Chapitre 10

Elle ne devait pas, mais pourtant c'était le cas. Il avait réussi à la convaincre de lui accorder sa confiance alors qu'il était l'un des hommes les plus dangereux du pays. Elle se sentait faible, nue, et idiote d'avoir failli devant cet homme. Elle qui, normalement, ne faisait confiance à personne, voilà qu'elle donnait cette dernière à un criminel. Était-elle inconsciente ou juste idiote ?

— Mademoiselle Brown, vous rendez-vous compte à quel point cet homme est dangereux ? Regardez ce corps immobile, regardez le sang s'écouler du crâne de ce gamin qui venait tout juste de fêter ses vingt-deux ans ! Hurla Andropov au creux de l'oreille de la jeune femme qui fixait toujours la rambarde contre laquelle Harold était appuyé quelques instants auparavant. Voyez à quel point cet homme est une bête ! Plus rien n'est humain chez lui ! Il vous tuera comme il a tué Tanat !

Alia n'écoutait pas ce que le gardien-chef lui criait, elle était perdue dans ses pensées. Harold avait tué ce jeune homme, certes, mais elle était persuadée qu'il subsistait un bon fond chez lui, il était simplement brisé depuis des années. Elle le savait au plus profond de son être. Le fait de vouloir trouver et dévoiler au grand jour le bon côté de chaque personne était une de ses qualités, mais également l'un de ses plus grands défauts. En effet, ce trait particulier qui faisait partie de son caractère lui avait parfois valu de mauvaises surprises. Nombreuses étaient les fois où les personnes avaient joué avec elle, mais elle continuait pourtant à agir de la sorte, sans doute trop crédule pour ce monde.

Elle se leva, ne voyant plus que les marches d'un des escaliers en fer. Elle s'approcha de ce dernier et posa sa main droite sur le métal froid. Ses respirations étaient devenues visibles suite à la température qui ne cessait de baisser. Elle ne préférait pas imaginer l'état des pauvres personnes sans abri. C'est pourquoi, elle commença à grimper l'escalier, doucement, comme s'il pouvait se briser en quelques secondes. Elle atteignit le premier étage, le cœur battant à tout rompre. Ses pieds semblaient agir seuls, la guidant vers la cellule du tueur nommé Harold Lawford. Elle laissa sa main glisser sur le mur bleu en béton, longeant ce dernier jusqu'à atteindre le petit coin où Harold était entré quelques secondes après son crime commis avec tant de sang-froid qu'Alia demeurait toujours choquée.

Elle ouvrit doucement la porte en fer, glissant discrètement un œil à l'intérieur de la cellule. Elle remarqua immédiatement le corps musclé du prisonnier, allongé sur le petit lit dans le coin gauche de la pièce. Elle entra sans faire de bruit, fermant la porte derrière elle. Elle s'approcha du corps immobile d'Harold, et s'agenouilla sur le sol glacé, scrutant attentivement les muscles saillants de son client. Elle posa une main sur l'épaule droite de ce dernier, fascinée par l'immense tatouage qui recouvrait l'ensemble de son bras.

Le réflexe d'Harold fut tout autre que ce qu'Alia avait imaginé. Son bras fit un immense geste, et sa large main frappa de plein fouet le visage d'Alia. Cette dernière recula de quelques centimètres, à cause du choc. Les larmes coulaient déjà sur son visage pourtant si lumineux d'habitude. Il ne l'avait sans doute pas fait exprès, mais la douleur était là et ne semblait pas vouloir partir. Harold se tourna dans son lit, posant son regard sur Alia. Ce regard si froid se changea peu à peu. Il devint inquiet, Harold ignorait qu'il s'agissait d'elle. Il ne l'aurait jamais frappé volontairement autrement, il n'était tout de même aussi con que cela.

— Alia, je suis désolé ! dit-il en sautant de son lit, le visage rouge de honte.

Il s'approcha de la jeune femme qui recula au fur et à mesure, se retrouvant collée contre le mur froid. Elle avait sa main gauche posée sur sa joue droite qui venait d'être frappée par la puissante main du tueur. Elle se voyait déjà mourir, ruée de coups. Son corps méconnaissable aurait ensuite été retrouvé par un gardien le lendemain.

