Prologue
— Lawford ! hurla la voix grinçante et rauque du gardien à travers l'épaisse porte de fer.
Le détenu concerné se tourna, dos à la porte, laissant ses mains abîmées se poser dans l'ouverture prévue à cet effet. De cette manière, les surveillants pouvaient lui passer les menottes sans risque d'agression. Lawford n'était pas un condamné docile, il se rebellait dès que l'occasion se présentait. Tout ce qu'il souhaitait, c'était sortir d'ici. Pourtant, il savait pertinemment que rien ni personne l'attendait à l'extérieur, mais il ne pouvait s'empêcher de rêver d'une vie libre. Il en avait fait le vœu depuis cinq ans maintenant, et rien ne changeait, il était toujours cloîtré dans cet endroit.
— Tournez-vous ! ordonna la voix du maton que Lawford reconnaissait dès qu'il l'entendait.
Un léger accent russe, mais pourtant perceptible si on prêtait l'oreille. Un timbre grave et autoritaire qui faisait frissonner ses collègues. Nul doute qu'il s'agissait de Sergueï Andropov. L'homme chargé de la sécurité pénitentiaire le plus sévère et le plus violent, d'après les autres détenus. Ce véritable grizzli avait l'habitude de briser les hommes - mentalement parlant - dès leur arrivée au centre pénitentiaire de Belmarsh. Mais son petit jeu n'avait pas fonctionné avec Harold Lawford, jeune homme emprisonné de vingt-sept ans. Sa seule réponse face aux provocations du gardien, avait été de lui donner un coup de tête. Ce dernier avait valu un nez cassé au colosse. Depuis ce jour, Andropov respectait Lawford, bien que le surveillant eût du mal à l'admettre.
Mais aujourd'hui, les rancœurs devaient être mises de côté, la situation à l'extérieur était critique, très critique. La température avait brusquement chuté, et de nombreuses catastrophes météorologiques avaient été relevées. Ouragans, tornades, orages, inondations, tout cela en à peine deux jours. D'après les scientifiques, le monde venait d'entrer dans une nouvelle ère glaciaire, suite à la fonte de la banquise et de l'air froid provenant de l'Antarctique qui semblait vouloir occuper l'ensemble de la planète. Les gouvernements de nombreux pays avaient décrété un état d'alerte, demandant à la population de rester enfermée dans un endroit chaud, avec des réserves de nourriture en cas que la température ne revienne pas immédiatement à la normale. Ce message de prévention était diffusé sur chaque chaîne de télévision, chaque radio, afin de prévenir le plus de personnes possible.
La priorité numéro un pour les gardiens de la prison de Belmarsh était donc de préserver la sécurité des prisonniers, en agissant de manière dangereuse, puisqu'il fallait réunir l'ensemble de ces derniers dans le hall d'entrée. Il fallait que chacun agisse, que chacun aide afin de garantir la survie aux autres. Cependant, aucun condamné n'avait été mis dans la confidence.
La porte de la cellule de Lawford s'ouvrit, laissant apparaître un homme d'environ un mètre quatre-vingts. Il possédait de petits yeux bleus froids qui ne laissaient jamais transparaître une seule émotion. C'était ce qui effrayait le plus les gardes. Jamais ce jeune homme n'avait eu quelques remords pour l'affreux crime qu'il avait commis, cinq ans auparavant. Et pourtant, ce méfait n'avait rien de singulier. L'homme si imposant remarqua immédiatement que les visages des vigiles n'avaient rien de naturel. Ils semblaient apeurés, non pas par lui, mais par autre chose, de bien plus dangereux que le prévenu.
Lawford s'avança, faisant face à quatre gardiens tout aussi grands que lui, mais bien moins bâtis. Il avait été boxeur, et avait été champion d'Europe, ce qui expliquait les muscles saillants moulés sous sa tenue grise, la même pour tous les internés de la prison. À chaque pas, on pouvait apercevoir les muscles de son torse bouger, impressionnant les matons, excepté Sergueï Andropov, qui n'était jamais intimidé par un détenu. Son débardeur gris laissait voir le large tatouage qui recouvrait l'entièreté de son bras droit. Il s'agissait d'un tatouage réaliste, représentant un bras de robot. Personne ne comprenait cette préférence si particulière, mais Harold s'en fichait, il connaissait la raison de son choix, et c'est tout ce qui importait.
— Je présume qu'il y a une raison au fait que vous me sortiez de cage, commença le jeune homme avec un léger sourire qui laissa les gardiens perplexes.
— Ta gueule, Lawford. Contente-toi de marcher ! lança l'un des quatre hommes qui lui faisaient face sans trop de conviction.
Le jeune détenu obéit, sans oublier ce que le garde venait de lui dire. Il avait retenu son visage, et cela n'était pas de bon augure pour l'homme qui connaîtrait la vengeance de Lawford tôt ou tard. Harold se mit en marche, sans dire un mot. Il connaissait exactement le chemin à prendre afin de se rendre dans le hall. La prison aux murs bleus n'avait plus aucun secret pour lui. Il avait si souvent arpenté ces lieux baignant dans les cris et les menaces. Il avait senti la pression des matons qui l'entouraient un nombre incalculable de fois. Il pouvait se rendre dans le hall les yeux fermés. Cinq mètres. Tourner à droite. Descendre les marches de l'escalier en fer situé sur la droite. Marcher trois mètres une fois en bas. Et attendre. Attendre de savoir ce qui se tramait exactement pour mettre les différents cerbères dans un état d'appréhension aussi intense que celui dans lequel il se trouvait.
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Petit prologue. Qu'en avez-vous pensé ?
J'attends vos retours avec impatience !
Bisous.
LolaCloarec
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