- Les flammes de ton cœur -


Keigo n'a jamais aimé sortir de Rokiā. Cette cité l'a vu naître et grandir, et il y fait bon vivre. Rares sont les fois où il met un pied dehors, pour ne pas dire jamais. Néanmoins, il aurait dû s'en douter que cela arriverait un jour.

Son oncle étant le guérisseur de Rokiā, il a besoin d'herbe, de plante et d'énormément d'autres ingrédients diverses pour ses potions et pommades. La cité rocheuse offre peu de ressource et à cette époque, le commerce est encore peu florissant. Les marchés sont vides de gibier et d'ingrédient. Le seul moyen pour lui d'obtenir ce dont il a besoin est de quitter Rokiā. En bon apprenti qu'il est, Keigo le suit sans rechigner. Cela fait maintenant quatre ans qu'il apprend le métier de guérisseur. Contrairement à son oncle il n'est pas né avec ce don. Ses parents étant décédés au combat quelques années auparavant, c'est son oncle qui s'est occupé de lui. Le vieil homme est veuf et ne possède aucune descendance. À l'aube de ses soixante ans, le métier ne l'a pas réussi. Il parait plus vieux qu'il ne l'est et son dos commence à courber. Il a perdu ses cornes il y a de cela cinq ans, ces dernières étant tombées d'elles-mêmes. L'émanation des potions, le travail physique que demande les préparations ajoutés à la perte de son compagnon, c'est la compagnie de Keigo qui le garde en vie. Tant que ce dernier est encore rattaché au nid, hors de question pour le vieil homme de partir.

Tout cela pour dire que Keigo est désormais dans les rues de Oranaï aux côtés de son oncle. Les boutiques sont plus diverses et variées, et le marché plus intéressant. Son oncle a trouvé ce dont il a besoin et Keigo a hâte de rentrer. La foule ne le dérange pas car Rokiā également fourmille de vie, mais l'inconnu est sa bête noire. Il n'a jamais vu le volcan de près, ni rencontré de Drākõn de feu. Ici, il y en a partout. Depuis qu'il a atteint sa majorité, son oncle lui a dit qu'il serait bientôt tenté par la compagnie des mâles. Il ne sait pas si c'est à cause de sa timidité ou bien qu'il est différent, mais les autres mâles ne l'intéressent pas plus que ça. Pourtant, il ne manque pas de choix et de courtisan. À Rokiā, beaucoup le regardent de loin pendant que d'autres s'approchent de trop près. Il a constamment repoussé leurs avances, très peu intéressé. Certain sont plus que beaux et d'autres très élégants, mais cela ne change rien pour lui. Il est peut-être trop romantique, trop fleur bleue, mais il veut ressentir cette fameuse étincelle. Sentir les papillons dans le ventre et le feu dans ses reins. Il est niais, c'est un fait, mais il s'en moque. Avant qu'un Drākõn ne soit intéressé par son physique, il veut avant tout qu'ils aient les même goûts, ou du moins, quelques centres d'intérêts communs. Keigo ne demande pas la lune, juste un homme beau et galant.

- Tu as faim ? Demande son oncle en s'arrêtant devant une boulangerie en pleine air.

Keigo aurait voulu hurler que oui car il est connu pour être un vrai glouton, presque un estomac sur patte. Il engloutit des kilos de nourriture sans prendre un gramme et cela lui vaut son lot de jaloux. Ce n'est pas sa faute si son corps élimine vite les graisses. D'ailleurs, c'est un mal pour un bien. Keigo a toujours voulu avoir des muscles, mais il a beau faire tous les efforts du monde, son corps ne change pas. Il déteste l'effort physique mais il s'est donné un mal fou pour obtenir ne serait-ce qu'un petit muscle. Son oncle lui a dit que les muscles c'est bien mais que cela ne va pas à tout le monde. Il n'est pas bête et sait qu'il a hérité du gène porteur de son père. Son corps n'est pas fait pour se battre, mais pour porter la vie. C'est pour cela qu'il est aussi élancé et fin. Par moment, il aurait aimé prendre quelques kilos rien que pour oublier son fichu ventre plat.

Se souvenant que son oncle attend une réponse, il s'approche pour observer l'étalage. C'est traître car tout lui donne envie. Les brioches au sucre, les baguettes au chocolat et même les tartes à l'abricot.

- Je ne sais pas quoi choisir. Dit-il en se penchant plus. Tout me donne envie.

- Je vous conseille la spécialité de Oranaï, la tarte cendrée. La voix rauque fait vibrer son corps de haut en bas. Il en replie ses ailes et pivote tel un automate.

- Enji, quelle bonne surprise. Son oncle fait une accolade au Drākõn imposant. Qu'il est immense. Ils sont minuscules en comparaison avec ce tas de muscles. Je te présente mon neveu, Keigo. Le dit neveu tend sa main qui disparaît complètement dans celle de Enji. Il réprime un gémissement en sentant la chaleur de sa paume l'envahir. Heureusement, personne ne remarque son désarrois et son oncle commence à discuter avec le nouvel arrivant.

