Forte Melodie.
27 septembre.
La jeune femme observait l'homme en face d'elle, captivée par sa préstance et son assurance.
Elle ne pouvait s'empêcher de remuer discrètement sur sa chaise, inconfortable et totalement intimidée par ce mystérieux personnage.
Son visage paraissait si dur et à la fois si doux. Il se tenait droit, dans ce parfait costume semblant n'être fait pour personne d'autre que lui. Ses cheveux en bataille était le seul détail contrastant avec son apparence si soignée. Ça lui allait bien.
Son regard soutenant le sien. Semblant à la recherche d'une quelconque réponse.
Comment s'y prenait-il ? Il avait dans ce regard froid, une once de confiance et de supériorité qui se mélangeaient à la perfection, vous faisant perdre pied dans une marrée immense de sentiments tous plus délirant les uns que les autres.
C'est ça. Elle ne savait absolument pas comment organiser ses sentiments, elle était incapable de penser correctement.
Qui était-il ?
"Un café." Avait-il dit.
Et elle l'avait suivit. Un peu naïvement, en y repensant. Cependant intriguée. En oubliant les formalités. En oubliant la tristesse qui la submergeait quelques minutes plus tôt. En oubliant tout. Pourquoi ?
Elle ne connaissait même pas son nom. Pourtant elle était assise autour de cette table, le scrutant d'un oeil curieux.
Il n'avait prononcé aucun mot depuis son invitation. Ses mains en coupe autour de sa tasse brûlante, ses yeux ancrés dans ceux de la jeune femme en face de lui. Il l'observait. Tout aussi intrigué qu'elle devait l'être. Il l'admirait.
Son visage pâle, ses joues et son nez rosis par le froid extérieur. Elle semblait ici même, douce et fragile. Quelques mèches de ses cheveux tombaient en harmonie sur son visage, déposant quelques gouttes de pluie sur son front, ici et là. Par moment, dans un élan de douceur, il la surprenait à replacer ses lunettes correctement sur son nez, distraitement. Cela lui donnait un air curieux, presque timide.
Elle ne pleurait plus. Il en était satisfait.
Il l'avait remarqué. Bien qu'elle eût tenté de cacher sa tristesse au travers des gouttes de pluie. C'était ce genre de détails qui ne lui échappaient pas.
Il s'était sentit coupable en la regardant.
Cette femme se retrouvait dans ses bras, à une heure bien tardive, ses pensées à la dérive.
Coupable de quoi ?
Bien qu'elle l'ait dérangé au milieu d'importantes réflexions, faisant s'écraser au sol sa seule arme de relaxation, une cigarette à peine entamée, il se serait trouvé bien égoïste de la laisser s'en aller sans essayer de comprendre.
Comprendre.
C'était ce en quoi il était le plus fort. En un regard. Il observait. Il vous comprenait. Habituellement.
Il ne comprenait pas.
Pas elle. Il avait essayé. L'avait observé mainte et mainte fois. Elle lui semblait toujours plus inconnue.
Pourquoi une jeune femme aussi belle se trouvait-elle dans cet état à une heure aussi tardive ?
Il n'était pas bien fort pour comprendre les relations humaines. La passion, la liberté. Cette tristesse, ce déchirement. Alors il se demandait.
Au contraire il savait remarquer la beauté. Comment aurait-il pû la manquer, d'ailleurs ? Plus il l'observait, plus il la voyait.
Soudain il se figeait.
Ce n'était vraiment pas dans ses habitudes. Ses pensées corrompues. Mais qu'était l'habitude avec elle ? Ses déductions ne fonctionnaient pas. Ça le frustrait. Qui était-elle ?
Ce n'est que lorsque la jeune femme, baissant la tête, rompu tout contact, que le jeune homme sortit de sa rêverie. Elle triturait ses doigts nerveusement, oppressée par le silence qui s'était installer entre eux depuis une bonne heure maintenant.
Il avait à peine remarqué l'heure tourner. Bien trop captivé par son observation. Ce n'était définitivement pas dans ses habitudes de se laisser distraire.
"Mycroft."
Sa voix rauque parvint aux oreilles de son interlocutrice, la faisant légèrement sursauté.
"Pardon ?"
Elle ne s'était pas attendue à cette si soudaine révélation. Bien trop perdue dans ses pensées.
"Je m'appelle Mycroft. Il haussait légèrement les épaules. Au cas où."
