Chapitre 36

Samael cessa son boucan à l'instant où je pénétrais dans le couloir menant à sa cellule. Il ne m'avait pas encore vu mais il savait déjà que j'étais venu.

Je ne m'arrêtai pas en passant devant Chamuel. Celui-ci tenta d'attraper mon bras ; je l'esquivai avec une aisance dont je me serais surpris en temps normal. En l'instant, je ne pensais qu'à Declan et Ava, pris au piège dans la même pièce que Crowley. Je n'avais pas été assez bête pour croire Samael – il allait vraiment falloir que je m'habitue à l'appeler Satan – sans vérifier. Un rapide arrêt chez les Cupidons m'avait appris tout ce que j'avais besoin de savoir : le père du mensonge n'avait pas menti.

Derrière ses barreaux, Samael était la représentation de la satisfaction de soi. J'avais envie de le frapper pour effacer cet air goguenard. Ses yeux violets demeurèrent fixés sur moi, cillant à peine. Il avait étendu ses ailes dans son dos, se rendant encore plus imposant et décontracté à la fois. C'était un drôle de mélange destiné à me mettre mal à l'aise. Dommage pour lui, j'étais trop en colère pour prêter attention à ses petits jeux.

- Relâche-les, ordonnai-je, la voix claquant comme un fouet. Tout de suite.

- Non, non ! Ce n'est pas comme ça que ça marche. Je dirais à Aleister de les laisser tranquille lorsque tu m'auras donné ce que je veux.

- Et qu'est-ce que tu veux ? Parce que je doute d'avoir quoi que ce soit à te donner.

- Au contraire, il n'y a que toi qui peux me donner ce que je veux. Un vrai procès. Équitable, juste. Avec tous les anges présents.

- Je pensais que c'était déjà décidé, rétorquai-je aussi naturellement que je pus. Je ne vois pas en quoi c'était nécessaire de séquestrer des humains.

Samael s'approcha de moi et enroula ses doigts autour des barreaux, plongeant son regard dans le mien, sérieux et glacial. Je ne l'avais jamais vu aussi distant, aussi menaçant. Je comprenais soudain pourquoi il avait pris le dessus sur Lucifer. Il recelait en lui une noirceur sans fond qui rôdait juste sous la surface. Il était comme un serpent venimeux que l'on croyait apprivoisé mais qui ne le serait jamais réellement. D'un moment à l'autre, il pouvait passer de docile à mortel.

- Je sais très bien que tu cherches à éviter d'avoir à remplir ton engagement. Après tout, les anges ne doivent pas savoir, n'est-ce pas ? Ils ne doivent pas connaître les petits secrets des Cieux. Et si ce procès est tenu... il faudra bien qu'ils sachent.

Évidemment qu'il y avait pensé. À quoi m'étais-je attendu ? Depuis le début, il avait tout prévu. C'était impossible qu'il n'ait pas songé à cette éventualité. Et pour s'assurer que tous les anges découvrent les secrets des Cieux, il avait pris une assurance en envoyant Crowley chez Declan et Ava.

À peine avais-je géré un soucis qu'un autre me tombait dessus, plus gros encore. Comment étais-je censé régler celui-ci ? Je ne pouvais pas descendre sur Terre pour tirer Declan des griffes du démon. Pourtant, il fallait que je fasse quelque chose. Je ne pouvais pas laisser Ava avec son ancêtre. Elle était la dernière héritière de sa lignée, l'unique survivante. Qu'allait-il lui infliger, sachant cela ? Sachant qu'elle était celle qui avait fermé les Portes des Enfers ?

Il fallait que j'agisse vite. Très vite.

- Et en quoi faire séquestrer deux humains va-t-il arranger ton affaire ? Tu ne fais qu'empirer ton cas. C'est bien de vouloir un procès mais commettre des crimes supplémentaires ne te donnera aucune chance de t'en sortir avec ta tête.

- Je te rappelle que tuer un ange te fera déchoir plus vite que tu n'auras le temps de dire « jugement », ricana-t-il.

- Je n'ai pas parlé de te tuer.

Il haussa un sourcil, semblant chercher de quoi je parlais et échouant à trouver la réponse. Je n'étais pas certain moi-même de ce que je comptais lui infliger lorsqu'il serait condamné mais ça ne serait rien de facile à supporter. Je ne pouvais peut-être pas lui trancher la tête mais je pouvais sûrement le rendre marteau. La revanche serait encore meilleure.

- Il semblerait que tu ne sois pas aussi gentil que tous semblent le croire, sourit-il. J'ai hâte de voir ce que tu me réserves. J'ai la sensation que tes sanctions pourraient rivaliser avec les jeux des démons. Rien de très angélique, à mon humble avis.

