Chapitre 26

— Hum ? murmura la jeune femme en s'imaginant dans les bras du prisonnier.

— Qui est ce Harold ?

— Un ami, répondit-elle en se rendant compte de la gaffe qu'elle venait de faire.

Un silence s'installa dans le couple. Alia tourna le dos au jeune homme blessé par le simple nom que la jeune femme avait prononcé. Il s'endormit, déçu de la femme qu'il aimait. Il savait à présent ce que cela faisait de se faire trompé, même si Alia n'avait pas été aussi loin que lui dans la tromperie.

Alia se leva au milieu de la nuit, réveillée par un cauchemar dont elle ne parvint pas à se souvenir. Elle sortit du lit et longea le mur de la chambre afin de parvenir à la porte menant au salon. Elle referma cette dernière une fois qu'elle fut sortie. Elle alluma ensuite la lumière et s'assit dans le canapé couleur taupe appuyé contre le mur. En face de ce dernier, contre le mur opposé, se trouvait un petit meuble en bois, créé par son père lorsqu'elle était encore adolescente. Sur ce dernier trônait un écran plat démesuré. C'était Mickael qui l'avait choisi pour jouer à ses jeux vidéos aussi stupides les uns que les autres, même si parfois, Alia s'amusait à y jouer lorsqu'elle s'ennuyait. Mais cette nuit, elle n'était pas d'humeur à se laisser abrutir par un simple jeu. Elle avait besoin de réfléchir, et d'écrire. En effet, depuis sa plus tendre enfance, elle écrivait ses pensées dans un petit carnet qu'elle ne quittait jamais normalement. Elle l'attrapa, ainsi qu'un stylo et commença à écrire ses ressentis sur la semaine qui venait de passer.

Quelle abrutie ai-je été de le laisser jouer avec moi ! Pourtant, je ne parviens pas à oublier ses lèvres, tendrement posées sur les miennes, et son regard, si protecteur, me couvant à chaque instant. Je ne devrais pas, je le sais, mais je ne peux m'empêcher d'aimer cet homme. Harold Lawford.

Je n'aime plus Mickael, je m'en aperçois seulement maintenant. Je vais lui briser le cœur comme il a brisé le mien, sauf que je ne voulais pas le faire. Je l'aimais, je l'aimais vraiment, jusqu'à ce que je rencontre cet homme...

Elle soupira en reposant son stylo et son carnet près d'elle, sur un des coussins bleus posés sur le canapé. Elle était amoureuse de lui depuis qu'elle l'avait vu. Elle n'avait pu réfréner cette attirance, et elle en payait les frais aujourd'hui, en mentant à son petit-ami qu'elle ne considérait plus comme tel. Mickael n'était qu'un ami pour elle, et elle s'en voulait terriblement, bien qu'elle ressentit une sensation semblable à du soulagement lorsqu'elle eut écrit ces quelques mots qui lui pesaient sur la conscience depuis un moment. Elle reposa son carnet sous la table basse en verre et s'allongea de tout son long. Elle scruta la blancheur immaculée du plafond au-dessus d'elle. Elle repensa au sourire d'Harold. Elle savait que penser à cet homme la rendait encore plus malheureuse qu'elle ne l'était déjà, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Elle revit les yeux bleus, ayant changés, ressemblant à deux petits océans, du jeune homme qui la fixait. Elle repensa à ses douces lèvres, posées sur les siennes. Elle ressentait à nouveau les caresses effectuées sur ses cheveux bruns. Elle eut les larmes aux yeux en repensant à tout cela. Harold lui manquait, et jamais elle ne parviendrait à l'oublier. Jamais elle ne pourrait aimer quelqu'un d'autre comme elle l'aimait.

Elle se releva soudainement. Elle avait besoin de prendre l'air, même si l'extérieur était gelé, elle avait besoin de sortir de cet appartement qu'elle partageait avec Mickael, toujours endormi dans la chambre qu'ils partageaient. Elle retourna à pas de loup dans cette dernière et s'habilla sans faire de bruits. Elle enfila un simple jean et un pull en laine, tous deux noirs. Elle se chaussa de bottines noires également et revêtit une parka kaki. Elle prit soin de ne pas claquer la porte en sortant, afin de ne pas réveiller Mickael. Elle ferma la porte à clé, et fourra ces dernières dans sa poche. Elle descendit l'escalier le plus rapidement possible, comme pour fuir son immeuble. Sortir en pleine nuit était une habitude pour elle. C'était la seconde chose qu'elle faisait lorsqu'elle ne se sentait pas bien, juste après le fait d'écrire dans son petit carnet rouge.

