Chapitre 32 : La famille s'agrandit
Nous sommes tous inquiets et moi le premier. Obligés d'attendre dehors, seul Oboro est autorisé à rester auprès de Yagi alors que je me ronge les sangs.
- Ce n'est pas bon pour toi. Katsuki attrape ma main pour m'empêcher de m'arracher un ongle. Le stress n'est pas bon pour eux. Il prend place à mes côtés, Eijiro à moitié endormis sur mon épaule.
Je baisse les yeux sur mon ventre, le caressant d'une main distraite. Deux heures que nous sommes arrivés à Aquariã et une heure que Yagi est en plein travail. J'ai peur pour lui, énormément. Tout s'est bien passé jusqu'à aujourd'hui, mais l'accouchement est le moment le plus dangereux pour lui et le bébé. Je ne peux rien entendre et par conséquent je suis dans le flou. Cela fait maintenant neuf mois que je suis à Oranaï, auprès de mes compagnons et j'ai hâte de fêter nos un an ensemble. Énormément de choses se sont passés depuis, que ce soit pour moi ou mon entourage. Lindel a commencé à vivre à Yulïna et selon certaine rumeur, il s'est même trouvé un compagnon. Yuga a été très déçu que son frère trouve quelqu'un avant lui, même si ce dernier ne compte pas chercher un remplaçant à son amour de jeunesse. Plusieurs membres du Grand Conseil ont prit congés, s'éparpillant à travers les terres. Ren et Alioth ont officialisés leur relation trois mois à peine après mon mariage, poussés par Lindel en personne. Enji a rejoint sa famille à Rokiā et nous n'avons toujours aucune nouvelle de Toya, au plus grand désarrois de Keigo. Même Shota s'est trouvé un compagnon, un humain barde venant de Drakna, son nom m'ayant échappé, mais il a une voix pouvant porter très loin. Au final, tout va pour le mieux et la seule ombre restante est l'accouchement de mon oncle.
Bercé par les bras de Katsuki et par les mouvements de doigts de Eijiro sur ma cuisse, je peux m'endormir sur le tronc d'arbre alors que ce n'est ni l'endroit, ni le moment.
- Vous pensez que cela va durer longtemps ? Je demande en frottant mes yeux, la fatigue me submergeant.
- Je ne pense pas. Souffle Eijiro en frottant son nez contre ma nuque. Les contractions ont commencés et d'après Orenji, le plus long c'est la dilatation du col. Je fais une moue dégoûté, ne voulant pas apprendre ce genre de chose.
- Pourrais-tu éviter de parler de ce type de détail en notre présence ? Demande Katsuki en posant sa main sur mes yeux. Ce n'est pas le moment de le rendre nauséeux. Je retire sa main et souris vers lui pour le remercier.
- Oh, cela remue à l'intérieur. Eijiro nous ignore, se levant à la sortie de Orenji. Le guérisseur essuie ses mains à l'aide d'un linge, un sourire immense sur ses lèvres.
- Tout s'est très bien passé. Dit-il à mon intention. Quelques complications en cours de route mais il va mieux. Le bébé et lui vont bien. Je me lève et lui fais une courte révérence avant de pénétrer dans la maison, Katsuki et Eijiro derrière moi.
Quand je pousse la porte de la chambre, je plaque une main sur ma bouche devant le magnifique spectacle qui s'offre à moi. Oboro est assis au bord du lit, l'une de ses ailes entourant mon oncle, alors que ce dernier tient dans ses bras un minuscule petit être rose. L'émotion me submerge tant l'atmosphère dans la pièce est inondée de sentiment fort et pure.
- Izuku, mon garçon. Yagi tend sa main vers moi et je m'empresse de le rejoindre, contournant le lit. Je m'assois sur un vieux tabouret et ne peux m'empêcher de regarder ce petit boue endormis. Tu veux le prendre ? Me demande t-il, son visage tiré par la fatigue.
