Joli Pas.
"Amélie Melodie"
Le nom de la jeune femme résonnait en boucle dans l'esprit de l'aîné des Holmes. Pour ainsi dire, il accaparait la totalité de ses pensées. Tant et si bien qu'il n'avait prononcer mots depuis leur sortie du petit café.
Un silence s'était installé. Non de ceux pesant, ni même gênant. Bien au contraire. Plutôt reposant.
Il en avait besoin, par moment. Ce genre de silence était un véritable bonheur lorsqu'il était question de remettre de l'ordre dans ce fouillis de pensées incontrôlables. Jamais bien facile.
Abrités sous ce grand parapluie noir, ils marchaient côte-à-côte, le bruit de leurs pas faisant écho dans la rue presque déserte. La nuit tournait tranquillement.
La pluie s'abattait toujours autour d'eux, gagnant une merveilleuse mélodie à leurs oreilles. Elle ne s'était pas arrêté. Cela devait bien faire trois ou quatre heures maintenant. Et elle ne semblait pas vouloir abandonner.
Non pour déplaire à la jeune femme. Elle aimait ça. La pluie. Elle la trouvait douce et mélodieuse. Elle aimait la regarder tomber sur la ville, provoquant diverses notes aux différents endroits où elle se posait. C'était beau. Plus encore, elle aimait sentir le contact de celle-ci contre sa peau. Froide, mais tendre. Inspirant la liberté.
D'un oeil discret, Mycroft observait la femme qui lui tenait compagnie. Elle tenait fermement son manteau de ses fines mains, approuvant la chaleur qu'elle y trouvait. Son nez rosie par le froid, il trouvait cela adorable. Ses yeux suivant mille-et-une gouttes de pluie, un sourire au coin des lèvres. Tout à fait adorable.
Et il se demandait encore ce qu'une merveilleuse femme de son genre pouvait bien avoir eu en tête pour se sentir si accabler.
Il aimerait la connaître. Il pourrait écouter sa voix pendant des heures. Pourquoi pas, apprendre tous les plus petits et insignifiants détails de sa vie.
Il aimerait la comprendre. Comprendre son chagrin. Et la réconforter de tout le courage qu'il possédait.
Pourtant il se trouvait à ses côtés, sans même savoir que dire. Il lui avait proposé cette balade, s'était sentit surpris d'un tel courage. À présent il ne savait absolument pas comment engager une conversation. Il se sentait bien bête, à y songer. Après tout, c'était nouveau pour lui. Une once de peur semblait le traversait tel un frisson courant son dos. Comment devait-il s'y prendre ?
Il n'en avait aucune idée. Peut-être était-elle de ceux qui aiment marcher dans le silence, leurs pensées libres de s'exprimer ? Ou sans doute attendait-elle une quelconque parole de sa part.
De quoi devaient bien parler toutes ces personnes qu'il croisait chaque jour autour de lui ? Il les avait observer plus d'une fois, tenir une conversation... normal ? Dire qu'il était capable de connaître la vie des autres en un regard, mais incapable de discuter normalement. Ça en était ridicule !
"Vous aimez la pluie."
À peine ces mots avaient-ils franchit sa bouche qu'il eut l'envie de taper sa main contre son front. Une déduction. Ce n'était qu'une simple déduction, et c'était d'un facile ! Bien sûr qu'il aurait pû mieux dire.
Amélie levait un regard vers lui, souriante. Elle ne s'attendait pas à une soudaine conversation, mais elle en était ravie. Ravie qu'il ait eu l'envie de lui parler, ravie qu'il ait engagé la conversation. Elle ne l'aurait jamais fait, elle le savait. Tellement réservée.
Elle acquiesçait d'un geste de tête. Presque timide.
"Pas vous ?"
Sa voix portait doucement, presque un murmure. Comme si elle souhaitait ne pas être entendue.
Il haussait les épaules, incertain. Aimait-il la pluie ? Il n'y songeait que très peu. Possiblement à ses heures perdues. Pourtant, ici, à côté d'elle et sous une pluie semblant ne possédait aucune fin, il se sentait bien. Et si ce sentiment de bien être devait être associé à ce temps précis, alors sans aucun doute, il aimait la pluie.
"Après tout, je possède un très grand nombre de parapluie."
Le portant ornant son entrée en était le témoin parfait.
La jeune femme rit de sa remarque, sentant l'atmosphère un brin plus détendue.
"Quoi ? Comme une passion ?" Elle s'étonnait, un sourire en coin des lèvres.
Il l'observait curieusement, un sourcil relevé, amusé. Était-elle sérieuse ?
"Oh, est-ce que vous allez à des rassemblement pour passionnés de parapluie ?" Son rire s'élevait dans la nuit calme.
Mycroft secouait la tête, son rire se mélangeant à celui de la jeune femme.
"Je vous interdis de vous moquer ! Il pointait un doigt accusateur vers Amélie, laquelle riait d'autant plus. Et puis, c'est vraiment pratique ! Là, nous avons quelque chose afin de nous protéger."
Cela faisait tellement longtemps depuis la dernière fois où il avait rit de cette façon. Et étonnement, cela le rendait bien.
"Alors dîtes-moi, combien de temps ?" Il questionnait soudainement.
Le rire d'Amélie se calmait lentement alors qu'elle tentait de comprendre le sens des mots de l'homme à ses côtés. Une simple interrogation ? Que devinait-il ?
