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PDV Aaron

Je suis tranquillement assis dans mon fauteuil, ma merveilleuse femme sur mes genoux, lorsque mon adorable fils, ou pas, entre en trombe dans la maison. D'un coup d'œil rapide vers l'horloge suspendue au mur en face de moi, je constate qu'il n'était pas censé rentrer du lycée avant 18 heures. Or, il n'est que 16 heures 30. A tous les coups, ses potes l'ont incité à sécher le tutorat. Ou alors c'est lui qui les a forcés. Peu importe, Cameron vient de ruiner mes chances de faire l'amour à ma femme tout de suite. Pour quelles raisons ai-je voulu ce gosse déjà ?

Alors que Camille se relève à contrecœur, elle se fige soudainement en apercevant son fils. Confus et curieux de savoir ce qui l'a crispée, je tourne la tête vers Cameron. Et ce que je vois me fait louper un battement. Mon fils pleure. Ma poitrine se serre à cette vue. Ma première réaction est de vérifier qu'il va bien. Deux bras, deux mains, deux jambes, deux pieds, des yeux. Une paire d'oreilles. Et tous ses vêtements. Il n'a pas l'air blessé. Putain, si quelqu'un a osé lui faire du mal...

_ Cameron ? Qu'est-ce qu'il se passe, mon bébé ?, demande ma femme d'une voix douce.

Pour toute réponse, il accoure dans les bras de sa mère. Celle-ci s'empresse de le serrer contre lui, tandis que je reste là, assis sur le fauteuil, ne sachant pas comment réagir.

_ Pourquoi est-ce que tu pleures, mon ange ? Il t'est arrivé quelque chose de mal ?

_ Quelqu'un t'a blessé ?, j'interviens d'une voix dure en me levant.

Il secoue négativement la tête. La tension dans la pièce est palpable. Je suis à deux doigts de l'attraper par les épaules et de le secouer comme un prunier pour qu'il nous balance ce qui lui est arrivé.

_ Parle, bon sang !, m'énervé-je. Tu as une langue, sers-toi s'en !

Camille me fusille du regard, tout en gardant son fils bien-aimé dans ses bras. Ah, elle ne fait jamais ça avec moi ! La prochaine fois, je rentrerai du boulot au bord des larmes, juste pour qu'elle me serre contre elle.

_Aaron, tais-toi, me gronde ma propre femme. Laisse-lui le temps de se calmer au lieu de le braquer.

Excédé, je me contente de m'approcher, afin de m'asseoir sur l'une des chaises hautes près d'eux. Les sanglots de notre fils cessent peu à peu, tandis que j'attends comme un con, les bras croisés sur ma poitrine. Bon, il va se décider à parler, ou pas ?

Camille se recule légèrement, séchant les dernières larmes de son fils à l'aide de ses pouces. En parlant de pouces, Cole s'en est cassé un la semaine dernière. Ce con a voulu monter une étagère tout seul, sans l'aide de personne. Évidemment, tel le casse-cou qu'il est, lorsqu'il a fallu mettre les clous, il s'est frappé le pouce avec le marteau. Quel boulet, franchement... Et bien sûr, c'est moi qui l'ai conduit aux urgences, puisque sa copine était en déplacement. Parfois, il m'arrive vraiment de croire que Cole est mon fils. J'ai déjà dit à énormément de personnes que j'avais deux garçons. En même temps... Cole n'est pas un homme. J'ai même l'impression que, plus il vieillit, plus il perd en maturité. S'il est aussi immature et con à 43 ans, je ne veux même plus le fréquenter à 80 ans. Je ne lui changerai pas ses couches, merde !

Camille embrasse le front de son fils tendrement, chose qu'elle ne fait jamais avec moi d'ailleurs, avant de l'emmener au salon. Évidemment, je suis le mouvement. Ils s'asseyent sur le canapé. Quant à moi, je me place sur mon bon vieux fauteuil.