Je m'apprête à refuser, ne voulant pas blesser cet être si fragile, mais Oboro me coupe l'herbe sous le pied en me déposant le bébé dans les bras. Je le cale le mieux possible, ajustant sa tête dans mon coude. Eijiro et Katsuki s'abaissent pour le regarder eux aussi, leurs yeux témoignant une émotion grandissante. Je caresse la joue joufflue et il agite ses petits poings en l'air. Mon action l'a réveillé et ses yeux rouges accrochent mes pupilles émeraudes.
- Tu lui as trouvé un prénom ? Je demande sans quitter sa bouille des yeux.
- Oboro et moi avons réfléchis longtemps avant de nous décider mais nous avons pensés à Tenko. Je les regarde un instant et acquiesce.
- C'est un très joli prénom. Complimente Katsuki en caressant mon épaule.
- En tout cas, il a tes cheveux Oboro. Taquine Eijiro en touchant du bout des doigts une petite touffe noir dépassant sur le sommet de son crâne.
- Mais je ne vois pas d'attribut de Drākõn sur lui. Dis-je en décalant le linge doré pour mieux voir son visage. Il n'a pas de petites ailes et encore moins le début d'une queue. La seule caractéristique qu'il possède de Oboro est de légère écaille noir sur le haut de ses épaules et son front.
- Selon Orenji c'est dû à son métissage. Répond Oboro en cajolant les cheveux de Yagi. Il est le premier à naître avec un sang comme le sien.
- Mais dis moi, commence Yagi en ajustant son oreiller, comment se portent les jumeaux de ton côté ? Je rougis sans savoir pourquoi, baissant les yeux sur le petit Tenko qui sourit continuellement.
Moi même j'ai encore des difficultés à assimiler cette information et même après cinq mois de grossesse, je regarde mon ventre chaque jour pour me prouver que je ne suis pas en plein rêve. Savoir que je suis enceint a été une bénédiction mais apprendre que j'attendais des jumeaux allait au delà de toute espérance. Nous ne savons pas si ils vont hériter de nous trois ou seulement de moi et de l'un de mes compagnons, mais nous les aimons déjà énormément, peu importe de qui ils tiendront. Bien sûr, au début je pouvais faire ce que bon me semble, mais plus les mois s'écoulent, plus Katsuki et Eijiro deviennent attentionnés avec moi, me couvant plus qu'à l'accoutumé. Au départ, c'était étouffant mais maintenant je prend goût à cette attention. Mon ventre commence à prendre du volume et avec la grossesse s'ajoute diverse désagrément. Étant de nature fluette mon corps prend rapidement du poids quand je me met à manger pour trois. Quelques vergetures ont fait leur apparition sur mon ventre et j'ai pris quelques kilos visibles sur les hanches, mais je m'apprécie cent fois mieux sous cet aspect. Je suis heureux et bien dans mon corps malgré les affreuses sautes d'humeurs.
- Ils se portent bien, ils commencent même à remuer.
- À seulement cinq mois ? Demande mon oncle. C'est assez précoce.
- C'est surtout qu'ils grandissent plus vite et manquent de place. Répond Eijiro. Izuku ne pourra pas les garder à terme. D'après Sorahiko, son ventre est trop étroit mais comme ils se développent plus vite, à sept mois ils auront l'apparence de bébés de neuf mois.
- Et bien, tu t'es renseigné jusqu'à la dernière virgule. Dit Oboro en se mettant derrière Yagi pour lui servir d'oreiller.
- Tu sais, Katsuki ne le montre pas mais il est tout aussi gaga que moi. Il est même encore pire. Il se prend une tape sur le derrière du crâne en guise d'avertissement. Ne sois pas timide, cela te donne des airs mignons. Dit-il en frottant sa nuque.
Nous sourions devant la scène alors que Tenko se met à remuer. Je le rends donc à Yagi qui s'empresse de le mettre contre son torse nu, remettant le drap sur ses reins.
- Nous allons devoir rester collé l'un à l'autre pendant quelques mois jusqu'à ce que notre lien se solidifie. Yagi le berce tendrement, ses yeux brillant. Tu connaîtras cela toi aussi, mais deux fois. Je caresse mon ventre tout en regardant mon oncle embrasser Oboro.