- Je n'ai pas toujours été un ange. J'ai été un humain. Et les humains aiment particulièrement se venger et faire souffrir. Alors crois-moi quand je te dis que, tu ne mourras peut-être pas mais que tu vas souhaiter mourir.

- Il n'y a rien que tu pourras inventer qui sera pire que ce qu'il se passe En Bas.

Je me penchai pour que mon nez soit à quelques millimètres du sien. Je gardai mon regard fixé sur lui et laissai tout le venin que je possédais couler dans les quelques mots que je lui répondis.

- Ne me sous-estime pas.

Il renversa la tête et éclata de rire. Quelque chose me parut déstabilisé en lui, toutefois. Il ne me pensait pas sérieux alors que je l'étais. Le laisser moisir en cellule pendant une éternité ne serait pas suffisant pour punir tous ses crimes. Il fallait qu'il paie, d'une façon ou d'une autre. Heureusement, j'avais le temps de trouver des façons créatives de lui faire payer.

- Je te donne une dernière chance de dire à Crowley de laisser Declan et Ava tranquilles.

- Hm. Non. Je suis curieux de découvrir de quoi tu es capable. J'espère que tu seras à la hauteur.

- N'aie aucun doute là-dessus.

Je tournai les talons et quittai le couloir. Chamuel était toujours là, avec Zacharael et Anael. J'étais étonné que Uzziel ou Michael ne soient pas là. Si mes alliés étaient au courant de la requête de Satan, pourquoi pas les autres ? Que Michael reste avec Gabriel pouvait se comprendre mais qu'en était-il d'Uzziel ? Il était toujours le premier à sauter sur une occasion de protester et de tenter de me discréditer. Pourquoi n'était-il pas là pour la saisir ?

- Qu'a-t-il dit ? demanda Anael, les mains crispées l'une contre l'autre.

- Il a envoyé Crowley prendre Declan et Ava en otage, répondis-je. Il veut s'assurer un procès public pour révéler le secret de l'Arbre aux anges.

- Qu'as-tu répondu ?

- Rien de concret à part qu'il allait payer pour chacun de ses crimes. Très cher.

- Je peux envoyer des anges libérer les mortels, dit Chamuel. Tant que le conseil ne reprend pas, les anges peuvent descendre.

Je secouai la tête. Ce n'était pas la façon dont je voulais gérer les choses. Samael m'avait attaqué directement. J'allais lui faire comprendre que je ne blaguais pas et qu'il avait plutôt intérêt à faire attention à ce qu'il faisait.

- Je me charge d'eux. J'ai un message à faire passer à Satan.

Chamuel posa une main sur mon épaule et pressa durement.

- As-tu pensé que c'était ce qu'il veut que tu fasses pour se débarrasser de toi ?

- Crowley ne me fait pas peur. Et Samael ne veut pas me détruire puisqu'il a besoin de moi. Je suis le seul qui peut lui donner ce qu'il veut. C'est pour ça qu'il est aussi désespéré de s'assurer un procès public. N'importe qui d'autre que moi ne lui accorderait jamais. Donc il se raccroche aux branches pour s'assurer que son plan continue comme prévu.

- Et en quoi aller te débarrasser de Crowley en personne joue contre lui ?

- Ça n'a rien à voir. C'est un message que je dois lui faire passer. Il a un moyen de communication avec Crowley, sûrement de la sorcellerie. Donc il saura tout ce que je vais infliger à son sbire et il comprendra que mes menaces sont à prendre au sérieux.

- Je ne suis pas certain de la viabilité de ce plan, intervint Zacharael. Le sorcier est puissant. Il risque de...

- Non, le coupai-je. J'ai affronté Lucifer en personne et je suis toujours là pour en parler. Un ancien sorcier, aussi puissant soit-il, n'aura pas raison de moi. Fin de la discussion.

Je quittai l'antichambre et rejoignis l'armurerie. J'avais découvert son existence par hasard, cherchant mon chemin vers mes quartiers après ma première heure de surveillance. J'aurais bien été incapable de la retrouver si je ne sortais pas de la prison. Les deux étant dans la même zone, je parvenais à me souvenir de quel couloir j'avais pris, l'inverse de celui que j'aurais dû prendre.

J'aimais beaucoup l'armurerie, curieusement. La pièce était vaste, uniformément blanche mais dotée d'une luminosité sans pareil. Sur le mur du fond étaient exposée une variété d'épées, de sabres et autres lames de diverses tailles et formes. Un îlot jaillissait au centre, supportant des caisses au dessus en verre qui permettait de voir les poignards, couteaux, athamés qu'elles contenaient. Partout, de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, de l'acier acéré.