Keigo n'est pas curieux, ni voyeur, mais c'est bien la première fois qu'un Drākõn lui fait cet effet. Il ne sait pas si c'est ses yeux bleus profonds, son regard dur ou ses cheveux de feu, mais il lui fait quelque chose. Est-il attiré physiquement ? Il n'y a aucun doute là dessus. Et puis, il y a de quoi se rincer l'œil finalement. Les deux hommes sont tellement captivés par leur discussion qu'ils ne remarquent pas le regard de Keigo. Enji porte une tunique bleu nuit qui moule chaque partie de son corps. Son torse fait deux fois le sien et ses bras deux de ses jambes. Sans parler de sa carrure et sa hauteur. Il est un mâle, un vrai. Des jambes puissantes et une mâchoire carrée. Keigo se doit d'arrêter son observation. C'est déplacé et mal vu, surtout en pleine rue. Mais ses yeux ne quittent pas ces lèvres. Elles bougent, signe qu'il parle, mais Keigo n'écoute rien. Il est hypnotisé par leur forme pleine. Quand elles arrêtent de bouger, il a envie de s'approcher pour lui dérober un baiser.

Seigneur, mais qu'est-ce qu'il imagine ?

- Enji, c'est là que tu te caches. Un Drākõn ressemblant à Enji légèrement plus vieux vient vers eux. Il a les cheveux plus longs, retenus en tresse sur son épaule et une barbe de quelques jours sur ses joues.

- Je vais devoir y aller. Il fait une révérence et tend sa main vers Keigo. Ce dernier s'empresse de la saisir, se jetant presque sur lui. Au plaisir de vous revoir. Le jeune Drākõn laisse pendre sa main dans le vide, comme brûlé par le contact des doigts de Enji sur sa peau et secoue la tête avant de la ramener vers lui. Il le regarde disparaître avant de souffler.

- D'où le connais-tu ? Demande Keigo en dévisageant son oncle.

- Oh, j'ai soigné son père une fois, car le guérisseur de Oranaï était absent. Je suis étonné qu'il se souvienne de moi. C'était tout de même il y a plus de dix ans. Keigo fronce les sourcils, regardant où le duo a disparue.

- Il faut dire qu'en dix ans, tu n'as pas beaucoup changé. Le taquine son neveu.

- Tout le contraire de lui. Il doit bien avoir vingt-quatre ou vingt-cinq ans maintenant. Il a beaucoup changé. Keigo hausse les épaules et regarde l'étalage. Il n'a pas oublié la question de son oncle.

- Que désirez-vous ? Demande le boulanger tout sourire. Keigo hésite, puis fini par se décider.

- Une tarte cendrée, s'il-vous-plaît. Il baisse les yeux, repensant à ce bel inconnu. Le reverra t-il un jour ?

Sa tarte engloutie, Keigo sait qu'il aurait dû en prendre deux. Elle est assaisonnée de différentes épices, mais son goût boisée est la cerise sur le gâteau. Il se lèche même les doigts pour se remémorer le goût. Sucré, salé, son mélange préféré. Il regarde son oncle accroupis près des racines d'arbre et agite des jambes tel un enfant. Il se jette sur ses pieds fière comme un coq et rejoint son oncle, les mains dans le dos.

- Tu as bientôt fini ? C'est quoi ? Cela se mange ?

Le vieil homme se lève, son dos craquant au passage et a un rictus en voyant son neveu gigoter dans tous les sens. Il a l'habitude puisque Keigo est de nature impatient. Il met dans son sac les dernières herbes dont il a besoin, rangeant également sa faucille.

- Ce sont des herbes médicinales, pour la plupart. Les autres sont des aromates.

- Nous avons finis ? On rentre déjà ?

Le vieux Drākõn hausse les sourcils et croise les bras.

- Aurais-tu quelque chose de prévu ? Keigo s'arrête à son tour, détournant les yeux.

- Non, je disais juste cela pour faire la conversation.

Bien évidemment, son oncle n'est pas dupe et reprend la marche en regardant Keigo du coin de l'œil. Il a bien vu la manière dont le plus jeune a regardé Enji et comprend son envie de rester. Cela lui fait légèrement mal à la poitrine de se dire que son jeune Drākõn va bientôt quitter le nid, mais si c'est pour aller dans les bras de cet imposant mâle, aussi galant que beau, il ne dira pas non. Enji a prouvé plus d'une fois à quel point il est un bon parti. Les gardes ouvrent la grande porte, laissant le duo pénétrer dans la cité volcanique, et Keigo suit son oncle, la queue volant dans les airs.

- Nous rentrons maintenant ? Ils s'arrêtent sur la place du marché, la foule effervescente remuant autour d'eux et son oncle regarde dans son sac pour vérifier son contenu.

