Triste Mélodie.
Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis Madame Brooke et la tasse de thé. Amélie était recroquevillée sur son sofa, son téléphone portable entre ses mains, elle attendait désespérément d'entendre ce petit son qu'émettait son téléphone lors de la réception d'un nouveau message.
Elle n'eût rien. Aucun message, aucun appel, aucun signe de vie. Elle se leva finalement à contrecoeur et se dirigea vers sa salle de bain. Ce soir avait lieu sa deuxième et dernière représentation en ville. Demain, elle prendrait son envol pour un autre pays.
20h.
La jeune danseuse fit son entrée sur la grande scène du théâtre Londonien. Ses pas étaient rythmés. Elle avait travaillé cette chorégraphie tellement de fois, l'effectuant à présent tel un automate. Ses pieds savaient exactement où se poser, ses bras s'alignaient avec son corps pour apporter ça et là une incroyable touche de délicatesse à ses mouvements. Sa longue robe, faite de tulles et de broderies dorées, tournoyait autour d'elle, l'entourant d'un magnifique halo de lumière. N'importe qui aurait pu dire à cet instant combien elle était ravissante.
Elle était belle, elle était libre, elle était admiré. Bien malgré ça, ses pensées dérivaient à d'autres contrées, l'entraînant dans une spirale infernale, un tourbillon de sentiments sans fin. Quelle ne fût sa déception lorsque ses yeux parcoururent la salle à la recherche d'une élégante tête brune et qu'elle ne la vit pas ! L'avait-il définitivement oublier ? Une larme roula sur sa joue rosée, finissant sa chute sur le parquet de bois alors que sa danse se termina sous les applaudissements d'un public comblé. Son coeur souffrait. Ne pouvaient-ils pas l'entendre ?
Sans un dernier regard, elle quitta la scène précipitamment et se dirigea dans sa loge où elle s'enferma pour le restant de la soirée. Ce soir là, tous furent déçus de ne pas la voir sortir pour plus d'acclamation. Ce soir-là, Anne Mélodie s'assit devant la porte de la loge de sa sœur jumelle, tentant vainement de l'en faire sortir.
25 octobre.
L'aéroport était bondé. Amélie observait le grand panneau d'affichage à la recherche du numéro de son vol. Lorsqu'elle mit le doigt dessus, elle alla finalement s'asseoir sur un des sièges mis à disposition pour que les passagers puissent patienter. Elle prit son casque audio dans son petit sac à dos et le plaça sur ses oreilles d'un geste déterminé. Le piano de Ludovico Einaudi vint finalement apaiser ses maux. Elle ferma les yeux un instant et soupira d'agacement.
Une semaine. Elle n'avait pas eu de nouvelles depuis une semaine. Et elle se demandait si elle en recevrait un jour. Elle sortit son téléphone portable, le déverrouilla et admira pendant un instant son fond d'écran. Vide.
Qu'il ne veuille plus lui adresser la parole, ça, elle pouvait le concevoir mais qu'il ne lui dise rien ? Ça c'était cruel. Elle avait le droit de savoir.
Lorsque son vol fut annoncé, elle sortit son téléphone et envoya un dernier message. S'il ne lui répondait pas maintenant, alors elle l'oublierait.
Une larme roula le long de sa joue quand après cinq minutes d'attente, rien ne vint. Elle l'oublierait.
~
L'homme important qu'était l'aîné des Holmes observait les rapports qu'il tenait entre ses mains. Tous dataient d'une semaine tout au plus, relatant les derniers événements s'étant déroulés sous le contrôle de James Moriarty. Une vieille dame avait perdue la vie dans ce chaos et un enfant en fût sauvé in-extremis. Bien qu'il ne fût parti précipitamment, il promis néanmoins à Sherlock de revenir pour finir ce qu'il avait commencé. Était-ce du bluff ? Une chose était sûre, avec Moriarty, l'on ne pouvait jamais savoir. Mycroft décida de rester sur ses gardes. Son frère était en danger, et toutes les personnes qui l'entouraient, aussi.
Un nouveau dossier, qui venait d'être déposer sur son bureau dès l'aube, attira son regard. Il le parcourut quelque peu avant de composer un numéro de téléphone. Au bout de deux sonneries, une voix féminine se fit entendre.
"Anthéa, merci de m'amener Sherlock Holmes et le Docteur John Watson à Buckingham. Dès que possible."