Celui-ci me rappelle l'époque où Margot était encore parmi nous. Elle passait son temps sur mes genoux. Un soir, alors qu'elle venait de fêter ses 16 ans, ma chatte est venue se frotter à moi. C'était étrange. Je l'ai caressée, et embrassée, avant qu'elle ne décide d'aller dehors. D'habitude, elle détestait le jardin, mais ce soir-là, elle semblait avoir une envie vraiment très pressante. Je l'ai sortie avant d'aller me coucher. Si elle souhaitait rentrer à l'intérieur, elle avait sa chatière. Le lendemain matin, je ne la trouvais nulle part. Du moins, jusqu'à ce que je la retrouve dans le jardin. On aurait pu croire qu'elle dormait. Mais il n'en était rien. Je venais de perdre l'animal que j'aimais le plus au monde, si on oublie Cameron. Elle semblait si apaisée... Nous l'avons enterrée au fond du jardin. Cameron était encore petit, il n'avait que 10 ans. Nous avons tous eu beaucoup de mal à affronter ce deuil. Même Cole était triste quand il a su la nouvelle. Il a même voulu nous offrir un autre chat, mais aucun ne pourra jamais rivaliser avec notre Margot. Alors nous n'avons plus acheté d'animaux depuis. C'était le mieux que nous puissions faire, pour éviter de souffrir une nouvelle fois.

_ Tu es prêt à nous parler, maintenant ?

La voix de ma femme me ramène à la réalité. Cameron hoche faiblement la tête, et je m'attends au pire.

_ Vous vous rappelez d'Aurora ?

Évidemment qu'on s'en rappelle ! Cette fille est cinglée. Cameron a eu la stupide idée de coucher avec elle, de lui prendre sa virginité en fait. Il ne voulait pas de sérieux, sauf que cette cruche est tombée amoureuse de lui. C'était une vraie sangsue après ça. Cameron ne voulait pas être en couple, alors il lui a fait comprendre qu'il n'y aurait rien de plus que du sexe. Cette chaudasse a accepté, telle la désespérée qu'elle était à ce moment-là. Puis, mon fils a compris que cette relation ne fonctionnerait pas puisqu'elle voulait toujours plus. Du genre, sortir tous les deux, dormir l'un chez l'autre, que Cameron ne parle plus à d'autres filles. Alors il l'a quittée. C'est à ce moment-là que c'est parti en couilles. La gamine venait constamment sonner chez nous, à réclamer Cameron. J'ai dû inventer mille et une excuses du genre qu'il n'habitait pas ici, qu'elle se trompait d'adresse, que Cameron était à l'hôpital... Au bout d'un certain temps, elle revenait toujours, alors j'ai même pensé à acheter un chien de garde. Puis, un voire deux mois plus tard, elle a fini par comprendre que Cameron était passé à autre chose. Elle n'est plus revenue, et ma vie personnelle était beaucoup plus calme ainsi.

Mais, pourquoi il parle d'elle, au fait ?

_ Ouais, et alors ?, rétorqué-je.

_ Vous savez que nous n'étions pas en couple...

_ Oh non, Cameron, s'indigne sa mère. Ne me dis pas que tu sors avec elle ! Tu n'as pas cédé à ses caprices tout de même !

_ Non !, s'écrie notre fils. Jamais je n'aurais fait ça.

_ Alors quoi ?, s'impatiente Camille. Dis-nous, Cameron. Pourquoi es-tu rentré en pleurant ?

L'interpellé baisse la tête, mal à l'aise. Qu'est-ce qu'il va encore nous sortir celui-là ?

_ Parce que... Elle... Aurora est enceinte.

