Chapitre 36

                       

     Alors, elle sortit de la chambre, marchant jusqu'à la large cuisine afin de préparer son petit-déjeuner. Elle ouvrit les placards, presque tous vides. Elle opta pour des galettes de riz, un de ses aliments favoris. Elle prit le temps de se faire un thé, et partit s'asseoir dans le canapé. Elle alluma la télé, tombant sur une rediffusion du film Peter Pan, son film préféré depuis aussi loin qu'elle se souvienne. Elle posa sa tasse de café sur la table basse devant elle, avant de river ses yeux sur l'écran plat. Elle avait toujours apprécié ce personnage tout de vert vêtu, elle le trouvait rassurant.

     Harold sortit de la chambre quelques minutes plus tard, les cheveux encore humides. Alia le dévisagea, ce qui amusa le brun. Il savait qu'il lui plaisait, il l'avait vu dans son regard dès leur rencontre. Il avait d'abord pensé qu'il pourrait jouer de cette attirance pour pouvoir sortir de prison, mais au fur et à mesure des jours qui passaient, il n'avait pu empêcher des sentiments de naître. Il avait d'abord été effrayé, mais il avait fini par accepter, n'ayant pas vraiment le choix. Aujourd'hui, en voyant les beaux yeux noisette d'Alia levés vers son visage, il ne regrettait pas d'avoir pris cette décision. Elle était tout ce qu'il avait toujours souhaité, et il ne voulait la perdre pour rien au monde.

— J'ignore ce que tu manges le matin ? Si tu bois quelque chose ? lança la jeune brune en désignant son café ainsi que le paquet de galettes de riz posés sur la table en verre.

— Je ne mange rien. En revanche, un café ne serait pas de refus. Ça fait si longtemps que je n'ai pas bu du vrai café, avoua-t-il en scrutant la tasse fumante.

— Je vais te servir une tasse !

     Alia se leva, sous le regard rempli de désir d'Harold. Elle n'y était pas insensible, mais elle ne le montra pas. Elle entra dans la cuisine, se hâtant de mettre le café encore chaud dans une tasse. Elle se regarda un instant devant la vitre du micro-ondes. Elle remarqua que ses joues étaient colorées en rouge, sans doute sous l'effet du regard sensuel d'Harold. Elle respira lentement, tentant d'éclaircir légèrement la teinte qu'avaient prises ses joues, en vain. Elle retourna au salon, déposant la tasse sur la table basse, avant de s'asseoir près du brun. Ce dernier avait les yeux rivés sur l'écran de télévision, dévisageant ce cher Peter Pan. Il semblait ignorer qui était ce dernier, pourtant si connu. 

     Alia comprit rapidement qu'Harold n'avait jamais eu le droit aux contes racontés par les parents, le soir avant d'endormir leurs enfants. C'était triste, mais compréhensible. La mère du jeune homme devait être trop défoncée pour pouvoir lire, quant à son père, il préférait sans doute boire ou tabasser sa femme. À cet instant, elle se jura de ne jamais laisser une personne battre un enfant devant elle.

— Merci pour le café, déclara Harold en tirant la jeune femme de ses pensées.

— Je t'en prie. Merci pour cette nuit, répliqua Alia en levant les yeux vers le visage bronzé de l'ancien détenu.

— Elle était agréable, renchérit ce dernier en portant la tasse à ses lèvres.

     Agréable ? Ce n'était pas le moment auquel Alia s'attendait, mais elle s'en contenterait. Elle sourit, légèrement gênée et détourna le regard vers la télévision. Non pas par intérêt, mais pour éviter qu'Harold perçoive la déception dans son regard. Elle pensait que pour lui aussi, cette nuit avait été parfaite, unique, et pas seulement agréable comme il l'avait dit. Elle avait espéré qu'il lui dise des mots doux, mais cela ne lui était pas venu à l'idée, ce qui peina la jeune femme trop demandeuse.

— Tu ne travailles pas aujourd'hui ? demanda le jeune homme en rompant ainsi le silence.

— Non, mon cabinet a été frappé par une tornade. Il faut que je trouve un job en attendant de pouvoir commencer les travaux, répondit Alia sans pour autant regarder son interlocuteur.

— J'en suis navré. Tu devrais trouver quelque chose, tu as tout ce qu'il faut pour y arriver, lança-t-il en parcourant le corps de la brune avec désir.

     S'il s'écoutait, il la prendrait là, sur le canapé, mais il n'en fit rien. Il ne voulait pas gâcher cette toute nouvelle relation, à laquelle il tenait réellement. Il reposa la tasse sur la table, avant de poser sa main sur celle de la jeune femme. Cette dernière sembla surprise par ce geste tendre. Elle était peu accoutumée à ce genre de chose, surtout de la part d'Harold, mais elle ne dit rien et ne le regarda pas. Elle savait qu'elle le provoquait en agissant de la sorte, et c'est ce qu'elle voulait. Elle avait envie de jouer avec ses nerfs, mais gentiment.

     Ce petit jeu agaça Harold, qui n'avait pas l'habitude d'être ignoré par une femme. Il posa son autre main sur la cuisse de la brune, provoquant des frissons sur l'ensemble du corps de cette dernière. Elle tenta d'ignorer les réactions de son corps, mais en vain. Elle tourna la tête vers le jeune homme dont elle était amoureuse. Elle posa sa main libre sur la jambe de ce dernier, remontant dangereusement vers son entrejambe, provoquant ouvertement le brun. Ses yeux noisette, si innocents en temps normal, laissaient à présent transparaître une lueur animale.

— Je veux que tu me fasses l'amour, Harold, comme jamais aucun autre ne l'a fait avant toi.

     Jamais elle n'avait prononcé ces mots, mais cela ne la gêna pas. Elle se sentait en confiance, et l'envie qu'éprouvait Harold se lisait sur son visage. Elle voulait faire l'amour avec cet homme, pour la seconde fois. Elle se rendit compte à cet instant que le beau brun lui était indispensable. Tout comme un accro à l'héroïne a besoin de sa dose, Alia avait besoin de sentir Harold, au plus profond d'elle-même.

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