Chapitre 13 : Le couturier extravagant
Nous réveiller n'a pas été chose aisée. Eijiro a succombé à mes caresses dans ses cheveux tandis que Katsuki s'est endormi sur mon épaule. Nous sommes presque cassés à cause de la position dans laquelle nous nous sommes endormis. À moitié dans les vapes, déambulant dans les rues de Oranaï, j'ai les yeux partout. Mes compagnons ne passent pas inaperçu, bien au contraire. Beaucoup de Drākõn font un salut ou une révérence quand ils aperçoivent Katsuki. Pour Eijiro, c'est un signe de tête et un sourire. Je ne sais pas si les Drākõn sont habitués à la présence humaine mais aucun ne semblent s'attarder sur mon cas. De rapide coups d'œil mais rien d'alarmant.
- Tu trouves ton bonheur ? Une main sur mon épaule, un souffle chaud dans ma nuque, Katsuki se penche pour me parler.
- Je profite simplement d'une sortie en ville. Marcher librement fait mon bonheur.
Ma réponse le satisfait puisque qu'il sourit grandement. Eijiro, qui semble ne pas me lâcher des yeux, car je sens son regard me brûler le dos, vient poser sa main sur mes hanches. J'ai un mouvement de recule sans le vouloir, toujours peu habitué aux démonstrations affectives en publique.
- Ne sois pas gêné. Connaissant Lindel, tout le royaume doit déjà être au courant.
Il semble avoir parfaitement raison. En continuant notre marche, une main sur mes reins et l'autre sur mon épaule, je peux voir que des dizaines de paire de yeux nous fixent. Ce n'est pas désagréable car je ne ressens aucune animosité. Peut être même, un fond de curiosité.
- Nous devons nous rendre chez Yuga pour trouver à Izuku de nouveaux vêtements. Propose Katsuki en prenant la rue de gauche.
- C'est une excellente idée, ses vêtements sont de très bonnes qualités et il fabrique des armures uniques.
Eijiro devient tout guilleret à la simple idée de se rendre dans ce magasin pour rencontrer ce fameux Yuga. De mon côté, je me demande surtout ce qui m'attends. Une journée shopping peut être intéressant mais je pense que ce n'est pas le programme envisagé.
- Tu as sans doute des envies particulières ?
Maintenant qu'ils sont tous les deux près de moi, je me sent un peu plus à l'aise et protégé. Je suis, grâce à eux, dans une bulle de bien-être agréable. Je me penche un peu pour regarder Eijiro qui attend ma réponse.
- Je profite de l'instant mais si une idée me vient en tête, je te le dirais.
Je lui offre un immense sourire qu'il s'empresse de me rendre. Nous ne tardons pas à arriver devant la fameuse boutique quelque minute plus tard. La rue est plutôt déserte, même en terme de monde. À part le magasin, je ne vois rien d'autre d'intéressant. La devanture est très simple, un peu de noir, de pourpre. Une grande vitrine qui laisse peu de visibilité à cause des nombreux mannequins mis en avant. Il n'y a même pas de nom. À l'intérieur, je peine à distinguer les couleurs sombres qui semblent toutes se ressembler tellement il manque de lumière.
- Yuga ?
Eijiro s'avance comme si il est en terre conquise. Il se dirige vers le comptoir où il vient tapoter sur la petite sonnette.
- Il est peut-être absent. Dis-je en m'approchant d'un mannequin aux attributs de dragon, portant une tunique échancré sur les côtés.
- C'est rare qu'il laisse sa boutique sans surveillance. Il adore son métier. Me dit Katsuki en touchant le tissu de la tunique sous mes yeux. Eijiro a raison, c'est le meilleur de tout Oranaï.
Alors que je me met à toucher le vêtement, pour en connaître l'aspect, la main de Katsuki vient se poser sur la mienne. Je tourne le regard pour l'observer. Ses yeux sont braqués sur moi, et sa main continue de me caresser. Une bouffée de chaleur s'opère en moi tandis que j'essaie de rester maître de mes émotions.