- Oui, nous n'avons plus rien à faire dans les environs. Keigo est déçu, sans en savoir la cause exacte, mais ne le montre pas, pour ne pas blesser ou inquiéter son oncle.

Ils commencent alors à déambuler dans les rues, profitant une dernière fois des délices de la cité, ne sachant pas quand ils pourront de nouveau venir. Keigo s'offre quelque pâtisserie, dont deux tartes cendrées et plusieurs aux fruits, ainsi qu'un vêtement auprès du couturier de renommé étant installé ici depuis peu. Il a de nombreuses années derrière lui, et malgré ses mains tremblantes, il fait encore de très beau vêtement. Keigo a d'ailleurs jeté son vieux chiffon pour revêtir une tunique blanches, échancrée entre les cuisses et sur son buste. Les bordures sont dorées et le col argenté. Elle ne possède rien de particulier si ce n'est sa qualité et son toucher incroyablement doux.

Le Drākõn, perdu dans le fil de ses pensées, regarde continuellement le sol, se faisant il rencontre une surface dure mais agréable, à la senteur boisé et bestial. Il recule, posant ses mains sur la dite surface et ne peut s'empêcher de tâter la matière avec le bout de ses doigts. Un raclement de gorge le ramène sur terre et il ouvre grand les yeux pour tomber sur un torse imberbe, ainsi que deux pectoraux très tentant. Il avale sa salive de travers, manquant de s'étrangler avec et sent son corps s'embraser. Non pas d'excitation, mais bien de honte. Il rougit furieusement et trouve la meilleure cachette qui soit, c'est-à-dire le corps de son oncle.

- Enji, commence le vieil homme en regardant derrière lui, se retenant de rire, que me vaut ce plaisir ?

Le puissant mâle passe une main dans sa chevelure rouge, passant son regard sur Keigo à plusieurs reprises. Son toucher ne l'a pas laissé indifférent.

- J'ai cru comprendre que vous étiez sur le départ. Le vieil homme hoche la tête, et Enji poursuit. J'aurais aimé m'entretenir avec Keigo, si vous n'y voyez pas d'inconvénient.

Le vieil homme n'est pas étonné par la demande, mais plus par le sérieux de Enji. Il hoche de nouveau la tête, n'étant pas un homme très loquace et s'écarte, dévoilant le timide et tremblant Drākõn blond. Son oncle commence déjà à prendre ses distances, se rapprochant d'un magasin d'obsidienne. Maintenant seul et sans carapace, Keigo se met aussi droit qu'il le peut, dansant d'un pied à l'autre. Il regarde d'abord autour d'eux, puis fait l'erreur de plonger ses prunelles brunes dans celles bleutées de Enji. Il le regarde intensément. Il ne cille à aucun moment, préférant regarder le jeune Drākõn.

- Vous vouliez donc me parler ? Demande Keigo d'une douce voix. Enji s'approche un peu plus, afin de sentir son odeur sucrée.

- J'aurais aimé vous inviter à dîner pour faire connaissance, seulement si le cœur vous en dit.

Le cœur de Keigo s'arrête brièvement, avant de prendre un rythme soutenu et fort. Il pose ses deux mains sur ses joues et sent sa peau brûlante sous ses doigts. Il est étonné qu'un homme tel que lui, aussi beau et robuste, lui propose une telle chose. C'est bel et bien un rendez-vous, et si Keigo accepte, cela veut dire qu'il accepte les avances de Enji. En d'autre terme, en allant dîner en sa compagnie, il va se faire courtiser par un mâle beaucoup trop séduisant et son cœur ne va pas tenir. Néanmoins, il voit bien la légère teinte rose qu'ont prises ses joues, signe que lui aussi semble étonné de son geste. Il doit bien entendu lui donner une réponse, mais se souvient d'une chose.

- Vous voulez bien me laisser quelques minutes ? Je dois prévenir mon oncle.

Enji sort de sa contemplation et hoche vivement la tête.

- Oui, bien sûr. Dit-il avec rapidité. Prenez tout votre temps.

Le blond trouve son oncle devant la vitrine du magasin, l'oreille tendu.

- Un dîner, hum ? Keigo baisse les yeux, les joues toujours chaudes. Ne vient surtout pas me demander la permission, tu as passé l'âge.

- Ce n'est pas ça, mon oncle. Je ne veux simplement pas te laisser seul. Le vieux Drākõn lève sa main pour caresser la joue rouge de gêne et sourit tendrement.

- J'ai eu ton âge, moi aussi. Tout comme tes pères. Tu ne me laisses pas seul pour l'éternité. Va le rejoindre et prend le temps dont tu as besoin. Je rentre à Rokiā et j'attendrai ton retour. Tu es entre de bonnes mains, j'en suis certain. Keigo sourit, en réponse au vieil homme et caresse sa main flétrie.

