Chapitre 21 : La cité rocheuse
Fraîchement lavé et habillé, je suis vissé sur un tabouret devant la fenêtre. Je regarde dehors les yeux émerveillés alors que le marché vient d'ouvrir. Les grandes portes ont laissées entrer plusieurs Drākõn de tout le pays, et le marché est coloré et bruyant. C'est une aubaine d'être juste au dessus car je peux profiter de l'événement avant même d'y être. Le vacarme et les rires ne me dérangent pas, bien au contraire, j'ai encore plus envie de m'y rendre. Le marché de Oranaï et celui de Rokiā n'ont rien en communs. Les stands vendent des produits différents en fonction des besoins des Drākõn. Je souris en voyant un enfant gambader avec ses parents. J'en ai marre d'attendre, je veux explorer Rokiā de fond en comble.
- Tu sembles aussi impatient qu'un enfant. Murmure Eijiro en s'approchant de moi. Je lui offre un petit sourire timide, prit sur le fait, alors qu'il caresse mes cheveux. Je me laisse faire, appréciant la façon dont ses doigts se mêlent entre mes mèches. Katsuki est bientôt prêt. Je hoche la tête en guise de réponse tandis qu'il s'approche du lit pour mettre sa veste. Je regarde les muscles de son dos bouger, me délectant du spectacle qu'il m'offre.
Nous avons passer deux jours ensembles à nous câliner et nous offrir des baisers enflammés dans le lit. Cette bulle que nous créons, cette atmosphère de bien-être que nous partageons me rend si bien. J'en aurais une nouvelle fois les larmes aux yeux tellement leur amour est devenu comme une drogue pour moi. Une drogue dont je ne peux plus me passer. Je dois bien avouer que passer deux jours à procrastiné n'est pas la meilleure solution pour découvrir une ville mais nous allons remédier à ça aujourd'hui même. Après une matinée bien humide, ils m'ont suggérés de passer l'après-midi avec eux à découvrir la citée rocheuse. Je suis tellement impatient que cela se lit sur mon visage, j'en suis certain. Eijiro ricane en me regardant alors je continue de regarder dehors, ne tenant plus.
Katsuki choisi ce moment pour enfin sortir de la salle d'eau, frais et pimpant. Je le dévisage un moment, le trouvant toujours aussi beau. Il hausse un sourcil puis vient vers moi pour m'offrir un tendre baiser sur les lèvres. Je soupire d'aise alors qu'il lèche ma lèvre, gourmand. Je la mordille en guise d'avertissement ce qui le fait arrêter immédiatement.
- Tu es d'humeur taquine on dirait. Je lève ma main et caresse sa joue alors qu'il reprend. Ce n'est pas pour me déplaire. Mais avant qu'il n'ai le temps de me ravir d'un baiser, Eijiro s'interpose entre nous en se penchant.
- L'idée de salir les draps ne me dérange pas plus que de raison néanmoins, si tu souhaites découvrir Rokiā, c'est maintenant ou jamais. Il dépose ses lèvres sur mon front et donne un rapide baiser à Katsuki avant de partir en ricanant. Je me lève de mon tabouret et après avoir mis mes chaussures, je reste planté devant la porte à les attendre.
- Dépêchez vous. Dis-je en dansant d'un pied à l'autre.
Ils me regardent en riant avant de me rejoindre.
C'est dans cette ambiance de rire et de léger coup d'épaule que nous pénétrons dans le marché situé au pied de l'auberge. Je suis immédiatement frappé de plein fouet par toutes les senteurs qui se dégagent des stands et des étalages. J'ai envie de tout voir et de tout goûter. Ce dépaysement me fait le plus grand bien. C'est la première fois que je met les pieds dans une montagne habitée et je sais d'avance qu'elle regorge de trésor. Mes compagnons viennent à mes côtés et tout comme moi, ils regardent autour de nous.
- Cela fait longtemps que je n'étais pas venu ici. Souffle Katsuki en déposant ses yeux sur moi.
- Vous ne vous déplacez pas souvent, n'est-ce-pas ?