Au milieu de toute cette débauche de lames étincelantes, du bois se mêlait. Les arcs étaient plus nombreux que je ne l'aurais prévu. Il y en avait pour tous les goûts. Des anciens, rustiques mais robustes, des plus récents, stylisés et légers. Chacun d'entre eux possédait sa beauté unique et tous étaient hors d'atteinte. Mieux valait une arme plus directe pour moi.

Ce qui attirait le plus l'œil, c'était l'épée posée sur un autel destinée à elle seule. Elle était simple, sa garde fine, en or gravé de prières protectrices en énochien, la poignée enroulée d'un cuir épais acajou. La lame était fine, effilée, toute en longueur mais acérée. Bien qu'elle n'ait rien de particulier, il y avait quelque chose dans cette épée qui la distinguait des autres. Une aura de puissance et force qui aurait pu être propre à un ange ou un humain. Sa vibration était trop haute pour pouvoir servir un démon. J'ignorais pourquoi elle possédait son autel mais quelque chose me disait qu'elle le méritait.

Je me détournai de l'épée et regardai autour de moi. Je savais déjà ce que j'allais prendre avec moi pour descendre. Je les avais repérés dès ma première visite. Ils m'avaient appelés, comme s'ils savaient qu'ils étaient faits pour moi. Je n'avais pas envie de réfléchir à l'étrangeté de cette idée. Je saisis les deux poignards et les deux épées jumelles, avant de me harnacher avec les étuis adaptés. Le poids dans mon dos et sur mes hanches était dérangeant mais rassurant.

- Tu ressembles au petit dernier d'une fratrie qui se prépare à jouer à la guerre avec ses aînés.

Je virevoltai pour regarder Meriel qui se tenait sur le seuil, l'épaule appuyée contre le chambranle, les bras croisés. Ses yeux me détaillèrent avec appréciation malgré le petit sourire en coin moqueur. Je sentis mon sang chauffer dans mes veines.

- Je suis vexé, répondis-je, me décidant à jouer le jeu. Moi qui me pensais impressionnant...

- Désolé de détruire tous tes rêves. Tu as encore du travail à faire pour remplir les bottes d'un guerrier.

- Espérons que nos ennemis ne pensent pas comme toi.

Il se décolla de l'encadrement de porte et s'approcha à larges enjambées de moi. Je l'attendis sans broncher. Ses mains vinrent ajuster les bretelles du harnais qui retenait les deux épées dans mon dos. Son parfum de jasmin vint envahir tous mes sens. Ça faisait trop longtemps que je n'avais pas eu l'occasion d'être si près de lui, de sentir sa présence sous mes doigts.

- J'ai hâte que tout soit fini, murmura-t-il. Retrouver le calme et avoir un peu de temps pour profiter.

- Moi aussi. Mais pour l'instant, je dois aller tirer Declan du bordel dans lequel je l'ai fourré en devenant son gardien.

Je vis la moue se dessiner sur son visage à la mention de mon ancien protégé. Il n'était toujours pas un fan de Declan. Il n'avait pas oublié mon léger béguin pour lui. Rien n'en était venu – rien n'aurait pu en venir, de toute façon – mais Meriel n'en demeurait pas moins un tantinet jaloux et possessif. Pas que ça me dérange.

- Laisse-moi descendre avec toi. Tu ne devrais pas affronter Crowley seul. Il doit déjà se douter que tu vas venir et il aura préparé un piège quelconque. Ce n'est pas une bonne idée d'y aller sans préparation.

- Au contraire. C'est ce que je dois faire. Je le sais. Je dois y aller seul et faire comprendre à Samael que je ne blaguais pas.

- Sur quoi ?

- Mes menaces. Il a l'air de penser que je n'aurais pas le courage nécessaire pour les mettre en action. Il me croit incapable de lui faire regretter de ne pas avoir droit à une exécution. Sauf qu'il ignore ce dont je suis capable.

Meriel fit un pas en arrière, ses mains glissant le long de mes bras.

- Ne te damne pour lui. Ne fais pas quelque chose qui te hantera pour l'éternité simplement pour le faire payer ce qu'il a fait.

Je pris son visage dans mes mains et le regardai droit dans les yeux.

- Ne t'en fais pas pour moi. Je sais où se trouve la limite et je ne compte pas la franchir.

- En es-tu certain ? Le moment venu, seras-tu capable de te refréner ? Ou ton envie de vengeance te dévorera-t-elle au point où tu oublieras où se trouve la limite ?