- Merci. Il embrasse son front et lui fait signe en retournant auprès de Enji qui l'attend gentiment. C'est parfait pour moi, je suis tout à vous. Conscient du double sens de ses mots, il détourne le regard en voyant celui du rouge. Il a aimé les mots du blond.

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Leurs épaules côte à côte, ils marchent le pas léger. Leurs mains se frôlent, un courant électrique les traverse au même moment, les faisant sursauter. Ils se regardent dans les yeux un court instant, tandis que le soleil se couche à l'horizon pour laisser la lune prendre place haut dans le ciel. Les étoiles la suivent et les deux jeunes amants continuent de marcher dans les rues éclairées par les vitrines illuminées. C'est au tour des restaurants et des échoppes d'ouvrir leurs portes pour la nuit qui s'annonce longue. Ils trouvent un restaurant entouré de maison habitée, situé à l'écart du centre ville. Il n'est pas très grand et peu connu, mais Enji a ses petites habitudes. Il y mange depuis toujours et adore le gérant. À peine sont-ils devant l'entrée, la porte franchit, qu'ils sont accueillit en grande pompe.

- Enji, mon garçon, comment vas-tu ? Un Drākõn fort, aux crocs visibles et à la carrure plus qu'imposante, fait son entrée avec un tablier blanc. Il frotte ses mains entres elles avant de serrer la main du rouge.

- Je viens dîner. Le Drākõn noir dépose ses yeux dorés sur Keigo et sourit grandement.

- Avec plaisir ! Allez-vous installer dans la salle, il n'y a pas foule.

En effet, on ne peut pas dire qu'il a énormément de client. Un vieux couple dégustent un pot-au-feu à deux tables d'eux, leur queue liées sous la table. Keigo les regarde un bref instant avant de surprendre Enji, tirant sa chaise pour l'aider à s'installer, tel un gentleman. Il remet une mèche derrière son oreille et sourit timidement. Quand ils sont l'un en face de l'autre, un silence s'installe, mais il n'y a rien de lourd. Malgré l'endroit très familiale, Keigo trouve cet endroit très chaleureux et reposant. Cela ressemble à s'y méprendre aux échoppes de Rokiā, lui donnant une bouffée de nostalgie. Le blond est soudainement plus à l'aise, comme si il était dans son élément. C'est rustique et en bois brut, du sol au plafond, en passant par les meubles.

- L'endroit vous convient ? Enji pose ses mains sur la petite table et Keigo compare leurs membres un instant, se trouvant ridiculement petit comparé à lui.

- C'est très chaleureux, j'aime beaucoup. Enji avance ses doigts, frôlant ceux du blond qui ne recule pas. Cela m'a fait énormément plaisir que vous m'invitiez, même si je ne m'y attendais absolument pas.

- Je dois dire que moi non plus, je ne pensais pas prendre une telle initiative. C'est la première fois que j'invite un homme à dîner dans mon restaurant préféré.

- Je suis sûr que vous dites cela pour me rassurer. Un homme tel que vous doit avoir son lot d'admirateur.

Keigo surprend le rouge avec les joues colorées et comprend qu'il a tapé dans le mil. Il n'est pas surpris car lui aussi a eu droit à son lot de mâle en chaleur.

- Je ne vais pas vous mentir, puisque vous avez entièrement raison. Je consacre énormément de temps à mon apprentissage en tant que futur membre du Grand Conseil, c'est pourquoi je ne m'intéresse pas à ce genre de chose.

Keigo boit ses paroles, aimant surtout son timbre de voix rauque et légèrement fatigué.

- Comme je vous comprend. De mon côté, l'apprentissage de guérisseur demande énormément de connaissance et de savoir faire, alors je ne m'intéresse pas tellement aux autres. Il attrape la main qui était sur le point de s'enfuir et bouge doucement ses doigts. Mais quand je vous ai rencontré tout à l'heure, c'était la première fois que mon cœur s'arrêtait aussi sec. Cela m'a fait peur et pourtant je suis là.

Enji va de nouveau parler quand le chef en personne, l'homme aux crocs protubérants, vient leur apporter deux assiettes de pâte garnis de viande et de sauce aux fromages. Il ne les dérange pas, ne voulant pas s'attirer les foudres de Enji, mais n'hésitera pas à le charrier plus tard.

- Je ne veux pas paraître impoli mais, vous n'avez pas le physique d'un guérisseur. Keigo avale une grande bouchée de pâte, le goût lui restant sur le palais et essuie ses lèvres élégamment avec la serviette.

- Parce que je n'en suis pas un. C'est mon oncle qui a hérité de ce don. Contrairement à mes parents qui avaient rejoins l'armée, j'ai préféré un métier en total opposition. Comme il n'a pas de descendance, si il vient à disparaître, Rokiā risque de perdre un pilier important. Le métier se perd de plus en plus avec les années et j'ai peur qu'un jour, il n'en reste plus. Je sais que je n'aurais jamais son don, mais je veux tout de même aider et soigner les autres.