- Le moins possible. Dit-il en secouant la tête. Les déplacements doivent avoir un intérêt politique, ou important. Avoir envie de prendre des vacances ne fait pas partie des urgences. Je souris tristement avant de poser ma main sur son bras, et de faire la même chose avec Eijiro. Je les regarde tour à tour avant de hocher la tête.
- C'est décidé alors, profitons du temps qui nous est offert pour faire tout ce dont vous voulez. Puisque vous ne pouvez pas profiter de la vie, je vais vous y obliger. Je brandis mon poing, plutôt fière de moi. Néanmoins, je fronce les sourcils et rougit quand leurs rires me parviennent aux oreilles. Pourquoi vous moquez vous ? Je demande d'une petite voix.
Eijiro efface une larme invisible avant de se baisser pour déposer un baiser sur mon front.
- Ce n'est pas de la moquerie. Cela nous fait seulement très plaisir de t'entendre dire ces mots. Un sourire éclatant est peint sur son visage alors que son bras entoure mes reins.
- Il est vrai que si c'est toi qui l'exige, nous sommes obligés d'obéir. Résonne la voix de Katsuki près de nous. Par où voudrais-tu commencer la visite ?
Je fais mine de réfléchir en déposant mon doigt sur mes lèvres. Je ne connais pas assez bien Rokiā pour savoir où aller et quel endroit est le mieux à visiter. À vrai dire, je préférerais les laisser me guider mais je voudrais bien commencer par la visite du marché. Nous sommes déjà les pieds dedans et je suis certain qu'il y a beaucoup à découvrir.
- Pourquoi ne pas commencer par le marché ? Je lève ma tête pour les regarder dans les yeux tandis qu'ils s'échangent un regard.
- C'est une bonne idée. Me répond Eijiro tout sourire. Il y a plusieurs échoppes qui vendent des vêtements très intéressants. Il m'offre un clin d'œil qui me fait rougir malgré moi.
- Les stands de nourritures sont également très prisés. Tu pourras y trouver des denrées que tu ne connais pas et découvrir la signification d'aphrodisiaque. Complète Katsuki en caressant ma hanche.
Je fais la moue en comprenant le double sens de leurs paroles. Des vêtements affriolants et de quoi me clouer au lit avec eux pendant des jours. Ils sont vraiment pas possible. Nous commençons donc par entrer enfin dans le marché, déambulant entre le monde et les marchands. La joie de vivre est présente partout, et tout le monde a le sourire aux lèvres, et le rire facile. J'aperçois plusieurs étalages qui me donnent envie, mais malheureusement je n'ai rien sur moi. Quand je m'approche du boulanger, l'odeur des viennoiseries et du pain me fait saliver. Timidement, je me penche pour mieux observer, il se penche lui aussi pour me regarder avec un demi-sourire qu'on adresserait à un enfant. Je triture mes doigts et le regarde de côté.
- Quelque chose vous fait envie mon bon jeune homme ? Il replace sa petite toque et tape dans ses mains. Je hoche la tête et désigne du doigt une brioche au sucre plutôt bien garnie. Oh, quel excellent choix ! Il s'empresse de la saisir et de la glisser dans un sachet de tissu qu'il me tend dans la seconde. Étonné, je recule ce qui le fait froncer des sourcils.
- Je n'ai rien pour payer. Dis-je piteusement en me frottant la nuque. Il secoue la tête, continuant de me tendre le sachet de tissu.
- Ne faites pas de manière, l'argent je n'en ai que faire. Si je suis ici c'est pour faire découvrir les délices de Yulïna. Charmé par tant de bonté, je récupère la viennoiserie en lui offrant mon plus beau sourire. Voilà, il n'y a rien de plus beau à recevoir qu'un sourire étincelant ! Je sors une partie de la brioche du sachet et croque un bout à pleine dent. Je ne me retient nullement de gémir de plaisir en savourant le goût. C'est sucré et moelleux, j'adore ça. Au vue de votre visage, ma brioche vous plaît, n'est-ce-pas ?
Je m'essuie la bouche pour essuyer l'excédant de sucre et lui répond avec joie.