Avant que je n'ai pu le faire, la main de Camille s'abat sur sa joue. Putain, je voulais le faire moi aussi. A l'entente de ces mots, j'ai l'impression que le monde entier se dérobe sous mes pieds. Alexis, mon petit frère, a eu son premier fils à 16 ans, j'ai vu à quel point ça a changé sa vie. Mon propre fils vient de gâcher sa vie. Camille étouffe un sanglot en apportant ses mains à ses lèvres, les larmes aux yeux. J'aimerais la prendre dans mes bras, mais j'en suis incapable. Je n'arrive pas à contrôler mes propres émotions, comment pourrais-je réconforter ma femme ? La seule chose que je désire le plus au monde, là tout de suite, c'est d'étrangler mon abruti de fils pour avoir commis la seule chose qu'on lui avait interdit, si on oublie la drogue. Mon fils va être papa, à 16 ans. Aucun mot n'est assez fort pour décrire ce que je ressens.

_ De combien de semaines ?, demandé-je d'une voix blanche.

_Treize semaines.

Alors quoi ? C'est trop tard ? A une putain de semaines près ? Je ne sais pas comment réagir. Je lui souhaitais de réussir dans la vie, d'avoir une famille, mais pas aussi tôt, pas avec cette pauvre conne d'Aurora. Si seulement je pouvais effacer ces dernières semaines, peut-être que j'aurais pu le prévenir, lui dire de faire attention à lui et à sa partenaire. Mais c'est trop tard, désormais. Ce qu'il a fait, c'est mal. Tellement mal. Mais il doit assumer, parce qu'en dépit du fait qu'il ne soit qu'un jeune homme de 16 ans, son devoir est de faire face à ses responsabilités. Il a joué avec le feu au point de s'en brûler les ailes, il va devoir assumer. En revanche, je ne suis pas certain d'être là pour le soutenir. Mon amour et ma confiance en lui en prennent un coup, c'est sûr. J'ai toujours été fier de mon fils, qui me ressemblait comme le reflet de mon âme. Je l'aime, c'est indéniable. Et je lui faisais confiance. Je le croyais responsable. Celui que j'ai élevé, que j'ai éduqué pour être un homme, vient de commettre un accident qui le suivra pour le restant de ses jours. Je pense à cette pauvre fille, qui va avoir des difficultés à continuer l'école avec un enfant en bas âge. Qu'est-ce qu'ils vont devenir ?

Cameron vient tout juste d'être un adolescent, et voilà que je vais devenir grand-père. A cet instant précis, je me rends compte de la vitesse à laquelle file le temps. Je n'ai même pas vu mon bébé grandir. Je me rappelle du jour de sa naissance, de ses premiers mots, de ses premiers pas, de toutes ses premières fois. Je me souviens de tout, dans les moindres détails. Et maintenant, mon fils va devenir papa à son tour. Il est tellement jeune. Mais je serai là pour lui, parce qu'il a besoin de moi. Je vais continuer de lui apprendre des choses, comme s'occuper de son enfant, comment être un bon père. Et Camille va me soutenir, je n'en doute pas une seule seconde. Jamais elle ne pourrait abandonner son "bébé".

Mon regard se pose sur ma femme, qui pleure sans pouvoir s'arrêter. Je la comprends, si je n'arrivais pas à maîtriser mes émotions comme je le fais à l'instant, je serais sûrement en position fœtale sur le sol. D'un geste qui se veut réconfortant, je prends ses mains dans les miennes et embrasse le dos de celles-ci. Mes yeux rencontrent les siens, elle semble perdue. Elle ne sait pas quoi faire, mais je suis là. Je vais la soutenir, tout comme je vais épauler mon fils.

_ Je suppose qu'elle va le garder, dis-je sèchement.

Peut-être que j'essaie d'accepter cette nouvelle apocalyptique, mais je ne vais certainement pas le féliciter. Il mériterait que je l'envoie en camp de redressement pour faire autant de mal à sa mère.

_ Elle n'a pas le choix. Elle ne peut plus avorter, me répond-t-il.

_ Non. Je te parle de l'adoption.