- C'est une noble cause. Constate Enji en buvant une gorgée de sa choppe remplie de liquide brun. Moi je veille à la sécurité, et vous, vous soignez les plus souffrants. Nous avons des métiers similaires, en sommes.

- Vous avez raison, nous avons plusieurs raisons pour nous entendre. Ils rient avec délice, continuant de discuter et de manger dans la bonne humeur.

Alors que dehors, les êtres commencent à rentrer chez eux, la nuit étant bien avancée, Keigo et Enji discutent encore. Leur plat sont terminés depuis longtemps, tout comme leurs verres, mais ils ont beaucoup trop de chose à se raconter. Des anecdotes, des hontes, des peines de cœurs et même des aveux. S'installe entre eux une bonne humeur et une confiance, où le flirt reste léger et délicat. Ils s'effleurent le bout des doigts, osent un frottement de pied ou encore, un compliment déguisé. Oui, Keigo aime la façon dont cet homme lui parle. Il était déjà fou de ses lèvres avant ce soir, mais après plusieurs heures en sa compagnie, il comprend vite qu'elles le rendent ivre. Une ivresse dans laquelle il se serait plongé avec envie si le temps ne jouait pas contre eux.

- Sortez en premier. L'invite Enji en lui tendant la main pour l'aider à se lever. Je vous rejoins immédiatement.

Docile, Keigo lui obéit, un éternel sourire aux lèvres. Il n'attend pas longtemps car il sent un bras musclé enserrer ses reins pour le plaquer contre un corps bouillant. Il se laisse choir contre lui et ils commencent à remonter les rues jusqu'au centre dépourvu de vie.

- Il se fait très tard. Dit Keigo en faisant une légère grimace. Je ferais mieux de prendre une chambre à l'auberge et partir demain matin, à l'aube.

Enji fait une petite moue quant à la possibilité de ne plus le revoir. Il ne réfléchit pas plus avant d'offrir une proposition hâtive.

- Que diriez-vous de passer la nuit chez moi ? Keigo se raidit un temps, avant de lever la tête pour regarder les prunelles bleues scintillantes. Ce n'est pas ce que vous croyez. S'empresse de répondre le rouge. Je trouve cela plus adéquat que de dormir dans une auberge. Sachez qu'il n'y a là aucun sous-entendue.

Ne voulant pas le laisser dans un moment aussi gênant, Keigo lui répond immédiatement.

- J'accepte alors, de toute manière, je doute qu'il y ait encore de la place à cette heure.

Rougissant tous deux, Keigo suit Enji jusqu'à sa maisonnette. Située sur les bords du volcan, en hauteur, il faut emprunter un escalier en pierre puis une rambarde escarpée. Cela fait longtemps que Enji a prit son indépendance. À peine a-t-il eu dix huit ans qu'il a quitté le nid pour laisser ses parents dans leur intimité. Malgré cela, à vingt quatre ans il est toujours célibataire. Il a eu des partenaires d'une nuit, mais cela n'est jamais allé plus loin, l'un comme l'autre n'ayant jamais eu cette petite étincelle. Tout le contraire de ce soir. Il espère vraiment que Keigo deviendra sien, car il lui plait au delà des yeux. Quand ils pénètrent dans la petite demeure, ils font vite le tour. Ce n'est pas une maison faite pour accueillir une famille, mais elle est parfaite pour un célibataire. Deux chambres, un petit salon adjacent à une cuisine d'appoint et une salle d'eau. Le strict nécessaire.

- J'ai deux chambres, vous avez donc votre propre espace. Il ouvre la porte pour laisser son hôte pénétrer la petite pièce. Un lit, un coussin et une couette douillette avec fenêtre et vue sur toute la ville. Le point positif à vivre dans les hauteurs. En face c'est la salle d'eau et si vous avez besoin de quoi que ce soit, ma chambre est au fond.

Keigo s'assoit sur le lit pour essayer le matelas avec un franc sourire. Il va passer une excellente nuit. Il regarde Enji dans l'encadrement de la porte et est un instant hypnotisé par ses ailes qui remuent dans son dos.

- Merci beaucoup, Enji. Il fait un léger signe de tête en signe de respect.

- Je vous en prie. Il va refermer la porte mais lui adresse une dernière phrase. Bonne nuit, Keigo.

Le plus jeune n'a pas le temps de répondre que le rouge s'est déjà évaporé. Il souffle, le cœur en fête, les joues en feu et tombe en étoile sur le lit, ses ailes de part et d'autre. Il tape des pieds et des mains, se retenant de hurler de joie. Si Enji continue sur cette lancée, il va finir par gagner son cœur, et cela, haut la main. Se reprenant, il retire ses vêtements et ses souliers, puis se glisse dans les couettes, la tête enfoncée dans l'oreiller. Il ne lui faut pas plus de quelques minutes pour tomber de sommeil, la journée l'ayant épuisé.