- Voyons, mon roi, retenez vos ardeurs.
En entendant cette voix inconnue, mon cœur loupe un battement. Je recule, me séparant de cette main tentatrice. Le Drākõn qui a fait résonner sa voix se tient penché sur le comptoir, le buste en avant, les bras croisés. Il a un sourire sur le visage dévoilant des dents parfaites. Ses cornes blanches sont courtes mais très épaisses. Sur la base de son cou ainsi que ses mains, des écailles dorées prennent places. Ses ailes sont d'un doré très clair, presque transparentes. Il se déplace d'un pas décidé, roulant des hanches. Il vient vers moi, la queue battante. Je le vois sous un autre angle et je vois que sa tunique bleutée est aussi courte que la mienne. Sans prendre en compte la présence de mes compagnons, il attrape mon menton d'une main et plante ses yeux dans les miens. De magnifiques pupilles blanches parsemées de pétales dorés. Il est éblouissant. La pièce qui semble sombre s'est illuminée dès son arrivée. Il est rayonnant.
- Je n'avais encore jamais eu la chance d'approcher un humain d'aussi près.
- Ne l'approche pas trop non plus. Le prévient Eijiro en venant saisir son bras. Même si je t'apprécie beaucoup, ne le touche pas.
Yuga retire donc ses longs doigts bagués de ma peau.
- Je ne te savais pas si jaloux. Il retourne près de son comptoir. Mais n'oublie pas que je suis marié. Il décale quelques mèches de cheveux de sa nuque pour dévoiler une marque de morsure cicatrisée.
- Eijiro préfère te mettre en garde, ni voit rien de personnel. Katsuki passe une main dans ses cheveux blonds. Je n'aime pas non plus te voir poser la main sur lui.
- Oh... Yuga sourit étrangement. La rumeur est donc vrai.
- Quelle rumeur ? Demande Eijiro.
- Lindel a la langue bien pendue, bien plus que moi. Tout le monde est déjà au courant de l'existence du compagnon humain du roi et de son mari.
- Je te l'avais bien dis. Dit Eijiro en haussant les épaules. Les présentations ne sont donc pas nécessaire.
Malgré le fait que je ne saches pas quoi dire, j'avance en direction du Drākõn rayonnant. Je fais un léger signe de tête pour me présenter.
- Enchanté de vous rencontrer, je me nomme Izuku.
Je vois Yuga paraître étonné avant de faire de même.
- Enchanté, jeune Izuku. Je suis Yuga, le Drākõn en charge de ce magasin. Il se remet droit, les mains à plat sur le bois du meuble. Que me vaut votre visite ?
Je me tourne vers Katsuki, qui me donne son aval en me souriant.
- Je pars en voyage demain, et j'aurais besoin de vêtements adaptés.
Yuga me regarde de haut en bas, sans aucun doute pour savoir quoi me trouver.
- Il est vrai que déambuler en tenue de noce en pleine ville n'est pas l'idéal.
Je me met à rougir furieusement. Une tenue de noce ? Je baisse les yeux pour attraper le bas et le tenir fermement entre mes mains. C'est quoi cette blague ?
- Une tenue de noce ?
Je me retourne vers mes deux compagnons qui me regardent en chiens de faïences, sans un mot. Katsuki détourne le regard, se mordant la lèvre inférieure alors que Eijiro se frotte la nuque.
- Une tenue de noce ? Je répète sans comprendre.
Alors, si nous n'avions pas été interrompus ce matin, ils m'auraient fait l'amour ? Aussi rapidement ? Je ne peux pas croire que c'était leur intention, du moins, j'espère qu'ils ne me voient pas simplement comme une couveuse attirante.
- C'est un quiproquo, nous t'expliquerons plus tard. Dit Eijiro pour se défendre.
Ne sachant pas quoi lui répondre, je détourne le regard pour le reporter sur le vendeur.
