La beauté est dans les yeux de celui qui regarde.

Elle se trouve face à un miroir. Elle se regarde, yeux dans les yeux avec son reflet qui est à ce moment-là son pire ennemi. Puis tout d'un coup, comme un élastique qu'on a trop étiré et qui se déchire, elle éclate en sanglot. Son corps maigre en est tout secoué, tellement elle doit évacuer toute cette peine. Elle relève la tête, essuie ses larmes. Il y a de petites cicatrices sur ses poignets. Elle a l'impression qu'elle ne pourra jamais se calmer. Les larmes continuent de rouler sur ses joues. Elle se penche et attrape un rouge à lèvre. Tout en pleurant, elle s'en applique sur la bouche, avec le frêle espoir qu'une fois maquillée elle arrivera enfin à se trouver belle.

Après avoir essuyé ses larmes qui avaient coulé tandis qu'elle dormait, elle se leva et partit à la recherche de Liam. Une question tourbillonnait dans son esprit « Crystal Blow, qui es-tu ? ». Elle lui raconta son rêve pendant qu'il déjeunait. Il l'écouta attentivement puis conclu.

- Je n'ai jamais compris les belles filles qui se trouvent moches.

Elle leva des yeux étonnés vers lui, cherchant une réponse adéquate à ce compliment caché, mais il rajouta avant qu'elle ne puisse ouvrir la bouche :

- C'est u truc typique de nanas. C'est con, je trouve.

Elle fronça les sourcils.

- Tu viens de gâcher tout ce que tu venais de dire.

Il ne releva pas la remarque, plongea sa cuillère dans son bol et dit :

- Tu penses que le sang que tu avais dans la main lors d'un de tes rêves est dû au fait que tu te scarifiais ?

Elle fit une moue dubitative.

- Je ne pense pas non. Les gouttes de sang tombaient dans ma main, un peu comme de la pluie tu vois.

Elle tira sur le dos de son tee-shirt.

- Je me demandes d'où viens cette affreuse cicatrice.

Il haussa les épaules.

- Il ne reste encore beaucoup de choses à découvrir.

- J'ai une idée ! s'exclama-t-elle en sortant de la salle de bain, vêtue de ses nouvelles affaires.

Il sursauta.

- Quoi donc ?

- Envoyer un message à Camille. Elle me connait vraiment, elle doit sûrement pouvoir m'éclairer !

Elle le bouscula et entra dans la chambre. Elle se connecta sur son compte et alla sur le profil de de Camille.

- Qu'est-ce que je peux bien lui envoyer pour que ce soit naturel ?

Il s'appuya d'une main sur le bureau.

- Ca fait 8 jours que tu as disparu je te rappelle. Il vaut mieux que tu lui résumes rapidement la situation et que tu sois franche.

- Ok.

Elle se mordit la lèvre inférieure et commença à taper.

Salut Camille ! Désolée pour ne pas t'avoir prévenu mais j'avais perdu la mémoire !

- Non, ça va pas. intervint-il. Met un smiley et écris plutôt ça.

Il se pencha au-dessus de son épaule pour changer le message.

Salut Camille :3 C'est une longue histoire que te raconterais plus tard, quand est-ce que t'es dispo ? Tkt pour Lucas, j'lai déjà oublier.

xoxo.

- Oublié, avec un é ! s'écria-t-elle.

- T'as l'air d'être le genre de filles qui fait des fautes d'orthographe.

Elle leva les yeux au ciel et lui donna un coup de coude dans les côtes.

- Ail ! se plaignit-il.

- Je savais que tu étais le genre de mec qui a mal pour un si petit coup. fit-elle remarquer sarcastiquement. J'enlèves le « xoxo ».

Elle cliqua sur le bouton envoyer avec une pointe d'angoisse.

Il était temps de faire un face à face avec son passé.

- Liam ! Viens voir ! s'écria-t-elle.