- Il fut un temps où tu me faisais confiance. Depuis quand te sens-tu obligé de me faire la leçon sur ce que je dois faire ou non ?

- Depuis que tu as fait de ce combat contre le traître une affaire personnelle. Ce n'est pas sain. Tu es en train de te faire avaler par une guerre qui n'est pas la tienne.

Je me dégageai de sa prise. Mon dos heurta l'îlot aux lames courtes. Meriel fronça les sourcils, pris au dépourvu.

- Cette guerre est la mienne autant que la tienne, répliquai-je sèchement. À moins que tu ne te moques de ce qui arrivera aux humains si Samael parvient à ses fins ? Tu n'en es plus un, après tout. Tu n'as plus de raison de te sentir concerné !

- Ce n'est pas ce que j'ai dit, assena-t-il froidement. J'ai dit que cette guerre n'est pas la tienne. Elle est entre Lucifer et Michael ! Entre Samael et Michael ! C'est à Michael de régler le problème, pas à toi ! Il y quelques mois encore, tu n'étais qu'un ange !

- Mais je suis devenu un archange. C'est un rôle que je dois assumer.

- Tu es un Trône ! Et les Trônes ne sont pas des guerriers !

- Peut-être est-il le temps de sortir des fiches de poste et de faire ce qui doit être fait. On voit bien où s'en tenir à notre rôle nous a amenés. Un Séraphin devient le souverain des Enfers ! Un ancien humain devient un archange ! Saint Michel devient un agneau terrifié de l'abattoir ! Tu crois vraiment qu'il faut continuer de s'en tenir à son rôle si tu veux mettre un terme à cette guerre ?

Meriel demeura silencieux. Il n'avait pas vu les choses sous cet angle et, maintenant, il était perdu. Il n'avait pas l'habitude que j'en vois plus que lui, que je sois le plus perceptif de nous deux. C'était une sensation étrange pour moi aussi. Malgré tout, je me sentais fier d'avoir le dessus sur lui. Je me sentais moins idiot. Jusque là, il avait souvent eu toutes les réponses, une longueur d'avance. Ses talents d'espion m'avaient souvent donné l'impression d'être à la traîne derrière lui.

Il était plus que temps que la roue tourne.

- Personne d'autre que moi ne peut s'occuper de Samael, repris-je plus doucement. Ouvre les yeux, Meriel. Qui saurait faire face à Satan à part moi ? Tu vois Michael affronter celui qui a volé le trône à Lucifer ? Il a déjà été incapable de faire son boulot la première fois ! Tu crois qu'il saura le faire, cette fois ? Pas moi. Et Gabriel ? Totalement à côté de ses pompes !

- Et ton grand ami Chamuel ? C'est son boulot d'affronter démons et compagnie.

- Il n'est pas assez fort. Même avec tous ses anges avec lui, il n'y arrivera pas.

- Parce que tu penses avoir ce qu'il faut pour affronter un Séraphin ?

- J'ai affronté Lucifer et je suis encore là pour en parler.

- Grâce à moi ! Sans moi, tu serais mort ! Ne te souviens-tu pas de l'état dans lequel tu étais sur la fin ? Si tu n'avais pas été en train de devenir un archange, il t'aurait détruit ! En quoi cela te place-t-il au-dessus d'un archange qui a été créé pour affronter le mal ?

Il ne me donna pas le temps de répondre, me frappant en plein dans la poitrine.

- En rien ! Tu veux juste être le héros ! Tu veux être l'exception ! Celui que tous regardent parce qu'il est si différent ! Si puissant ! Tu adores l'attention ! Tu deviens aussi orgueilleux et vaniteux que Lucifer lui-même !

Ses mots me firent plus mal que s'il m'avait frappé en plein visage avec une pelle. Je le fixai, sentant la douleur engourdir l'entièreté de mon être. Je repoussai la main qu'il avait laissée sur mon torse avec une dureté qui le fit tressaillir. Ses prunelles turquoise s'écarquillèrent.

- Je pense que tu devrais partir. Ça serait préférable.

- Rahel...

- Va-t-en. J'ai un démon à aller détruire et je n'ai pas le temps de subir un rabaissement en règle.

Il se saisit de mon bras lorsque je tentai de le contourner.

- Ne fais pas ça, Rahel. Ça n'est pas à toi de le faire.

Je me dégageai avec tant de violence qu'il alla heurter l'îlot et faire trembler poignards et dagues dans leurs caisses protectrices. Sur un dernier regard, je quittai l'armurerie, ses mots continuant de résonner dans mon crâne.

