Si je pouvais dire combien de fois l'ancien propriétaire me manque je devrais fermer boutique haha !
J'ai toujours ressenti ce sentiment unique face à mon rival, ce concurrent honnête, et dévoué.

Son enseigne n'est pas morte mais elle n'est plus la même sans lui.
Ça doit vous paraître d'une banalité, et ça l'est.
Mais je n'en aie pas honte, la banalité est preuve d'honnêteté, il me le disait souvent.

Il gérait une affaire florissante, mais prenait le temps de se boire un café chez son opposé.
Ma petite bâtisse tombante, tenant plus du "Pub" que du café osmanien.
Les jeunes viennent régler leurs affaires, et les vieux amis se retrouvent au comptoir.

L'ironie voulait que le seul ami qu'il retrouvait toujours au comptoir, fût moi.

Je lui accordais toute mon importance, lui faisant découvrir mes créations, rêvant de reconstruction, de projets pour l'atelier et la salle.

Son oreille était toujours aux aguets d'informations utiles, et chaque fois qu'une semblait faire l'effet d'un scintillement, ses yeux éclairaient la salle d'une lueur infantile si pure...

Ça me désole, de me dire qu'il n'est plus ce cinquantenaire qui tient le comptoir du coffee time, qui ne tient plus le coffee time tout court.
Depuis tout ça !

Où que tu sois l'ami sache que ton café restera toujours le meilleur pour moi.
Et comme tu l'aimais ; un café amère pour commencer le mardi...
Bien moins amère que la nostalgie.