Julie entendit son réveil sonner et grommela en l'éteignant. Elle se leva, la tête toujours embrumée par son rêve et descendit dans la cuisine. Elle était la première à se lever le matin. Et pour cause ! Une demi-heure plus tard viendraient à leur tour ses parents et ses deux petits frères. Julie n'était pas du genre à éviter sa famille, ça non, mais le matin elle avait juste besoin de calme pour petit-déjeuner et se réveiller à son rythme. Une personne lui adressait la parole alors qu'elle n'avait pas fini son bol de céréales, et sa journée était foutue. Oui, il fallait juste attendre que le brume la libère. Alors, elle se montrait plus souriante, plus ouverte, plus sympathique.

Julie avait 14 ans, un appareil dentaire et une incroyable tignasse blonde et bouclée. Elle se définissait ainsi : adolescente normale avec une particularité capillaire. Rien de plus ni de moins. Elle rechignait comme tous les jeunes de son âge à quitter l'été et son soleil pour rentrer au collège. En particulier cette année, où elle devrait affronter le terrible brevet. L'angoisse. Enfin, pas tant que ça. Elle était bonne élève. N'empêche, elle savait que le stress serait bien présent, terré dans ses pensées, attendant la moindre de ses failles pour surgir !

Mais avant de combattre ce monstre, il fallait d'abord passer l'épreuve de chaque matin : choisir sa tenue. Pour l'adolescente, rien de plus simple : une robe noire au petit décolleté rond et une veste en jean'. Sa tenue favorite, confortable, idéale pour le ciel moutonneux, mais clair, que promettait la journée. Le tout avec des collants noirs. Elle n'avait pas encore le droit de toucher à ses poils, à son grand malheur, et devait donc les cacher. Pour finir, des baskets. Elle se planta devant le miroir qui couvrait sa porte et mit deux petites boucles d'oreilles en or, renonça à coiffer sa chevelure et finit par appliquer du mascara. La tâche s'avéra ardue, le mascara était vieux et sec, mais elle n'avait eu droit à rien d'autre de la part de ses parents. C'était déjà bien ! Une victoire qu'elle avait remportée peu après le smartphone, certes de premier prix, mais bien utile.

Une fois satisfaite du résultat, elle se parfuma et rejoignit sa mère et ses petits frères dans l'entrée. Comme c'était la rentrée, ils étaient bien habillés et leur mère trépignait de joie. Elle les prit en photo, puis ils la suivirent dans la voiture après un rapide baiser auprès de leur père.

Brigitte, sa mère, était une femme de taille moyenne à la chevelure brune parsemée de mèches couleur neige. Elle les accompagnait chaque matin à l'école en voiture, à une dizaine de minutes de la maison, puis partait pour aller travailler. C'était une femme d'affaire. Elle travaillait comme commerciale pour une grande entreprise et ne comptait pas ses heures, au grand dam de sa famille. Dominique, leur père, était technicien informaticien. Il avait des horaires réguliers, ce qui lui permettait de rentrer tôt le soir, d'aider aux devoirs et de faire la cuisine.

Arrivée au collège, accompagnée du classique mais rassurant « Bonne journée, prend soin de toi ! » de sa mère, Julie se faufila entre les collégiens pour retrouver sa bande. Emeric la vit en premier et lui claqua une énorme bise sur la joue. Vint ensuite Célia, sa meilleure amie, qui s'extasia comme à chaque fois sur sa chevelure, Aurore et ses éternels râlements et enfin Inès qui lui adressa un sourire timide derrière ses lunettes de chouette. Ils s'étaient déjà vus quelques jours plus tôt, mais leur présence remplissait l'adolescente d'une joie immense. D'autant plus qu'elle était dans la même classe que Célia et Emeric.

La sonnerie sonna bien trop rapidement. Le préau comptait de nombreuses colonnes et Julie se mit devant celle marquée 3ème 1 à côté de ses deux amis, en attendant leur prof principal. C'est avec un soupir de résignation qu'ils le suivirent en classe, déjà conscients que l'année serait tourmentée.