- C'est la meilleure viennoiserie que je n'ai jamais mangé. Il retape dans ses mains et rigole bien fort. Il paraît jeune et pourtant, il travaille déjà. Vous venez de Yulïna ?
- Oui, mon bon jeune homme. La seule région où le temps est toujours au beau fixe. Si jamais il vous prend l'envie d'y faire un détour, passez par ma boulangerie. Je vous ferais découvrir bien d'autres délices.
Je croque une nouvelle fois, ne pouvant plus me passer de ce goût. C'est quand je sens une présence derrière moi que je lâche ma viennoiserie pour poser mes yeux sur autre chose. Katsuki et Eijiro m'ont enfin rejoint. J'avale mon bout et sourit gêné.
- Tu étais vraiment pressé. Dit Eijiro en se baissant pour lui aussi croquer dans ma brioche. Je l'éloigne de lui en fronçant les sourcils tandis qu'il me regarde intensément. Tu viens littéralement de m'enlever le pain de la bouche. Je pouffe de rire accompagné par Katsuki. Ne rigole pas toi. Grogne le rouge en lui assénant un coup de coude bien placé.
- Et bien, si j'avais su que ce petit bout était à vous. Dit le boulanger en s'asseyant sur une chaise en bois. Je lui aurais offert tout mon étalage. Je rougis avant de fermer mon petit sac et de le tenir d'une main. Je vais en garder pour plus tard.
- Ce n'est pas nécessaire. Dit Katsuki en déposant une pièce d'or sur le comptoir en verre. Le boulanger bondit de sa chaise, prenant la pièce les mains tremblantes.
- Mon roi, c'est beaucoup trop pour une simple brioche. Il s'apprête à la déposer quand Katsuki lui répond d'une voix douce.
- Je sais bien, acceptez cela en guise de remerciement pour la gentillesse dont vous avez fait preuve avec notre époux. Le boulanger avale sa salive et frappe le sol de sa queue beige.
- Dans ce cas, tenez. Il reprend une seconde brioche et la place dans un autre sac en tissu. Puisque vous aimez mon travail, je vous l'offre. Eijiro la prend pour moi et dépose sa main sur mon épaule. En gage de ma bonne volonté mais surtout, n'oubliez pas de venir me voir à l'occasion.
Je fais un signe de la main, entraîné par mes hommes un peu plus loin. Nous longeons l'aller des sucreries, de quoi me mettre une nouvelle fois l'eau à la bouche.
- Tu as la côte dis moi. Susurre Katsuki en m'accordant un bref coup d'œil.
- Je ne pense pas. Dis-je en terminant ma brioche entamée. Je plie le petit sac, le trouvant très jolie, et le place dans l'une de mes nombreuses poches. Ce Drākõn était d'une nature très gentil. Il ne fait pas ce métier pour l'argent ou la gloire d'être le meilleur, simplement pour donner aux autres un semblant de bonheur. Je prend la viennoiserie offerte et m'approche d'un enfant regardant les bonbons avec envie, Eijiro et Katsuki toujours derrière moi. Parfois, il suffit d'un rien pour donner à quelqu'un un sourire. Je m'abaisse à sa hauteur tandis qu'il se tourne vers moi. Ses yeux jaunes se plongent dans les miens et il sourit
- Vous êtes joli. Dit l'enfant en rougissant. Je lui flatte la tête et lui tend le petit sac. Il l'ouvre et l'éclat dans ses yeux me remplie de joie. C'est pour moi ? Je hoche la tête et il serre le petit sac contre son torse. Il m'offre un baiser sur la joue et court plus loin. Je me relève et le suit du regard. Il rejoint un couple de Drākõn et montre sa trouvaille avant de regarder vers moi. Les parents m'offrent un sourire et une révérence tandis qu'ils disparaissent dans la foule.
- Tu aimes les enfants ? Demande Eijiro en regardant dans la même direction que moi.
- Oui, peut-être même un peu trop. Je rêve d'avoir ma propre famille et je fond à chaque fois que je vois un sourire se dessiner sur leurs visages. Katsuki vient vers nous pour m'offrir son torse comme appuie.
