Chapitre 5

« Yoongi, regarde la route merde ! »

Mes mains tremblent autour du volant que je tiens de toutes mes forces. Je serre les dents, tentant de retenir au maximum les larmes qui dévalent déjà le long de mes joues.

Mes yeux regardent devant, dans la vague.

Je suis sur l'autoroute, lancé à toute vitesse sur la voie de gauche. Je ne contrôle pas tant que ça ma vitesse, je dois être quasiment vingt kilomètres heures au-dessus de la limite autorisée.

Je conduis bien, je ne suis pas du genre à faire des excès de vitesse.

Mais là, je suis hors de moi, déconnecté de mon corps.

Je conduis droit, sur la voie de gauche et c'est tout.

Je double, je respire profondément en essayant d'être le plus calme possible.

Belle illusion.

Moi, calme actuellement ?

Pas du tout.

Je crois que je n'ai jamais été autant paniqué au volant.

Pourtant, il faut savoir être concentré au volant, ne pas s'occuper de ce qu'il y a autour et rester calme, même si une guêpe vole dans l'habitacle, par exemple. Ou lorsqu'une araignée se fait la maligne idée de venir se promener sur ma boîte de vitesse dans ma voiture.

Je reste concentré sur la route même si je vois flou. Je distingue la forme des voitures, les lignes de la route, ça suffit un minimum.

Jimin bouge à côté de moi, passant son torse entre nos deux sièges. Je ne sais pas ce qu'il fout, mais ça ne dure pas longtemps.

« Yoongi, calme-toi. Respire. Tout va bien. Tu doubles la voiture au milieu et le camion puis tu te remets sur la voie tout à droite en reprenant une vitesse correcte, d'accord ? »

Jimin pose sa main gauche sur ma cuisse et la caresse de façon appuyée pour que j'y sente bien, pour me rassurer. Sa paume est une brûlure douce à travers mon jean. C'est délicat, ça me rassure automatiquement un peu.

Je double la voiture, puis le camion et, une fois que c'est fait, je mets mon clignotant. Lorsque le camion apparaît entièrement dans mon rétroviseur droit, j'engage mon mouvement sur la voie du milieu, puis de droite, avant de décélérer jusqu'à la bonne vitesse.

Des larmes dégoulinent toujours de mes yeux, je peine à récupérer ma respiration et je vois toujours flou.

J'ai pu passer ma vitesse, enfin.

« Est-ce que tu veux t'arrêter à la prochaine aire d'autoroute pour pouvoir reprendre tes esprits ?

– Ou-Ouais...

– Allez, respire. Il y en a une dans deux kilomètres. »

Deux kilomètres qui ont été très, très, très longs.

Jimin me caressait la cuisse sans un bruit, seul le son de sa paume frottant contre mon jean se fait entendre. Ainsi que le boucan agréable du moteur de notre voiture.

Je sors une fois arrivée au niveau de la sortie pour l'aire d'autoroute. Je me gare à la première place venue en marche avant, coupe le moteur, active le frein à main et quitte le véhicule pour m'asseoir sur le sol. Je respire à plein poumon, à genoux, la tête cachée dans ces derniers, mes bras les entourant.

Un corps chaud me rejoint.

Jimin se moule contre moi, s'installant le torse contre mon dos, les jambes de chaque côté de mon corps.

« Tout va bien, Yoongi. »

Jimin m'embrasse la nuque en me tirant contre lui. Ses bisous papillonnent contre moi, ses mains volètent contre mon ventre.

Il se passe plusieurs minutes sans que nous parlions.

Il me câline, me rassure.

Il fait redescendre le pic d'adrénaline et de peur qui a agité mon corps en apprenant que sa foutue araignée était dans mon véhicule, sur mon levier de vitesse.

Mes larmes se tarissent, puis disparaissent. Mes yeux sont toujours humides, rougi par les pleurs. Mais ça va mieux.