- Suivez moi. M'intime t-il en me dévoilant une pièce voisine cachée derrière un rideau de perle.
Je découvre un endroit qui a été conçu pour moi. Des mannequins humains, sans attributs de dragons.
- Je me disais bien qu'un jour ou l'autre, cette pièce me servirait. C'est encore mieux de savoir que c'est le compagnon du roi qui va porter une de mes tenues.
Je vois Yuga arborer un regard que je connais beaucoup trop bien. Des yeux tristes et une mine abattue. Il passe une main sur le torse d'un mannequin non vêtu et soupire. Le voir ainsi, même si je ne le connais pas, me fait mal au cœur. J'ai beaucoup trop d'empathie.
- Vous allez bien ?
Il détourne les yeux et reprend son sourire, qui me semble bien faux maintenant. Katsuki et Eijiro choisissent ce moment pour nous rejoindre. Ils s'installent sur des fauteuils un peu poussiéreux, prenant soin de ne pas me quitter des yeux. Je suis soudainement gêné car je sens une étrange atmosphère dans l'air.
Je prend enfin conscience que je suis devant un miroir après la disparition de Yuga derrière un autre rideau. Je me regarde sous tous les angles et il est vrai que ma tenue laisse à désirer. J'avais complétement oublié après les évènements de ce matin que je portais encore cette tenue. Je n'ai pas pensé à me changer car j'étais pressé par le temps. On voit en effet mes jambes, jusqu'en haut de ma cuisse, ainsi que mon torse à l'exception de mes tétons. Il fait si chaud dehors que la tenue est idéal pour sortir mais finalement, c'est peut être inapproprié.
- Je pense que cette tenue devrait tomber à merveille sur tes hanches.
Yuga revient avec un vêtement composé de peu de tissu. À première vu, il en a même moins que mon vêtement actuel. Je le saisis tout de même, faisant attention de ne pas le froisser.
- Ce tissu est importé tout droit de Yulïna. Il est excessivement doux au toucher.
Il a raison, c'est si doux que je pourrais très bien m'endormir contre.
- Essaie la.
Les mains jointes, il attend que je me change. J'en ai envie car je veux l'essayer mais un détail me dérange.
- Il n'y a pas de paravent ?
Yuga se penche pour regarder derrière moi. Je n'ose pas faire comme lui, ayant toujours cette gêne en moi. Devant mon mutisme et le silence impérial qui régne dans la pièce, Yuga se penche derrière une commode pour en sortir un paravent rouge émeraude. D'un mouvement ample, il le déplie et le dépose en retrait, pour me laisser l'intimité nécessaire. Je m'empresse de me faufiler de l'autre côté, dans l'espoir de respirer un peu. Même si je ne suis pas dans une pièce séparée, c'est tout de même très pratique. Me dévêtir devant eux n'aurait pas été une mince affaire, j'en suis certain.
J'enlève ma tunique, et la dépose sur le haut du paravent. Je regarde dans quel sens mettre cette tenue, ne faisant pas la différence entre la tête et les bras. Après quelques secondes de réflexion, je trouve enfin le sens. Je la mets sans attendre. Après l'avoir enfilé, je regarde le bas de mon corps. C'est une combinaison short, un peu trop courte pour moi. Si j'ai le malheur de me pencher, on pourrait apercevoir mon fessier.
- Tu as fini ?
Je sors de mes réflexions, en entendant la voix de Yuga résonner. Un petit "oui" sort de ma bouche car je ne suis ni convaincu, ni séduit. Je me présente à eux, préférant regarder mon reflet qu'autre chose.
- J'avais raison, le vert te va à merveille.
La couleur est belle, oui, mais le vêtement en lui même ne me convient pas.
- Je trouve cela un peu trop court. Dis-je en tournant sur moi même.
Yuga place un doigt sur sa bouche, sans doute parce que cela l'aide pour réfléchir.
- Maintenant que tu le dis, ce n'est peut être pas approprié pour un voyage. Yuga se décale et s'adresse à mes compagnons. Qu'en pensez-vous ?
