Chapitre 18.
Pour 7 heures du matin, toutes mes affaires étaient rangées dans ma valise. Après avoir passé une nuit entière à pleurer et penser à ce que je devais faire, j'ai décidé que le mieux était de partir chez Isaac et les gars. Vu qu'il y a une chambre d'amis, j'y dormirai quelques temps. Rester ici m'est impossible. Pas au même endroit que lui. C'est trop. Pour l'instant. Ni lui ni moi ne pouvons continuer cette histoire. Je mets notre « couple », si couple il y a encore, entre guillemets le temps que tout redevienne plus clair pour moi. Et pour nous.
J'ai pris une douche en rentrant tout à l'heure. J'y ai passé une heure. L'eau me permettait de me laver de tout. Physiquement parlant. Dans ma mémoire, cette soirée est sûrement gravée à jamais. Comme vêtements, un simple sweat gris de l'université et un jogging ont fait l'affaire. J'ai attaché mes cheveux en un chignon car je n'avais pas le courage de les coiffer. Ma mâchoire est bleue, même la glace n'a pas pu la faire dégonfler. J'ai seulement mal lorsque j'ouvre la bouche. Je ne savais pas qu'il était possible de garder une trace après une gifle. Grâce à, ou plutôt à cause de, Aaron, je le sais maintenant.
J'ai simplement bu un verre de jus d'orange. Ma faim s'est envolée en même temps que ma joie de vivre. Je n'ai pas envie de déranger Isaac et les garçons aussi tôt alors je m'assieds au comptoir dans la cuisine en attendant qu'il soit 10 heures.
C'est en voyant Aaron rentrer à 9 heures que je me dis qu'au final, le sommeil des garçons pourra attendre. La première chose qu'il voit, c'est ma valise à l'entrée. Il n'y a pas plus expressif comme signe de mon départ.
Les cernes sous ses yeux me font comprendre que lui aussi a passé une nuit blanche. Un silence de mort règne dans l'appartement. Il va dans la chambre se changer puis revient en jogging et t-shirt. Sur toutes les places où il aurait pu se poser, il faut que ce soit en face de moi.
_ Tu pars, dit-il faiblement.
Je ne réponds pas. La dernière chose que je souhaite, c'est de lui parler.
_ Je vois...
Je me lève et pars dans la chambre chercher mon portable en charge. Je le retrouve adossé à le chambranle de la porte. Je soupire.
_ Je peux...
Pourquoi ne suis-je pas capable de formuler une phrase aussi courte ? Foutue douleur. Foutue voix cassée. Foutu cœur brisé. Je reprends :
_...Passer ?
_ Reste...
_ Non.
Je veux le contourner mais il pose sa main au niveau de ma tête pour me couper le passage.
_ Si tu te rappelles... Chaque détail de... Ce qui s'est passé et de... Ce que tu as fait... Tu me laisseras passer.
C'est en partie la douleur qui m'empêche de formuler une phrase correcte mais il y a autre chose. Je n'arrive pas à savoir si c'est ma voix brisée, mon cœur réduit en miettes ou si c'est la peur de lui parler après sa réaction quand j'ai été trop loin. C'est énervant de ne pas réussir à comprendre son corps. J'aimerais être forte et paraître indifférente mais il semble en désaccord avec cela.
_ Je m'en rappelle. Fais-moi voir ta mâchoire.
Ses doigts saisissent mon visage et m'incline la tête pour mieux regarder mon bleu. Il grimace tandis que je tremble comme une feuille. Les traits de son visage se durcissent. Son regard me juge longuement. Je n'aime pas ça. Je dégage ma tête de son emprise.
_ Tu as mis de la glace ?
_ Je me suis débrouillée... Avec ce qu'il y avait.
_ Où est-ce que tu vas dormir ?
_ Chez Isaac.
_ Tu veux que je t'y emmène ?
_ Non. Je veux que... Tu me laisses passer.
Il soupire en se décalant. Je me dépêche de passer à côté de lui et pars dans le séjour. Je ne supporte plus de rester ici en sachant qu'il y est aussi.
_ Je viendrai chercher...
Je me force à parler du mieux que je peux malgré cette sorte de blocage émotionnel et la douleur. C'est pas si compliqué, putain.