_____

Le blond est tiré des bras de Morphée par les rayons du soleil caressant sa peau caramel, puis son visage endormi. Il geint, avant d'ouvrir les yeux, n'étant absolument pas du matin. Il lève son buste et se met en position assise. Il frotte son torse puis baille à s'en décrocher la mâchoire. Il est à deux doigts de retourner dormir, ne voulant pas se lever immédiatement, mais sent une odeur fortement alléchante. C'est celle du pain et de la confiture. Il s'en lèche les babines et sort du lit sans même remettre sa tunique. L'appel de la nourriture est trop grand et il a trop faim. Il se dirige vers la porte, se jetant presque sur la poignée. Que ne fut sa surprise de voir un plateau en bois clair l'attendre sur un tabouret en face de sa porte, contenant un petit-déjeuner bien gourmand. Il le saisit, regardant à droite puis à gauche, avant de retourner dans sa chambre, fermant la porte d'un coup de queue. Il s'assoit en tailleur sur le lit et saisit une des trois tartines qui lui fait de l'œil. Elles sont à la confiture de mûre et Keigo adore ça. Il lèche les bords de la tartine pour récolter le liquide coulant, puis croque à pleine dent.

- C'est trop bon. Gémit-il en subissant le meilleur orgasme culinaire de sa vie.

Les trois tartines englouties, il boit le verre de jus de pêche cul sec et mange les raisins blancs en détaillant la petite fleur présente dans le vase. Elle est bien particulière, cela se voit aux premiers coup d'œil. Une cloche de cendre, l'emblème de Oranaï. Cette fleur est d'une rareté absolue. Elle pousse dans le plus haut sommet du volcan, à même la cendre et les roches. L'endroit n'est pas connu pour abriter la vie et pourtant cette espèce parvient à pousser malgré la haute température et l'air pollué par les cendres volcaniques. Au départ, cette espèce est d'une blancheur immaculée, mais les cendres noires l'ont transformées en une sculpture éphémère. Il faut être méticuleux et délicat pour parvenir à la garder en état. À peine a-t-il posé les doigts dessus pour la saisir, qu'elle tombe en lambeau sur le plateau. Il est touché par l'attention car Enji a dû se démener pour la lui trouver.

- Keigo, je peux entrer ?

Le blond sursaute violemment, à deux doigts de tomber du lit. Il saute et enfile sa tunique à la vitesse de la lumière. C'est le temps dont il a besoin avant que Enji ne passe sa tête, ne recevant aucune réponse.

- Merci beaucoup pour le petit-déjeuner, c'était délicieux. Et la fleur, magnifique. Keigo se lève, et offre un délicat baiser sur la joue du rouge, en tirant sur son bras pour qu'il soit à sa hauteur. Prit au dépourvu, Enji ne peut que rougir et regarder ailleurs.

- Et bien c'est normal, vous êtes mon hôte après-tout. Keigo le suit jusqu'à la cuisine, et le regarde faire la vaisselle. Avez-vous bien dormis ?

- Très bien, c'est comme si j'avais dormis dans un cocon. Il croise les bras et utilise la table à manger comme appuie. Vous êtes levé depuis longtemps ?

Enji essuie ses mains avec un torchon et prend la même position que le blond, le dos contre l'évier.

- Je me lève toujours à l'aube, c'est rare pour moi de dormir plus de sept heure d'affilée. Je trouve souvent de quoi m'occuper.

- Je vois ça. Dit Keigo en jouant de ses sourcils, déstabilisant Enji. Il lève les yeux vers l'horloge et fait une grimace en voyant qu'il est bientôt onze heure. Je pense que je devrais me mettre en route.

Enji sort de son embarras pour s'approcher de Keigo en deux pas. La cuisine n'est pas très grande.

- Maintenant ? Enji semble être dans tout ses états et le voir ainsi retourne le cœur du plus jeune.

- Et bien, je pense, oui. Mon oncle m'attend toujours et... Il s'arrête dans sa phrase quand une paire de lèvre charnue s'abat sur sa bouche. Il est d'abord surpris, ne s'y attendant absolument pas. Ses idées claires et ses bonnes résolutions partent en fumée quand le plus vieux bouge ses lèvres, attrapant les fines épaules de ses doigts. Keigo s'abandonne complètement, son corps seulement tenu par Enji. Il se sent couler davantage contre le torse puissant et pose ses mains pour la deuxième fois sur les pectoraux. Il gémit et son action ravie Enji qui approfondie le baiser. Il passe sa langue épaisse sur les fines lèvres qui s'ouvrent sans aucune résistance, accueillant le muscle tiède. Leur langue se mêlent et se nouent dans un bruit de succion. Pour un premier baiser, Keigo n'aurait pas espéré mieux. Il commence à bouger ses mains pour ne pas rester inactif et tripote sans aucune honte ce torse puissant qui lui fait de l'œil. Les paupières closes, le souffle court, ils s'embrassent comme deux âmes perdue dans les limbes, insouciant du temps. Les mains au creux de ses reins, son front contre le sien, Enji se noie dans son regard brun. Leurs prunelles s'accrochent et leur bouche se retrouvent une seconde fois. Enji soulève Keigo par les cuisses, ce dernier ayant un hoquet de surprise et le dépose sur la table. Il s'immisce entre ses jambes, plaquant son bassin contre le sien, leur bâton de chaire se frottant à travers le tissu.

