Chapitre 9
— Tu m'as fait peur, avoua Harold en brisant ainsi le silence qui s'était installé entre eux.
— Pourquoi ?
La voix d'Alia se fut surprise, elle était étonnée des mots que le prisonnier à l'apparence glaciale venait de lui dire. Elle pensait qu'il se moquait d'elle, qu'il lui mentait simplement pour la briser intérieurement comme Harold avait pu être brisé auparavant. Elle avait peur de cet homme, ou plutôt peur de ce qu'il était capable de lui faire. Harold paraissait étonné de la question de la jeune femme.
— Je ne sais pas, répondit-il en brisant le contact visuel qui s'était créé. Sans doute parce que cela aurait voulu dire que je ne serais pas capable de stopper une simple crise de panique, si une autre personne en faisait une.
Alia hocha la tête et descendit de la table, sa tête lui faisait mal, mais ce n'était pas le plus important. Cette journée allait être longue, et elle devait trouver quelque chose à faire où elle finirait par devenir folle dans cet endroit aussi sinistre qu'une morgue.
La jeune femme sortit de la pièce, sans un mot pour Harold, qui resta béat, ne sachant que faire. Il n'avait pas eu le droit à un simple merci, il retiendrait cela pendant longtemps. Il avait pensé en voyant cette femme qu'elle allait le briser comme tant d'autres avant elle, puis il avait commencé à la trouver sympathique et il pensait lui accorder sa confiance, mais maintenant il en était sûr, elle était comme les autres femmes, profiteuse. Il secoua la tête et oublia ses états d'âme avant de sortir de la pièce, le regard haineux. Harold était déçu et énervé, et cela n'était pas de bon augure pour les prisonniers qui se trouveraient être trop proches de lui. Il n'aimait pas le comportement de la jeune femme à son égard, et il comptait le lui faire comprendre.
Contre toute attente, il prit le chemin de sa cellule, sous les yeux étonnés d'Alia qui discutait avec Adam et Sergueï, adossés contre l'un des murs bleus du hall. Il entra dans sa cellule et ferma la porte d'un geste brusque. Il remarqua que le mur de droite était taché par le sang qu'il avait déversé la veille, en même temps que sa colère et sa haine. Ses mains étaient dans un sale état, peut-être avait-il cassé ou fracturé certains os, mais il ne put s'empêcher de se remettre à frapper le mur qui se tenait en face de lui. Il frappa de toutes ses forces, retenant ses cris à chaque nouveau coup qu'il assénait. Extérieurement, cela lui faisait mal, mais intérieurement, il se sentait libéré de toute la rage qu'il contenait.
— Harold ! Arrête !
Le concerné ne prit pas la peine de tourner la tête vers la personne qui l'interpellait. Il savait exactement de qui il s'agissait. Alia Brown se tenait là, dans l'encadrement de la porte, le regard effrayé mais déterminé à empêcher Harold de se détruire physiquement. Elle s'approcha de lui, malgré le fait qu'elle voulait faire demi-tour et retourner près des gardiens, dans le hall. Elle s'arrêta à quelques centimètres du prisonnier enragé. Elle posa l'une de ses mains gelées sur l'avant-bras droit du brun.
— S'il te plaît, arrête, implora-t-elle visiblement touchée par ce que le prisonnier faisait pour extérioriser sa haine.
Le brun s'arrêta et colla son front contre le mur froid, les yeux clos. Il retira son bras de l'emprise d'Alia et tenta de se calmer. Il savait qu'il pouvait exploser à tout moment, et qu'il regretterait les gestes qu'il était capable de faire. Il savait que sous l'effet de la colère, il deviendrait aveugle et frapperait quiconque se trouverait à proximité. En l'occurrence, son avocate, Alia Brown. Il ne voulait pas de cela et préféra tourner le dos à cette dernière, se concentrant sur sa respiration afin de s'apaiser.
— Harold, commença la jeune femme peinée de voir le prisonnier ainsi.
