Chapitre 20

Qui était ce Joseph ? Était-ce un membre de la famille d'Harold ? Ce nom de famille était peu courant, cela n'aurait pas été étonnant si ça avait été le cas. Elle leva les yeux vers le gardien chef, Andropov, qui avait à présent un briquet dans la main droite et un dossier dans la gauche.

— Anthony Fouscault, déclara-t-il avant de laisser la flamme du briquet consumer doucement les papiers composants le dossier.

Il laissa tomber ce dernier, et continua d'en ajouter, à chaque fois en rappelant le nom des hommes libérés. Certes, il existait des copies, par mesure de sécurité mais après ce changement climatique, les dossiers judiciaires des différents détenus enfermés à travers le monde, seraient le cadet des soucis des gouvernements. À mesure que le gardien brûlait les papiers, Alia cherchait en vain une solution pour récupérer le dossier de ce Joseph Lawford. De nature curieuse, elle voulait découvrir de qui il s'agissait exactement.

Elle se baissa et fit semblant de rassembler les dossiers, en profitant pour cacher le dossier dans son pull, en prenant soin de le maintenir grâce à l'élastique du jogging qui lui serrait la taille. Elle eut un sourire, mais l'effaça aussitôt. Elle se releva et déposa les dossiers près de Sergueï. Elle revint ensuite à sa place, et croisa le regard fier de son ami. En effet, Harold était heureux. S'il survivait à ce froid meurtrier, il aurait le droit à une seconde chance. Une seconde chance lui permettant de vivre une nouvelle vie. Ses brillaient intensément, ce qui fit sourire Alia.

— Harold Lawford ! désigna le gardien chef en brûlant un épais dossier.

Le concerné regarda les papiers comportant son nom se réduire en fumée. Il était libre. Son premier geste fut de prendre la main d'Alia et de la serrer, sans pour autant lui faire mal. Elle serra sa main à son tour, ravie de ce geste inattendu.

L'ensemble des dossiers furent brûlés en un peu plus d'une heure. Les détenus à présent libres, ne pouvaient s'empêcher de laisser leur joie s'exprimer. Des cris, des pleurs, des rires, des étreintes partagées avec leur famille. Ces différentes scènes touchèrent Alia. Harold s'était isolé avec Andropov, discutant de la marche à suivre pour maintenir le calme en ce lieu. Elle en profita pour s'asseoir sous un des escaliers de fer, à l'abri des regards indiscrets. Elle souhaitait rester seule quelques temps.

La belle brune ne savait plus où elle en était. Elle ne reconnaissait pas la nature des sentiments qu'elle éprouvait pour Harold. Elle ignorait si cela n'était qu'une simple amitié, ou le début d'un amour sincère. Tout cela était allé si vite, mais elle ne pouvait nier l'attirance qu'elle avait pour le jeune homme à la personnalité si mystérieuse. Elle aurait tant aimé le savoir. Elle était troublée comme jamais elle ne l'avait été. Sa conscience lui soufflait de rester loin de cet homme mais son cœur lui murmurait le contraire. Peut-être était-elle folle, mais pour le moment, elle voulait écouter son cœur.

Elle repensa au dossier dont elle s'était emparée une heure auparavant. Elle voulait le consulter, mais elle risquait d'être vue par Harold ou un des surveillants présents dans le hall. Une femme s'approcha d'elle. Elle devait avoir à peine vingt ans. Ses cheveux teints en blond, coupés courts, lui donnaient un air strict. Ses petits yeux bleus se posèrent sur le visage d'Alia qui la regardait se mouvoir dans sa direction. Le corps de la femme était mince, maigre même. Elle n'avait que la peau sur les os. Elle fit de la peine à la jeune avocate.

— Je cherche Harold, dit-elle simplement en s'arrêtant devant Alia.

— Harold ? Harold Lawford ? rétorqua la jeune femme visiblement étonnée de cette requête.

— Oui, j'ai appris qu'il était ici en entendant les différents noms énumérés lors du feu, dit-elle en jouant avec ses doigts sous l'effet du stress.

Alia hocha la tête et se leva. Pourquoi cette femme cherchait-elle Harold ?

— Vous le connaissez personnellement ? demanda-t-elle curieuse.

— Je n'ai pas eu cette chance malheureusement. Mais j'aimerais rattraper le temps perdu.

Alia ne comprit pas de quoi elle parlait, mais lui désigna l'endroit où Harold se tenait. La blonde remercia l'avocate et s'éloigna, en direction du brun qu'elle cherchait. Que pouvait-elle vouloir d'Harold ? La jeune brune ressentit de la... jalousie ? Impossible, ils n'étaient qu'amis.

Elle s'appuya contre l'escalier et observa la scène qui se déroulait devant ses yeux, à quelques mètres à peine. La blonde avait pris Harold à part, tous deux discutaient à présent. La blonde étant de dos, Alia ne pouvait voir que le visage du jeune homme. Ce dernier s'illumina en quelques secondes. Il semblait heureux de voir cette femme, un peu trop, au goût d'Alia. Harold sourit, dévoilant une dentition parfaitement alignée et blanche. La conversation s'éternisa. Alia décida alors de monter, et de se rendre dans une cellule, peu importe laquelle. Elle voulait lire le dossier qu'elle avait trouvé et surtout, ne pas se triturer le cerveau avec les dizaines de questions qui commençaient à affluer dans son esprit rongé par la jalousie. Nul ne remarqua son ascension, qu'elle effectua grâce à un escalier. Elle entra dans la première cellule dont la porte était ouverte. Elle referma cette dernière et s'assit contre. Elle sortit le dossier de son pull et le déposa par terre.

Elle saisit la première feuille, qui n'était autre que l'identité exacte de l'homme en question, présentant également une photo. Elle scruta longuement cette dernière. L'homme possédait de petits yeux bleus, aussi froids que la glace d'un iceberg, qui semblaient pouvoir tuer la personne qui osaient leur faire affront. Ses lèvres étaient fines et dessinaient une ligne droite. Aucune expression n'habitait le visage de l'homme aux yeux glacés. Cependant, elle remarqua un détail troublant. Le détenu portait un tatouage au niveau du côté droit du cou. Une date était inscrite en chiffres romains. XXIII.V.LXXXIX. Soit l'équivalent du 23 mai 1989. Alia connaissait cette date, elle l'avait déjà vu quelque part, mais où, elle ne parvenait pas à se souvenir. Ce devait être une date importante pour l'homme présent sur la photo. Sinon, pourquoi la graver à vie sur sa peau ?

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