Le silence qui suit me conforme dans l'idée que quelque chose ne va pas.
- Il vaudrait mieux partir sur une tenue confortable et adéquat. Dit Katsuki calmement.
- Je me disais aussi.
Yuga disparaît sans attendre, me laissant les bras ballant. Je regarde mes pieds inlassablement, ayant très peu envie de lever les yeux. Ais-je fait quelque chose de mal ? Prononcé une parole qui ne fallait pas ? Je ne sais pas d'où vient cette tension mais elle est bien présente dans l'air. Cela me fait même suffoquer, n'aimant pas cette sensation dans mon cœur. Pourtant, j'ai envie de me regarder une nouvelle fois. C'est une erreur de ma part. Ce n'est pas moi que je vois dans le miroir mais les deux paires de pupilles noirs qui me fixent. Le rouge a laissé place à la noirceur profonde. Un frisson d'envie mêlé à l'appréhension prend possession de ma peau.
- Vous aimez ?
J'ai envie d'entendre leur voix, même pour une réponse courte. Le noir de leur yeux n'est pas une réponse qui va me contenter. J'en veux plus. Je vois Eijiro baisser les yeux, me regardant de bas en haut. Katsuki fait de même, prenant tout son temps. Ils se mettent à mordre leurs lèvres, me donnant une réponse plus que satisfaisante. Je comprend qu'ils ont du mal à se contrôler, et qu'ils préfèrent se murer dans le silence au risque d'agir avant de réfléchir.
Yuga arrive enfin, mais il fronce les sourcils. Il nous regarde tour à tour avant de hocher la tête, et de me tendre une nouvelle tenue.
- Aucun doute, celle-ci est la bonne.
Je pars derrière le paravent pour réitérer l'opération, mais je me rends compte une nouvelle fois, en sentant un regard sur moi, qu'il y a quelque chose. Encore nu, n'ayant pas encore enfilé la seconde tenue, je tourne la tête sur la droite. Je me retiens de pousser un cri. Les yeux noirs de Eijiro sont braqués sur moi, et il ne cligne pas des yeux. Son visage est légèrement tordu, comme si il luttait contre lui-même. A-t-il envie de moi à ce point ? Est-ce cette impression qui pèse sur mes épaules depuis tout à l'heure ? Pourtant, il ne voit pas grand chose de là où il est et, sans même savoir d'où me vient cette pulsion, j'ai l'envie de jouer avec ce pouvoir que j'ai sur lui. Toujours nu, je laisse ma jambe entrer dans son champ de vision. Ayant la chance d'être imberbe, possédant peu de poil, mes jambes font partie du peu d'atout que je possède. Je le vois changer de couleur, littéralement. Ses ongles se plantent dans le cuir du fauteuil, et ses yeux fixent ma peau. Je me met à bouger ma jambe, la pliant et la dépliant plusieurs fois. Sa queue se met à frapper le sol fortement.
- Eijiro, qu'est-ce qui te prend ?
J'entend Katsuki remuer, puis se pencher à son tour. Nos yeux entent en contact et comparé à Eijiro, ses yeux maintenant noirs me font frissonner davantage. Il dégage une aura impressionnante.
- Tu as besoin d'aide, Izuku ?
Je réalise soudainement que nous ne sommes pas seuls et que Yuga doit se demander ce qui me prend autant de temps. Je me remet derrière le paravent comme si de rien était et met la tenue. J'ai pourtant un sourire, heureux de l'effet que je leur fais. C'est un sentiment exquis de se sentir désirer. Quand je viens devant le miroir, l'air de rien, je suis comblé. Je porte une combinaison beige, possédant un système de lacet sur le devant. Je ressemble à un vrai aventurier ainsi vêtu. J'ai deux poches sur le torse et deux autres sur le bas.
- Tu n'as plus qu'à mettre les chaussures.
Devant moi une paire de souliers en tissu blanc, que je m'empresse de mettre d'enfiler. Je me regarde sous tous les angles, appréciant de plus en plus le rendu.
