Au pied du mur /2

Cette histoire me prend de plus en plus de temps à relire... (les chapitres se rallongent sans que je ne le fasse exprès x). Oh et puis les profs s'amusent à nous donner masse de devoirs... et je tombe malade aussi. Bref, désolée pour le retard de ce chapitre x)).
Enfin, malgré tout ça, je suis de plus en plus fière de cette histoire ! (Bon, je reste quand même mitigée sur ce chapitre. Mon style a un peu bugger par moment... je suis ouverte à vos corrections x))
Mais bref, merci à ceux qui sont encore là pour lire. J'ai hâte de vous voir découvrir ces prochains chapitres ! Vos avis me font vraiment chaud au cœur, merci pour tout !

Parenthèse close, ce chapitre promet encore d'être quelque peu sanguinolent. Hum... vous allez avoir le droit à une bonne bataille, quoi ^^'. Alors accrocher vous-bien, et puis bonne lecture !

(Ah, et puis m'en voulez pas trop pour la fin, hein^^'...)

☽☼☾

— Ange...

Sa voix s'est réduite à un murmure, Glaëlle est trop oppressée par l'angoisse pour crier. Son avertissement ne fait pas grand bruit dans le brouhaha ambiant, mais l'intéressé n'en a de toute façon pas besoin pour réagir.

Ange se retourne pour projeter à terre le soldat qui s'approchait derrière-lui d'un violent coup de poing dans la mâchoire. Sans souffler, il se reporte sur ses deux opposants principaux et poursuit ses feintes sans se laisser déconcentrer.

Le redoutable combattant aux cheveux blancs abat les soldats en deux temps trois mouvements. Même seul contre deux, contre trois, Ange arrive à maîtriser ses adversaires sans mal. Il n'a pas besoin de l'aide de Glaëlle.

La jeune fille fronce les sourcils, elle raffermit sa prise sur son arme. Elle a filé dans un coin dès le début de la bataille, ne voulant pas être prise dans la mêlée. Son pistolet lui est plus utile de loin, en terrain dégagé. Quand bien même elle a appris à se battre au combat rapproché, elle reste tout de même meilleure au tir. Mais ce n'est pas pour autant que la bataille l'épargnera, elle le sait bien.

Elle recharge son pistolet, il ne lui reste plus qu'une cartouche après celle-là. L'agitation et le stresse lui font gaspiller la moitié de ses balles. De toute façon, elle n'arrive bientôt plus à faire la différence entre ses amis et ses ennemis dans le tas de combattants agglutinés devant elle.

Les corps s'emmêlent et s'entaillent. Il n'y a pas d'ordre, trop de couleurs. Glaëlle connaît la mort et le sang, elle s'était préparée tant bien que mal à les revoir pour cette dernière fois, ce qui ne l'empêche pas de vouloir fermer les yeux à nouveau. Le revoilà, ce désir impétueux. Celui de se cacher, de se recroqueviller sur elle-même et de s'enfuir le plus loin possible. Cet instinct de survie, cette peur intrinsèque qui ne veut plus la lâcher depuis qu'elle a vu la mort de trop près.

Elle l'avait dit, elle ne voulait plus retourner se battre !

Mais elle peut bien maudire Ange mille fois pour son stupide marché, en l'instant, ce n'est pas ça qui va la protéger. Bientôt, il ne lui restera plus qu'une recharge. Son doigt tremble sur la détente, elle tire dans le vide. Elle panique trop, se reproche-t-elle. Elle doit se calmer.

Elle arrive finalement à sec, obligée de garder sa dernière recharge au cas où. C'est le plus sûr, Ange le lui a répété dix fois quand il lui a confié le pistolet. Il vaut mieux l'écouter, Glaëlle l'a compris avec le temps. Alors elle va devoir se lancer dans la mêlée, elle aussi. Mais elle est entraînée, pas vrai ?

Les soldats de Navinn sont trop nombreux pour foncer dans le tas. À dix contre un, la partie est impossible à gagner. Mais même à l'écart, maintenant qu'elle ne tire plus, Glaëlle voit déjà des soldats affluer vers elle pour l'acculer. Elle est prise en étau, elle ne peut pas fuir. Et comme elle ne peut plus arrêter ses adversaires de loin, elle décide de courir droit sur eux pour les atteindre avec un maximum d'élan.

Elle frappe, elle fend, habitée de cette rage qui lui donne tant de force. Mais malgré tout, elle est bientôt submergée. Les soldats fondent sur elle, ils sont trop nombreux ! Glaëlle laisse échapper un glapissement de panique, brandissant son poignard devant elle pour parer du mieux qu'elle peut les coups toujours plus nombreux.
L'excitation l'abandonne. Ce n'est plus comme au combat avec Ange. Elle n'a aucune chance de gagner, ici, se rend-elle compte. Peu à peu, ses paupières se ferment, sans qu'elle ne leur en donne l'ordre. C'est plus fort qu'elle, elle n'est toujours pas assez brave pour regarder la mort en face.

