Chapitre 18
Un frisson glacé dévala ma colonne vertébrale. Rares étaient les prédictions de Meriel qui ne se réalisaient pas. Parfois, elles différaient un peu de ce qu'il avait prévu mais son esprit était capable de prévoir ce qui allait se passer s'il avait les bonnes données. Or, cette fois, il ne semblait pas avoir le moindre doute sur ce qui allait se passer.
Agité, il se saisit de mes mains et les serra. Il était inquiet.
- Tu ne dois pas garder le livre sur toi. Absolument pas.
- Pourquoi ? Tu viens de me dire que c'était ce que tu voulais que je fasse !
- Plus maintenant. Réfléchis ! S'ils veulent enlever un archange, ils prendront celui qui a le livre. Toi ! Le traître ne doit pas être idiot s'il a réussi à ne pas se faire connaître aussi longtemps. Il se doutera que tu le garderas sur toi pour le protéger. S'il te kidnappe, ça sera un deux en un, pour lui ! Ce livre était un appât depuis le début ! Comprends-tu le risque de le garder sur toi ?
- Que veux-tu que je fasse avec, dans ce cas ?
- Cache-le dans un endroit où jamais le traître ne pensera à aller voir.
Je cillai. Où pourrais-je mettre ce fichu carnet ? Samael n'était pas né de la dernière pluie. Il devait connaître toutes les cachettes les plus communes. Tenter de le cacher aux Cieux n'avait pas de sens.
- Prends-le avec toi. Dis à Ava de le protéger, de le rendre inaccessible ou je ne sais quoi.
Ses yeux s'éclairèrent. Je lui tendis le livret et il l'empocha sans un mot. Son parfum de jasmin m'enveloppa et m'aida à ravaler l'angoisse que je ressentais à l'idée de me séparer du livre. Toutefois, c'était la seule solution. J'avais entièrement confiance en Meriel et je savais qu'il le cacherait et le protégerait. Ça ne rendait pas les choses plus aisées pour autant.
- J'y vais. Tu devrais aller à ton rendez-vous avec Michael. L'heure est presque passée et tu ne veux pas le mettre encore plus en colère.
Je n'eus droit qu'à un baiser trop court avant qu'il ne parte. Je le regardai disparaître dans le couloir.
Mon estomac était un amas de nœuds qui pesait une tonne. Je me traînai jusqu'au jardin. Pour la première fois, je laissai toutes les odeurs se manifester. Un frémissement parcourut les bosquets et les buissons tandis que des filets de parfums divers venaient embaumer l'air. Ça m'avait manqué plus que je ne l'avais réalisé.
Une odeur se détachait des autres. Une odeur de coquelicot. J'ignorais d'où elle venait car je ne voyais pas la fleur. Je me figeai et regardai autour de moi. Je n'avais jamais aimé les coquelicots. Leur symbolisme n'aidait pas. Mort, sommeil, les héros tombés au combat... Ce n'était pas un bon présage.
Nerveux, j'avançai vers la clairière. Le parfum de coquelicot me donnait mal à la tête. Je coupai court à toute odeur, retrouvant la neutralité d'un air pur. J'avais perdu l'habitude. Que je le veuille ou non, me réhabituer à utiliser les odeurs allait prendre du temps. Du temps que je n'étais pas certain d'avoir.
Michael était déjà là. Des éclairs couraient sur ses ailes, sur ses bras. Il était furieux. Je pouvais sentir sa colère dans l'air. C'était étouffant. L'entraînement n'allait pas se passer dans le calme et la joie.
Il ne dit rien mais je sentis qu'il était dans une rage noire. J'ignorais pourquoi et je ne tenais pas réellement à le savoir.
- Voyons de quoi tu es capable ! s'exclama-t-il froidement.
Il attaqua sans attendre. Un éclair fonça vers moi. J'eus à peine le temps d'esquiver qu'il s'écrasait dans la terre qui explosa. Je chutai sur le côté sous une pluie de boue et d'herbe. Ma hanche fut douloureuse à cause de la chute. Malgré tout, je bondis sur mes pieds et esquivai sa seconde attaque. Il commençait à m'énerver. Ce n'était pas parce qu'il était d'une humeur noire que je devais le supporter.
Je laissai mon énergie remonter à la surface en évitant un troisième éclair. Je répliquai en envoyant mon énergie vers lui. Comme dans la cabane, l'attaque fut invisible. Il parut croire que je n'avais pas réussi. Jusqu'à ce qu'il percute le tronc épais de l'arbre derrière lui. Sonné, il s'échoua à terre en toussant. Je le laissai se remettre sur ses pieds avant d'envoyer une nouvelle attaque qui le renvoya à terre, le souffle coupé. Je l'avais frappé en plein diaphragme, visant entièrement ses poumons.
