I know you get me, so I let my walls come down ~

« Tu- Tu... T'es pas... »

Il bredouille, il s'emmêle les pinceaux, et l'autre rigole.

« Respire, lui intime-t-il (elle ?). Je ne vais pas te bouffer.

- C'est pas ça, juste... Je m'attendais pas à-

- Ça te dérange ? le coupe l'inconnu.

- Ah non, non, s'empresse de dire Jeongin. Pas du tout.

- Tant mieux. Tu avais l'air de quelqu'un de sympa ça m'aurait embêté de savoir que non. »

Et il - ou elle - lui sourit. Et Jeongin sourit aussi parce que son sourire est communicatif. Et ça fait longtemps qu'il n'a pas vraiment sourit alors ça fait bizarre.

« Je te paye un verre et on discute ? »

Jeongin hoche la tête et ils vont se mettre au bar. Ce n'est plus du tout la même ambiance qu'avec la fille de tout à l'heure. Il est moins crispé, plus détendu. Et en même temps, il y a quelque chose au fond de lui qui se tord dans tous les sens parce que cette personne il ne l'a connaît pas vraiment alors qu'elle l'a écouté déblatérer pendant de longues minutes sur Seungmin et à quel point il est fantastique et magnifique.

« Quoi de neuf depuis la dernière fois ? Ça c'est passé comment avec... Seungmil ? C'est ça ?

- Seungmin, corrige Jeongin et il coince la paille de son mojito entre ses lèvres.

- On peut parler d'autre chose si tu veux, reprend l'autre en voyant que Jeongin ne semble pas décidé à parler plus.

- Non juste... on ne se parle plus vraiment. J'ai refusé les sorties en groupe quand je savais qu'il était là et quand je finissais par venir soit c'était vraiment tendus, soit c'était lui qui n'était pas venu en fait. »

L'autre fait la moue et Jeongin sent une boule se former au fond de sa gorge.

« Il me manque, souffle Jeongin avant même de comprendre ce qu'il est en train de faire. Mon meilleur ami me manque.

- Je comprend. Vraiment, Jeongin. Je comprend. »

Un sourire triste se peint sur leurs lèvres à tous les deux mais Jeongin refuse de se laisser aller comme ça.

« Tu veux pas me parler de toi plutôt ? demande-t-il en se redressant. Je ne sais même pas comment tu t'appelles.

- Tu peux m'appeler Bam. »

"Nuit".

« Pourquoi tu ne me poses pas la question qui te taraude depuis tout à l'heure ? »

La question qui le taraude depuis tout à l'heure ? Y en a un paquet de questions qui le taraudent depuis tout à l'heure pour être honnête. Il se doute quand même à quelle question Bam doit penser. Sauf que...

« Ce n'est pas respectueux, dit-il en secouant la tête et en reprenant une gorgée de son cocktail.

- Le respect existe-t-il encore, Jeongin ? Tu ne pense pas que c'est une valeur démodée de nos jours ?

- Peut-être mais pas pour moi. Ce n'est pas parce que le monde entier a décidé d'arrêter d'être respectueux que je dois arrêter aussi.

- Tu m'intrigues Jeongin.

- Toi aussi.

- Ça c'est normal, c'est mon principal trait de personnalité.

- Pourquoi "Bam" ? »

Et Bam rigole.

« C'est ça qui t'intrigue ? »

Son corps tressaute sous ses éclats de rire et son rire étant à peu près aussi contagieux que son sourire que Jeongin ne tarde pas à pouffer à à tour.

« J'ai pas le temps pour faire la liste de tout ce qui m'intrigue, dit-il en cachant sa bouche derrière sa main.

- On a toute la nuit devant nous, » répond Bam en attrapant sa main pour voir son sourire.

Leurs doigts restent liés et une chaleur inhabituelle remplit Jeongin tout entier. Les yeux bruns en face de lui, soulignés de noirs, sont plissés en une moue amusé et c'est là que Jeongin réalise.

Je rêve ou il me drague ?

« J'ai pas envie de discuter toute la nuit, lâche-t-il en enlevant sa main de celle de Bam.

- Pourtant si tu es revenu dans ce bar, qui plus est tout seul, c'est que tu voulais me voir, non ?

- Pas du tout. »

Bam rigole et Jeongin se mord l'intérieur des joues pour ne pas rire à son tour.

« Tu veux qu'on aille danser ?

- D'accord mais avant je peux te demander quelque chose ?

- Dis moi.

- Comment je dois te genrer ? »

Il n'a pas l'habitude de poser ce genre de question alors il l'a retourné dans sa tête un bon nombre de fois avant de décider de la poser directement. De toute manière Bam n'a pas eu l'air de mal à le prendre, et puis son cerveau embrumé par l'alcool n'est de toute manière pas capable de trouver une meilleure formulation.