_ Oh. Elle veut le garder. C'est pourquoi elle me l'a dit. Elle demande mon aide. Elle aimerait que je paie une partie des frais. Et qu'on l'accueille ici quelque temps. Ses parents l'ont mise dehors en apprenant la nouvelle.

_ Bah voyons, marmonné-je. Elle ne veut pas qu'on l'élève à sa place tant qu'elle y est ? Ce n'est pas un gîte ici. Et encore moins la banque de l'Amérique de Nord.

_ Mais... Elle a besoin de nous...

_ Non. Ton enfant a besoin de nous. Pas cette fille. Si tu avais mis une putain de capote et qu'elle prenait la pilule, on n'en serait pas là.

_ Je vais être grand-mère..., murmure Camille, qui atterrit visiblement à l'instant.

Elle semble si bouleversée... Il est clair qu'elle tombe des nues, tout comme moi. Mais Camille est plus sensible, il va lui falloir du temps pour se faire à l'idée que son fils a mis enceinte une fille plus bête que ses pieds.

Cameron déglutit, contrarié. A croire que ce n'est pas tout. Franchement, je ne pense pas qu'on puisse tomber plus bas que ça.

_ Et... Aurora dit qu'on... Qu'on devrait se marier, pour le bonheur du futur bébé.

Camille hoquette, tandis que je sers mes mains par dessus les siennes. Je retire ce que je viens de dire. Là, on touche le fond.

_ Quoi ?!, hurlé-je vivement en me levant. Et puis quoi encore ? Tu ne vas pas épouser une femme que tu n'aimes même pas, alors que tu n'as que 16 ans ! Et puis quoi encore ? Elle veut qu'on finance le mariage aussi tant qu'elle y est ?

_Bah... Oui.

Une rage soudaine fulmine en moi. Putain, la prochaine fois que je vois cette petite peste, elle va regretter d'avoir couché avec un Anderson.

_ Cela n'arrivera jamais ! Tu m'entends ? Jamais ! Tu ne construiras pas ta vie avec une fille aussi stupide qu'elle ! Je t'en fais la promesse, je ne laisserai jamais ça arriver !

_ Alors... Tu n'es pas d'accord ? Pour le mariage, je veux dire ?

_ Évidemment que non ! Parce que toi oui, peut-être ? Tu veux te marier avec une folle à lier pareille ?

_ Non mais...

_ Il n'y a pas de "mais" ! C'est non ! Camille, soutiens-moi merde à la fin !

_ Ton père a raison, Cameron, déclare-t-elle d'une petite voix.

_ Et pour le bébé ? Vous êtes contre aussi ?

_ Non mais je rêve..., je grommelle en enfouissant ma main dans mes cheveux grisonnants. Tu crois que c'est une option ? Tu crois que tu peux choisir si tu veux du bébé ou non ? Tu n'as pas le choix, Cameron ! C'est ton enfant, et tu vas assumer. Tu as intérêt.

_ Non.

Je me tourne vivement vers lui. Qu'est-ce qu'il vient de dire ?

_ Pardon ?

_Non, je ne veux pas de cet enfant. Et je ne m'en occuperai pas.

Il se fout de moi. Il se paie vraiment ma tête là !

_ A quoi est-ce que tu joues, au juste ? Tu nous annonces que tu vas avoir un enfant, puis tu décides que tu ne l'assumeras pas. Est-ce que si tu te manges ma main dans ta tronche, tu vas assumer un peu plus ? Non parce que là, tu es à deux doigts d'y goûter.

_ Tu veux vraiment savoir ?

Je fronce les sourcils, confus. Mon fils disjoncte. Son comportement est tellement instable. Il me rappelle moi, étant plus jeune. Il n'a malheureusement pas été gâté par la nature, cet enfant.

_ Savoir quoi ?