- Nous l'aurons notre famille, mes amours.
Eijiro et moi nous nous laissons aller quelques minutes contre lui, savourant la chaleur de son corps. Il nous offre à chacun un baiser et nous reprenons notre marche.
- C'est tout de même très gentil de ta part de l'offrir à cet enfant. Confesse Katsuki regardant droit devant lui.
- Parfois, il ne faut pas être gourmand. Savoir offrir et partager, se délecter de faire plaisir à son voisin. J'aime le sentiment que cela procure. Je n'ai jamais vécu avec beaucoup de chose alors je n'ai pas besoin de tout garder pour moi. Ils m'offrent leurs bras, nouant leurs doigts dans le bas de mon dos.
- Regarde, nous approchons enfin de la fontaine. Constate Eijiro en soufflant de bonheur.
C'est vrai que cela fait un moment que nous marchons et ce marché n'en finit pas. Je n'ai pas encore mal aux pieds mais je sens qu'une petite pose nous ferait du bien. Comme un seul homme, nous prenons place autour d'une table de bois brute, occupant les trois chaises vides. N'ayant pas d'horloge à portée de main je ne sais pas quelle heure il est mais en sentant mon ventre gronder je sens que c'est le moment pour moi de manger quelque chose.
- Attends nous bien sagement, nous revenons avec de quoi te combler. Je rigole et regarde partir Katsuki, suivit par Eijiro.
Je choisis ce moment de solitude pour vaquer à ma spécialité, découvrir l'environnement qui m'entoure. Le restaurant choisi est typique d'une auberge accueillante et familiale. Choisir la terrasse est une bonne idée vue le nombre de clients qui s'amoncellent près du comptoir. Toujours ce côté rustique chaleureux et robuste ainsi que cette ambiance légère. Les Drākõn autour de moi ne me fixent pas puisque c'est surtout des couples et une ou deux familles qui se trouvent autour de moi. Je ne peux m'empêcher de les envier. Nous nous connaissons seulement depuis quelques lunes et pourtant, cette envie d'avoir moi aussi un enfant à chérir et une famille à protéger me prend le ventre. Je sais qu'ils seront de bons pères, et que j'aurais le rôle qui me convient, pourtant, une ombre plane toujours au dessus de nous. Beaucoup de choses sont encore à éclaircir et résoudre. Je dois encore me faire accepter par Oboro, par le peuple de Aquariã et celui de Yulïna mais également savoir si mon corps peut accueillir la vie. Au fond de moi, je n'ai aucun doute possible et pourtant, cette ombre ne cesse de me tourner autour.
Je suis heureusement coupé dans mes pensées par le retour de Eijiro les bras chargés de plats. Il en dépose quelques-uns devant moi et prend place juste à mes côtés. Katsuki le suit de près avec trois chopes remplie de liquide bordeaux. Il prend quant à lui la chaise en face de nous. Mes yeux passent de plat en plat, ne sachant par où commencer. Je regarde Eijiro attraper une brochette avec des boulettes de viandes qu'il commence à dévorer. L'odeur des assaisonnements me fait saliver.
- Tu n'as plus faim ? Me demande Katsuki en commençant par sa boisson.
- Au contraire, j'ai tellement faim et il y a tellement de choix que je ne sais pas par où commencer. À mes côtés, Eijiro termine sa deuxième brochette et rigole doucement.
- Goûtes donc ça. Il me tend l'une des fameuses brochettes et me l'agite sous le nez. C'est les meilleures de tout Rokiā. Je baisse les yeux et ouvre délicatement la bouche. Ma langue récolte un peu de sauce prête à tomber avant que j'engloutisse la première boulette. Je mâche en prenant mon temps pour savourer et reconnaître toutes les saveurs. N'ayant pas beaucoup de connaissances je ne décèle que le poivre et le thym. J'essuie mon menton pour attraper une goutte de sauce brune qui tente de s'échapper. Je lape mon doigt et me rend enfin compte du silence qui règne à notre table. Katsuki a la bouche légèrement entre-ouverte et Eijiro avale bruyamment. Comment peux-tu rendre le fait de manger aussi érotique ? Je rigole en mettant ma main devant ma bouche.