Je me retourne pour serrer Jimin entre mes bras, blottir mon visage contre son cou à l'odeur rassurante. Il sent la menthe. Une menthe fraiche, rafraichissante, forte, entêtante, envoutante, savoureuse, délicieuse, reposante, apaisante.

« Tu te sens mieux, Yoongi ? »

Je hoche la tête contre son cou. Je respire à pleine bouffée le parfum exquis de Jimin, m'en rendant ivre.

Je n'ai pas besoin de plus, seulement de sa présence.

« C'est bien si ça va mieux. Tu te sens de conduire ou tu veux que je le fasse ?

– Je peux...

– D'accord. Tu veux allez boire un coup ? C'est une grande aire d'autoroute, nous pouvons aller acheter une bouteille d'eau.

– Non ça va... les prix sont trop chers sur les aires... On se prendra quelque chose en ville de meilleur...

– Comme tu veux. »

Il fait tout pour me mettre le plus à l'aise possible, pour me soulager. Il est si attentionné, attentif envers moi. Qu'est-ce que je ferais sans lui ? C'est un ange. Un ange qui est toujours là pour m'aider, qui est toujours là pour me soulager au maximum de mes problèmes. Je l'aime, mon Jimin. Mon Jimin à moi.

Mon visage remonte face au sien.

Nos lèvres se retrouvent en douceur, se mêlant avec agilité sans se brusquer. C'est un bisou amoureux, qui fait du bien.

Les petits doigts de sa main droite viennent passer une mèche de cheveux traînant sur mon front derrière mon oreille. Son sourire est sublime, il m'éblouit. Il m'éblouit de sa beauté, de sa douceur, de sa gentillesse, de ce qu'il est tout simplement.

Nous finissons par nous relever.

Je m'apprêtais à ouvrir ma portière pour remonter dans le véhicule de sport et repartir lorsqu'une question me vient subitement.

« Tu en as fait quoi de cette araignée à la con ? »

Jimin se tourne vers moi, un sourire voulu rassurant au visage.

« Ne t'inquiète pas, Yoongi, elle ne viendra pas te voir. J'ai trouvé un verre en papier dans ma portière, d'un de nos précédents voyages lors d'une pause café à une aire d'autoroute, sans doute. J'ai fait quelques trous vite faits pour qu'elle puisse respirer puis je l'ai mise dedans.

– Mais... elle va partir !

– Il y avait un capuchon sur le gobelet, ne t'inquiète pas. Je l'ai mis sur les sièges arrière.

– Qu-Quoi ?! Relâche là ici... !

– Elle risque d'être perdue, sur cette aire d'autoroute. Je la relâcherai dans notre jardin, là où je la mets toujours. En attendant, ne t'inquiète pas : elle ne viendra pas te voir. Je te le promets, Yoongi. »

Jimin s'approche pour me caresser la joue, me laisser un bisou furtif sur les lèvres puis retourner à sa place côté passager.

◇─◇──◇─────◇──◇─◇

« C'était trop bien... » soupire de contentement Jimin en s'avachissant dans le siège passager de la voiture.

Nous nous sommes baladés pas mal de temps dans Séoul, nous promenant dans les rues et au bord du Han. Nous nous tenions mains dans la main en profitant pleinement de notre balade, et même si certains nous jetaient des regards appuyés, dégoûtés, surtout des personnes âgées, nous ne nous en sommes pas occupés. Qu'ils pensent ce qu'ils souhaitent, cela nous passe au-dessus.

Nous sommes heureux, ensemble, en couple, entre mecs. Le bonheur brille dans notre vie, ce ne sont pas des regards qui changeront quelque chose.

Je l'aime, il m'aime et nous nous aimons.

Nous sommes passés dans Hongdae pour voir les magasins, les vendeurs de rue. L'ambiance festive, les jeunes pleins les rues, la musique, tout, nous aimons ça.