_ Le reste de mes affaires un autre jour.
_ Je peux te les apporter.
_ Ça ira.
Je saisis la poignée de ma valise et ouvre la porte. Il m'accompagne en silence jusqu'à l'ascenseur. J'appuie sur le bouton en priant pour qu'il se dépêche d'ouvrir les portes et que je puisse partir loin d'ici. Loin de lui. Elles s'ouvrent enfin.
_ Fais attention à toi.
_ Toi aussi.
Les portes se referment et j'expire longuement. Je n'avais pas remarqué que j'avais retenu ma respiration.
Une fois devant chez les mecs, j'appréhende. Comment vont-ils réagir ? Mal. Très mal pour certain. Non, je ne parle absolument pas d'Isaac. Je toque faiblement à la porte. J'espère que je ne les réveille pas. Je devrais revenir plus tard...
Je m'apprête à revenir sur mes pas mais la porte s'ouvre sur Isaac tout endormi. Ses cheveux sont en bataille et ses yeux sont encore mi-clos.
_ Camille ? Qu'est-ce que tu fais là ?
_ Je dérange ? Je...
Putain, j'en ai marre.
_... Peux repasser si je dérange.
_ Tu déranges toujours, ricane-t-il.
J'esquisse un sourire. Le sien s'efface subitement.
_ Mais merde qu'est-ce qui t'es arrivée ?
Il prend mon visage entre ses doigts et m'examine de plus près. Je ressemble à un jouet qu'on observe attentivement.
_ Quelqu'un t'a fait du mal, ma puce ? Qui t'a fait ça ?
_ Rien, répondis-je en reculant ma tête. C'est... Rien.
_ Dis-moi, gronde-t-il. Et ne reste pas dehors, entre.
Je passe à côté de lui. Le problème étant que j'avais carrément oublié ma valise juste derrière moi. Evidemment, Isaac la voit. Son regard devient noir et sa mâchoire se contracte durement. Instantanément, je me remets à sangloter.
_ J'y crois pas ! C'est lui ?, me demande-t-il en fixant ma valise.
_ Isaac... C'est...
_ Il est mort.
Il attrape sa veste rapidement. Je retiens son bras.
_ Non. Laisse tomber, Isaac. S'il-te-plait.
_ Cole.
L'interpellé surgit du salon et m'attire contre lui. Je me débats mais ça ne sert à rien.
_ Isaac, arrête. N'y va pas.
_ Je reviens.
Il prend les clés de sa voiture et sort en claquant la porte.
_ Non !, crié-je malgré la douleur. S'il-te-plait... Reviens.
Cole resserre ses bras contre moi. C'était une très mauvaise idée de venir ici. À quoi est-ce que je pensais... ?
_ Chut... Je suis là, murmure-t-il.
Je me retourne et j'entoure sa taille de mes bras. Mes sanglots sont encore plus puissants qu'il y a quelques secondes alors qu'il caresse mes cheveux doucement. Isaac est furieux. Je ne voulais pas qu'il s'énerve comme ça. Une boule se forme dans mon ventre. Aaron va se faire tuer et je ne peux rien y faire. Je suis impuissante.
_ Ça va aller, ma p'tite.
_ Non... Rien ne va plus.
Il dépose ses lèvres sur mon front puis cale la paume de sa main dans mon cou. Je place ma tête contre son épaule. J'avais besoin d'une étreinte réconfortante. Je ne remercierai jamais assez Cole d'être aussi présent dans ma vie, aujourd'hui en particulier.
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Sérieux, il y a moi qui suis dans tous mes états et qui suis super mal parce qu'Isaac va niquer Aaron et je suis sûre qu'il y a vous, qui êtes super contentes qu'Isaac le grand-frère fasse son apparition xD
Des hypothèses sur le sort d'Aaron ? Des idées pour la suite de l'histoire ? Je vous écoute !
Je vous embrasse fort et si parfois, vous passez une journée vraiment merdique et que vous n'allez pas bien, rappelez vous que -moi, je vous aime plus que tout ^^ Parce que vous, vous êtes ceux qui me permettent de m'évader hors de ce monde si horrible et injuste dans lequel on vit... Bisous à vous et bonne journée ^^ <3
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