« C'est une bonne question, sourit Bam en se tapotant le menton. Pour ce soir, au masculin je pense.

- Tu penses ?

- C'est un peu flou là-dedans, » ricane le brun en tapotant sa tempe.

Puis il attrape sa main, le laisse terminer son mojito en vitesse, et l'entraîne sur la piste de danse qu'il a délaissé une vingtaine de minutes plus tôt.

Jeongin aime bien danser entouré de monde, il a l'impression de disparaître dans la masse et qu'on ne le voit plus. Il se laisse aller et c'est l'un des rares moments dans sa vie où il peut le faire.

Peut-être que l'alcool aide un peu, ou alors c'est juste l'excitation du moment, mais Jeongin ne pense même plus à Seungmin alors qu'il danse dans ce bar bondé avec Bam à ses côtés. En fait, il ne pense pas à grand chose. Il ne pense même pas à Bam collé à lui, ni à la désagréable odeur d'alcool mêlé de sueur et encore moins aux musiques parfois franchement nulles qui passent. Il danse juste, s'emplissant de l'adrénaline qui court dans ses veines et de la présence de Bam à ses côtés. Bam qui ne cesse jamais de lui sourire, de le faire tourner sur lui-même en le tenant du bout des doigts et en rigolant à gorge déployé, Bam qui laisse parfois glisser ses mains le long de son corps, Bam qui lui fait des clins d'œil appuyés lorsque le regard de Jeongin reste un peu trop longtemps sur ses clavicule exposées par le col trop ample de sa chemise.

Et bon sang ce que ça fait du bien de lâcher prise. Vu tout ce qu'il a bu il est bon pour une bonne gueule de bois le lendemain mais c'est un détail dont Jeongin ne veut pas s'occuper maintenant. Il aura tout le temps de regretter quand il se réveillera le lendemain matin.

Il rigole sans s'arrêter lorsque Bam finit par le sortir de la foule aux alentours de deux heures du matin pour l'entraîner dehors.

« Tu veux que je te ramène chez toi ? » lui propose-t-il et Jeongin se met à rougir violemment.

Il bredouille quelque chose d'incompréhensible même pour lui et Bam pouffe en passant sa main dans ses cheveux qu'il a teint en bordeaux il n'y a pas longtemps.

« Pas pour ça, rit-il. Te ramener chez toi pour que tu puisses dormir parce que là tu m'as pas l'air de bien tenir debout. »

Jeongin réfléchit mais refuse. Parce qu'il y a une petite voix dans sa tête - qui ressemble beaucoup à celle de Chan - qui lui rappelle que donner son adresse à quelqu'un qu'on ne connaît presque pas ce n'est pas du tout prudent. Alors Bam lui commande un Uber et Jeongin se sent un peu mal qu'il lui paye son retour chez lui alors qu'il a refusé qu'il le raccompagne. La prochaine fois il dira oui.

Ah parce qu'il y aura une prochaine fois, Jeongin ?

« Je te reverrai ? demande-t-il en se tournant vers Bam lorsque le Uber se gare devant le bar.

- Qui sait... T'en as envie ?

- Oui.

- T'es bourré, Jeongin, rigole le brun.

- Et alors ?

- T'es trop honnête, tu vas regretter demain.

- Demain c'est demain, répond Jeongin en haussant les épaules. Aujourd'hui c'est aujourd'hui.

- Mais on est déjà demain, souffle Bam en posant une main sur son épaule.

- Tu m'as pas répondu. »

Bam sourit mais cette fois ci Jeongin ne sourit pas parce qu'il veut une vraie réponse.

« J'espère qu'on se reverra.

- C'est pas une réponse.

- Je ne peux pas prédire l'avenir, Jeongin.

- Je m'en fous, répond moi. »

Et là il a un peu envie de pleurer.

« On se reverra, souffle Bam et le Uber klaxonne derrière eux. Je forcerai le destin si besoin. »

Il dépose ses lèvres sur son front et Jeongin est surpris de les sentir trembler contre sa peau. Mais il ne s'en préoccupe pas plus que ça parce qu'il lui faut partir. Alors il se retourne et s'asseoir dans la voiture noire. Il murmure un "bonsoir" à l'adresse du conducteur qui démarre et se contorsionne sur le siège pour pouvoir apercevoir Bam qui devient de plus en plus petit, seul devant le bar et les néons rouges et bleus, une cigarette à la main et le regard levé vers le ciel noir, aussi noir que l'aura qui l'entoure.