Contre toute attente, Harold s'assit sur ses talons, face à elle. Il leva son bras droit, effrayant la jeune femme qui se recroquevilla sur elle-même. Elle ne voulait pas agir ainsi, mais ses réflexes étaient plus forts qu'elle. Le brun posa sa main sur le visage de la jeune femme, qui releva doucement la tête, faisant face à l'homme qui la scrutait, visiblement inquiet pour elle. C'était la première fois qu'il se sentait coupable de quelque chose.

— Je ne voulais pas te frapper, c'était un réflexe, excuse-moi, murmura-t-il en observant les prunelles noisette de la fragile créature qui paraissait plus petite qu'elle ne l'était vraiment.

— Je sais, dit-elle simplement. Mais, s'il te plaît, ne me touche pas, Harold.

Le concerné ôta immédiatement sa main de la douce peau de la jeune femme. Il ne cessa pas de la fixer pour autant. Alia était la seule personne à qui il ne voulait pas faire de mal, et pourtant, il l'avait fait, inconsciemment et involontairement, mais il l'avait fait. Et il s'en voulait. Il s'en voulait terriblement.

— Pourquoi as-tu tué Adam ? demanda la jeune avocate d'un ton froid.

— Je... Je ne sais pas, j'ai juste voulu... je l'ai frappé, mais je ne voulais pas qu'il...

Pour la première depuis qu'Alia le connaissait, soit vingt-quatre heures, le jeune homme semblait être incertain, il doutait de ce qu'il devait dire. Il se sentait coupable. Il avait tué ce gardien, purement et simplement. Il avait commis un énième crime, il ne serait jamais libéré de cet enfer, mais le pire pour lui, c'était cette lueur de peur qui ne cessait d'envahir les douces prunelles de la jeune femme assise face à lui. Cela, il ne le supporta pas.

— Alia, crois-moi, je ne voulais pas le tuer, souffla-t-il finalement.

La jeune femme aurait voulu le croire, mais elle n'y parvenait pas. Après tout, c'était un criminel, enfermé ici à cause d'un crime d'une violence inouïe et impensable, comment avait-elle pu penser, ne serait-ce qu'une seule seconde qu'il changerait du jour au lendemain ? C'était sa nature, il était venu au monde pour tuer, et rien ni personne ne pourrait le faire changer, même pas elle.

— Je... Je suis désolée, Harold, je ne peux pas, chuchota-t-elle avant de se lever difficilement.

Le brun fit de même, plongeant son regard bleu devenu triste dans les yeux noisette d'Alia. Il y perçut de la tristesse, du dégoût, de la peur mais pas une seule once de haine, c'est ce qui l'intrigua particulièrement. L'avocate ne semblait plus vouloir sortir de la cellule malgré le fait que la peur lui tiraillait le ventre, elle souhaitait rester ici, avec Harold, sans pour autant savoir quelle raison la poussait à se conduire ainsi.

— Tu voulais que je me livre à toi, je le ferai, petit à petit, mais j'ai besoin de savoir que je peux te faire confiance, murmura le jeune homme par peur d'être entendu par une tierse personne.

— Harold, bien sûr. Évidemment que tu peux me faire confiance, rétorqua la jeune femme à voix basse.

Ces paroles rassurèrent le jeune prisonnier qui se détendit aussitôt. Lui-même étonné de ce geste, il prit la main d'Alia et la conduisit jusqu'au petit lit. Il s'y assit en tailleur, rapidement imité par la jeune brune aux yeux brillants comme deux petites étoiles. Harold la contempla un long moment, se promettant de ne jamais plus lui faire du mal, se promettant de la protéger quoi qu'il advienne. Il serait toujours là pour elle, voilà ce qu'il avait décidé et Harold Lawford ne revenait jamais sur ses décisions. Il ne l'aimait pas, mais il était loin de la détester. Elle avait décidé de l'aider, il avait décidé de la protéger.

<<< >>>

Suite le mardi 8 août 2017.

Alors qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Perso j'ai adoré l'écrire !

J'espère que vous aimez toujours autant l'histoire !

Vous êtes nombreux à me lire, ça me fait vraiment plaisir ! Alors merci ❤

Bisous.

LolaCloarec.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top