- Ce n'est pas moi. Dis-je pour me justifier. C'est vous qui êtes envoûtés par mon charme.
Ils haussent tous deux un sourcil avant que Eijiro ne me rende de nouveau la viande.
- Continue de manger. Je vois bien son regard devenir malicieux mais je ne m'en formalise pas, puisque j'ai trop faim pour faire une remarque.
Nous profitons de la bonne ambiance pour manger tout en rigolant de temps à autre à cause nos esprits déplacés. Je savoure le breuvage qui n'est autre qu'un sirop de baie, pendant que Katsuki commence à manger. Le repas terminé, nous continuons notre petite exploration, moi en tête. Je prend le temps de visiter chaque stand et de goûter à presque tout. Fromage, fruit, pâtisserie, je me fais plus que plaisir. Eijiro croise également quelques collègues avec qui il discute alors que Katsuki se fait accoster par des gens lambda qui tiennent à lui dire bonjour. C'est de loin la meilleure sortie que j'ai fait jusqu'à aujourd'hui.
Quand ils reviennent vers moi, ils ont un visage désolé et la queue basse. Je souris, absolument pas gêné de les voir aussi bien entouré. Nous continuons enfin le marché en terminant par les vendeurs de vêtements et de tuniques. Eijiro s'est abstenu de faire une remarque même si son regard lubrique en disait long sur le fond de sa pensée. L'idée de porter à nouveau une tenue affriolante ne m'est pas venu à l'esprit mais l'idée en soit ne me déplaît pas. Je me souviens encore de leur excitation le jour où par mégarde j'ai porté la tenue de noce. Je dois d'ailleurs remercier Lindel qui a fait cette "erreur" car j'ai passé la meilleure nuit de toute ma vie. Nous ne sommes pas encore allé jusqu'au bout. Je suis jeune mais pas sot. Je sais que faire l'amour a plusieurs significations et que nous pouvons le faire de différentes manières mais, en somme, il faut tôt ou tard que mon corps devienne assez souple pour les accueillir. À la simple pensée de leur corps nu bougeant sur moi, et en moi, j'ai un délicieux frisson. Je suis certain qu'il me faudra du temps pour les avoir tous les deux en moi, mais l'idée qu'ils me fassent l'amour en même temps ne me déplait pas, bien au contraire. J'en ai plus qu'envie.
- Et si nous allions visiter les hauteurs ? Demande Katsuki devant nous. Il a les poings sur les hanches et regarde l'escalier avec envie. Si mes souvenirs sont bons, plus on monte, plus l'air devient glaciale, à l'inverse de descendre dans les tunnels. La proposition est alléchante car j'ai envie de voir Rokiā de fond en comble. Néanmoins, suis-je assez vêtu ?
- C'est une bonne idée ! Il y a de très belles mines, ainsi que des saunas très prisés par les habitants locaux. Eijiro frappe dans ses mains, décidé à monter. Qu'en penses-tu Izuku ? Ça te tente ?
Devant leur regard mais surtout, grâce à leur sourire, je ne met pas longtemps avant d'accepter.
- Après tout, si nous sommes ici c'est pour visiter.
Ils ouvrent la marche, moi derrière eux. Les escaliers sont plus larges et hauts que ceux de la dernière fois. Mes petites jambes ont du mal à suivre. Alors que je peine à faire une enjambée, mes compagnons gravissent les marches au pas de course. Nous sommes vraiment différents physiquement. Le souffle court, mais enfin arrivé au sommet, je reprend ma respiration plié en deux. Mes mains sur les cuisses et les yeux fermés, je respire doucement et avec précision. À mes côtés, Eijiro dépose sa main dans mon dos et le frotte activement.
- Je pensais que ce serait le froid qui aurait raison de toi, et non l'effort physique.
Je me remet bien droit et le fusille du regard.
