Chapitre 14
Alia longea les quelques cellules du premier étage, regardant à travers les grilles, espérant voir Harold. Toutes les pièces destinées aux détenus - de l'établissement de Belmarsh – se ressemblaient, toutes aussi petites les unes que les autres, toutes aussi misérables. Les hommes étaient parqués comme de vulgaires animaux. Elle vit l'horreur des prisons. Elle ignorait jusqu'à ce jour le véritable enfer dans lequel vivaient les condamnés. Cependant, elle ne parvint pas à retrouver son ami, Harold Lawford. Ce dernier semblait s'être volatilisé, du moins, il aurait mieux valu pour lui, mais ça, Alia ne le savait pas encore.
Elle descendit l'un des escaliers de fer, le regard enragé. Elle s'arrêta face au gardien russe la dominant de toute sa hauteur. Elle ressemblait à une mouche prise dans la toile d'une mygale, mais elle ne broncha pas et fixa l'homme droit dans les yeux. Il parut enfin remarquer sa présence et attendit qu'elle parle, mettant ainsi fin, à la conversation si amusante qu'il tenait avec deux de ses collègues.
— Où est Harold ? demanda-t-elle d'un froid mais ferme.
— En isolement, répondit-il comme si cela était normal.
— Pourquoi ? Et où se trouve ce... Où est-il ? s'emporta-t-elle en sentant son cœur s'emballer sous l'effet de la colère.
— Je viens de vous répondre, Mademoiselle Brown.
Alia perçut une pointe de moquerie dans la voix du maton au regard glacial, ce qu'elle n'apprécia pas du tout. Elle entreprit de le gifler, mais il fut plus rapide qu'elle. Il attrapa son poignet avec tant de forces qu'il manqua de le lui briser. En à peine trois secondes, la jeune femme se retrouva collée contre le sol glacé, le poids d'Andropov lui écrasant le dos ainsi que le thorax. Il l'avait maîtrisé avec une telle facilité qu'Alia sentit ses joues chauffées sous le sentiment de honte que lui avait provoqué ce retournement de situation. Elle tenta de se débattre, sans succès. Il était bien plus fort que lui, et devait peser au moins cent kilos.
— Isolement.
Ce fut le seul mot que le russe prononça, mais ce fut bien assez pour annoncer la sentence de la jeune femme. Son insolence avait fortement déplu au gardien qui pouvait se permettre n'importe quoi. Il n'y avait plus de justice puisque la plupart des civilisations avaient été détruites. Lui seul décidait du bon fonctionnement de la prison à la tête de laquelle il se retrouvait. Il était un véritable connard, tout le monde le savait, mais il avait décidé d'être bien pire que cela avec la jeune brune et son ami, Harold Lawford.
Il avait beau respecter ce dernier, il souhaitait le briser depuis son arrivée à Belmarsh. Aujourd'hui, il en avait l'opportunité avec Alia. Le détenu s'était lié d'amitié avec elle, le russe l'avait remarqué et il comptait bien user de ce lien particulier qui les unissait, pour les détruire, l'un comme l'autre. Son degré de méchanceté était bien plus élevé qu'une personne normalement constituée, mais cela ne semblait pas le déranger, il s'en amusait plutôt. Il avait toujours aimé faire souffrir les autres, c'était dans sa nature.
Il se redressa, laissant deux hommes saisir violemment Alia par les aisselles. Ils la décollèrent du sol comme un vulgaire sac vide. Ils la traînèrent vers le couloir bleu, mais au lieu de marcher droit vers la salle de pause, ils bifurquèrent dans un second couloir qu'Alia n'avait pas remarqué, malgré ses nombreux passages en ce lieu. Le couloir était bien trop sombre pour distinguer quoi que ce soit, mais les deux hommes semblaient savoir où aller. Du moins, c'est l'impression qu'ils donnaient. Leurs pas cadencés et leurs bras cadenassés autour de ceux de la jeune femme effrayaient cette dernière qui ne prenait même plus la peine de se débattre.
Au bout d'une longue marche d'environ dix minutes, Alia fut propulsée en avant, elle atterrit sur un sol humide, voire mouillé. Elle entendit un grincement dans son dos. Les deux hommes venaient de l'enfermer dans un endroit dont elle ignorait la localisation exacte. Elle ne voyait rien en raison de l'obscurité qui y régnait. Elle se sentit incroyablement seule. Elle se releva, cherchant à du bout des doigts un quelconque indice afin de déterminer le lieu où elle se trouvait. Elle savait qu'elle était en isolement, mais elle souhaitait découvrir à quoi ressemblait sa... cellule ? Elle aussi était en prison ?
Ses mains se posèrent sur une sorte de grande planche en fer. Un lit, ou du moins une imitation pour le moins ratée. Elle s'y assit, prenant son visage entre ses mains froides et mouillées. Elle avait peur du noir et voilà qu'on la condamnait à y rester pendant Dieu seul sait combien de temps. Elle laissa quelques larmes s'échapper de ses yeux clos. Elle devait faire face à sa phobie, elle devait accepter de se retrouver seule, elle devait comprendre qu'elle n'avait pas à agir ainsi envers les gardiens. Mais elle ne pouvait pas. À cause d'Harold. C'était pour lui qu'elle se retrouvait à Belmarsh, et aussi ironique que cela pouvait paraître, voilà qu'elle se retrouvait enfermée dans une cellule, telle une criminelle.
— Harold, où es-tu ? chuchota-t-elle en cherchant désespérément dans ses pensées où les gardiens avaient pu le conduire.
Bien sûr, elle n'obtint aucune réponse. Cela aurait été bien trop facile si le concerné ait été enfermé juste à côté d'elle. Les surveillants n'étaient pas aussi bêtes que cela, malheureusement. Elle continua à pleurer de longues minutes, puis s'allongea sur le lit dur comme du béton. Il était aussi humide que le sol où elle avait atterri quelques instants auparavant. Elle ferma les yeux, espérant que tout ceci n'était qu'un cauchemar, et que lorsqu'elle se réveillerait, elle retrouverait Harold, endormi au bord du lit de la cellule qu'ils avaient partagé plusieurs heures avant qu'elle ne se retrouve là.
Le sommeil l'emporta rapidement, lui permettant de se reposer et d'oublier l'espace de quelques heures, qu'elle était enfermée dans une prison, telle une criminelle, uniquement parce qu'elle avait eu l'idée de se mettre à la recherche d'un homme qu'elle ne connaissait presque pas. Quelle idée stupide ! pensa-t-elle en s'endormant.
L'était-ce vraiment ?
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