Un pas de plus.
Le lendemain, lorsqu'Amélie quitta son habitation pour rejoindre l'aéroport où sa sœur et son beau-frère devaient atterir, une berline noire l'attendait devant chez elle.
Elle fût d'abord surprise, puis finalement pas si étonnée que ça. Mycroft avait pris l'habitude de lui faire parvenir un chauffeur lorsqu'elle avait une course à faire. Mais cette fois, elle n'en aurait pas besoin. Elle voulait y aller de son propre gré. Ainsi, elle toqua à la vitre côté passager de la voiture et attendit qu'elle s'abaisse.
Le chauffeur de Mycroft, qu'elle avait côtoyé maintenant de nombreuses fois, lui adressa un grand sourire.
"Dites à Mycroft que je n'aurai pas besoin de vos services aujourd'hui. Je préfère y aller seule."
À ces mots, elle s'éloigna de la voiture et prit la direction de l'arrêt de bus le plus proche. Ses écouteurs dans ses oreilles, elle lança la playlist qu'elle avait prit soin de perfectionner au fil de ses écoutes et se laissa bercer par le son qui en émanait. Elle cala sa marche sur les notes qu'elle écoutait et bientôt, elle valsa joyeusement dans la rue.
Lorsqu'elle atteint l'arrêt de bus, elle remit correctement son bonnet sur sa tête, ce dernier ayant glissé lors de sa petite dance et elle se prit à sourire doucement. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas été aussi joyeuse. Elle aimait ça.
Les minutes défilèrent et le bus n'arriva pas. Les autres personnes présentes à l'arrêt commençaient à perdre patience et Amélie se demanda si elle arriverait bien à temps à l'aéroport pour accueillir sa sœur.
La même berline noire qui l'avait attendue plus tôt devant chez elle se stationna devant l'arrêt de bus et Amélie soupira d'agacement. Tiens, c'était nouveau ça. Depuis quand était-elle agacé par Mycroft ?
Et puis après tout, il n'avait qu'à pas la traiter comme une enfant. Elle était bien capable de se débrouiller par elle-même et de faire ses propres trajets. Elle se leva du petit banc sur lequel elle était assise et reprit sa marche, les bras croisés contre sa poitrine. Si le bus ne venait pas, alors elle irait à pieds.
La voiture avança doucement près d'elle, suivant chacun de ses pas. Au bout de quelques mètres, la vitre passagère s'abaissa finalement et Mycroft l'observa, un petit sourire en coin.
"Tu ne vas quand même pas marché jusqu'à l'aéroport ?"
Tiens, il la tutoyait maintenant.
"Regarde moi bien alors, parce que c'est exactement ce que je compte faire."
Elle était têtue, pensa l'homme d'affaire. Il aurait dû s'en douter. Oui, Amélie aurait aimé plus que tout au monde faire ce trajet en compagnie de Mycroft Holmes, mais il devait comprendre qu'elle n'était pas une enfant. Il n'aurait pas d'elle tout ce qu'il voudrait.
"Amélie, Le son de sa voix prononçant son nom la fit légèrement frissonner. Que c'était beau. C'est ridicule."
La jeune femme ne répondit pas. Elle continua sa marche, presque amusée de cette situation.
"Je suis sérieux, tes pieds vont souffrir."
Elle tourna son visage dans sa direction et lui adressa son plus beau sourire. Elle était définitivement amusée par la situation.
"Le grand homme d'affaire si bien apprêté serait-il inquiet ?"
"Bien sûr que je le suis, allez, monte dans cette voiture."
Après réflexion, Amélie capitula finalement et ouvrit la portière côté passager. Elle s'installa dans la voiture et Mycroft démarra presque en trombe. Cette journée avait bien trop de choses nouvelles. Mycroft conduisait. Ça c'était étonnant.
Le trajet se fit dans le silence. Un silence reposant. Ils ne ressentaient pas le besoin de parler, leur simple présence suffisait.
Mycroft tenait le volant entre ses mains. Il était concentré sur la route et chacun de ses mouvements était fluide et correct. Il n'était pas en tenue habituelle. Amélie en fût étonnée. Il portait un jean noir simple et un col roulé blanc. Les manches étaient remontés sur ses avant bras, dévoilant ses poignets et les veines de ses mains qui se contractaient à chaque fois qu'il mit un peu d'appui sur le volant. Et il sentait bon. Son parfum emplissait l'air de la berline et Amélie en vint rapidement à la conclusion qu'elle se trouvait dans sa voiture. Elle ne pût s'empêcher de rougir lorsque l'homme d'affaire plongea son regard dans le sien, suspicieux.
