multitude
En rentrant des cours, je m'allongeais dans mon lit. La lourdeur de mon corps me rendait extrêmement lasse et molle. Je roulai sur moi-même puis je me couchai sur le dos et je fermais ensuite mes paupières...
J'entendis soudain un bruit sourd venant de la cuisine. Je sortis de mon lit et m'avançais sans un bruit vers le lieu où provenait le son. Je vis tout simplement mon amie escalader mon mur pour entrer par ma fenêtre. Elle avait beaucoup de difficulté à grimper et à passer par le rebord de cette ouverture. Je lui tendis la main et l'aidais à entrer dans la cuisine.
Après l'avoir remonté, mon ventre se mit à gargouiller, elle sourit et sortit son téléphone pour appeler une pizzeria : "Bonjour, j'aimerais avoir quatre larges pizzas margherita.. Non six larges pizzas, s'il vous plaît."
Elle donna mon adresse et raccrocha. Puis elle se tourna vers moi : "Ça faisait longtemps, comment vas-tu? Allons faire nos devoirs!"
Je restais perplexe mais je la suivis. On s'était vu il y a peine une heure. Et pourquoi six pizzas, on attendait des gens?
Je m'asseyais sur le sol devant ma petite table basse et elle, choisit de s'asseoir face à moi. On commençait ensuite à faire nos devoirs, je m'apprêtais à lui demander pourquoi elle avait commandé autant de pizzas quand la porte sonna.
Elle partit ouvrir et revint avec les six pizzas dans les bras. Elles sentaient délicieusement bon! Je me préparais à manger la pizza qu'elle avait posé sur la table mais un sentiment de malaise m'arrêta. J'avais un mauvais pressentiment.
Quelque chose clochait, mon corps se mit automatiquement à trembler. J'avais très peur, mais de quoi? Je décidais de me cacher sous un grand sapin qui décorait ma chambre par peur de quelque chose... Mais de quoi ??
Sans que je ne sache comment, j'étais très bien cachée par une multitude de sacs qui pourtant ne m'appartenaient pas. Je chuchotais à mon amie de venir se cacher avec moi, mais je ne la voyais plus.
À la place, j'entendais des pas lourds en provenance, cette fois-ci, du couloir de ma maison... Les pas s'intensifièrent, j'en avais la chair de poule. Un long rire se fit entendre, il me glaça le sang. J'entendis mais de façon très légère, le son d'une lame traînant sur le sol. Serait-ce une épée ou un sabre?
La chose s'approchait de plus en plus de moi. Je n'osais plus respirer, je fermais les yeux par peur d'apercevoir l'impossible. Mais avant de les fermer complètement, je remarquais une petite ombre près de mon armoire. Plusieurs sacs et boîtes à pizzas étaient empilés les uns sur les autres : Mon amie s'était cachée là-dessous !
La masse se stoppa devant la table basse. Elle saisit les pizzas et les mangea toutes d'un coup.
Après quoi, Elle se dirigea vers mon amie pour lui asséner des coups de sabre. Du sang gicla à travers la pièce. Le corps ensanglanté de mon amie gisait sur le sol. Les yeux fermés, j'entendais avec horreur, le crime de cette chose. Puis, Elle s'approcha de plus en plus du sapin. Mon corps se raidit et je retins ma respiration. Heureusement, mon cœur ne s'emballait pas.
J'entendis bientôt sa respiration saccadée au-dessus de moi. Son œil essayait d'apercevoir la présence d'une quelconque personne mais les aiguilles du sapin l'en empêchaient.
La chose brandit son sabre et donna des coups dans l'arbre. Mais, rien. Après quelques minutes qui semblaient une éternité. Elle se redirigea vers la porte d'entrée puis partit.
J'attendis plusieurs heures pour être sûre qu'Elle ne puisse pas revenir et je sortis de ma cachette. Le corps inerte de mon amie était là sur le sol. Je vomis à la vue de son cadavre. Un flot de larmes jaillit de mes yeux, j'étais très affligée. Je restais alors devant son pauvre corps à pleurer.
Puis, n'ayant plus de larmes à verser, je recouvris la dépouille de mon amie d'un drap blanc et je me dirigeais vers ma table basse.