Tous deux en ont envie et c'est bel et bien la première fois qu'ils ressentent un tel besoin, une telle ivresse. Mais c'est beaucoup trop tôt et trop brouillon. Ils s'éloignent avec difficulté, voulant s'embrasser à n'en plus pouvoir. Leurs lèvres sont rouges sang et leurs yeux larmoyants.

- Que dirais-tu de venir avec moi aux sources chaudes ? Demande Enji en reprenant son souffle, alignant ses idées et rassemblant le peu de savoir vivre qui lui reste.

- Ce serait avec plaisir, Enji. Keigo se remet sur ses pieds, ajustant sa tunique qui a glissé à diverse endroit. Il a l'impression de sentir une nouvelle fois les doigts du rouge en passant ses propres mains sur sa peau.

Ils se regardent un instant et le temps flotte autour d'eux. Ils reprennent leur esprit et Keigo suit Enji jusqu'à l'extérieur. Il le suit comme il le faisait hier, comme si le baiser échangé n'avait rien changé. C'est ce qu'il pense jusqu'à ce qu'une main chaude se glisse dans le sienne pour entrelacer ses doigts. Une bouffée de chaleur le prend et ils marchent ainsi jusqu'aux sources. L'entrée se trouve au pied du volcan, très près du château royal. Il n'y a pas foule et ils se dirigent vers un coin privé, à l'écart des sources publiques. Keigo aime beaucoup le cadre bucolique. Des bambous, des bonsaïs et énormément de végétation sauvage. Il regarde tellement autour de lui qu'il ne voit pas Enji se dévêtir complètement, déposant ses affaires sur un rocher à proximité. C'est quand il se retourne qu'il vire au rouge complet. Avec tout le naturel dont il est capable, le rouge entre dans l'eau bouillante, repliant ses ailes et faisant bouger sa queue au rythme des battements de son cœur. Keigo ne loupe aucune miette. Ses trapèzes en mouvement, ses omoplates excellemment bien dessinées, la chute de ses reins. Et mon dieu, quel fessier. Il est une armoire de muscle. Il n'a qu'une envie, passer encore et encore ses mains sur ce corps.

Quand Eiji s'assoit dans l'eau, posant son dos contre un rocher, Keigo comprend que c'est à son tour. Il sent les yeux bleus le transpercer, à tel point qu'il ne peut s'empêcher de rougir fortement, jusqu'à la pointe de ses oreilles. Quand il est entièrement nu, il met ses mains sur son sexe pour le dissimuler et s'avance vers l'eau. Il trempe son orteil pour prendre la température. Sentant le vent frais passer sur sa peau bronzée il ne se fait pas prier et entre d'une traite dans l'eau chaude. Il se rapproche de Enji qui n'a pas bougé d'un iota. Il a posé ses bras sur la roche et détaille Keigo. Ses cheveux blonds en bataille lui donne un air sauvage, tout comme ses yeux bruns, légèrement fendus. Il a un corps élancé et finement musclé. Ses ailes rouges, ses cornes courtes et sa queue folle, il aime ses attributs. Il est d'une beauté époustouflante, à tel point que Enji perd les mots pour le décrire. Il veut le prendre dans ses bras et l'embrasser à jamais. Montrer à son corps combien il le désire. Il ne veut aucunement le voir dans les bras d'un autre. Keigo est fait pour lui.

Quand le blond est près de lui, leurs épaules nues se frôlant, il doit se faire violence pour ne pas le plaquer contre le rocher pour lui faire l'amour.

- Tu viens souvent ? Demande Keigo pour briser le silence, ressentant sans mal la tension sexuelle dans l'air. Elle ne les a pas quitté depuis la maisonnée, rendant l'atmosphère encore plus écrasante. Keigo commence déjà à suer à grosse goutte.

- Très, au moins une fois par semaine. J'aime venir ici pour me vider l'esprit. Enji baisse les yeux et passe avec douceur son bras sur les épaules du blond, glissant ses doigts sur sa chaire. Il le sent se tendre, puis se laisser choir contre lui, collant leurs corps moite. Enji sourit sous cape, et Keigo pose sa main sur la cuisse musclée, dissimulée sous l'eau. Tu as les mains bien indiscrètes. Enji a murmuré ces mots dans le creux de son cou, faisant se lever ses poils. Keigo frissonne, et laisse Enji se placer derrière lui, l'utilisant comme coussin. Il se retrouve donc sur ses genoux et sent très bien son érection turgescente reposer dans le bas de son dos. Il sent à quel point il est excité et lourd. Cette position t'incommode ? Pour tout réponse, il pose sa tête contre son torse et sent une nouvelle bouffée d'air brûlante monter en lui.

