Chapitre 27

Alia déglutit. Elle savait parfaitement tout cela, elle avait déjà été amoureuse de quelques hommes avant Harold, mais aucun d'eux n'avait été un prisonnier potentiellement dangereux. Elle était au courant de ce qu'il avait fait pour se retrouver à Belmarsh, du moins dans les grandes lignes, mais cela ne la révulsait pas, ne l'effrayait pas. Sans doute était-elle folle, pensa-t-elle.

— Pourquoi vous reste-t-il seulement quelques heures à vivre ? demanda Alia en se tournant vers la vieille femme.

— J'ai un cancer des poumons, je n'ai pas eu la chance d'avoir un donneur, alors je vais laisser ma place dans ce monde à une autre personne, expliqua-t-elle sans aucune tristesse. Peut-être n'aurais-je pas dû fumer toutes ces années.

Alia ne répondit rien. Elle imagina seulement le courage de cette femme. Il devait être immense pour lui permettre d'accepter son futur décès. Elle savait qu'elle allait mourir, et au lieu d'être avec sa famille, elle était assise sur un banc, par un froid glacial, à côté de la jeune brune. Les deux femmes restèrent ainsi pendant de longues minutes, se regardant dans la blanc des les yeux, sans même se parler, jusqu'à ce que la vieille femme brise le silence qui s'était naturellement installé entre elles.

— Ce qui m'attriste le plus, c'est que je vais devoir abandonner mon chien.

— Pourquoi ? Vous n'avez personne à qui le confier ? Un membre de votre famille, un ami ? Demanda Alia surprise de ce que lui avouait la femme aux cheveux gris.

— Non, je n'ai plus de famille, et je n'ai jamais eu d'amis. J'avais uniquement mon mari, mais il est mort il y a quelques années de cela déjà. Je vais devoir emmener mon Leiko dans un refuge, murmura-t-elle tristement.

— De quel type de chien s'agit-il ?

— C'est un berger allemand, il a seulement trois mois.

Alia réfléchit quelques instants. Un chien, cela représentait beaucoup d'obligations et d'attention, mais si elle pouvait soulager la conscience de cette femme, elle le ferait avec plaisir. Et puis, après tout, un toutou, quoi de mieux pour apporter de la gaîté chez elle ?

— Je peux l'adopter, proposa-t-elle en souriant.

— Vraiment ? J'avais posé des annonces, mais je n'ai reçu aucune réponse malheureusement.

— Si cela peut vous aider à partir en paix, alors je le ferai, acquiesça Alia en posant sa main sur celle de la femme âgée.

— Merci.

Elle venait tout juste de connaître cette femme, et voilà qu'elle adoptait son chien. Plus irréfléchie qu'elle, c'était impossible de trouver. La vie nous réserve parfois des surprises, et elle l'apprit vraiment cette nuit-là. La femme aux cheveux gris la remercia de nombreuses fois, trop nombreuses au goût d'Alia.

— Ne bouger pas d'ici, je reviens avec Leiko, dit-elle après une bonne heure de discussion. J'habite à cent mètres à peine.

Elle sortit du parc d'un pas pressé. Elle était heureuse d'avoir trouvé une personne bienveillante pouvant élever son chien à sa place. Alia elle, repensa à ce qu'elle venait de promettre. Elle ne connaissait en rien cette femme, si elle n'était pas venue dans ce parc cette nuit-là, elle n'aurait probablement jamais eu vent de son existence, ni de celle du chien nommé Leiko qu'elle venait d'adopter. La vie était si imprévisible, mais c'est ce la beauté de cette dernière et rythmait la vie de la jeune femme.

Elle releva les yeux vers la femme âgée qui se dirigeait droit vers elle. Elle n'avait pas été longue à aller chercher son petit chiot qu'elle portait dans ses bras, enveloppé dans une chaude couverture. Alia pouvait seulement apercevoir le museau du chiot déjà grand. La femme s'assit près d'elle et déposa Leiko près d'elle, sur le banc. Elle caressa doucement la tête de ce dernier, toujours invisible aux yeux d'Alia.

— Il a besoin de beaucoup d'amour, commença la femme, il aime les caresses et les câlins, il adore jouer également. Il est très aimant vous savez. Il a besoin d'une famille qui prendra soin de lui.

— Il aura tout cela, je vous le promets. J'ai toujours rêvé d'avoir un chien.

Et c'était le cas. Depuis son enfance, elle voyait les personnes autour d'elle jouer et aimer leurs compagnons à quatre pattes, mais elle n'avait pas eu cette même chance. Elle aimait les animaux, bien plus que les humains, car ces derniers étaient infidèles et déguerpissaient dès que l'occasion se présentait à eux. Au moins, elle n'avait pas ce risque avec Leiko.

— Il faut que je rentre, je commence à être faible, déclara la vieille femme. Je vous remercie du fond du cœur de m'avoir accordé ce dernier souhait.

— Je vous en prie, répondit Alia en soulevant Leiko tant bien que mal pour le serrer contre elle par peur qu'il n'ait froid.

— Merci encore, dit-elle avant de s'éloigner vers la sortie du parc.

Alia baissa les yeux vers le petit animal blotti contre elle. Mickael ne serait sûrement pas d'accord avec la décision irréfléchie qu'elle avait pris soudainement d'adopter cette adorable boule de poils, mais elle s'en fichait, elle était heureuse d'avoir ce petit chien avec elle. Elle se leva du banc, non sans difficultés à cause du poids du chiot, déjà bien lourd pour son âge. Elle sortit du banc, pressée de rentrer chez elle. Leiko semblait, lui aussi, impatient de découvrir son nouveau chez soi. Alia espéra une seule chose : que Mickael ne jette pas le chien dehors comme il l'avait fait une fois avec le chien d'un couple ami.

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