- Serais-tu en train d'insinuer que je suis mauvais sportif ? Il cache un sourire derrière sa main et fait mine de ne pas avoir entendu. Je lui assène un coup sur l'épaule, certain que ce n'est pas plus puissant qu'une piqûre de moustique. Je te vois, tu sais.
Il finit par retirer sa main et rire de bon cœur.
- Pardonne moi, Izuku. Tu es tellement mignon que je n'ai pas pu résister. Je pique un fard, alors que Katsuki se tourne vers nous.
- C'est vrai que tu es mignon. Et beau également. Ils ont gagnés, tout mon corps est en feu. J'ai encore du travail à faire en ce qui concerne les compliments. J'aime beaucoup trop en recevoir.
Enfin remis sur pieds, ils me secondent et nous pénétrons dans une nouvelle galerie. Je suis émerveillée par la luminosité presque aveuglante. Accroché au plafond, des bocaux contenant des lucioles font offices de torches. Mes yeux n'en reviennent pas, trouvant cela magnifique à regarder. Sur les murs, des peintures faites à partir de sang, et de craie blanche. Des statues en forme de dragons et d'hommes prennent place devant une porte massive. Je m'approche et dépose ma main, retraçant les arabesques en relief. Cela représente un dragon, gardant en lui un œuf. Autour de la bête, des hommes qui à première vue pourraient paraître agressifs, sont simplement en train de danser en cercle. Ne comprenant pas le Drākõnien, je ne peux pas savoir ce que cela représente.
- Tu es ici dans les ruines de Rokiā. Katsuki s'approche et comme moi, il dépose sa main sur la pierre. C'est l'un des nombreux mystères liés à nos ancêtres. Cet édifice est là depuis tant d'années. Il pose son front sur la porte et ferme les yeux. Nous nous demandons tous ce qu'il renferme, mais jamais nous n'avons pris le risque de profaner ces lieux. La tentation est grande mais même notre force n'a pas convaincue la porte. Elle n'a jamais cédée.
- Comparé aux ruines de Oranaï, elles sont maigres en terme de connaissances. La langue est trop ancienne et nous ne comprenons pas toutes les inscriptions. Eijiro vient également déposer son front et ferme les yeux. Je comprend alors que c'est une marque de respect qu'ils attribuent à ces lieux. Il est vrai que cette terre doit être sacrée dans leur culture, notamment si elle a accueilli des dragons par le passé. Peut-être qu'un jour elles s'ouvriront et ainsi, nous aurons des réponses à nos questions.
Devant tant de sagesse, je suis pris d'un élan inconnu. Je ne crois pas en beaucoup de chose. J'ai déjà énormément de mal à croire en moi-même alors penser à un dieu ou une quelconque idole est compliqué pour moi. Mais eux, ils y croient dur comme fer. Je ne peux que suivre leurs pas. Je prends donc place près d'eux et fais la même chose. Mon front contre la roche, ma main posée sur la surface glacée, je ferme les yeux en signe de respect. Nous finissons par reculer, accordant un dernier regard à ces dessins encore incompris.
- Sachez que cela compte pour moi. Vous m'avez amené dans ce lieu sacré, cela veut dire que vous me faites entièrement confiance.
Ils se tournent vers moi comme un seul homme et me dévisagent.
- Bien évidemment que nous te faisons confiance, Izuku. Tu es notre compagnon et un jour, tu seras notre mari. Dit Katsuki en reportant son regard sur la pierre. Nous t'aimons plus que n'importe qui. Tu es notre soleil, tu es celui qui nous guide et nous complète.
- Nous tenons à ce que tu en saches le plus possible sur nous, et notre race. Nous ne voulons aucun secret entre nous. Eijiro baisse les yeux en signe de respect pour les statues, je l'imite, l'oreille tendue. L'amour que l'on te porte est égal à celui que Katsuki et moi éprouvons. Passer une nuit ensemble ou bien l'éternité, le temps n'est que futilité. N'attendons pas pour nous aimer.