Au moment où il s'apprête à répondre, Cole débarque dans la maison, tout sourire. Je suis sur le point de lui demander de partir, de lui expliquer que ce n'est pas le moment de venir nous faire chier, mais il ne semble pas déranger par la scène qui se déroule devant lui. Sans un mot, il se poste devant Cameron, qui se lève pour être à sa hauteur, et sort des billets de sa veste. Je le regarde -médusé, tandis que Camille semble complètement désarçonnée.

_ Ah ! Merci tonton Cole ! Je me demandais quand tu arriverais !

_ C'est quoi ce cirque ?, j'interviens, effaré.

Cole se tourne vers moi, faisant mine de ne pas m'avoir vu plus tôt.

_ Oh, Aaron. Comment tu vas ? Camille et toi gérez bien la nouvelle ?

_ Attend... Tu es au courant ?

_ Carrément ouais, c'est moi qui ai fait le pari avec ton fils.

_ Quel pari ?, s'offusque Camille. On ne comprend pas ce que tu racontes, Cole !

Le concerné pose les yeux sur Cameron, puis sur ma femme et moi. A l'évidence, il est surpris.

_ Tu ne leur as même pas encore dit ?, pouffe-t-il. Les pauvres, faut leur abréger tant de stress. C'était une blague. J'ai parié avec votre fils qu'il n'arriverait pas à vous faire croire qu'il avait mis une fille enceinte. Comme il a réussi, il a gagné 200 dollars. C'est un bon comédien, le p'tit. Vous devriez l'emmener à Hollywood, il décrocherait facilement un rôle.

Lentement, très lentement, j'assimile ce que vient d'annoncer Cole. Mon fils ne va pas être papa. Tout ça n'était qu'une blague. Il s'est simplement foutu de la gueule de ses parents. Cette fois-ci, c'est à moi de le gifler, sans aucun remord. Si ça ne tenait qu'à moi, je l'enfermerais au jardin, et il y passerait la nuit pour méditer sur ce qu'il vient de nous faire endurer à Camille et moi. En parlant d'elle, ma femme pleure, encore, mais c'est de joie désormais. On ne va pas être grands-parents. Mon fils est juste un triple con, qui mérite bien plus qu'une simple gifle. Je crois qu'il ne se rend pas compte de ce qu'il vient de provoquer. Il nous a fait passés, Camille et moi, par diverses émotions en totale contradiction, et ce, sans même en avoir conscience. Je n'ai qu'une seule envie, c'est de le punir jusqu'à la fin de ses jours pour avoir joué avec nos émotions, tout ça pour de l'argent.

_ Sans rancune, sourit-il niaisement.

Je pense que mon fils est un sadique. Il aime qu'on le frappe. Je suis tenté de recommencer mais ce serait de trop. Je n'ai jamais frappé Cameron, excepté deux ou trois claques. Et puis, elles étaient méritées, comme aujourd'hui. Franchement, je ne sais pas comment me venger. Je lui en veux, c'est évident. Et je crois que ma rancœur n'est rien comparée à celle qu'éprouve Camille à l'instant. Sa mère est trop émotive, il le sait et en a joué. Elle va lui en vouloir un long moment.

Puisque personne ne semble prêt à prendre la parole, je me dévoue afin d'endosser le rôle du père strict et "relou" comme dirait mon fils.

_ Cole, rentre chez toi. Cameron va dans ta chambre. Tu es puni de sorties et de télé. Oh, j'oubliais, je coupe ton forfait téléphonique et le wifi jusqu'à nouvel ordre.

_ Quoi ?, s'écrie-t'il. Mais...

_ Dans ta chambre je t'ai dit. Et donne-moi ça.

Je lui arrache les billets des mains afin de les ranger dans ma poche de jean. Cameron écarquille les yeux, complètement choqué. J'espère qu'il regrette bien sa blague maintenant...

_ Ce sont mes billets !, riposte-t-il.