Elle respira l'air frais, et profita un instant du calme dans lequel était plongé le quartier. Il était trois heures du matin, personne ne risquait de la déranger. Elle se mit à marcher, prenant la direction d'un parc, ouvert la nuit, dans lequel elle se rendait souvent. La neige crissait sous ses pieds, tandis que la glace se brisait. Elle avait toujours aimé la neige, depuis l'enfance. Son père les emmenait souvent, elle et sa mère, en vacances aux sports d'hiver, en France. Elle adorait ces moments où elle se sentait libre, tel un oiseau libéré de sa cage. Elle sourit à l'évocation de ce souvenir à jamais gravé dans sa mémoire.

Elle gagna rapidement le parc, et prit place sur un banc, qui la fit frissonner par sa froideur. Elle plaça ses mains dans les poches de son manteaux, tout en scrutant attentivement les quelques personnes rentrant de soirée. La vie avait repris son cours, même si beaucoup de choses étaient à reconstruire. Les gouvernements étaient parvenus à rétablir l'eau, l'électricité et le chauffage. Autrement dit, l'indispensable était présent, et cela lui suffisait. Elle aurait aimé voir les lignes de téléphone être réparées, mais cela attendrait encore un peu.

— Je peux m'asseoir ?

La jeune femme se tourna vers la personne qui venait de parler. Une femme, d'une cinquantaine d'années, les cheveux gris et les yeux marrons, elle était belle. Alia hocha la tête tout en se décalant pour faire une place à la femme. Alia trouva cela étonnant qu'une femme de cet âge soit dehors à cette heure-ci, surtout avec la température actuelle qui ne dépassait pas les zéro degrés. Elle semblait avoir froid, mais elle resta assise à ses côtés.

— Excusez-moi, mais, si ce n'est pas indiscret, que faites-vous dehors à cette heure-ci ? demanda Alia poussée par la curiosité.

— Je profite de mes dernières heures à vivre, répondit la quinquagénaire.

Alia fut surprise de cette réponse. Elle s'attendait à tout, sauf à cela. Elle ne sut quoi répondre, alors elle lança un timide sourire à la femme.

— Je m'appelle Marta, se présenta-t-elle les yeux brillants.

— Alia, répondit la jeune femme.

— Alia Brown ? L'avocate ? répéta-t-elle les yeux grands ouverts.

La brune hocha la tête, non étonnée qu'elle connaisse son nom. Elle était une avocate connue pour son fort caractère, et jusqu'à présent, elle n'avait jamais perdu une seule affaire, ce qui lui valait cette réputation de femme forte. C'était sans doute pour cela qu'elle connaissait son nom.

— C'est donc vous l'avocate d'Harold Lawford, poursuivit-elle. Est-il aussi méchant qu'on le dit dans les journaux ?

— Non, il cache une personnalité bien plus sensible qu'on ne peut l'imaginer. Il est adorable, avec les personnes qu'il aime, comme beaucoup de personnes, répondit Alia en scrutant les prunelles vertes de la vieille femme.

— Un homme cache beaucoup de choses, vous savez ! lança-t-elle avec un petit rire cristallin.

— Ça oui, murmura la jeune femme en repensant à Mickael et Bethany.

— Mais certains valent la peine de se battre pour eux, continua-t-elle. Certains attendent qu'une femme les aident à changer afin de devenir un homme meilleur.

Alia écouta les paroles de la femme assise à ses côtés. Peut-être n'avait-elle pas tord, mais ce n'était franchement pas le genre d'Alia de se battre pour un homme.

— Vous êtes amoureuse d'un homme ? s'enquit de demander la femme aux cheveux gris en se tournant vers la brune.

— Je crois oui, avoua-t-elle en regardant droit devant elle.

— Pour être sûre, c'est simple. Si vous pensez toujours à lui même quand il n'est pas avec vous, si vous le défendez même lorsqu'il est indéfendable, et si vous feriez tout pour lui, alors vous l'êtes ! 

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