Infectes des affections


Jour damné, j'ai balancé mon cœur à la mer
Etripée, dépecée, atroce mal de mère
Mal à ma mère, âme amère, l'amertume tue
Crions – tue-la !

Ou plutôt — c'est bien ça, la bête féroce !
Chantons-le haut et comme pour l'exorciser.
À la différence de ce cœur qui
nous le brait,

Ciel assombri de représailles, cri dans la nuit
Le cœur lardé de poignards qui crèvent la lune
Enfant dans le noir, trop de larmes pour pleurer
Il nous tarde...

Comme au pseudobulbaire de recracher la soldate crosse
Et de l'éthylomètre exciter,
De ce que comme c'est requis
Il orne Faust

Combien de têtes blondes, combien d'innocents
Englués dans les marécages nécrophages
L'âme bradée pour un chimérique voyage
Gloire, tu n'as…

Pour auréole que de la science l'effroi
Nimbant le front de Pythagore.
Ainsi apparaît — comme les atomes à Anaxagore,
Thalès : un roi !

Théorème en mathématiques souterraines
Nul ascenseur dans leur abyssal précipice
Lugubres, funèbres, berceuses en nourrice
Noir sujet, là...

— Fuligineux — comme ailleurs,
Tableau qu'entaille doucement
La blanche craie — qui, telle un godilleur,
Roule, skiant…

Dans ce monde en morceaux, traversée des Enfers
Et aux mâts des radeaux, les corps en étendards
Suppliciés et trucidés, en croix arborés
Si nue, la mort...

Nous montra poussant à ses côtes
Les racines qui pullulaient
Et, dans les crânes qui s'écottent,
Sporulaient.

Désespoirs des espoirs défunts, germes au vent
Cœurs en friche, sentiments arides, désert
Acidie, thériaque amère, portrait du mal
L'art sinoque…

Et les clowneries se cabrent
Dans l'interview d'un tweet rewrité ;
Zarbi comme zwinglien en sandwich entre les watts et la logorrhée
Tarie : un slow...

Tristes marionnettes aux fils entremêlés
Qui macérez dans la sciure cyanurée
Ondoyant, vos ombres inachevées s'estompent
Noir vêtus, là …

où pousse la ronce de vigne,
où l'ombre du cyrénéen
se mue en ciel céruléen : inspirons cet
air, exultons,

Raclures immondes des égouts pestilentiels
Qui dansez sur nos tombes, calmez votre enthousiasme
Ni bonheur, ni lumière, limbes de l'avenir
Suit le rayon

Puisqu'il veut nous guider vers l'étonnant mystère
De ceux qui vivent véritablement,
Dans le ressac noir du sommeil, dans la dernière nuit,
Lot suzerain…

Ce poème est écrit à quatre mains avec mon cher ami Swann, @Swannarchie .

Il s'agit d'un étonnamment homogène cadavre exquis (eh oui ! ) changeant d'auteur à chaque quatrain. J'inaugure ce poème et Swann l'achève.

 La contrainte supplémentaire était que chaque vers relais serait un vers en Ulcérations. Il s'agit là d'une contrainte oulipienne imaginée par Pérec. Le mot "Ulcérations" contient les 11 lettres les plus courantes de la langue française ; il s'agit donc d'écrire en utilisant seulement ces lettres-ci, comme dans un anagramme.

Pour varier un peu, nous nous sommes amusés (eh oui !) à jouer avec la dernière clause qui permet, pour "colorer" le vers, d'introduire n'importe quelle autre lettre en remplacement du "c" qui est la lettre la moins courante des lettres du mot "Ulcérations" et avons ainsi parcouru tout l'alphabet.

Mes remerciements à Swann pour avoir accepté de me suivre dans cette proposition d'écriture à quatre mains, et de l'avoir enrichie par la contrainte oulipienne.

Nous souhaitons que le lecteur ait autant de plaisir que nous en avons eu à l'écriture 😃

Lien pour le recueil de Swann
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