- Stop ! haleta-t-il, la voix rendue rauque par les coups qu'il avait pris.
- Vous en avez eu assez ? raillai-je.
- Comment fais-tu cela ? Rendre tes assauts invisibles ?
- Je l'ignore. Ça s'est fait automatiquement. J'ai juste à viser.
- Et pour le reste ?
- Je visualise, je suppose. J'imagine que je fais ce que je veux faire et ça se fait.
Je doutais d'avoir jamais prononcé une phrase aussi redondante. Pa squ'il y ait beaucoup d'options pour expliquer ma technique.
- Tu te contentes de visualiser ? Tu es fou ? N'utiliser que ton esprit pour contrôler ton pouvoir est la chose la plus irresponsable que tu puisses faire !
- Pourquoi ? Ça marche bien.
- L'esprit fluctue constamment. Des milliers de pensées te passent dans la tête sans même que tu le réalises. Prends-tu conscience des risques à n'utiliser que ton esprit pour contrôler ton énergie ? Il suffit d'un millième de seconde pour que ta visualisation se modifie et que le résultat ne soit pas celui que tu désirais. Jusqu'ici, tu as eu de la chance.
- J'ai une bonne concentration, rétorquai-je simplement.
Il serra les poings.
- Lorsque tu étais un ange, tu n'avais pas le dixième de la puissance que tu as désormais. Tu ne sais rien alors ne fais pas le malin. Je serais ravi de te laisser te tuer tout seul parce que tu te crois plus intelligent que moi qui aies eu plusieurs millénaires pour apprendre.
Je serrai les dents. Il s'était calmé et c'était à moi de m'énerver. Sa condescendance me mettait les nerfs en pelote. J'étais capable de faire des choses dont il était incapable et il me faisait la leçon sur mes techniques ?! Il se fichait de moi ?
- Avant que tu ne dises quelque chose de stupide, permets-moi de poursuivre.
Mes dents claquèrent entre elles lorsque je refermai la bouche. Michael s'assit calmement à terre, en tailleur, si calme que je me demandais si sa colère n'allait pas de paire avec un trop plein d'énergie. Je savais ce que ça faisait. C'était ce qui m'avait fait réaliser de quoi j'étais capable lorsque j'étais encore un ange.
- Visualiser, c'est utile lorsque tu es un ange. Maintenant que tu es un archange, c'est trop risqué. Tu ne maîtrises pas tes coups efficacement. Tu frappes fort, avec tout ce que tu as. Tu t'épuises sans réfléchir. Tu ne vois pas tes limites. Tu prends le risque de voir ton esprit transformer ce que tu veux à cause d'une simple pensée... Tu ne peux pas continuer comme ça.
- Que dois-je faire alors ? Je ne vois pas tellement quelle autre méthode je pourrais utiliser.
- Il y en a de nombreuses. Tu peux mettre un mot ou un son sur une action, un objectif. Tu peux utiliser des symboles, des gestes. Les options sont infinies.
- Mais on en revient à la visualisation.
- Non. C'est plus complexe que ça. Tu entraînes ton énergie à répéter une action précise au son d'un mot ou en faisant un geste précis. Dès lors, le résultat étant le même chaque fois, il est plus aisé de diriger ton énergie sans te tuer.
- Je ne vois pas en quoi ça serait si utile, grinçai-je en croisant les bras. Je m'en sors très bien. Je n'ai pas besoin d'un mot ou je ne sais quoi pour contrôler mon énergie. En plus, vous n'utilisez même pas votre propre méthode alors pourquoi je le ferais ?
- Tu te trompes. Je l'utilise. Je n'ai jamais dit que tu devais faire de grands gestes ou prononcer les mots que tu choisis. En bataille, il faut savoir être discret. Ton adversaire ne doit pas savoir ce que tu comptes faire.
C'était logique. Je savais qu'il y avait plus que ça. Pourquoi voulait-il à ce point que je contrôle chaque impulsion d'énergie que j'utilisais ? Je lui avais montré de quoi j'étais capable. Il aurait dû être satisfait. Au lieu de ça, il me faisait la morale. Même pas gentiment. Non, il me beuglait dessus. Je ne parvenais pas à comprendre Michael. Il réagissait d'une façon tordue et sinueuse qui m'était si peu familière que j'étais totalement perdu.
- Tu ne comprends pas, soupira l'archange. Tu as la mentalité de...
Il s'interrompit et ferma les yeux. Je n'eus pas de mal à deviner à qui il pensait. Lucifer. Il osait me comparer avec le Diable ! Ce fut son expression qui mit un frein à mon outrage. Michael s'était transformé en une représentation littérale du chagrin. Ça ne dura pas longtemps. Juste le temps qu'il réalise que je l'avais vu. Son visage se ferma comme une porte de prison, ses yeux se glacèrent, sa bouche se pinça.