Elle combat comme elle peut, affaiblie par la peur qui s'insinue toujours plus profondément en elle. Elle ne tiendra plus longtemps, se désole-t-elle.

La rouquine sent alors un courant d'air la frôler. Il lui faut quelques secondes pour relever la tête, et voir Ange aux prises avec les soldats qui l'entouraient.

— Qu'est-ce que tu fais ! râle-t-il tout en parant les coups. Je t'ai appris à te battre, non ? Fais-le, mince !

Il esquisse une pirouette, tailladant chaire et vêtements tout autour de lui. Il est fort, très fort, admire Glaëlle. Ses yeux luisent de concentration, de celle qui habite ceux qui tuent sans hésiter, et si ses cheveux sont maculés de sang —quelle idée de venir se battre avec des cheveux blancs, aussi ?— c'est avant tout celui de ses ennemis.

Mais même les plus forts ne peuvent pas tenir éternellement.

— J'ai promis à Vrane que tu reviendrai... halète le jeune homme en portant son poignard devant ses yeux, prenant un moment pour respirer.

Quatre soldats en profitent pour se ruer sur le Briseur. Ange en pare trois, le dernier parvient à l'atteindre à l'épaule. Son sang gicle, il grogne de douleur. Le champ de vision de Glaëlle se réduit subitement à la tâche sombre qui s'étend progressivement sur le tissu.

La jeune fille tremble d'effroi, des larmes viennent se mêler aux gouttes de sang qui ont atterrit sur ses joues. Ange, lui, s'essuie rageusement le front. Le regard plus sérieux que jamais, il semble sur le point de commettre un massacre.

— T'as pas intérêt à me faire mentir !

Le combattant rejette ses assaillants d'un puissant mouvement d'épaule. Glaëlle ravale sa salive, honteuse, tout en réagissant pour parer un coup à la lisière de son champ de vision. Ange l'écrase ensuite au sol pour remettre sa tornade meurtrière, il égorge deux soldats et en éborgne un troisième dans sa danse.

Une furieuse envie de vomir s'empare de la rouquine quand elle voit la chair tranchée. De dégoût, à la fois du spectacle qui s'offre à elle ainsi que d'elle-même. De sa lâcheté. Avait-elle déjà abandonné ? s'indigne-t-elle. Non, elle doit se battre ! Elle doit survivre ! Révoltée, Glaëlle porte une main à sa bouche pour réprimer un haut-le-cœur. Des gouttes de sueur perlent sur son front, tout en elle a envie de fuir. Elle veut disparaître, elle donnerait tout pour n'être jamais venue ici. Sauf que ses prières ne changeront rien : elle ne partira pas avant d'en avoir fini.

Ange doit s'occuper de lui et de Solal, il ne peut pas rester à la protéger, se maudit-elle. Il n'y a pas de bureau défoncé pour se cacher aujourd'hui, ni de renforts à appeler. Plus rien pour la sauver, alors Glaëlle doit se sauver toute seule. Elle doit se reprendre !

Son poing se serre plus fort autour de son arme, elle se ressaisit. Elle s'affaire à joindre ses efforts à ceux d'Ange, décidant de se donner à fond pour mettre une bonne fois pour toute fin aux combats. L'adrénaline se déversent dans ses veines tandis qu'elle se force à apercevoir une lueur d'espoir.

Les deux Briseurs se débattent, dos contre dos. Glaëlle connaît les points faibles d'Ange et les protège, il en fait de même. Maintenant que la jeune fille s'est décidée, ils forment un duo redoutable. Ils tranchent armures et chair sans aucune pitié, comme on tranche les vapes du sommeil pour sortir des cauchemars.

Glaëlle a déjà goûté au sang, mais c'était surtout au sien. Ça n'avait rien à voir avec les torrents qui éclaboussent désormais son visage. Cette substance est visqueuse et aigre, elle n'a pas le même goût. Ce n'est plus la sienne, c'est celle de ses ennemis. Et cela doit agir comme une drogue, parce que dès que la jeune fille l'avale, elle sent ses membres devenir plus légers. Sa peur la fuit, son sang bouillonne. Ça y est, elle devient enfin l'héroïne qui va sauver le monde ! réalise-t-elle.

Les deux Briseurs finissent par s'échapper et repartent chacun de leur côté. Rassuré pour sa protégée, Ange regagne le cœur de la bataille tandis que Glaëlle tourne sur les cercles externes. Elle s'occupe des soldats en marge, de manière à ne pas prendre trop de risques tout en faisant bon nombre de victimes. L'enseignement d'Ange porte ses fruits, elle ne laisse aucun de ses adversaires sans une profonde signature sur la peau. Et si chaque coups qu'elle reçoit en retour, chaque entaille brûlante et sanglante qui s'imprime dans sa chair, la fracture un peu plus au plus profond d'elle-même, elle garde le rythme.

Pour quelques secondes, même si elle les dirait éternités, elle laisse l'adrénaline la doper. La peur ? Ça viendra après.