Notre premier rendez-vous s'était passé ici, à Hongdae, dans ce quartier vif où grouille la vie, la musique et la fête. C'est peut-être pour ça que nous apprécions autant y aller...

Notre première sortie en tant que couple officiel s'était aussi faite à Hongdae. Mais nous y avions partagé un ddalgi satang : une brochette de fraises enrobées d'une couche de sucre caramélisé. Comme pour cette fois-là... il se peut que nous en ayons aussi partagé une, acheté au même stand et toujours aussi délicieuse, avec toujours un grand sourire amoureux sur notre visage.

Puis nous nous étions rendus à la Lotte World Tower pour nous balader et faire les magasins. Jimin s'y est trouvé un t-shirt sublime couleur crème, un top. Il arrive à peine en bas de ses abdominaux, ce qui me permet de les voir au moindre mouvement trop ample. Tout comme sa chute de reins qui en devient apparente. Il hésitait à le prendre, il ne savait soi-disant pas avec quoi le marier... sauf que ça se voyait dans ses yeux qu'il en avait envie, très envie. 

En regardant dans les rayons, j'avais vu un superbe jean. Pas ce que je porterais, mais je le voyais bien sur Jimin. Je le lui ai emmené, il l'a enfilé et en sortant de la cabine, il était tout sourire. Le jean bleu nuit, ample, avec de fines rayures presque invisibles lui allait à ravir. Le seul moment où il a perdu son sourire quelques secondes, c'est quand il a râlé parce que j'avais voulu lui offrir les deux vêtements et donc, que je les avais payés. Mais il m'a remercié pour mon cadeau en m'embrassant furtivement.

Nous n'avions rien acheté d'autre, et vu qu'il était dix-huit heures trente, nous avions décidé d'aller manger à un restaurant dans la Lotte World.

Un bon restaurant de sushi en amoureux où nous nous donnions l'un l'autre des sushis dans la bouche à l'aide de nos baguettes. De l'extérieur, nous avions sans doute l'air niais. Mais franchement, qu'est-ce qu'on s'en foutait, et qu'on s'en fout toujours. Nous étions, sommes, et serons heureux, point.

« Aaah... j'ai bien mangé. J'ai plus faim.

– Ton petit ventre est content ? m'amusais-je en l'observant affectueusement.

– Moui... il est content. Regarde, il est un peu gonflé comparé à d'habitude parce qu'il est content d'avoir mangé. »

Jimin relève son t-shirt pour caresser son ventre à même la peau. Un sourire adorable arbore son superbe visage. Son ventre aux fins abdominaux est effectivement légèrement gonflé par le plaisir de la nourriture. C'est normal après tout : le ventre se détend, mais cela repart par la suite.

Ma main se glisse vers la sienne et prend sa place pour caresser son petit ventre délicatement mignon. Ses yeux se tournent vers moi, souriant. Ses yeux sourient.

« Et moi, je peux ? »

Jimin glisse sa main sur ma cuisse, en direction de mon ventre.

Je hoche la tête sans hésitation, l'invitant à venir me caresser le ventre, lui aussi.

Sa main relève mon t-shirt, permettant à ses yeux d'observer ma peau. Ses doigts la câlinent en de doux petits cercles, des amples arabesques majestueuses, des dessins aléatoires et pourtant précis. C'est agréable, tellement agréable. Une petite douceur après notre journée sublime, hormis les moments d'apparitions d'Épice, et avant notre moment de folie et d'amour dans notre chambre.

Un bisou langoureux plus tard, nous avons replacé convenablement nos t-shirts, j'ai démarré notre voiture, puis, nous sommes partis, en route pour rentrer.

Épice est toujours dans son gobelet en papier, Jimin l'a vérifié, par simple précaution. Je préfère la savoir dans quelque chose, où je sais qu'elle s'y trouve, plutôt qu'en train de se balader je ne sais où dans le véhicule.

