Chapitre 4

Be who you want to be, not what others want to see.


La seule chose qui est dans son champ de vision est sa paume ouverte. Une goutte de sang tombe dedans. Puis une deuxième, une troisième, une quatrième, et ça n'en finit pas.

Cris ouvrit les yeux. Instinctivement, elle porta sa main vers son visage. Pas de trace de sang, évidemment. Ces rêves étaient si réels... Mais quelle était la signification de celui-ci ? Elle passa une main endormie dans ses cheveux et les arrangea un peu. Elle sortit de sa chambre et se dirigea vers la cuisine où Liam était en train de déjeuner. Elle s'en voulait pour sa crise d'hier soir. Comme elle ne sut quoi dire, elle s'assit en silence. Il y eut un moment de gêne, que Liam brisa en sortant un timide :

- Bonjour.

Un mince sourire se dessina sur ses lèvres.

- Salut.

Elle attrapa une pomme et croqua dedans.

- J'ai fait un rêve étrange hier soir.

Il l'incita à continuer du regard.

- J'ai rêvé que j'ouvrais ma main, et que des gouttes de sang tombaient dedans.

Il se frotta la nuque et fit la grimace.

- C'est vraiment bizarre, en effet.

Il se leva et posa son bol dans l'évier.

- Je vais me préparer.

- Hum.

Elle termina sa pomme en vitesse et se dépêcha d'aller sur youtube remettre un morceau de classique. Elle essaya de danser dessus, mais visiblement, elle n'était pas doué. Dommage.

***

Les regards dans les couloirs, elle en avait l'habitude. Tous ses percings attiraient l'attention. Elle savait que dans son dos, beaucoup de gens se moquaient de ses cheveux rouge et noirs. Des rumeurs pas très sympathiques circulaient sur elle. On disait qu'elle se droguait, et qu'elle pratiquait des activités bizarres dans sa cave. Conneries. S'ils savaient à quel point ça ne l'atteignait pas. C'était elle qui se moquait d'eux, pas le contraire. Vous chercher une armée de clone ? Aller au lycée. Les lycéens obéissent au doigt et à l'oeil à la mode. Le concept d'être différent est impensable pour eux. C'est pour ça que les gens comme elle, ceux qui osent être eux-même, ne sont pas appréciés. Ils sont les ennemis de l'influence qu'exercent les gens « cool ». S'il fallait braver les gens qui dévisagent et les rumeurs, alors Ambre le ferait. Le sourire aux lèvres et le poing levé en plus.

Elle referma son casier qu'elle avait repeint en noir. C'est plus chic, mais ça lui avait valu une heure de retenu. Elle sourit à la personne qui se dirigeait vers elle. Mickaël, tatoué et guitariste. Il l'attira vers elle et l'embrassa.

- Je n'aime pas te voir avec cet air triste. déclara-t-il.

Elle haussa les épaules, et fit son meilleur faux sourire.

- Ca finira par passer.

Il lui prit la main.

- Je suis là.

***

Seule. Elle était désespérément seule. Que peut-on faire quand on est coincée dans un appartement sans savoir quoi faire ? Elle avait oublié ses passe-temps favori. Son instinct lui criait de se mettre du verni, mais bien sûr quelque chose de ce genre était introuvable dans la maison de Liam. Bon, après-tout, qu'est-ce qui l'empêchait de sortir ? La peur, lui souffla une voix intérieure. Elle serra les dents. Peur de quoi au juste ? Elle n'avait rien à craindre, Liam lui-même lui avait dit, et il connaissait beaucoup mieux la vie qu'elle. Alors pourquoi ça ne pouvait pas rentrer dans son cerveau ? La peur avait crée comme une barrière autour d'elle qui l'empêchait d'avancer. Elle serra les poings.

- Je n'ai pas peur. Je n'ai pas peur. Je n'ai pas peur.

Si elle le répétait haut et fort peut-être que ça finirait par rentrer. Elle prit une inspiration et s'installa d'un air déterminé devant l'ordinateur. Elle allait chercher le chemin pour se rendre au lycée de Liam et elle allait la retrouver là-bas, pour lui prouver et se prouver à elle-même qu'elle n'était pas effrayée.

Elle ouvrit la porte est un courant d'air froid lui glaça le visage. « Le monde extérieur. » Elle fit un pas, et serra dans sa main le petit plan qu'elle avait dessiné à la main.

- C'est parti !