- Je suis tellement impatient, j'ai souvent du mal à tenir en place. Yagi rigole, hochant la tête.
- J'étais dans le même état d'esprit et ce sera pire quand l'accouchement sera proche. Je souris, et il poursuit, sans filtre. Sans parler de la libido débordante, j'étais intenable. Oboro s'étrangle avec sa propre salive, mes compagnons ricanant dans mon dos. Ne sois pas gêné, je suis sûr qu'il subit déjà le contrecoup.
Je détourne le regard, trouvant très intéressante la vue par la fenêtre, mes joues commençant à devenir brûlantes.
- Je ne peux vous contredire, il a effectivement une libido vertigineuse. Susurre Katsuki en glissant ses doigts dans ma nuque.
- Et il faut savoir être inventif avec un ventre aussi rebondis. Poursuit Eijiro en s'asseyant sur l'autre tabouret. Heureusement, nous avons beaucoup de pratique derrière nous.
Je me racle la gorge, gêné au possible.
- Pouvons-nous arrêter de parler de ma vie sexuelle devant mon oncle ? Je vous en serais reconnaissant.
Tous se moquent de moi et j'enfonce ma tête dans mes épaules, souhaitant devenir tout petit.
- Le soleil commence à se coucher. Dit Oboro, me sauvant de ce moment. Vous allez passer la nuit ici ?
- Oui, Izuku doit limiter ses déplacements. Nous n'allons pas vous déranger, nous avons trouvés une chambre à l'auberge. Répond Katsuki en m'aidant à me lever, mes jambes devenues lourdes.
Nous nous souhaitons bonne nuit et mes compagnons m'escortent jusqu'à la place du village, là où l'auberge se trouve. Nous avons pris la chambre au rez-de-chaussée pour m'éviter les escaliers car s'est devenu une torture pour moi. Je ne perds pas de temps prenant le lit en otage, m'étalant de tout mon long sur les draps bleus. Mes compagnons se dévêtissent et me rejoignent, me plaçant dans leurs bras puissants. Ils déposent leurs mains sur mon ventre rebondit et je sens les jumeaux remuer, sentant la présence de leurs pères.
- Je me demande ce qu'ils auront de moi. Dis-je en fermant les yeux, rêveur.
- Ils auront ta candeur et ta gentillesse. Dit Katsuki en embrassant ma tempe. Ta bonté et ton altruisme.
- Tes boucles et tes grands yeux pleins de rêves. Murmure Eijiro contre mon épaule.
- J'espère qu'ils auront au moins votre force et votre physique, avec une touche de moi. Ils resserrent leur étreinte et la chaleur émanant de leurs corps m'inonde de bien être.
- Peu importe de qui ils tiennent, ils seront nos enfants. Nous les aimerons quoi qu'il arrive. Me rassure Katsuki.
- Et de toute manière, même si ils ne nous ressemblent pas, ils seront parfaits. Eijiro embrasse mes lèvres et je sens mes reins réagir. Je suis devenu tellement plus sensible qu'avant qu'un simple effleurement de leur part embrase ma peau.
Au fond, je sais qu'ils ont raison. Peu importe de qui ils tiennent, ils seront le fruit de notre amour et j'ai si hâte de les tenir entre mes bras. Je leur parle souvent car je sais qu'ils m'entendent. Le lien s'établit déjà entre nous alors qu'ils ne sont pas encore nés, ce qui veut dire qu'il sera plus puissant à leur venu au monde. Je sais qu'ils grandiront entourés d'amour et il n'en faut pas plus pour qu'ils soient comblés.
Je vais enfin avoir ma famille, ma famille rien qu'à moi. Je vais accomplir mon plus grand rêve et c'est ma fin heureuse. Le temps va s'écouler, les années vont défiler et mon impatience commence déjà à pointer le bout de son nez.
Une nouvelle fois, je m'endors le cœur en joie, le corps au chaud, comme depuis neuf mois déjà.
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