"Eh bien, cela dépend de ce que vous pensez, je suppose." Ses mots semblaient posés, réfléchis et étonnement, choisis avec soin.
"Éclairez-moi, Mademoiselle Melodie."
Si cette jeune femme possédait déjà un certain intérêt aux yeux de Mycroft, maintenant il en était sûr, elle obtenait définitivement son entière attention.
"Combien de temps suis-je en Angleterre au vue de mon accent si prononcé, ou combien de temps mon séjour durait-il ?"
Étonnement si réfléchis ! Un sourire satisfait lui gagnait aussitôt les lèvres. Il imaginait ses pensées, pleines d'intelligence et de réflexions qui ne demandaient qu'à voir le jour.
"J'aimerai tout connaître, Mademoiselle Melodie."
Tout connaître ? Bien sûr, il connaissait déjà tout. De ce qu'il avait pû observer, du moins. Il voulait son passé, ses pensées profondes et son futur à venir. Tout ce qu'il ne pouvait déduire.
La déduction.
Tout passait par cette simple chose. Un jeu, au début. Son frère et lui en semblaient friand. Ils s'en amusaient, parfois même au détriment de certains secrets. Et si Mycroft tentait de nier, Sherlock, c'était son nom, s'en fichait royalement. Prouver son intelligence lui semblait plus important que de ne pas blesser les autres.
"Je suis Française."
La voix d'Amélie s'élevait maintenant, brisant ce lourd silence. Elle hésitait. Conter sa vie, qui plus est, à de parfaits étrangers, n'était pas dans ses habitudes.
"Je ne suis ici que depuis hier. Elle continuait, doucement, le regard rivé, perdu devant elle. Et je ne repartirai que d'ici deux semaines."
Elle haussait les épaules d'un air détaché.
"Puis, je rejoindrais un autre pays. Un autre. Et encore un autre."
Un soupire s'échappait de ses douces lèvres, presque triste. Elle en était lassée. Ce quotidien la suivait depuis bientôt un an. Elle en était épuisée.
Oh, bien sûr elle aimait ça. C'était sa passion, après tout. Elle n'en était que comblée de pouvoir en vivre. Cependant, la pression autour d'elle lui devenait toujours plus insupportable, plus oppressante, jours après jour.
"Vous êtes danseuse."
Mycroft sourit à cette remarque. Cela ne l'étonnait pas. Une passion aussi douce et mélodieuse. Cela lui ressemblait tellement.
"Quelle partie a vendue la mèche ?"
"La façon dont vous placez vos pieds, lorsque vous êtes assise. Vos talons touchent à peine le sol. Lorsque vous marchez, vos pieds semblent flotter sur le sol. Aussi doux que si vous marchiez sur des oeufs. Vos mouvements sont rythmés sur vos paroles, telle une mélodie. Et vos jambes. Fines et élancées. Vous ne les observerez que sur des danseurs, des gymnastes, ou des athlètes."
La jeune femme se contentait de sourire. Fascinée.
"Bien, laissez-moi deviner. Vous vous êtes tourner vers la danse par ma façon de courir ? Mycroft l'observait, intrigué. J'aurai dû entraîner mon endurance, c'est ça ?"
"Eh bien, à vrai dire, j'ai simplement eu la chance d'observer une de vos affiches ce matin. Un sourire joueur se dessinait sur les lèvres du Holmes. Il me semble que votre nom y était inscrit."
Amélie secouait la tête, son rire s'élevant dans les airs, une douce mélodie résonnant dans l'esprit de Mycroft. Il aimait ça, entendre son rire. Et il aimerait ça, autant qu'il resterait à ses côtés. S'assurant de lui-même qu'elle obtienne assez de bonheur afin de ne pleurer de rien, et de rire de tout.
La nuit touchait à sa fin lorsque Mycroft accompagnait Amélie jusqu'à chez elle. Les quelques rayons du soleil matinal pointaient déjà le bout de leur nez dans la froideur de Londres.
Une main protectrice au bas de son dos, il observait la façade de cette maison au pied de Chalcot Square. Endroit qu'elle avait bien sûr choisit de ses soins pour son calme et son allure reposante. Qui cela étonnait-il ?
Un sourire jouait sur ses lèvres alors que le regard perçant de la jeune femme le scrutait, intriguée.
"Merci. Mycroft se tournait vers elle, l'encourageant à poursuivre. Pour ce soir. C'était vraiment adorable de votre part, cette balade."
Adorable ?
Son regard rencontrait le sol alors que les mots d'Amélie tournaient en boucle dans ses pensées.
Agaçant, oui. Imbus de lui-même, on le lui avait répété maintes et maintes fois. Egoïste ? Pourquoi pas. Prétentieux, certainement. Mais adorable ? C'était bien la première fois. Devait-il en être ravi ?
Un doux parfum parvint à ses narines, allertant ses sens d'un geste presque spontané. Un doux contact sur sa joue. Des lèvres. Les siennes. Un baiser ? Ses yeux se fermèrent d'un mouvement lent, appréciant ce moment.
Un dernier sourire à son intention, et la voilà qui s'éloignait de lui d'un pas plus assuré. Il aurait aimé pouvoir bouger, la retenir par la taille et lui rendre ce si doux contact. Bien sûr, il en était incapable.
"Bonne nuit, Mademoiselle Melodie."
Dans un murmure, il tournait les talons, rejoignant la berline noir qui venait de s'arrêter sur le bord de la route.
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