Des passants la dévisagèrent. A noter : parler seule dans la rue est très mal vu. Ca peut-être bon à retenir. Elle enfouie ses mains dans le blouson de cuir qu'elle avait piqué à Liam, et tira sur son bonnet pour couvrir un maximum son visage. Elle avança d'un pas déterminé, en jetant par moment un coup d'oeil vers son plan. Elle avait cru qu'en sortant et en voyant toute cette animation de la vie active, ses souvenirs lui seraient retombé d'un coup, comme un flash qui l'aurait ébloui. Et bien pas du tout. C'était à la fois décevant et rassurant. C'est alors qu'elle remarqua quelque chose d'étrange : à chaque fois qu'elle respirait un peu fort ou qu'elle soufflait, une sorte de fumée sortait de sa bouche ! Mais qu'est-ce que c'était ?! Oh, elle avait deviné. On l'avait kidnappée et injecté dans ses veines un poison qui faisait perdre la mémoire, et maintenant, celui-ci sortait de sa bouche. Elle se mit à paniquer. Tant pis pour la bonne tenue en ville !

- Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! Oh mon dieu !

Elle sentit une pression sur son poignet.

- Vous allez bien mademoiselle ? demanda un homme.

Même fumée qui sortait de sa bouche. Elle le regarda horrifiée.

- Mademoiselle ?

Elle ne répondit rien et reprit sa marche, trop effrayée pour qu'un mot sorte de sa bouche. Elle observa mieux son entourage. Tous dégageaient cette fumée. Elle en déduit que c'était un phénomène normal et que ce n'était donc pas l'effet d'un quelconque poison. En se concentrant bien, elle sentit les souvenirs remonter doucement à la surface de son esprit embrumé. Lorsqu'il faisait froid, le corps humain produisait cette sorte de buée lorsqu'on parlait. Elle se revit, petite, mimant une cigarette et soufflant cette fumée. Premier vrai souvenir depuis 6 jours ! Elle se mit à marcher en sautillant tellement elle était heureuse. De nouveau on la dévisagea, mais elle n'en avait strictement rien à faire. Elle arriva enfin devant la grille du lycée. Elle vit sortir des filles de son âge. Elles étaient si différentes d'elle. Bien habillée avec des habits qui les mettait en valeur, du mascara et du rouge à lèvres. Elle les entendait rire. Sans bouger elle les observa dire au revoir à leur amis, sortir leur portable, pour certains mettre leur écouteurs. Et elle était là, raide comme un bâton de bois, avec son teint blafard, ses lèvres violacés, son nez rouge à cause du froid et les habits 10 fois trop grands de Liam. Elle était à l'écart. Avant, elle faisait partie de se petit monde, et maintenant elle était réduite au rôle de spectateur. Elle soupira ( ce qui fit sortir de la fumée. )

- Hey ! Liam ! cria-t-elle avec un signe de la main.

Il se tourna vers elle et eut un air étonné. Ses amis aussi d'ailleurs. Il leur dit quelque chose qu'elle ne comprit pas et les quitta tandis qu'ils étaient en train de rire.

- Tu as eu le courage de sortir alors !

Elle hocha la tête.

Il leva la main, les 5 doigts en l'air devant elle, et attendit. Elle le regarda sans comprendre.

- Tu es censée me taper dans la main dans ce genre de circonstances.

- Ha !

Et elle s'exécuta en riant.

- J'avais oublié. glissa-t-elle.

Ils avancèrent.

- Tu as passé une bonne journée ? demanda-t-il.

Elle hocha la tête et lui raconta son premier souvenir, ce qui le fit bien rire. Elle allait lui répliquer qu'il n'y avait rien de drôle quand on lui attrapa le col de la veste et la tira vers l'arrière. Une voiture lui frôla le pied en klaxonnant.

- Fais attention ! s'écria Liam avec un air de père en colère.

Il posa ses main sur ses épaules et plongea son regard dans le sien, les sourcils froncés.

- Désolée... marmonna-t-elle en soutenant son regard.

Il la lâcha.

- Il faut toujours avoir un oeil sur toi... soupira-t-il en traversant, après avoir bien regardé que la voix était libre.

- Rien ne t'y oblige.

- Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose.

Il posa la main sur le sommet de sa tête.

- Fais attention la prochaine fois, d'accord ?

Elle acquiesça.

***

- Qu'est-ce qu'il y a Ambre ?

Son visage s'était décomposé et son regard était dans le vague. Elle secoua la tête comme pour sortir d'un rêve et un sourire tremblant se dessina sur ses lèvres.

- Rien. Les fantômes du passé.


Jour 3

* Mon rêve de danseuse étoile est brisé.

* J'ai réussi à sortir dans le monde extérieur.

* J'avais oublié les chauffards de Paris.

* J'ai eu mon premier souvenir ! La fumée que sort de nos bouche est normale, bien que ça semble bizarre.


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