- Tu as le même caractère buté que lui. Pour vous, si ça fonctionne, ça ne sert à rien de tenter autre chose. Plus c'est rapide et facile, mieux c'est. Mais ce n'est pas comme ça que tu gagneras contre lui.
Je cillai. Était-il réellement en train de me dire qu'il attendait de moi que je détruise Lucifer ? C'était son boulot ! Pas le mien ! C'était lui, Saint-Michel-qui-a-vaincu-le-démon ! Je n'avais rien à voir avec cette affaire !
- De quoi vous parlez ? Il est hors de question que je me batte à nouveau contre Lucifer ! C'est hors de question ! Je veux bien chercher les livres mais je ne m'occupe pas de Lucifer ! C'est votre frère, votre boulot ! Pas le mien !
Michael secoua la tête tristement.
- Tu n'as toujours pas réalisé ton rôle dans cette histoire. Que t'a dit Gabriel lorsqu'il t'a dit que tu devenais un archange ?
- Que c'était à cause des manipulations de Cassiel, du fait qu'il m'ait fait tuer pour faire de moi un ange plus puissant que les autres à cause de ma mort. Que les Cieux cherchaient à réparer le déséquilibre que Cassiel a causé.
- Ce n'est pas l'entièreté de l'histoire. C'est le plus basique, la seule partie que les Chérubins acceptent de dévoiler. Il y a autre chose qu'il ne t'a pas dit. Le fait est que rares sont les anges nés humains qui obtiennent le privilège de vivre une ascension. Tu penses bien que si toutes les âmes humaines meurtries devenaient des archanges, notre Chœur serait bien plus peuplé qu'il ne l'est. Non, il y a autre chose. Quelque chose qui a dépassé le choix de Cassiel de faire de Raziel son héritier.
Je me laissai tomber à terre en face de lui. L'évocation de Raziel ne me plaisait pas. J'avais oublié qu'il était l'un de mes nombreux problèmes et c'était une bonne chose.
- Si Raziel n'a vraiment aucune chance, pourquoi Gabriel nous met-il en compétition ?
Un bref sourire vint éclairer le visage du Séraphin avant de mourir une seconde plus tard.
- J'aurais dû me douter que tu serais au courant de ça. Je suppose que ton petit ami est la source de toutes les informations que tu ne devrais pas connaître ?
Je gardai le silence. Ses mots étaient devenus très flous après le « petit ami ». J'avais encore du mal à m'habituer au terme et encore plus au fait que je n'étais pas foudroyé sur place pour ce que beaucoup d'humains considéraient comme un péché. À la place, Michael jugeait cela aussi normal que s'il avait parlé d'un couple hétérosexuel. C'était perturbant après avoir vécu dans l'idée que ce genre de comportement était sévèrement puni par l'Église et la société.
- C'est une bonne chose que tu aies quelqu'un comme lui qui te soit entièrement dévoué. Il est ton plus grand atout après ton pouvoir. Gérer et juger les informations est le devoir principal d'un Trône.
- On ne parlait pas de Meriel, à l'origine. On parlait de la véritable raison pour laquelle je suis devenu un archange.
La froideur revint sur le visage de Michael. Étais-je encore trop comme Lucifer ? À ce moment, je m'en moquais tant que j'avais mes réponses.
- Les exigences de l'ascension sont nombreuses. Il faut déjà que l'âme soit suffisamment forte pour supporter l'énergie qui vient avec la position. Si elle ne l'est pas, elle implosera. Il faut ensuite toutes les qualités nécessaires pour remplir le poste d'archange. Contrairement à ce que nombre d'anges croient, nous ne faisons pas que des contrôles de routine sur le fonctionnement des rouages des Cieux. Nous sommes les rouages qui font tourner la machine. Sans nous, les Cieux seraient en déroute.
- C'est un peu présomptueux, non ?
- Non. C'est la réalité. Nous donnons les missions, gérons les litiges, organisons les troupes, trouvons les solutions. Si nous n'existions pas, les anges auraient été décimés il y a bien longtemps de cela.
J'avais mes doutes mais je les gardai pour moi. Il affirmait ses opinions avec cette foi profonde qui ne se fendillerait jamais, peu importe les arguments exposés. Il croyait dur comme fer en ce qu'il me racontait. Quant à savoir s'il avait raison... C'était à la discrétion de son interlocuteur. Or, je ne comptais pas accepter ses idées comme les seules possibles.
- Si tu as été choisi, reprit-il, c'est que tu remplissais tous les critères. Plus que Raziel. Parce que, autant qu'il le veuille, Raziel est faible. Il ne saura jamais supporter le poids qui pèse sur un archange. Nous avons tous nos responsabilités mais, à mon avis, celles d'un Trône sont plus grandes que celles des autres archanges. Rendre la justice est un devoir effrayant.