Elle se contentait de l'observer, aquiesçant doucement. Qu'était-elle censé faire ? Elle n'avait pas l'habitude de ce genre d'échange. Elle était de cette nature, plutôt discrète et réservée. Bien que curieuse, elle ne s'avançait jamais à la discussion. Préférant l'observation.
"Merci." Elle avait finalement dit. Peut-être un peu précipité.
Son regard rencontrant le sien. Mycroft se prit à sourire, inconsciemment, le son de sa voix résonnant comme une douce mélodie.
Il s'était armé de son parapluie, dans la nuit noire et sous la pluie battante. Encore une longue journée, pensait-il. Le travail. La routine. Un long soupire lui échappait. Il n'était pas particulièrement friand de cette routine, bien qu'il aimait que tout se déroule dans un ordre précis, comme pour suivre ses habitudes. Disons que, par moment, il aimerait pouvoir y ajouter une note d'originalité. Juste pour lui éviter un profond ennui.
Sa main effleurant sa poche, il en sortit un petit paquet, sur lequel il avait eu envie de poser sa main la journée durant. Calmer ses nerfs. C'est ce dont il avait besoin, maintenant.
Il en extirpait un petit tube blanc qu'il disposait entre ses lèvres, approchant son zippo de ce dernier afin de lui donner vie. Une inspiration. C'est tout son corps qu'il sent relaxer.
Recrachant la fumée dans l'air, il observe la rue autour de lui. Calme. Sans bruit. Une voiture. Un cri. Ni même un murmure. Ses yeux se ferment au rythme de ses pensées.
Une inspiration de plus. Des bruits de pas martelant le sol. Une expiration de plus. Ses yeux s'ouvrent brusquement. Des pas ??
Sa tête pivote sur sa droite. Là, au fond, une silhouette se dessine. C'est une femme. Ses cheveux volent au vent. Elle semble aller de plus en plus vite. Pourquoi autant d'agitation ?
Il ne peut s'empêcher de la détailler d'un oeil curieux, à mesure qu'elle se rapproche de lui. Sa longue robe remontant à chacune de ses foulées, dévoilant ses fines jambes. Sa course assurée. Son regard figé dans le vide. Elle ne semble pas savoir où aller. Comme un besoin soudain de courir sans point précis. À quoi pense t-elle ?
Et puis, le dénouement. Une flaque d'eau à quelques pas derrière lui. Il aurait dû s'en douter. L'ayant même remarqué en sortant du bâtiment. La chute s'annonçait brutale et pleine de souffrance.
D'un geste presque spontanée, comme une chorégraphie, son bras s'étend au même rythme que la chute de sa cigarette. Capturant cette jeune femme dans son étreinte, le tube blanc percutant finalement le sol.
Ses mains frêlent, tremblantes, s'aggripent comme un automatisme à son manteau. Il la rapproche un peu plus de lui, la devinant gelée par ses vêtements trempés. Haletante, surprise, elle ose croiser le regard de son sauveur. Froid, cependant plein de confiance. Et visiblement un brin inquiet. Pourquoi s'étonne t-elle ? Elle pleurait.
"Un café." Furent ses simples mots. Son souffle chaud contre sa peau, lui apportant un semblant de chaleur réconfortante.
Il avait aimer la serrer dans ses bras. De son corps émanait une douce chaleur et un doux parfum qui l'avait enivré. Il avait eu l'envie de comprendre. L'envie de la connaître. L'envie de la garder près de lui. L'envie de la faire sourire. C'est ça. Elle lui donnait l'envie.
Il n'avait pas compris dans l'instant. Il ne connaissait pas. C'était un genre nouveau qu'il affrontait. De l'affection ?
Puis l'admiration. En quelques heures, elle avait capturé ses sentiments au fond d'un des nombreux placards de son esprit, construisant une barrière protectrice tout autour. Elle ne laissait rien paraître. Ni ses larmes, ni ses peurs, ni ses inquiétudes naissantes.
Elle l'avait désarmer au courage.
Il se levait brusquement, attrapant fermement son parapluie. Sous le regard curieux de la jeune femme, il s'emparait de son manteau et lui tendit, comme une invitation. En était-ce une ?
"Allons marcher !"
Définitivement.
Dans un geste lent, et calculé, elle s'emparait du manteau de son sauveur, s'enroulant dedans à la recherche d'un point de chaleur. Puis dans un demi-sourire, une pointe d'espoir dans la voix:
"Amélie Melodie."
Elle se présentait.
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