— Sors, ordonna ce dernier d'une voix sèche.
— Mais...
— Sors, Alia. Sors, maintenant.
La jeune femme ne répliqua pas et obéit, laissant le jeune homme seul, avec ses démons. Il ne voulait plus la voir pour le moment. Il voulait rester seul, mais personne ne semblait comprendre cela. Il aurait tant voulu être ailleurs en ce moment, mais c'était impossible. Il allait mourir comme un moins que rien, il allait mourir de froid sans être regretté par qui que ce soit. Il s'assit à même le sol, contre le mur contre lequel il venait de déverser l'ensemble de sa rage. Le froid le saisissait un peu plus à chaque instant, il aurait voulu se laisser aller, mais son instinct de survie et son esprit compétiteur lui ordonnaient de se battre pour survivre. Il méritait une vie décente, et sa conscience lui affirmait que cette nouvelle vie s'offrirait à lui s'il ne se laissait pas aller. Mais il avait peur, il avait peur d'être blessé une nouvelle fois.
Il ferma les yeux, oubliant le froid tant bien que mal, et pensa à ses dernières vacances, lorsqu'il avait quinze ans. C'était en Corse, il s'en souvenait comme s'il venait juste d'en revenir. Le soleil, la plage, les musiques, l'ambiance, les montagnes. L'île de beauté portait bien son nom. Il aurait aimé y retourner, ne serait-ce que quelques heures avant de mourir. Mais cette opportunité ne s'était pas présentée, alors il devrait se battre pour s'en sortir. Il était décidé, il allait se battre pour se sortir de cette prison dans laquelle il vivait depuis cinq ans maintenant. Avec ou sans Alia Brown, il sortirait d'ici.
— Lawford, bon sang ! Arrête de te comporter comme un connard avec cette femme !
Il leva les yeux vers l'homme qui avait osé le traiter de la sorte. Malheureusement, il s'agissait d'Adam, le gardien qu'il détestait. Il se leva machinalement, le regard haineux. En quelques secondes, il asséna un coup de poing au maton qui tomba à la renverse, cognant son dos contre la rambarde bleue qui empêchait, normalement, les chutes. Pourtant, le jeune homme, pris par son élan, bascula, et s'écrasa sur le sol froid du hall, arrachant plusieurs cris de la part des proches des détenus présents tout autour du corps. Ces derniers levèrent les yeux vers le premier étage. Harold se tenait là, appuyé contre la rambarde, observant le cadavre du surveillant qu'il venait de tuer. La nuque de ce dernier avait été brisée lorsqu'il avait percuté le sol. Il était mort, et Harold était satisfait de cela.
Il croisa le regard apeuré d'Alia. Elle était assise au fond du hall, près du long couloir menant à la petite salle de pause. Il ne la quitta pas des yeux. Ça aurait pu être elle. Il aurait pu la tuer à la place de ce foutu gardien, mais il ne l'avait pas fait, il n'avait pas voulu lui faire de mal, et il ne comprenait pas cela. Il avait réussi à se contrôler sans savoir réellement pourquoi. Mais elle avait peur de lui, et d'un certain côté, il trouva que c'était une bonne chose. Il ne valait mieux pas s'approcher de lui, il détruisait tout ce qu'il touchait. Ce meurtre était un avertissement pour la jeune femme, une mise en garde.
Alia n'oscilla pas son regard et regarda Harold entrer dans sa cellule, le regard vide. Il l'avait épargné, mais Adam Tanat n'avait pas eu cette chance, elle en était consciente. Néanmoins, elle aurait dû être effrayée par ce prisonnier, mais il n'en était rien. Au contraire, elle fut fascinée par cet homme dangereux. Étrangement, et aussi fou que cela pouvait paraître, elle avait confiance en lui.
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Suite le vendredi 4 août 2017.
Alors ? Qu'en avez-vous pensé ?
Êtes-vous en vacances ? Si oui où ?
Moi oui à Paris !
Bisous.
LolaCloarec.
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