Chapitre 16

Harold releva les yeux vers Henri, qui l'observait attentivement en silence.

— Pourrais-tu me prêter ta lampe ? demanda-t-il finalement après quelques secondes de contact visuel.

Le jeune gardien s'étonna de la futilité de la question mais ne dit rien. Il ne fallait pas contrarier le prisonnier Lawford, et malgré le fait que Henri James s'occupait de la laverie, il le savait de par les rumeurs concernant la violence du détenu. Il tendit la lampe à Harold, ne se méfiant pas. Ce dernier l'attrapa avec vivacité avant de jeter un bref coup d'œil à Henri. Pour la première fois de sa vie, Harold regrettait le geste qu'il s'apprêtait à faire.

Henri tomba sur le sol, assommé par la puissance du coup de lampe qu'il venait de recevoir sur son crâne. Harold ne pouvait prendre le risque de laisser le maton révéler sa liberté aux autres. Il devait agir discrètement, et retrouver Alia au plus vite. L'après-midi passait lentement, mais permettait à Harold de profiter de la pénombre qui s'imposait peu à peu dans le hall où l'ensemble des condamnés étaient regroupés.

Il traîna le corps du jeune garde à l'intérieur de la cellule d'isolement et referma cette dernière à double tour. Il se tourna ensuite vers le long couloir sombre, renfermant les autres cellules. Alia était peut-être ici. Il fallait qu'il la retrouve. Ce n'était pas croyable comme elle pouvait lui... manquer ?

Alia s'assit dans un coin de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Elle avait peur de cet endroit, elle voulait retourner chez elle, à Londres. Elle ne voulait plus retrouver Harold. Après tout, tout ce qu'il lui arrivait était de la faute du prisonnier. Il l'avait intriguée, elle n'aurait pas dû se laisser berner par les beaux yeux du brun musclé. Elle posa sa tête sur ses genoux qu'elle avait serrés contre sa poitrine. Si elle avait su que les événements prendraient une telle tournure, jamais elle n'aurait accepté d'aider cet abruti d'Harold Lawford. Si elle avait su, elle serait restée chez elle.

Elle crut entendre un bruit de pas, proche d'elle, mais elle ne daigna pas lever la tête. Elle devenait folle dans cet endroit confiné. Quelques minutes auparavant, elle avait cru voir une lumière. Une lumière dans cet enfer ? Impossible. Elle était détraquée, mentalement parlant, elle succomberait bientôt, et ce ne serait que délivrance. Jamais la jeune brune n'aurait imaginé avoir de telles pensées, aussi sombres et morbides, elle les avait à cause de cet endroit qui aspirait à la mort. Des pensées morbides, qui devaient assaillir chaque personne enfermée à Belmarsh.

Les bruits de pas s'éloignèrent, la laissant seule dans la folie qui commençait à la posséder. Les pas qu'elle entendait devaient être sa raison qui la fuyait le plus vite possible. Elle pleura, en silence. Elle relâcha la pression qu'elle avait accumulée ces derniers temps, tant à la prison qu'en dehors. Elle repensa à la fois où elle avait surpris son petit-ami dans leur lit, couchant avec sa meilleure amie, Bethany. Elle ne leur avait rien dit, elle avait simplement refermé la porte de la chambre et était partie en voiture, roulant le plus loin possible de son appartement.

Ses pensées bifurquèrent ensuite vers son adolescence. Toutes ces années à être moquée des autres, en raison de ses formes déjà bien présentes. Elle avait détesté son corps à cause de gamins qui critiquaient les personnes différentes. Elle eut un sourire nostalgique en repensant à son petit-ami de l'époque, Alex, qui l'avait quitté soudainement, sans véritables raisons. Elle repensa à la difficulté à laquelle elle avait dû faire face ensuite. Se remettre d'une rupture n'était pas simple pour Alia, surtout celle de son premier amour. Mais elle avait réussi, et aujourd'hui, elle se retrouvait dans une horrible prison, enfermée dans un endroit minuscule plongé dans le noir le plus profond qu'il pouvait y avoir sur terre. Comment allait-elle surmonter cette nouvelle épreuve ?

Elle lâcha un soupir, désespérée de sa situation. Qu'allait-elle pouvoir faire ? Rien. Elle allait rester ici, et mourir de froid ou de faim. Elle ferma les yeux, s'abandonnant au sort qui lui était réservé. Elle n'avait plus envie de rien. Elle voulait seulement que le froid l'emporte, loin d'ici.

Harold soupira. Cela faisait une heure qu'il examinait chaque cellule. Alia était nul part, il l'avait appelé, mais aucune réponse ne lui était parvenu. Où pouvait-elle bien être ? Il l'ignorait, seul Andropov et ses hommes pouvaient répondre à cette question, mais il ne pouvait leur demander. Il s'appuya contre le mur froid du couloir baigné dans la noirceur la plus profonde. Il devait continuer de chercher celle à qui il tenait tant, mais son espoir commençait à flancher.

Si Alia ne se trouvait pas dans les cellules d'isolement, où pouvait-elle bien être ? Dans la cellule d'Harold ? C'était possible, après tout, il n'avait pas cherché dans la prison en elle-même. Il prit de longues respirations avant de se relever. S'il devait tuer chaque gardien pour pouvoir retrouver Alia, il le ferait.

Sa silhouette glissa le long des murs, parvenant rapidement à l'entrée du hall. Il repéra le groupe de surveillants, posté près d'un des escaliers en fer. La plupart des détenus étaient debout, ce qui allait faciliter la tâche à Harold. Il se baigna dans la foule sans difficultés. Il put apercevoir un des prisonniers, portant un bébé d'à peine quelques mois dans ses bras musclés et recouverts de tatouages. Il avait les yeux pétillants lorsqu'il regardait la jeune femme qui se tenait en face de lui. Cette vue le peina. Il venait de comprendre ce qu'était la définition du bonheur, une sensation que jamais il n'avait connue. Il aurait voulu fonder une famille, il aurait voulu porter un enfant comme le faisait cet homme d'une cinquantaine d'années. Il était devenu grand-père quelques mois auparavant, et il pouvait à présent porter son petit-fils dans ses bras.

Harold continua de frayer son chemin parmi les nombreuses personnes présentes dans le hall, tentant d'oublier la jolie famille qu'il venait de croiser. Il atteignit l'un des escaliers de fer. Il le grimpa en quelques secondes, soulagé lorsqu'il fut arrivé en haut, à l'abri des regards des gardiens. Il commença à marcher, jetant un œil dans chaque cellule. Il en était sûr, Alia était ici, elle devait l'attendre dans la pièce où ils étaient précédemment. Le sourire et l'espoir revinrent au jeune homme.

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Suite vendredi 25 août.

Hello tout le monde ! Comment allez-vous ? 😊

Que pensez-vous de ce chapitre ? Le comportement d'Harold face au gardien qui l'a pourtant libéré ? 😎

Vous attendiez-vous à cela ?

Harold va-t-il retrouver Alia si facilement ? 😎

Bisous 😘

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