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Jaebum
Arabica ou Robusta, boisé, délicat, doux, amer, fort, épicé, équilibré, fruité, exotique...
La liste est encore longue. Créateur de saveurs, je vivais pour créer des bouquets d'arômes enchanteurs, pour faire naître les meilleurs cafés qu'il soit. Le café dégage un ensemble de gaz volatils, qui, une fois détecté par votre odorat, constitue son arôme. Le plaisir à la dégustation dépend en grande partie de l'arôme. Mes créations de boissons étaient vivement complimentées : décrites comme extrêmement agréables, qui procurent un plaisir vif et délicat, exquis, succulant, savoureux, enivrant et j'en passe. J'évitais à tout prix le goût âpre qui est une sensation rugueuse en bouche, constituant souvent une critique négative. Ainsi que l'astringence qui est une impression de desséchement dans l'arrière-bouche. C'est une connotation négative démontrant une « mauvaise » acidité ou amertume. J'étais bien évidemment à mille lieux de ces choses détestables. Je suis le meilleur élément de l'établissement dans lequel je travaille.
À dire vrai, au fond, les critiques et les avis des autres, je n'en avais que faire. Il n'y avait que lui et ses papilles qui importaient.
Dans ma vie, aussi banale soit-elle, il y avait cet homme. Un homme qui se pointait tous les jours au café, toujours à la même heure, généralement lorsqu'il n'y avait pas un chat.
Cet homme, donc, m'intriguait. Je l'avais toujours trouvé mystérieux, attirant, possesseur d'un charme fou. Il semblait adorer mon café, et ce simple fait comblait mon cœur de bonheur. C'était pour lui que je m'appliquais le mieux.
Ce dernier arborait un air profondément perdu dans ses pensées, dans la lune, sa petite bulle utopique, dans son monde à lui. Et Dieu qu'il était mignon, à rêvasser sans cesse seul dans son coin.
J'aimais tant la façon dont ses yeux se fermaient lorsque ses lèvres entraient en contact avec la porcelaine froide de la tasse de café. Pendant ces moments-là, je donnerai tout, cœur et âme, pour être à la place de ce petit objet rond immaculé de blanc.
La façon dont la vapeur émanait de sa bouche, d'entre ses deux petits nerfs rosés qui lui faisaient office de lèvres, qu'on mourrait d'envie de capturer pour un baiser. Quelques fois, un peu de mousse restait coincée et accrochée aux coins de sa bouche, c'était la chose la plus adorable qui puisse exister. Ainsi barbouillé, il évoquait un petit garçon maladroit, ayant paradoxalement beaucoup de grâce et de délicatesse.
Hélas, j'ignorais tout de cet intéressant et plaisant inconnu. Son nom, son âge, et tout le béaba, les connaissances élémentaires, m'invoquaient une profonde impéritie, pour mon plus grand malheur. Je convoitais la personne de mes rêves tous les jours, et ce depuis des semaines, des mois... Je tombais un peu plus en amour chaque fois, mais le plus le temps passait, plus j'avais besoin de le connaître. Jamais au grand jamais je n'avais eu l'outrecuidance de l'aborder, moi qui suis d'ordinaire très peu timide et assez sociable. Pour lui, c'était différent, le déranger durant ses moments de quiétude était au-dessus de mes forces.
Mais j'étais éperdument amoureux de ce mystérieux petit être qui illuminait ma vie, et je ne pouvais décidément pas rester de marbre, les bras croisés à rester cramper dans mes positions d'admirateur. C'est décidé, le jour suivant, je tenterais une approche.
Parce que je l'aime du plus profond de mon âme.
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