Je savais qu'il avait tort. Ce n'était pas une question de vanité ou d'orgueil. C'était la simple réalité. Aucun des autres Archanges n'avait ce qu'il fallait pour se charger de Satan. Ils avaient été plus touchés que moi par les manigances de l'ancien Séraphin et par le déséquilibre qui s'en était suivi. Je venais de devenir un archange, les effets sur moi étaient mineurs.

Ce qui faisait de moi le seul capable d'affronter les épreuves qui continuaient de s'accumuler sur la route vers la paix. Si Meriel n'était pas capable de le voir, je ne pouvais rien pour lui. Je n'avais pas le temps de m'occuper de quelque chose d'aussi trivial. Je devais descendre, libérer Declan des griffes de Crowley et en profiter pour envoyer un message clair à Samael. Une fois que ce dernier aurait compris à qui il avait affaire, peut-être les choses avanceraient-elles enfin.

Je pouvais sentir la douleur dans ma poitrine. Je savais d'où elle provenait, ce qui la causait. Malheureusement pour moi, je ne pouvais pas prendre le temps de panser mes plaies. Les démons n'attendraient pas que je me sois remis de cette dispute pour mettre en route leurs plans pour rouvrir les portes des Enfers.

À l'aube de ce qui pourrait se transformer en guerre, mes états d'âme n'avaient aucune importance.

Je trouvai Rikbiel, fidèle à son poste, dans la Salle des Descentes. Il n'avait pas changé depuis la dernière fois que je l'avais vu, des mois auparavant. J'avais presque oublié le dessin de ses rides, la couleur cendrée de ses cheveux noués sur la nuque qui tranchait avec le turquoise de ses iris et de ses ailes fines et discrètes. C'était le seul ange qui avait choisi une apparence âgée. Les autres avaient tous préféré la beauté et la jeunesse à un corps plus réel ou gardé leur apparence humaine.

J'aurais pu descendre par mes propres moyens – l'avantage d'être un archange – mais je préférais conserver mes forces au maximum. J'ignorais ce qui m'attendais sur Terre aussi avais-je plutôt intérêt à demeurer prudent.

- Fais attention à toi, souffla le vieil ange. Les temps sont durs sur Terre. Encore plus pour un archange avec une cible dans le dos.

- Que veux-tu dire ?

- Je pense que tu le sais très bien. Depuis le début, le seul ange qui se tient entre la réouverture des portes d'En Bas et les démons, c'est toi. Nous autres... Nous ne sommes que des accessoires dans un combat qui a cessé de nous concerner il y a plusieurs millénaires. Il fut un temps où Michael et Gabriel auraient enrayé toute cette machination avant même qu'elle n'ait le temps de commencer. Maintenant... Ce n'est plus le cas. Il fallait du sang neuf. C'est tombé sur toi. Un lourd fardeau pour d'aussi jeunes ailes.

- Pourquoi moi ? Je ne suis qu'un Trône.

Pourquoi répétais-je les mots de Meriel ? Je n'avais pas besoin d'ajouter du sel sur mes plaies.

- Je n'en sais rien. Personne ne peut prédire les décisions du Père. Pas même Michael. Sache simplement qu'il t'a choisi pour une raison. Quelque chose en toi a fait qu'il t'a choisi parmi tous les autres anges pour accomplir ce qu'aucun autre ne pourrait réaliser. Ne doute jamais de ta capacité à mener à bien ce combat.

La foi de Rikbiel me réchauffa le cœur. J'aurais préféré que mon petit ami soit celui qui possède une telle confiance en moi plutôt qu'un ange à qui je n'avais jamais réellement parlé avant aujourd'hui. Je devrais me contenter de ce que j'avais.

J'offris un sourire à Rikbiel et posai une main sur son épaule.

- J'espère que vous avez raison.

- Je ne me souviens pas avoir jamais eu tort.

Je riais encore lorsque les marches se dérobèrent sous moi et que je chutais droit vers la Terre.

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NdlA : mea culpa, les amis ! Je n'ai pas pu poster hier ! J'ai bossé toute la journée et j'ai été invitée à dîner par de la famille donc, du coup, pas eu le temps de poster ! Sorryyyyyyyyyyy !

Mais voilà le chapitre ! Avec un peu de retard mais il est là !

Par contre, j'ai réfléchi et je ne vais plus poster que le lundi et le vendredi jusqu'à ce que j'ai assez de mon autre projet pour garantir des posts réguliers. Donc ne vous étonnez pas le mercredi s'il n'y a plus rien !

Voilà voilà ! J'espère que le chapitre vous aura plu, en tout cas !

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