Sur ces mots, il mit fin à l'appel. Aussitôt, le vibrement de son téléphone portable le surpris. Un message venait de s'inscrire sur son écran d'accueil.
Comment est-ce possible ? -AM
Un long soupir s'échappa de ses lèvres. Elle comprendrait.
~
Amélie, assise au bord de la fenêtre de son nouvel appartement, observait la ville de Montréal sous ses lumières tardives. Elle ne trouvait pas le sommeil. Ses pensées formaient un énorme sac de mots et de questions sans réponses au-dessus de sa tête qui l'empêchait de tomber dans les bras de Morphée. Elle avait pourtant tout essayé pour s'en défaire : écouter de la musique, lire, regarder la télé, même trainer sur les réseaux sociaux, ce qu'elle ne faisait pourtant jamais. Rien n'y fit. Elle ressera un peu plus autour d'elle son petit gilet de laine, cherchant une source de réconfort. Un petit son la fit sursauter. Son téléphone. Elle se précipita sur son grand lit double et ses yeux parcoururent les mots qui venaient de s'afficher.
Comment est ton nouveau chez toi ? Tu me manques déjà, bisous -Theresa
Elle ne pût cacher sa déception mais elle prit tout de même le temps de répondre à la vieille dame. Demain serait une autre journée.
Le lendemain matin, sans surprise, elle fût levée aux aurores. Plutôt que de se morfondre chez elle à attendre un quelconque signe de vie, qu'elle ne recevrait de toute manière pas de sitôt, elle décida qu'un peu de sport ne pouvait lui apporter qu'une énorme bouffée d'oxygène. Alors elle chaussa ses baskets et fit son chemin à petites foulées au travers des rues de la célèbre ville du Québec. Les petits rayons du soleil pointaient le bout de leur nez au loin, contrastant avec la fraîcheur du matin. Lorsqu'ils se posèrent sur elle, lui réchauffant la peau, elle frissonna. Elle atteint son appartement à bout de souffle, et son regard se posa sur une de ses affiches placardée au coin de la rue. Elle était fière. Combien de jours avait-elle pu passer à en rêver lorsqu'elle n'était qu'une enfant ! Et aujourd'hui, des centaines de gens se bousculaient pour venir l'admirer danser.
Son sourire ne la quitta pas alors qu'elle gravit les marches menant à son petit appartement. Elle jeta un coup d'oeil à l'horloge au-dessus de la porte de sa cuisine avant d'ouvrir de grands yeux ronds. Si elle ne se dépêchait pas, elle serait en retard pour sa première répétition !
9h.
Lorsque Amélie arriva devant les grandes portes du Théâtre de La Place des Arts, elle se sentit rétrécir face à l'ampleur de ce complexe qui était de toute évidence absolument effrayant et démesuré. Était-il sûr que son père ne s'était pas trompé ? Allait-elle vraiment jouer dans cet immensité ? Amélie en était très impressionnée.
Lorsqu'elle fut accueillie par les bras de sa jumelle, elle sût qu'elle se trouvait au bon endroit. Était-ce censé la rassurer ? Une boule d'angoisse se forma au creux de son estomac et elle cru pendant un instant renvoyer son petit-déjeuner.
Finalement, elle prit conscience de l'endroit où elle danserait. Ses pieds entrèrent en contact avec le parquet froid de la scène et elle ferma les yeux un court instant, assez, pour que l'angoisse qu'elle venait d'accumuler ne disparaisse. Amélie n'entendit plus aucun bruit autour d'elle lorsqu'elle s'élança à toute vitesse, battant des bras et des jambes dans une danse endiablée. Et quand sa course s'arrêta aussi soudainement qu'elle n'eut commencé, des applaudissements lui firent lever le regard vers le fond de la salle.
Arthur. Un sourire franc se dessina sur le doux visage de la jeune femme qui s'élança au travers de la grande pièce pour se loger dans les bras de son ami qu'elle n'avait pas vue depuis des années.
Arthur se présentait à point nommé. Il ignorait probablement à quel point la jeune femme avait besoin d'un ami, d'un réconfort, mais Amélie elle, savait qu'elle en serait plus que reconnaissante.
