Prologue

As-tu déjà fait ce rêve ?

Ce rêve familier où un inconnu te poursuit. Ce rêve terrifiant où tu tentes vainement d'échapper à sa menace.

Tu l'as déjà fait, n'est-ce pas ?

Tu te souviens de l'adrénaline qui court dans tes veines et de ce sentiment atroce de ne plus avancer. Tu te rappelles chaque sensation. Tu n'avances plus et ton agresseur se rapproche toujours plus. Tu sens cette émotion naître en toi jusqu'à devenir bien réelle. Réelle et inéluctable.

Que faire ?

Tu n'en as pas la moindre idée, la peur te muselle et te liquéfie. Les mots résonnent à tes oreilles sans te laisser un seul répit. Le refuge onirique se transforme en piège dans lequel tu disparais en un battement de cil.

Comment en réchapper ?

Les réponses s'évanouissent, les solutions avec elles. Tu n'es plus qu'un amas de cellules indépendantes qui tentent en vain de se tirer de ce bourbier.

Comment lui échapper ?

Tu te caches et peu importe l'endroit, il parvient toujours à te retrouver. Même si tu ne bouges pas. Même si tu fermes les yeux en espérant que cela cesse. Même si tu n'es pas sûr d'exister tout à fait.

Tu t'en souviens ?

Ta respiration erratique va te faire défaut. À moins que cela soit les battements irréguliers de ton cœur. Tout ton corps semble prêt à te trahir et tu n'es plus que sa marionnette. Un pantin sans conscience et régi par la peur.

Tu espères encore t'en sortir ?

Tu es décidément bien naïf d'espérer encore. Mais personne ne t'en voudra. Tes yeux s'ouvrent et tu distingues les traits de ton agresseur. Enfin, tu les devines dans la pénombre bien qu'il soit tout proche. Si proche que son haleine répugnante s'échoue sur ton visage cristallisé par une angoisse sourde.

Je t'ai trouvé !

Son regard planté sur toi ne ment pas et tu sais que tu es perdu. Pourtant, tu t'élances pour t'échapper de son emprise. Tu cours à nouveau. La proie se faufile et tu peines à réaliser quel rôle tu as endossé en t'oubliant dans les méandres des rêves. Ce n'est qu'un jeu. Un jeu dont tu as été déclaré perdant.

Cours, mon petit, cours.

Les bourrasques cruelles mordent ta peau et tous les éléments se déchaînent pour empêcher ta progression. Tes muscles hurlent de protestation, mais tu ne faiblis pas. Il est hors de question de s'arrêter. Il est hors de question de faiblir ne serait-ce qu'un court moment. Ta gorge est un brasier, ton corps se déchire, ta conscience se lacère sous la torture de ta propre tourmente, mais tu ne ralentis pas.

Cours encore !

Tu entends ses pas derrière toi, ils résonnent à tes oreilles et te rappellent la finalité absurde de cette fuite vaine pour te sauver de là. La menace est comme ton ombre, une ombre malsaine, une ombre dégoulinante qui te susurre des menaces au creux de l'oreille. Une menace bien réelle, une menace terrible.

Tu espères encore m'échapper ?

Tu rejettes loin de toi les émotions qui t'assaillent. La peur dévore toute l'humanité qui subsiste dans cette enveloppe charnelle déracinée et tu n'as plus qu'une idée en tête : courir !

Mais oui, cours, puisque tu espères encore !

Le sol irrégulier sous tes pas semble se dérober et tu manques de tomber. Tu trébuches, mais te redresses aussitôt, le cœur au bord des lèvres.

Cours, jamais tu ne m'échapperas !

Tu ne prends même pas la peine de te retourner ou de jeter un coup d'œil derrière ton épaule. Tu sais qu'il est là. Tu sais qu'il est tout proche et qu'il ne tardera pas à te rattraper. Tu peux presque déjà sentir sa main attraper ton bras et mettre fin à ta fuite. Une main qui broiera la chair et anéantira ce que l'espoir peut faire de pire.

Cours tant que tu peux ...

Ton corps s'épuise et même l'adrénaline ne peut plus masquer les déboires de ton organisme. Tes muscles sont en feu et chaque mouvement est un nouveau supplice. La lourdeur de tes pas en témoigne, mais ta lutte prendra bientôt fin. Ta fuite touche à son terme.

Cours, et laisse-moi t'attraper.

Tu sens son souffle fétide tout contre ton cou. Tes derniers efforts désespérés ne servent plus à rien et tu réalises que tu ne lui échapperas pas. Ses pas se calent aux tiens, mais tes foulées sont trop courtes. Te voilà pris au piège, prisonnier d'un rêve qui a cessé de t'appartenir. Pris au piège !

Tu croyais vraiment pouvoir t'enfuir ?

Comme tu avais pu l'imaginer, sa main s'abat sur ton épaule et signe ton arrêt de mort. Tu sais à présent que c'est fini et tu avais secrètement anticipé ce moment. Pourtant, à la seconde où cela se produit, ton cœur rate un battement et une douleur sans nom t'envahit. La souffrance se déchaîne et ton être se ploie dans un cri d'agonie.

Je te tiens !

Tu t'écroules lourdement au sol sans même noter la brutalité de ta chute. À l'instant où tu croises le regard de ton agresseur, un regard sombre aux nuances abyssales, tu sais que tu as définitivement perdu.

Le jeu est terminé, tu as perdu.

Le vainqueur s'apprête à se repaître de sa victime. Tu n'es plus qu'une proie en sursit dans les pattes de l'illustre prédateur.

Tu ne m'échapperas plus.

Un noir d'encre dévore ton champ de vision jusqu'à ce que tu ne puisses plus rien distinguer. La souffrance s'éteint ainsi que la moindre once d'émotion. Tu ne sens plus une seule cellule de ce corps traître et tu serais prêt à parier qu'il n'existe même plus. Tu as juste le temps d'entendre ces dernières paroles avant de sombrer dans le gouffre sans fin du néant :

C'en est fini de toi, Kyo. 


Très court prologue, je l'admets. 

Les parties sont relativement courtes sur ce projet et l'histoire en elle-même l'est également (j'ai rédigé une trentaine de chapitre et pense que boucler d'ici une dizaines parties).

J'espère de tout coeur que ça vous aura plu et je vous dis à très bientôt pour le premier chapitre <3  

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