"Ai-je quelque chose sur le visage ?" Il demanda, un sourire en coin.
Amélie ne savait que dire. Elle l'admirait, oui, mais pouvait-elle vraiment lui avouer ? Elle se contenta de secouer la tête négativement et se reconcentra aussitôt sur la route qui s'étendait face à elle. L'aéroport n'était plus très loin maintenant.
Amélie se sentit autant soulagé que déçu de devoir écourter leur petit voyage. Lorsqu'elle mit un pieds hors de la berline noire, le vent frais de l'automne firent se soulever ses cheveux bruns, la faisant frissonner.
L'aéroport était noir de monde. Amélie observait ce spectacle curieusement. Certains se pressaient dans l'entrepôt afin de gagner au plus vite leur vol. D'autres attendaient patiemment, assis sur des chaises devant les nombreux panneaux d'affichages. Et d'autres encore se quittaient, ou se retrouvaient. La jeune brune jeta un oeil à la grande horloge centrale. 12h30. Sa soeur devrait être là d'une minute à l'autre.
Après quoi, ils devraient se rendre au théâtre pour les dernières répétitions avant la grande représentation du soir. Amélie commençait légèrement à angoisser. Elle aurait préféré passer la soirée devant un film plutôt que de danser devant des milliers de personnes. Oui, elle aimait ça, elle aimait la danse, elle se sentait vivre lorsqu'elle foulait le plancher des théâtres, mais elle l'était encore plus lorsque cela lui venait du coeur. Elle se sentait forcé dans sa tâche et elle détestait ça.
Deux bras la sortirent de sa rêverie. Anne. La jeune femme se tenait face à sa jumelle, un grand sourire aux lèvres. Mycroft observait les deux jeunes femmes d'un oeil curieux. Une jumelle ? Non, c'était impossible. Il avait pourtant vu et revu son dossier, jamais il n'avait été mention d'une jumelle.
Les deux jeunes femmes se prirent longtemps dans leur bras. Elles étaient visiblement heureuse de se revoir. Elles se ressemblaient beaucoup. La seule chose qui différenciait les jumelles était les lunettes que portait Amélie. Cette dernière s'avança alors vers un beau et grand jeune homme qu'elle prit dans une étreinte chaleureuse. Mycroft en fût presque jaloux. Il avait envie de prendre sa belle par la taille et de l'attirer à lui comme pour dire "à moi". Bien sûr c'était très immature, et il ne le fit pas, mais ce n'était pas l'envie qui lui manquait.
Amélie se tourna finalement vers lui, sûrement pour les présentations.
"Anne, je te présente Mycroft, un ami. Mycroft, voici ma sœur jumelle, Anne et son petit-ami, Sammie."
L'homme d'affaire leur adressa un maigre sourire, en guise de politesse. Il n'était pas très sociable, pour lui, de nouvelles rencontres n'étaient pas forcément utile. Il avait son petit cercle autour de lui et cela lui suffisait amplement.
Le trajet jusqu'au théâtre se fit dans le silence. Mycroft avait les yeux rivés sur la route. Il était concentré. Amélie elle, lui lançait de petits coup d'oeil de temps à autre. Sammy et Anne étaient bien calme.
Mycroft stationna finalement sa voiture et les amoureux en sortirent rapidement, accueillis par le père des jumelles. Amélie observa les retrouvailles entre son père et sa soeur dans une étreinte chaleureuse. Elle n'avait aucune envie de sortir du petit habitacle qui la protégeait de sa réalité. Mais elle y fut bien obligé.
Elle adressa un faible "merci" à l'homme d'affaire et ouvrit la portière passagère afin de sortir de la voiture. Son père lui adressa à peine un regard, pas même un murmure. Amélie s'engouffra dans le théâtre et disparu bientôt des yeux de Mycroft.
19h15.
La grande salle du théâtre commençait à se remplir doucement. Anne observait les nombreuses personnes présentes dans la salle qui cherchaient leur place ou retrouvaient des personnes qu'ils ne côtoyaient que lors d'évènements théâtraux. Le grand rideau rouge qui couvrait la scène ne se lèverait que dans 45 minutes. Elle s'avança vers sa soeur qui étirait ses membres et s'assit à ses côtés.
