Chapitre 32

                       

     Harold sortit du taxi dans lequel il se trouvait et paya le chauffeur. Il n'avait pas dormi de la nuit. Il avait passé son temps à chercher Alia, en vain. Mais l'envie de la revoir ne le quittait, il continuerait ses recherches la nuit suivante. Mais pour le moment, il devait prendre son service. Il entra dans l'établissement de James et salua rapidement Aby qui l'ignora complètement. Il entra dans les cuisines afin de récupérer un carnet et un stylo. Il ressortit, tombant nez à nez avec le patron des lieux.

— Je peux te parler ? demanda ce dernier.

     Harold hocha la tête et suivit le patron dans son bureau. Avait-il fait quelque chose de mal ? Il venait tout juste commencer, il ne pouvait avoir commis une faute. Pas déjà. Il s'assit sur une des chaises présentes devant le bureau, tandis que James fit le tour de ce dernier pour s'asseoir.

— Où vis-tu, Harold ?

     Le jeune homme voyait où le patron voulait en venir. Était-ce une faute de ne pas avoir de logement ? Il l'ignorait, alors il joua la carte de lé sincérité.

— Nul part.

— Tu n'as pas de logement ? s'étonna James en haussant un sourcil.

— Non.

— Et Aby ne t'a pas dit que des logements étaient disponibles pour les employés du Ben's House ? poursuivit-il surpris des réponses du jeune serveur.

— Non, elle a dû oublier, répondit le brun en haussant les épaules.

     James soupira. Aby était ainsi avec chaque nouvel employé. Elle oubliait toujours les éléments importants. Mais le patron ne pouvait lui en vouloir, elle était tout de même doué dans certains domaines... de la vie privée.

— Il y a un petit immeuble, collé au restaurant. Ce sont des appartements destinés à mes employés. Tu peux y loger si tu en as besoin. Il y en a quelques uns de libres. Le loyer et les charges sont prélevées directement sur ton salaire, mais avec les pourboires et le reste de ta paye, tu pourras tout de même vivre décemment, expliqua le patron en fixant Harold droit dans les yeux.

— C'est gentil, répondit simplement Harold.

     Il ne savait que répondre. L'homme qui l'avait embauché lui proposait à présent un logement. Était-ce un ange ou simplement un homme bon ? Harold l'ignorait.

— Je n'aime pas voir mes employés à la rue. Voilà le code de l'immeuble, ainsi que le numéro de ton appartement et la clé de ce dernier, déclara James en lui tendant une enveloppe blanche.

     Le jeune homme l'attrapa et la fourra dans la poche de son jean. Il n'était pas habitué à une telle gentillesse, mais cela ne lui déplut pas. Il lança un sourire suivi de nombreux remerciements. James lui affirma qu'il était normal pour lui de l'aider. Après tout, Harold travaillait pour lui, il était donc naturel pour le patron du restaurant de l'aider à sa façon.

— Allez, va travailler ! lança-t-il ensuite au brun qui n'en revenait toujours pas.

     Harold quitta le bureau, toujours sous le choc de ce que venait de faire son patron. Le monde regorgeait donc de personnes dotées d'une gentillesse, il était heureux de le savoir. Cependant, il ne parvenait pas à profiter de ce bonheur, du moins, pas entièrement. Alia lui manquait. Il voulait la prendre dans ses bras et lui promettre que jamais plus il ne la laisserait. Il voulait lui montrer qu'il l'aimait et qu'il était prêt à tout pour le lui prouver.

     La journée d'Harold passa rapidement. Il n'avait cessé de penser à la jeune brune au corps parfait. Il avait imaginé la retrouver, au détour d'une ruelle. Il avait espéré parvenir au terme de ses recherches. Il n'abandonnerait pas. Il sortit du restaurant, déterminé à trouver la brune. Cette fois-ci, il se rendit à Kensington en taxi.

     Alia sortit de son appartement, tenant Leiko en laisse. Elle avait passé la journée à écrire dans son petit carnet rouge qui contenait tous les maux de son cœur souvent blessé. Elle descendit dans la rue, respirant à pleins poumons l'air frais qui soufflait sur son visage. Elle commençait à s'habituer à la basse température, ce qui l'étonna. Elle qui d'habitude, préférait la chaleur, à présent aimait le froid. Dans moins d'un mois, Noël serait fêté. Pour la première fois depuis quelques années, elle ne le fêterait pas avec la famille de Mickael. Elle ferait sans doute le réveillon seule, avec Leiko, son fidèle compagnon.

     Elle prit la direction du parc. Étant encore un bébé, le petit berger allemand avait besoin de se défouler, et ce grand parc était l'endroit idéal. Elle y pénétra après seulement quelques minutes de marche. Elle libéra Leiko de sa laisse et lança son pouet-pouet – un hot-dog en plastique – loin devant elle. Le chiot courut à toute vitesse afin de la ramener à sa maîtresse.

— C'est bien, Leiko ! le félicita-t-elle en caressant la tête de son protégé.

     Elle réitéra son geste et attendit que le petit chien revienne. Elle en profita pour jeter un regard à la rue qui longeait le grand parc. La vie semblait redevenue normale pour les habitants de Londres. Un couple marchait, discutant avec le sourire aux lèvres. Un homme grattait la glace qui s'était collée sur son pare-brise. Un autre descendait d'un taxi, dos à la jeune femme, habillé d'un simple pull et d'un jean, tous deux noirs. Ne ressentait-il pas le froid qui enveloppait la ville ? Leiko revint vers Alia, la coupant dans ses pensées.

— C'est bien, dit-elle en lançant à nouveau le jouet.

     Elle profita de l'absence du chiot pour aller s'asseoir sur un banc. Le froid fatiguait rapidement ses muscles. Elle soupira. Ses pensées venaient de dévier sur Harold. Où pouvait-il bien être ? Il l'avait abandonné, et elle lui en voulait, mais elle n'en était pas moins amoureuse de lui. Elle releva les yeux vers l'homme peu vêtu qui entrait dans le parc. La nuit étant tombée, elle ne put distinguer son visage. Elle remarqua uniquement son imposante carrure. Une carrure familière qui l'étonna. Serait-ce possible ?

— Lawford. Harold Lawford ? demanda-t-elle à l'attention de l'homme qui passait devant elle, ne semblant pas la voir.

     L'homme s'arrêta et fit volte-face, dévoilant son visage à Alia. Elle n'en crut pas ses yeux. Elle battit plusieurs fois des cils, se demandant si elle rêvait ou si la personne était réellement celle qu'elle voyait face à elle. Leiko revint, déposant le jouet aux pieds de la jeune femme, avant de se tourner vers l'homme debout face à Alia, défendant cette dernière.

— Alia, murmura finalement la voix grave et rauque du jeune homme brun qui scrutait attentivement les yeux noisette de la concernée.

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