Une nouvelle fois, ils me touchent en plein cœur. Cette confiance est liée aux sentiments qu'ils me portent, et ils sont sincères. Ils prennent le temps avec moi, et font tout pour me rassurer, ce qui me conforte dans mes choix. Peut-être suis-je trop émotif mais je retiens de justesse mes larmes, ne voulant pas souiller l'atmosphère paisible qui règne en ces lieux. Nous finissons par sortir, croisant un couple qui nous succède les mains liés.
- Ils vont demander bénédiction et prospérité auprès des dieux. Me susurre Eijiro à l'oreille. Je les suis, voyant bien qu'ils sont jeunes et encore bien amoureux. La fougue de la jeunesse, ce que moi-même je vis en ce moment.
Eijiro m'incite à le suivre, un bras sur les hanches, Katsuki derrière nous. C'est ainsi que nous continuons notre ascension à travers les étages. Plus haut dans la montagne, c'est bel et bien des saunas et des hammams aménagés dans des galeries que l'on trouvent ainsi que quelques habitations. Plus haut encore, l'air commence à devenir frais et mon souffle devient une légère brume. Nous atteignons les mines de fer et de cristal, car c'est dans la cime des montagnes que ces précieux minerais se logent. Je tends l'oreille et prête un regard aux Drākõn en plein travail, qui s'affairent à creuser toujours plus loin. En pénétrant dans l'une des galeries, c'est un gouffre sans fond éclairé par des torches et parsemé de passerelle en bois qui s'étendent sous mes pieds. Heureusement que la rambarde est là sinon je serais tombé sans ménagement. Mon regard se perd contre les parois, attiré par la brillance des cristaux. Les flammes des torches se reflètent à l'intérieur, leur donnant un élan de vie.
- C'est magnifique. Je murmure tout bas. Près de moi, mes compagnons font de même et contemplent le vide.
- La montagne de Oranaï est connu pour regorger de cristaux et de pierres précieuses. Pour nous, seul leur beauté nous intéresse. Un caillou bien taillé est tout aussi beau qu'un diamant brute. Dit Eijiro en m'invitant à retourner dans le tunnel.
- Vous n'avez donc pas la valeur de l'argent ?
- Comme nous te l'avons déjà dis, nous vivons du troc. L'argent ne vaut rien ici. M'informe Katsuki en ouvrant la marche. Échanger un diamant contre du pain, ou une pièce de viande contre un diamant, c'est la même chose. Certes, c'est un trésor précieux, mais rien ne vaut la chaleur d'un sourire. Je souris en reconnaissant là les paroles du boulanger, comprenant le sens de ces paroles. Ils tiennent bien plus à la famille, l'amour et la joie qu'à un vulgaire cailloux valant des milliers de galion. C'est fou à quel point leur façon de voir les choses est similaire à mes propres pensées.
- Regarde, nous atteignons le sommet. Hurle presque Eijiro tout excité. Il nous dépasse à toute hâte, me laissant au bras de Katsuki, littéralement. Ce dernier m'a immédiatement attrapé et placé au creux de son torse.
- Nous ne sommes pas encore au sommet de la montagne mais c'est le plus loin que nous puissions aller avec toi. Il baisse son regard vers moi et m'offre un profond sourire. Je ne voudrais pas risquer que tu tombes malade ou pire, que tu sois en hypothermie.
Le cadran de porte passé, je manque de m'étouffer par l'air givré. Je grelotte sans pouvoir m'arrêter et remercie le ciel d'avoir le torse brûlant de Katsuki dans mon dos. Je remarque d'ailleurs que sa chaleur corporelle a augmenté, sans doute pour lui-même parer le froid. Même si je manque de perdre l'extrémité de mes doigts, et que mon temps ici ne sera pas long, je profite de l'espace environnent.
Au plafond, un stalactite aux dimensions démesurés trône en plein milieu tandis qu'au sol, des stalagmites tranchants prennent places. Leur blancheur immaculée me fait oublier un bref instant que c'est de la glace qui se trouve devant moi. Je n'en ai jamais vu, seulement entendu parlé ou occasionnellement lu dans un livre. J'aurais moi-même peur de le toucher au risque de perdre mes doigts.