☽☼☾

"Reste à distance des combats". C'est l'ordre que Navinn lui a donné et Ammond compte bien lui obéir. À vrai dire, c'est même un soulagement.

Le soldat s'est posté contre un mur, non loin de la porte d'entrée. Sa mission est de ne laisser aucun Briseur parvenir plus loin dans la forteresse. Il observe donc les déplacements de leurs ennemis, attendant d'en voir mourir par moments pour s'offrir quelques satisfactions.

Les rangs s'éclaircissent ça-et-là, les moins forts tombent. Ammond voit ses compagnons se faire égorger, éventrer, sans que ça ne lui fasse rien. Depuis qu'il a été trahi par Claude, il a cessé d'éprouver de la compassion pour les membres de l'armée.

Le soldat voit d'ailleurs ce fameux rouquin se débattre en plein cœur du champ de bataille. C'est un sale type et c'est bien malheureusement qu'Ammond constate qu'il sait se battre. Claude tue des gens —sans doute sans vraiment se soucier de leur camps d'ailleurs— et sème le chaos comme un petit ouragan. Ammond n'aimerait pas être à la place des Briseurs, avec un adversaire pareil.

Mais il doit avouer que certains d'entre eux se défendent bien. Le soldat les observe de loin, haineux. Il voudrait bien qu'ils meurent, eux aussi.

Ammond en voit un aux cheveux blancs, un autre aux cheveux jaunes. Quelles stupides couleurs, se moque-t-il. Mais au moins sont-ils faciles à repérer comme ça.
L'un est posté contre un mur, ses cheveux sont d'un jaune pétant à en faire mal aux yeux. Il tire sans prendre le temps de viser, mais aucune de ses balles ne manque ses adversaires. Il faut le reconnaître, il se débrouille mieux que les autres tireurs de l'armée. Il est si terrible qu'il oblige même Ammond à se baisser pour éviter des balles, malgré les nombreux mètres qui devraient l'en protéger.

Heureusement, les soldats alliés se mettent de plus en plus nombreux pour l'attaquer. À force, l'homme est forcé de lâcher son fusil pour se retrancher sur son arme de poing. Ammond est plus tranquille à partir de ce moment, c'est un danger de moins pour lui. Sauf que le tireur aux cheveux jaunes sait aussi se battre au combat rapprocher.

Dans la nuée, Ammond finit par apercevoir un soldat mourant tendre la main vers le Briseur. L'homme vient de se faire égorger, mais il a réussi à s'approcher assez près pour parvenir à toucher l'ennemi avant de s'effondrer. Ammond n'est pas très loin. De là où il est, il voit bien les bouts de pierre qui ont remplacé les doigts du mourant.

C'est un infecté, comprend-il.

Ammond sourit, habité d'une rage malsaine. Comme prévu, le Briseur blond le remarque trop tard, il n'a pas le temps de s'éloigner que les doigts du soldat s'agrippent déjà à son bras.

Ce contact semble soudain devenir la plus grande priorité de l'ennemi. À la grande surprise d'Ammond, oubliant les combats et tous les autres assaillants qui se ruent sur lui, l'homme saute en arrière et retourne son arme vers lui pour sectionner d'un coup violent son bras infecté.

Le cœur d'Ammond manque un battement. Abasourdi, il ne peut détourner les yeux de l'ennemi qui tombe à genoux et se tord de douleur. La scène est digne d'un film d'horreur. Le membre tranché percute le sol dans une gerbe de sang. Son propriétaire s'en éloigne au plus vite tout en serrant sa plaie béante dans sa main restante, en dégouline une pâte visqueuse d'un rouge aussi sombre que la nuit. Son corps entier tremble, il saigne abondamment. Mais il est encore en vie. Aurait-il même arrêté l'infection à temps ?

Ammond ne saurait pas le dire, il ne saurait pas non plus choisir entre intelligence ou bêtise pour qualifier ce Briseur. Il referme seulement la bouche, impressionné malgré-lui. Sacrifier un bras, se répète-t-il. Ce monde porte vraiment de ces allumés !

Mais son geste importe peu, il est de toute façon condamné. Il est encerclé, il n'a aucune chance de s'en sortir. Du moins serait-ce vrai si le combat ne s'arrêtait pas d'un coup. Pourtant, c'est bien ce qu'il semble arriver.

Partout dans la pièce, les combattants s'arrêtent peu à peu de bouger, comme stoppés dans le temps. Les assauts cessent, les tirs aussi. Ammond a l'impression d'avoir quitté la salle pour une autre dimension. Il se croirait plonger la tête sous l'eau, le bruit s'est tout à fait tu au profit d'un silence confus.

Ammond se retourne vers le centre de la pièce, comme la bonne dizaine de combattants encore debouts. Il cherche à savoir ce qu'il s'est passé. Il regarde là-bas, là où les soldats se sont immobilisés. L'atmosphère y est plus pesante que jamais.

C'est là-bas que les chefs se battaient. Et c'est de là que le dernier coup de feu vient d'être tiré.

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