Amélie portait une magnifique robe blanche parsemée de brodures dorées. Ses pointes étaient usées mais c'était dans cette paire qu'elle se sentait le mieux. Ses long cheveux bruns avaient été attachés en un chignon dont aucune mèche de cheveux ne s'échappait. Son maquillage était léger. Elle était rayonnante.
"Tu seras merveilleuse, ce soir."
Amélie releva son regard vers sa soeur et lui adressa un tendre sourire.
"Merci d'être là, Anne."
"Tu es ma jumelle, Amélie, je serai toujours là pour toi."
Les deux jeunes femmes se prirent dans leur bras avant d'être interrompu par leur père.
"30 minutes avant ton entrée, tâche d'être à l'heure."
20h.
De sa place au balcon présidentiel, Mycroft suivait du regard la jeune femme dans le moindre de ses mouvements. Elle était très concentré et appliqué. Ses mouvements étaient fluides et exécutés à la perfection. Mycroft avait une vue de choix. La salle était silencieuse, tous observaient la présentation d'Amélie qui se mouvait au rythme de la musique qui sortait des gros haut parleurs proches de la scène. Elle était sublime. Mycroft en eût presque le souffle coupé. Les pans de sa robe volaient en même temps qu'elle tournait sur elle-même la rendant encore plus gracieuse. Ce soir il n'eût d'yeux que pour elle, et même durant l'entracte, il se prit à fixer la scène d'un air attentif, attendant impatiemment le retour de sa belle sur le parquet de la scène. Lorsque le rideau s'abaissa finalement, ce fût comme un énorme coup de théâtre. S'il n'était pas si inexpressif, il en aurait probablement eût les larmes aux yeux.
Il se leva de son siège et ne prêta aucunement attention aux invités autour de lui qui tentait tant bien que mal de le prendre dans une quelconque conversation. Il traversa de nombreux corridors, avant de rejoindre les coulisses du théâtre.
Il l'aperçut. Elle était là, épuisée mais souriante. Sa soeur se trouvait à ses côtés et se dandinait d'un pied à l'autre, excitée par le spectacle que sa jumelle venait de lui offrir. Amélie rit doucement et tourna finalement son regard vers lui. Un large sourire fendit son visage.
"Mycroft !" Elle s'approcha de lui. "Quelle bonne surprise !"
"Tu as été incroyable !" Amélie le prit dans une étreinte chaleureuse et lui adressa un petit baiser sur sa joue. Il rougit quelque peu mais tenta de garder contenance.
"Eh, je dois aller me changer, mais on pourrait peut-être aller faire un tour après ?"
Il fût surpris de sa proposition mais acquiesçait tendrement. "Bien sûr, avec plaisir."
Amélie lui adressa un grand sourire avant de se diriger vers sa loge. Mycroft patienta là, le regard dans le vide, heureux.
"Elle a l'air de vous apprécier." Une voix le sortit de sa rêverie. Mycroft sursauta quelque peu avant de croiser le regard d'Anne Mélodie.
"Je suppose." Il ne sût trop quoi dire.
"Je suis contente qu'elle ait trouvé quelqu'un à qui parler, en dehors de moi. Ça n'a pas été facile pour elle, vous savez. Et notre père n'est pas... Elle sembla chercher ses mots. Très compréhensif."
Il observa Anne d'un air surpris. Pourquoi lui disait-elle tout ça ? Elle avait l'air d'être tout l'opposé d'Amélie. Bien sûr, elles se ressemblaient comme deux gouttes d'eau mais leur caractère semblait si différent que Mycroft fût surpris de pouvoir lire en elle comme dans un livre ouvert. Pourquoi n'y arrivait-il pas avec sa belle ? Il s'apprêta à lui demander plus d'explications au sujet du passé d'Amélie mais fût vite interrompu par le retour de l'intéressée.
"Anne, je t'ai déjà dit de ne pas effrayer nos invités." Amélie sourit, complice.
"Quoi ? Je ne faisais que de le distraire. Tu prends un temps fou pour te changer ! Anne lui adressa un clin d'oeil. Faîtes attention à elle." Elle s'adressa à Mycroft qui passa une main dans le dos de la jeune femme.
Il acquiesçait, un sourcil relevé et tous deux se dirigèrent vers la sortie du théâtre.
Note de l'auteur : merci d'être de plus en plus nombreux à me lire et à ajouter mes histoires à vos listes de lectures. Cela me rend vraiment heureuse. Bonne année à tous !
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