Dessus, je vis une lettre sous la pile de livres, je la saisis et je lus les pires choses que je pouvais lire dans toute une existence.
"Chère Amie,
Si tu lis cette lettre, cela signifie que je ne suis plus de ce monde. Je suis réellement désolée de t'avoir entraîné là-dedans. J'ai longuement réfléchi et je ne voulais pas mourir... Seule."
***
Je m'arrêtais avant de pouvoir lire la suite, mes mains tremblaient sous l'incompréhension. J'étais confuse. Mourir? Seule? Je balayais d'une main la pile de livres. Le cœur meurtri, j'entrepris de finir la lecture de cette lettre.
***
"Je sais qu'en ce moment même, tu dois être furieuse mais je n'ai pas eu le choix. Je sais qu'il est trop tard pour me faire pardonner mais tu dois absolument lire la suite et tu dois me CROIRE.
La chose que tu as vu, tu dois la nourrir chaque jour. CHAQUE JOUR. Elle viendra prendre son dû à des heures précises. Si tu ne réussis pas à la rassasier, tu finiras sûrement comme moi. En revanche, tu peux toujours abandonner ta maison et t'installer chez quelqu'un d'autre. Mais sache qu'Elle reviendra toujours récupérer son dû un jour ou l'autre. Quand tu vas chez quelqu'un, à l'heure du [?]. La personne devra aussi remplir cette mission, sinon elle mourra. Tu ne seras plus la seule à devoir la nourrir à certaines heures.
Si je ne suis plus là, c'est que tu as été plus rapide que moi, ou que personne ne l'a été. Mais si tu lis cette lettre, c'est que tu l'as été. Tu as sûrement dû te cacher là où je devais me cacher au tout début. Les sacs sont très utiles, je les ai collecté chez les victimes de cette chose et de moi.
Oui, ma chère amie, je suis désolée mais je t'ai entraîné là-dedans. Je ne voulais pas mourir, je n'ai plus d'argent. La mort des personnes chez qui je me rends comble ce monstre. Je suis désolée que tu l'apprennes de cette manière. Je voulais t'épargner, mais je ne connaissais plus personne de vivant sauf toi.
Survis."
***
Je me relevais d'un coup sous l'effet de la colère. J'arrachais cette lettre et je la réduisis en petits morceaux. J'étais furieuse. Plus que furieuse. Je lui en voulais énormément, cette amie pour qui j'avais versé énormément de larmes alors qu'elle, était prête à me jeter dans la gueule du loup à tout moment.
Je balançais tout ce qui se trouvait sous ma main, je renversais mes meubles et jetais mes livres. Je hurlais à en avoir mal aux poumons et je m'écroulais sur le sol en sanglotant.
Puis, je remarquais des inscriptions gravées sur ce sol. C'était des heures... Non. C'était les horaires du [?]. Je les recopiais sur une feuille et je l'accrochais ensuite sur ma porte. J'étais totalement désespérée.
Quand soudain je me figeais. Mon regard se tourna vers le sapin : Depuis quand était-il ici ? Pourquoi avais-je un sapin dans ma chambre ? Une lueur d'espoir me réchauffait alors le coeur. Ce n'était qu'un cauchemar ! Voilà tout !
Mais, je ressentais toujours cette peur, je décidais quand même de commander vingt pizzas pour être sûre de ne pas commettre une erreur qui me coûterait la vie.
Le livreur arriva très rapidement, il ne remarqua pas mon piteux état.
En fermant la porte, je déposais toutes les pizzas devant l'entrée. Puis je retournais vers mon sapin pour être sûre d'être bien cachée. J'essayais de me calmer. Je fermais les yeux. Tout n'était qu'un cauchemar !
Oui... Un simple cauchemar. J'ouvris les yeux et je remarquais que j'étais dans mon lit. Mon lit et plus le sapin!
D'ailleurs, le sapin avait disparu ! Je souris et me réjouissais de ce début de matinée. Tout était finalement qu'un affreux cauchemar.
Je me levais pour ouvrir mes volets.
Et la porte s'ouvrit.
(Cette nouvelle est inspirée d'un de mes cauchemars.)
27.05.23
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