_ Et ? Je suis ton père, tu vis chez moi. L'argent que tu gagnes me va de droit. En plus, ce n'est pas de l'argent que tu as mérité. Estime-toi heureux de garder ton téléphone portable. Maintenant, va dans ta chambre. Et dépêche-toi.

Silencieusement, il se dirige vers les escaliers et monte ceux-là, tête baissée. Au moins, j'ai récupéré son argent.

_ Tu exagères quand même, se permet de dire Cole. Ce n'était qu'une farce.

Camille s'apprête à lui sauter dessus, heureusement j'ai le réflexe de l'attirer contre moi. Ce n'est pas pour autant qu'elle ne se débat pas. Ma femme est une vraie tigresse...

_ Je te conseille de rentrer chez toi, sinon je ne donne pas cher de ta peau.

Suite à mes paroles, il recule jusqu'à l'entrée et sort de la maison en marmonnant un "bonne soirée". Je ne sais pas à qui j'en veux le plus. A Cameron pour avoir osé me faire un coup pareil, ou à Cole pour avoir donné une idée aussi stupide à mon fils.

_ Je vais les tuer, déclare Camille d'un ton sec.

_ Tu veux de l'aide ? Je creuse le trou, tu traînes les corps ?

Je parviens à lui faire esquisser un fin sourire, ce qui me réchauffe le cœur. J'ai bien cru qu'elle ne survivrait pas à la soirée. Quelque part, je suis soulagé que ce n'était qu'un mensonge, mais je ne peux pas passer outre le fait de la douleur quand j'ai ressenti lorsqu'il m'a annoncé qu'il avait mis enceinte une fille. C'est dingue, tout de même.

_ De qui crois-tu que Cameron a hérité son humour ?, me demande-t-elle plus calmement.

_ De toi. C'est vraiment un humour de merde.

_ N'importe quoi. Je suis très drôle.

_ Bien sûr.

_ Tu aurais pu le priver de téléphone, tant que tu y étais.

_ Non. Je lui ai laissé parce qu'il va devoir vivre avec un appareil sans aucun moyen de communiquer avec ses amis. D'ici deux à trois jours, on pourra lire la souffrance sur son visage diabolique. Tu verras.

Mon adorable femme lève la tête vers moi, et je fonds face à l'amplitude de sentiments que j'éprouve pour elle.

_ Mon mari est très sadique.

_ Seulement avec les personnes qui le méritent.

_ Tu es sadique avec moi, ajoute-t-elle.

_ Ah vraiment ? J'aimerais bien voir ça, tiens.

_ L'autre fois, je me douchais, et tu as fait couler l'eau du robinet de la cuisine afin que je me brûle.

Là, elle marque un point. Je me rappelle de la crise qu'elle m'avait faite une fois sortie de la salle de bains. Je n'ai pas pu la toucher pendant une semaine entière ensuite ! J'ai cru que j'allais mourir à cause du manque de sexe. Je ne pouvais même plus la serrer dans mes bras la nuit. Ah oui, il n'y a pas de doute, Camille est la personne la plus rancunière que je connaisse. Mais ça m'est égal, puisqu'elle est aussi la seule personne qui arrive à faire battre mon cœur avec une intensité si forte que mes battements pourraient créer assez d'énergie pour éclairer toute notre ville. Or, ça aussi m'importe peu, la seule chose qui nécessite de la lumière dans notre vie, ce sont nos âmes, afin de pouvoir continuer à se trouver l'une et l'autre, et ce, même à travers les années.

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Hey ! Bonus pas terrible, mais je n'avais pas d'autres idées... Mais je tenais surtout à vous remercier pour ces plus de 1 million de vues sur le tome 1 de Coloc Avec Mon Ennemi, je ne réalise toujours pas... C'est juste incroyable ce que vous avez fait... Alors merci à vous, vous êtes géniaux, et je vous souhaite une bonne continuation par la suite :) Bisous à vous, je vous embrasse très très fort !



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