est toi qui...

_ C'est bon !, s'écrie-t-elle. Je m'en fous de ce que tu dis, Aaron. Tu comprends aujourd'hui mais demain tu feras la sourde oreille sur tout. Je connais le personnage maintenant. Bref, je ne veux pas me prendre la tête avec toi. Je ne sais même pas pourquoi je te parle de toute manière.

_ Parce que tu en as envie.

_ Peut-être bien. En attendant, je rentre chez Isaac. J'ai affreusement mal à la mâchoire. Et crois-moi, la douleur ne risque pas de partir de ci tôt. Je ne risque pas d'oublier non plus.

Outch. Touché. Ma poitrine se serre en l'entendant me faire comprendre clairement que je l'ai blessée autant moralement que physiquement. Comme si je ne le savais pas déjà assez.

_ Tu es injuste.

_ Je suis réaliste. Si tu veux vraiment réparer tes erreurs, laisse-moi du temps. Et de l'espace. C'est les seules choses que je te demande, Aaron.

_ D'accord, soupiré-je.

Elle me lance un dernier regard avant de fuir comme une voleuse.

Elle m'en veut. Énormément. Ça s'entend dans sa voix. Et ça me fout les boules. Putain mais merde ! Je ne pensais aucun mot de ce que je lui ai dit ! J'étais hors de moi. Et je voulais encore moins la blesser. Enfin, physiquement. Je ne suis pas comme ça. Je ne le suis plus, du moins. J'expire longuement avant de retourner dans la chambre pour faire le lit.

En début d'après-midi, des coups à la porte se font entendre. Encore. Je grogne bruyamment. C'est la journée visite aujourd'hui ? Non pas que le petit passage de Camille tout à l'heure m'ait déplu. Au contraire, c'est sûrement la meilleure chose qui aurait pu m'arriver.

Je me lève du canapé, d'ailleurs je ne me rappelle plus comment j'y suis arrivé. Je perds vraiment la tête ma parole. J'ouvre la porte et tombe nez-à-nez avec la dernière personne que j'avais envie de voir cette semaine.

_ Coucou, mon poussin !

_ Maman ?

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