- Au contraire, elle est parfaite.

Malgré leur excitation grandissante et leur verge douloureuse, ils continuent de se câliner, refoulant leur instinct primaire. Les mains de Enji glissent sur les hanches du blond, faisant remuer l'eau qui caresse le torse de Keigo. Il gémit, couinant presque quand Enji attrape son menton pour pivoter son visage et l'embrasser. Ils mélangent leur souffle, et très vite, la chaleur est le cadet de leur soucis. Prit de frénésie, Keigo se retourne complètement, grimpant sur les genoux de Enji, ses mains jouant avec ses cheveux de feu. Il tire dessus, l'obligeant à lâcher sa bouche, et embrasse sa jugulaire offerte, le dominant entièrement. Cette initiative ravis Enji qui se laisse faire. Leur sexe s'entrechoquent, et ils gémissent de concert. Commence un ballet de langue, ainsi qu'une danse sensuelle. Ils se frottent l'un à l'autre, guidés par leurs envies. Enji attrape les hanches de Keigo avec force, et le plaque contre le rocher, le surplombant de toute sa hauteur. Il prend d'assaut ses lèvres, et le touche plus franchement, empoignant sa verge. Ce simple toucher les emporte loin, alors qu'il joint sa propre verge dans son poing serré. Ils ne tiennent pas longtemps, maculant leur peau d'une épaisse couche de semence. Ils se bécotent de longues minutes, reprenant leur souffle. Keigo se met soudainement à rire doucement, laissant Enji perplexe. Le plus vieux caresse sa joue délicatement, tandis que leur queue s'enroulent ensemble.

- Tu es si beau. Chuchote le rouge dans l'oreille du blond, léchant son lobe.

- Me laisserais-tu rester encore quelques jours ? Demande le blond, les joues roses.

- Tu peux rester aussi longtemps que tu le souhaites. Toute l'éternité si le cœur t'en dit.

Ils sourient, le cœur tambourinant, leur bouche l'une contre l'autre.

C'est ainsi que le guérisseur de Rokiā et le jeune membre du Grand Conseil se rencontrèrent pour la première fois. Ils mirent plus d'une année avant de s'unir devant les dieux, mais seulement quelques jours leur suffirent pour s'aimer. Leur cœur s'étaient liés au premier regard, et ils ne s'étaient plus jamais quitté depuis. L'année qui suivit, l'oncle de Keigo mourut, et l'année d'après, se fut les parents de Enji, pendant une bataille au Nord. Ils décidèrent ensemble de partir vivre à Rokiā, pour fonder leur propre famille. Keigo tomba enceint assez rapidement de son tout premier enfant, qu'ils nommèrent Toya, en hommage à son oncle. Vint ensuite Natsuo, qui porta le nom du père porteur de Enji, puis le petit dernier, Shoto. Ils vécurent un bon nombre d'événement, qu'ils soient heureux ou non, mais à aucun moment l'amour qu'ils se portaient ne changea. Ils s'aimaient d'un amour simple et pur. Ils avaient leurs secrets, leurs peurs et leurs doutes, comme beaucoup et pourtant, ils étaient toujours ensemble après tant d'années. Ils s'étaient trouvés, pour ne plus jamais se lâcher. Ils s'étaient souvent disputés pour des futilités, mais ils finissaient toujours par se réconcilier sur l'oreiller, comme un vieux couple.

Ils avaient encore de belles années devant eux, et avaient hâte de voir leurs enfants quitter le nid, malgré l'amour qu'ils leur portaient. Enji ne le montrait jamais, mais il aimait ses fils d'un amour inconditionnel. Ils étaient tout pour lui, même si il n'avait pas toujours était le père idéal. Keigo le savait bien, car il connaissait son mari. Peu importe la force de ses mots, et la virulence de ses paroles. Si un jour l'un de ses petits venaient à souffrir, il serait le premier à être présent. La première fois où il pleura, ne fut pas lors de l'enterrement de ses parents, mais bien quand Keigo lui annonça qu'il était enceint. Il pleura en vérité quatre fois dans sa vie. Quand Keigo lui annonça les trois grossesses, mais aussi quand il apprit que son fils Toya, s'était brûlé lui-même. Jamais il ne pourrait oublier les cris de douleur, et effacer de sa mémoire le visage de son enfant en pleure. Il avait beau avoir grandit, il savait qu'au fond, dans le cœur saignant de son fils, vivait un petit enfant apeuré par la vie, attendant un amour sincère.

Il s'était juré qu'un jour, avant son dernier souffle, il dirait à ses fils combien il les aime. Parce que oui, Enji Todoroki aimait ses fils, et Keigo était le seul être au monde à le savoir.

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Vous l'attendiez celui-là ou pas ? Personnellement, je le trouve assez bien, et il se déroule comme je le voulais ^^

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