◇─◇──◇─────◇──◇─◇

« Jimin... réveille-toi, ce n'est pas le moment de dormir ! » grognais-je en lui secouant l'épaule. Il s'est endormi pendant le trajet, la musique ne gardant pas son cerveau réveillé et notre silence sans discussion l'a profondément fatigué, jusqu'à l'endormir. Après tout, nous avons longuement marché aujourd'hui, puis fait les magasins pour finir sur un restaurant, la fatigue l'a emporté.

Or, c'est lui qui a dans sa poche arrière, au niveau de sa fesse droite, le bip pour ouvrir le portail. Il faudrait que je me contorsionne pour le prendre. Et que je lui touche les fesses sans son accord et pendant qu'il dort, même s'il ne m'en voudrait pas, je n'ai pas envie de le faire.

« Allez Jimin, réveille-toi. Ji-min !

– Mmmh...

– T'es chiant, putain. »

Je débraye l'embrayage et appuie fortement sur la pédale d'accélérateur. Plusieurs fois, faisant ronronner bruyamment le moteur.

Jimin s'est réveillé en sursaut, sortant de son sommeil. C'est pratique d'avoir une voiture de sport qui fait du boucan si on le réclame, ça marche sur Jimin pour le réveiller.

« Qu-Quoi ? » souffle-t-il, les yeux encore arrondis de stupeur pendant qu'il m'observe, perdu. Ses cheveux sont tout débraillés sur sa tête, son cerveau n'est pas encore totalement actif. Son réveil a été brutal, certes, mais je n'avais pas le choix.

« Nous sommes chez nous. Ouvre le portail, c'est toi qui as le bip.

– Putain... tu me réveilles pour ça ? Tu pouvais le prendre... il faut qu'on le mette sur nos clefs de voiture !

– On avait quelque chose de prévu ce soir, non ? Te faire l'amour au réveil, qu'est-ce que ça va être jouissif. Tu es si sensible après avoir dormi, quand tu n'es pas encore sorti du gouffre du sommeil.

– Yoongi... dépêche-toi, j'ai envie. »

Jimin dégaine de sa poche le bip du portail et presse le bouton pour l'ouvrir à de nombreuses reprises, comme si ça allait le faire aller plus vite... l'idée le titille, je crois. Sa main gauche vient agripper ma cuisse, son visage se tourne vers moi. Ses yeux tout juste réveillés brillent déjà d'une flamme d'érotisme, d'excitation, d'attirance violente et envieuse envers moi.

Je me sens déjà durcir, merde.

Je détourne le regard au moment où le portail est entièrement ouvert. Je m'empresse de faire reculer la voiture, car nous nous garons en marche arrière dans notre grand garage pour partir en marche avant lors de la prochaine utilisation de notre véhicule.

Je place la vitesse au point mort, active le frein à main puis coupe le contact.

Jimin bondit hors de la voiture et me court dessus, me plaquant à la portière une fois celle-ci fermée. Ses lèvres fondent sur les miennes, il me dévore la bouche.

À contrecœur, je le force à s'éloigner.

« Ton araignée de con, Jimin. Va la relâcher.

– J'ai envie... !

– Mmmh, et moi aussi. Occupe-toi de la sortir de là. Tiens, dis-je en lui tendant les clefs. Tu fermeras la voiture et le garage : je vais ouvrir la maison pour t'y attendre.

– Salle de bain...

– Je nous fais couler un bain. Dépêche-toi. »

Je l'embrasse une dernière fois avec désir avant de m'éloigner. Qu'il se dépêche de libérer sa foutue araignée, je l'attends.


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Ça faisait longtemps 😅

Bon... il me reste une semaine de stage avant d'être officiellement en vacances donc... je pourrais amplement prendre le temps d'écrire davantage ! (et répondre à mes nombreuses notifications Wattpad en retard 🥲😅)

J'espère que ce chapitre vous a plu, en tout cas !

FlamSeven

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