Il avait été son ami durant des années suivant les premières années de leur tendre enfance. Strasbourg avait eût dans le coeur de la jeune femme son lot de bonnes comme de mauvaises choses. Arthur faisait parti de ces bonnes choses qu'elle ne souhaitait jamais oublier. Lorsqu'il avait emménager aux États-Unis, c'était tout le petit monde d'Amélie qui s'était effondré en un claquement de doigts. Elle n'était plus sortie de sa chambre et elle s'était réfugié dans ces films à l'eau de rose, probablement les films les plus niais qu'il y avait sur le marché du cinéma. Elle s'était avoué avoir un faible pour lui lorsqu'il lui manqua presque tous les jours et que son cœur semblait se briser en petits morceaux, chaque jours qui passait.
Mais tout ça était du passé maintenant, d'autant plus qu'à présent, il y avait Mycroft.
Mycroft.
Amélie resserra son étreinte s'efforçant de ne pas éclater au sanglot. Elle avait bien trop pleurer pour quelqu'un qui ne daignait être sincère envers elle. Et même si elle faisait tout son possible pour tenter de l'oublier, elle sait que jamais, jamais, elle ne pourrait.
"Je parie que l'on a beaucoup à se raconter." Arthur lui adressa un large sourire alors qu'il desserra son étreinte sur la jeune femme.
~
Mycroft n'aimait pas ça. Non il n'aimait pas ça du tout. Bien sûr, il aurait dû se douter que l'accès aux caméras de surveillance des autres villes était bien plus renforcé. A Londres, il n'avait pas ce problème avec le gouvernement. Il était le gouvernement.
Alors des questions qu'il savait sans réponses demeuraient dans son esprit. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Et avec qui ? Le seul moyen pour lui de le savoir aurait été de la rejoindre. Mais pouvait-il seulement se le permettre ?
Il préféra simplement éteindre l'ordinateur devant lequel il était resté coi, et vaquer à d'autres occupations. Bien sûr qu'il ne pouvait pas quitter le pays de sitôt. Mais lorsqu'il pourrait à nouveau, il irait. Il la rejoindrait. Peu importe où elle se trouvait.
~
Entre ses répétitions, ses représentations, ses sorties avec Arthur, sa sœur, ses interviews, ses nombreux passages à la télévision, ses voyages, encore et encore, Amélie n'avait pas beaucoup de temps à se consacrer. Mais lorsqu'elle en avait, alors elle le passait assise proche d'une fenêtre, à observer les différentes villes qu'elle visitait prendre vie sous ses yeux, de l'aube jusqu'au crépuscule.
Cela faisait plusieurs mois qu'elle était sur la route de sa tournée, plusieurs mois que Mycroft lui faisait silence radio. Pourtant son cœur continuait d'espérer qu'il ne la recontacte. Elle attendait désespérément. Et à chaque notifications qui n'était pas celle qu'elle espérait, son coeur se brisait en mille morceaux pour la énième fois. Prise de sanglots incontrôlés, elle finissait souvent par s'endormir d'épuisement, rêvant que des bras rassurant viennent l'enlacer. Et elle se réveillait, après avoir espérer toute la nuit que ce ne soit qu'un effroyable cauchemar. Elle se sentait terriblement seule. Elle était brisée. Le vide qui grandissait au fond d'elle, lui tordait l'estomac, l'empêchant d'être heureuse, lui donnait la nausée.
Combien de fois avait-elle hurlé pour qu'on le lui rende. Pour qu'il revienne. Combien de fois l'avait-elle détester pour ce qu'il lui faisait vivre. Pour la manière dont il la traitait. S'en rendait-il même compte ? Elle avait envie de l'avoir en face d'elle juste pour lui hurler combien il avait été odieux avec elle et cruel, elle voulait lui hurler que plus jamais elle ne lui pardonnerait, mais, au fond, n'était-ce pas tout ce qu'elle espérait ? Qu'il revienne l'enlacer ? Oh, elle le détestait, mais elle se mentirait en se disant qu'elle ne souhaitait plus jamais le revoir.
Après tout, elle l'aimait.
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Bonjour à tous ✨
Je sais, je sais, je mets beaucoup trop de temps à écrire mes histoires et à me concentrer dessus. En fait, je suis tellement perfectionniste et je veux tellement tout sortir parfaitement que je suis capable d'effacer et de recommencer à l'infini jusqu'à ce que cela me convienne !
Enfin, j'espère qu'au moins, cela vous convient.
Affectueusement,
Charlie
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