- Comment Dieu ou les Cieux ou l'Univers ou je ne sais qui sait que j'en suis plus capable que Raziel qui a toujours été un Trône ?
- Il le sait, c'est tout. Il voit au fond de ton cœur, au plus profond de ton âme. Il connaît tes forces et tes faiblesses, anticipe tes réactions face aux problèmes, tes réponses devant l'affront. Il sait que tu sauras juger justement tous les anges qui passeront devant toi.
Je déglutis. Je n'avais jamais pris le temps de songer à ce qui était réellement attendu de moi jusque là. J'étais resté concentré sur Lucifer et ses démons. Qu'il me rappelle que je n'étais pas devenu un archange pour le simple rôle de chasser le Diable de la Terre me donnait envie de vomir. Je n'étais pas fait pour devenir le grand juge des Cieux. Ce n'était pas pour moi. Trop de responsabilités, d'angoisses, de doutes.
Les mains calleuses de Michael s'écrasèrent sur mes épaules. Il ne broncha pas lorsque des flammèches vinrent brûler ses jointures.
- Cesse donc de paniquer. Si tu as eu la position, c'est que tu as l'esprit juste et incorruptible, que tu feras un travail parfait. Tu seras assisté par les autres Trônes et ton petit ami. Personne n'attendra de toi que tu prennes toutes tes décisions seul. Pas immédiatement, en tout cas.
Je hochai la tête en avalant ma salive de travers. Il tapota mon bras et souffla sur ses mains. Les brûlures que je lui avais infligées disparurent.
- Comment... ?
- Je suis un archange. Les Vertus ne soignent que les anges. Rappelle-toi, ils n'ont rien pu pour toi dès qu'ils ont réalisé que tu passais par l'ascension.
- Donc je peux me soigner seul aussi ?
- Oui. Tu peux soigner les autres mais je te le déconseille. Ce n'est pas pour rien que c'est le travail des Vertus. Pour nous, soigner quelqu'un d'autre que nous-même est extrêmement épuisant. Tu ne dois le faire qu'en dernier recours pour quelqu'un qui en vaut la peine.
- Comment vous faites ? répondis-je simplement.
Il sortit une dague de son aile et, dans un geste ininterrompu, lacéra mon bras. La coupure n'était pas profonde mais elle était douloureuse. Le sang coula le long de mon poignet jusque sur mes genoux et dans l'herbe.
- Essaie par toi-même.
Je le fusillai du regard ; il m'ignora.
Je fis remonter mon énergie et visualisai mon bras aussi lisse et intact qu'avant. Je sentis les filaments de pouvoir se débattre aux bords de la plaie sans réussir à la refermer.
Frustré, je levai les yeux vers Michael.
- Concentre-toi sur ta plaie. Sur la texture, la construction de la peau autour. Sur toutes les couches qui ont été coupées. Ressens la forme de chaque cellule.
Je m'évertuai à faire ce qu'il demandait mais ce n'était pas facile. Mon esprit ne cessait de revenir sur la douleur qui pulsait dans mon avant-bras. Je dus lutter contre lui pour réussir à plonger dans un état proche de la transe qui me permit de sentir ma propre chair.
La voix lointaine de Michael perça la brume qui m'entourait.
- Maintenant, donne l'ordre à ton énergie de recopier ce schéma sur la plaie, couche par couche. Prends ton temps.
Je posai une main sur ma plaie pour tenter d'endiguer le flot de sang qui coulait. En même temps, je poussai mon énergie à utiliser le modèle autour de la plaie pour soigner la plaie. C'était épuisant. Je sentais les gouttes de sueur qui roulaient le long de mon visage, dans mon dos. J'avais chaud. Terriblement chaud. Ma température corporelle devait bien atteindre les quarante degrés.
Et puis, je le sentis. Les couches inférieures commencèrent à se ressouder, interrompant le saignement. Le reste continua de lui-même, comme s'il avait attendu un exemple pour faire le travail. Ma coupure disparut de mon bras, laissant une peau marbrée de sang mais intacte.
Je m'effondrai dans l'herbe, trempé de sueur, le souffle court. Une migraine violente pulsait entre mes tempes.
- Comprends-tu maintenant, l'intérêt de t'entraîner avec moi ? Ton énergie connaît certains mécanismes mais dès que tu voudras lui demander quelque chose de différent, tu t'écrouleras de fatigue.
Je n'eus même pas la force d'acquiescer. Tout ce qu'il me restait de forces allait vers mes paupières pour les empêcher de se fermer.
Michael me souleva comme si je pesais autant qu'un pot de fleurs.
- Je te ramène dans tes quartiers, tu as besoin de dormir.
Je tombai dans un sommeil profond dès qu'il eut fermé la porte de ma chambre derrière lui.
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NdlA : mouvementé, cet entraînement ! Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
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