- Izuku ! Mon roi, quel plaisir !
Accompagné de Eijiro, Natsuo, le fils de Keigo, vient vers nous. Je suis quelque peu surpris de le voir seulement vêtu d'un short et d'un débardeur large.
- Ne vous en faites pas pour moi. Dit immédiatement Natsuo en souriant. Je suis un Drākõn de glace, je suis donc dans mon élément.
- Vous êtes friand des températures basses ? Je demande en claquant des dents, Katsuki refermant ses bras autour de mon ventre.
- Et pas qu'un peu, j'adore ça. Seul les Drākõn de glace et ceux de feu peuvent monter aussi haut. Passe alors derrière lui deux Drākõn aux couleurs blanches, et un troisième d'un jaune étincelant. Les Drākõn de foudre sont également une exception à la règle. Je souris malgré le froid mordant et il continue de parler. En tout cas, sachez qu'il n'y a pas grand chose à voir ici. Malgré les mines, c'est un endroit plutôt calme.
- Justement, vous travaillez dans les mines, n'est-ce-pas ? Demande Katsuki en déposant son menton dans mes cheveux.
- C'est exact. Depuis que j'ai quinze ans je travaille ici. Je fais notamment les réparations de structures en cas de besoin ainsi que de la manutention. Je fais partis des rares Drākõn à rester ici. La plupart s'en vont vers Oranaï ou Yulïna, soit pour l'éducation ou l'envie de pleine air. Un air de tristesse traverse son esprit et je comprend pourquoi. Le départ de Toya, ou plutôt, sa fuite, doit encore le travailler.
- Vous n'avez pas de nouvelles de lui ? Il tourne immédiatement la tête pour regarder au loin.
- Il n'est pas du genre à envoyer une lettre pour donner des nouvelles. Je ne sais pas exactement où il est allé mais, je sais qu'au fond c'est pour son bien. Nous acquiesçons alors qu'un Drākõn plus âgé lui fait signe de venir. Ma pose est terminée. Nous informe t-il en mettant un casque sur sa tête, faisant dépasser ses cornes par des trous adaptés. C'était un plaisir de vous revoir. Si je ne vous vois pas d'ici votre départ, sachez que c'était un réel plaisir de vous avoir rencontré. Je lui accorde un signe de la main alors qu'il disparaît dans une galerie.
- Le temps passe vite. Soupire Eijiro en posant sa tête contre l'épaule de Katsuki.
- Beaucoup trop vite. Lui répond ce dernier. Nous ferions mieux de rebrousser chemin avant que Izuku ne gèle sur place.
Une fois de plus nous rigolons de bon cœur avant de retourner au fameux escalier. Je glapis en voyant les marches. Mes jambes commencent à devenir lourdes, mes pieds me font un mal de chien et le froid a eu raison de mes dernières forces. Devant mon état plus que déplorable, Eijiro me prend de court en venant se baisser devant moi.
- Montes sur mon dos, tu n'es pas en état de continuer. Je ne parviens pas à sourire tellement la fatigue m'accable. Hop ! Je me hisse sur son dos, nouant mes bras autour de son cou, ainsi que mes chevilles sur ses reins. Il passe ses bras derrière son dos pour me maintenir les cuisses, utilisant sa propre queue pour m'offrir un siège. Tu es bien installé ? Je ne répond pas, mais dépose ma tête sur son dos. Ses ailes viennent me couvrir telles une couverture légère. Je pousse un profond soupir. Je crois que ça veut dire oui.
Eijiro reprend la marche, Katsuki me regardant de temps à autre. Il frotte ma joue, caresse mes cheveux. Ses attentions n'ont que faire de mon cœur sensible et me rend aussi mou qu'une guimauve.
Bercé par la cadence lente et le rythme cardiaque soutenu de mon Drākõn rouge, je ne parviens plus à garder les yeux ouverts. La dernière chose dont je me souviens c'est le sourire attendrissant de Katsuki et les ailes réconfortantes de Eijiro.
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Je veux votre avis, c'était long ? Trop de description ? Dites-moi tout ! ^^
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