Il accouru sur le balcon en courant.

- Regarde ce que je sais faire.

Elle se pencha et ramassa une feuille morte.

- Tu l'as vois cette feuille ?

Il fronça les sourcils.

- Mais où veux-tu en venir ?

Elle leva un doigt.

- J'y viens.

Elle passa la main au-dessus de la feuille. Elle sentit des picotement dans ses doigts puis de la chaleur au creux de sa paume. Elle retira sa main. La feuille orangée était devenue verte et jeune. Elle sourit.

- Elle a toute la vie devant elle maintenant.

Il ouvrit de grand yeux ébahis et lui arracha la feuille des mains. Il la fit tourner dans tous les sens pour examiner chaque parcelles de la feuille.

- Incroyable ! C'est dingue ! Wahou !

Elle haussa les épaules.

- Je sais.

- Tu sais faire ça avec d'autres choses ? Comme des animaux, ou des humains ?

- Je ne sais pas, je n'ai jamais essayé.

Il regardait la feuille comme si elle était la chose la plus extraordinaire au monde.

- Diiiiiiiiingue.

Il releva enfin les tête vers elle et fronça les sourcils.

- C'est drôle, j'ai l'impression que tu as plus de cheveux blancs qu'avant.

De Camille :

Enfin tu me réponds ma chérie ! Je me faisais un sang d'encre ! Tu es sûres que tu va bien ? Pourquoi tu es partie comme ça ? J'ai cru que tu étais morte ! Bref, quel soulagement ! Demain, devant le café près du lycée, 15H, ça te va ?

De Crystal :

Euh... c'est où déjà ?

De Camille :

Tu es sûre que ça va ?

De Crystal :

Je te l'ai dit, c'est une longue histoire.

Cris ouvrit la porte de la salle de bain. Elle voulait essayer d'inspecter sa cicatrice. Peut-être qu'en l'apercevant la mémoire lui reviendrait un peu. Elle se plaça devant le miroir. Rien. Elle ferma les yeux, pensant que c'était une illusion. Seulement la vérité était là, le miroir ne lui renvoyait pas son reflet. Il y avait pourtant le reflet des serviettes étendues derrière elle et le reste du décor, mais elle n'était pas là, comme invisible. Comme si elle n'existait pas.

- Mais qu'est-ce qui m'arrive à le fin ? gémit-elle.

Elle glissa jusqu'au sol, effondrée. Quelle ironie. Avant elle pleurait parce qu'elle voyait son reflet dans le miroir, maintenant elle pleurait parce qu'elle ne le voyait plus. Elle enfouie son visage dans ses mains et son corps fut secoué par les sanglots. Elle avait l'impression de pleurer toutes les larmes de son corps. Elle se recroquevilla sur elle même. Elle en avait marre de se petit jeu auquel elle ne comprenait rien. Sa mémoire était un puzzle et elle avait perdu presque toutes les pièces. Elle entendit la porte s'ouvrir de nouveau mais elle ne releva pas la tête.

- Cris... fit une voix douce et désolée.

Il s'assit à côté d'elle et l'attira contre son épaule.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il doucement.

- C'est...

Sa parole était coupée par les sanglots.

- C'est... le reflet. hoqueta-t-elle.

Il fronça les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il a, le reflet ?

- Vois par toi-même.

Elle se releva en chancelant sur ses jambes. Dans le miroir on voyait Liam, mais pas elle.

Il lui dit que ce n'était rien, mais ils savaient tous les deux que ça cachaient quelque chose de grave. Il lui fit un chocolat chaud et ils regardèrent une émission débile à la télévision, blottis l'un contre l'autre. Mais ce n'était pas pareil. Quelque chose en eux avait changé.

Jour 5

* Mon écriture ne ressemble à rien tellement je tremble.

* Je n'ai pas de reflet. Je n'ai pas de reflet !

* Je sais donner la vie, mais comment retrouver la mienne ?