Chapitre 37
Les deux jeunes gens lâchèrent un long soupir, au même moment. Un soupir de bonheur. Faire l'amour était pour eux un moment particulier, unissant leur corps l'un à l'autre. Alia était à présent allongée près du brun, la tête posée sur le torse musclé de ce dernier. Elle embrassait la peau du jeune homme, avec passion. Elle profitait de chacun des moments qu'elle pouvait passer avec lui, car elle savait qu'il pouvait disparaître de sa vie à tous moments, comme il l'avait déjà prouvé quelques jours auparavant. Elle dessinait de petits cercles sur les abdominaux d'Harold, le sourire aux lèvres.
— Harold ? murmura-t-elle soudainement.
— Oui ?
Elle hésita quelques instants, s'assurant qu'elle était prête mentalement. Elle n'osait poser cette question au brun. Elle avait peur de briser le lien qui les unissait tous deux. Finalement, elle se lança, tout en caressant la peau d'Harold.
— Raconte-moi, chuchota-t-elle en levant les yeux vers le visage curieux du brun
Harold comprit immédiatement de quoi elle voulait parler. Certes, il lui faisait confiance, mais il avait peur de l'effrayer en lui avouant le crime qu'il avait commis il y a de cela plusieurs années. Il avait peur de ne plus jamais voir l'amour dans les yeux d'Alia. Il craignait qu'elle ne veuille plus le voir. Il imaginait déjà la jeune femme, lui demandant de quitter son appartement, effrayée par le monstre qu'il avait été. Pourtant, il accepta, par amour pour Alia.
— C'était au cours d'une soirée, au mois de Juillet. Le 5 Juillet, précisément. Je venais de combattre, à Bristol. Le boxeur en face de moi avait résisté aux nombreux coups, tous aussi puissants les uns que les autres, que je lui avais porté, mais il n'était pas tombé. N'étant pas habitué à perdre, la haine et la rage se sont emparées de moi, avoua-t-il les yeux perdus.
Il revoyait la scène avec tant de précisions, qu'il se demanda si cela n'était pas réel. Alia le scrutait, attentivement, buvant les paroles du jeune homme qu'elle aimait. Elle crut déceler une once de tristesse dans les pupilles bleutées du brun.
— À la fin du combat, je suis descendu du ring, toujours énervé conte moi-même, continua-t-il sans regarder la jeune femme blottie contre lui. Je n'avais pas réussi à mettre cet homme au tapis, et c'était la première fois que cela m'arrivait. J'ai été prendre une douche, me suis habillé et quitté la gigantesque salle dans laquelle je venais de me battre pour ne rien gagner au final. La haine était toujours présente. J'ai croisé le boxeur contre lequel je m'étais battu. Il était salement amoché, mais il souriait à sa femme et à sa fille. C'est sans doute cela qui m'a mis hors de moi. Je ne connaissais pas le bonheur, alors je voulais que chaque personne de ce monde l'ignore également.
Il fit une pause. Il n'osait baisser les yeux vers Alia, par peur de croiser son regard rempli dégoût. Il poursuivit.
— Aveuglé par le rage, je me suis dirigé vers la jolie petite famille qui discutait tranquillement dans la ruelle qui longeait la salle de sport. J'ai asséné un coup de poing à l'homme. La tête de ce dernier a violemment percuté le mur, avant que le corps entier ne s'affaisse lourdement sur le sol, inconscient. Il n'était pas mort, non, simplement dans les vapes. Sa femme et sa fille criaient, mais ne bougeaient pas. Ce fut une grave erreur pour elle. Se trouver sur mon chemin lorsque la rage me contrôle, ce n'est rarement une bonne chose.
Alia écoutait, les larmes aux yeux. Elle se mettait à la place de la femme qui avait fait face à Harold ce soir-là. Elle avait dû être terrifiée, elle avait dû sentir la mort se rapprocher d'elle à grands pas. Elle avait dû prier pour que sa fille soit épargnée par ce tueur fou.
— Je me suis alors approchée d'elle. Je l'ai frappé au visage, l'assommant avec une telle facilité que j'en ai ri. Je riais aux éclats, effrayant le petit ange qui me fixait, pleurant à chaudes larmes. Cette petite fille d'à peine quatre ans me regardait, de ses grands yeux verts, tout en espérant ne pas mourir dans cette ruelle cette nuit-là. Je ne me rendais pas compte de ce que je faisais. Pour moi, je me défoulais simplement, je ne tuais pas. J'ai alors ramassé une pierre sur le sol, l'agrippant fermement dans ma main droite...
Sa voix se brisa. Les yeux d'Harold étaient vitreux. Le jeune homme n'était plus aux côtés d'Alia - du moins mentalement – il semblait revivre la scène. Il semblait être à nouveau face à cette petite fille innocente. Alia serra la main d'Harold dans la sienne. Il était un tueur, mais elle l'aimait. Elle l'aimait plus que quiconque.
— Je l'ai frappé. Elle est tombée au sol. Je me suis mis à genoux, près de son corps. Pas pour l'aider. Pour mieux la défigurer. J'ai frappé de nombreuses fois avec la pierre. À chaque nouveau coup que je lui portais, je sentais la chair de son visage s'écraser un peu plus, je sentais ses os se briser en plusieurs morceaux, ses yeux éclater sous ma force. Et moi, je souriais. Je souriais devant cette scène pourtant horrible. Lorsque je me suis rendu compte que la petite fille était morte, je me suis approché de la jeune femme aux cheveux roux, la femme du boxeur qui avait provoqué la haine que je ressentais en ce moment. Elle respirait encore, j'ai alors ouvert sa mâchoire, et j'ai saisi la pierre remplie du sang de sa fille. J'ai frappé. La pierre brisait les dents de la pauvre femme qui gémissait. Elle ne possédait plus une seule dent, et je souriais à nouveau.
Harold ferma les yeux. Il était conscient qu'à présent, Alia le verrait comme un monstre, et non comme un homme. Il avait été une bête, et il avouait les détails morbides du crime qui l'avait conduit en prison.
— Je l'ai alors saisi par les épaules et j'ai fracassé son crâne sur le bitume, jusqu'à ce que le sang se répande sur le sol, caressant mes chaussures. Je l'ai délaissé pour m'intéresser au boxeur. Il avait repris conscience et m'observait, en silence, incapable de dire un mot. Je venais de lui retirer sa raison de vivre. Je venais de briser sa vie. J'avais tué sa femme et sa fille. Il était à genoux, me suppliant de le laisser vivre. Je l'ai écouté. Et je suis parti. Je suis simplement rentré chez moi, comme si rien ne s'était passé. Je venais de briser la vie de cette homme, mais je n'éprouvais aucun remord, uniquement de la satisfaction car ma haine n'était plus présente.
Alia fixa le visage du jeune homme qui avait toujours les yeux clos. Elle connaissait le crime qu'il avait commis, mais à présent, elle avait pris connaissance des moindres détails de cet acte qui hantait toutes les nuits du brun. Contre toute attente, elle se redressa légèrement et posa ses lèvres sur celle de ce dernier, avant de sortir du lit. Elle avait besoin de réfléchir. Ce que venait de lui confier le jeune homme avait été particulièrement éprouvant pour elle, et elle avait besoin de reconsidérer les sentiments qu'elle éprouvait pour cet homme.
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