- Je crois que nous avons trouvé la bonne tenue.
Yuga, fier comme un coq, a un regard de conquérant.
- Tu as raison, cela te va très bien, Izuku.
Les yeux noirs ont laissés place à des pupilles carmins. Katsuki me couve du regard, hochant la tête pour lui-même.
- Cette combinaison est parfaite.
Eijiro se lève et vient déposer un baiser dans mes cheveux. Sa main trouve sa place dans le bas de mon dos. J'ai un sourire immédiat en le voyant agir aussi naturellement.
- Il la mettra pour sortir. Dit Katsuki en se levant. Il s'approche de Yuga et lui donne une bourse d'où le bruit des pièces se fait entendre. Il y a un peu plus, c'est pour nous faire pardonner de la gêne.
Yuga la saisit, tout sourire.
- Vous ne m'avez jamais gêné mon roi. Toi non plus, Eijiro. Mon magasin vous est toujours ouvert.
Ils semblent tous les trois plus proches qu'ils ne laissent paraître. J'ai même l'impression qu'ils ont étés très proches par le passé. Mais ce n'est qu'une impression. Mes nouveaux vêtements sur le dos, nous disons au-revoir à Yuga avant de quitter sa boutique. Je regarde l'enseigne une dernière fois, ayant une question brûlante pendue aux lèvres.
- Yuga semblait, bien étrange, n'est-ce-pas ?
Katsuki à ma gauche, Eijiro à ma droite, leurs mains se posent immédiatement sur mes reins suite à ma question.
- Il a sans doute eu un moment de nostalgie en te voyant.
Je regarde Katsuki de biais qui regarde droit devant lui.
- Mais... Il n'a pourtant jamais rencontré d'humain.
Je vois sur son visage une grimace. La main de Eijiro se crispe sur ma peau.
- Seul ses proches sont au courant dont moi et Katsuki. Alors que nous continuons de marcher, Eijiro fait une pose avant de reprendre. Yuga n'a pas de compagnon et n'est pas marié. La morsure qu'il a dans son cou est la seule chose qui lui reste de l'homme qu'il a aimé.
- Cet homme est décédé ?
- Non. Répond Katsuki. Du moins, nous ne pensons pas. Nous ne pouvons pas être certain car cet homme est un humain.
Ma voix reste coincé dans ma gorge, ne trouvant pas mes mots. Un humain est déjà venu ici ?
- Yuga est un Drākõn très prisé par les autres Drākõn. Il plaît beaucoup mais lui, il n'a que son humain dans l'esprit. Il pourrait se trouver un compagnon, fonder une famille. Mais il ne sera jamais heureux. Katsuki me regarde quelques secondes avant de regarder de nouveau devant lui.
- Cela veut dire qu'un humain est déjà venu ici ?
- Absolument pas. Répondit Eijiro. Tu es le premier à avoir ce privilège. Même si nous pouvons empêcher les entrées, les sorties sont plus difficiles à contrôler.
- Alors Yuga a quitté les terres de Drākõnia pour Drakna ?
- C'est ce que nous supposons. Nous n'avons jamais eu la version complète mais en somme, Yuga est tombé amoureux d'un humain alors qu'il était en quête de nouveau tissu. Il est revenu les mains vides mais avec une étrange odeur sur lui. C'est Eijiro qui a comprit en se rendant dans son magasin un jour tout à fait ordinaire.
- Il était dans la lune et sentait la forêt. Quand il s'est retourné, j'ai vu la morsure dans son cou. Elle n'avait pas encore cicatrisé. Comme je n'avais pas entendu que Yuga avait quelqu'un, je lui ai posé des questions.
- Il a craqué au bout de quelques jours. Le coupe Katsuki. Il est venu de lui-même au château, pour me présenter ses excuses. Je ne voyais pas en quoi il avait fauté. Aimer n'est pas un crime. Son seul crime, selon moi, fut de ne pas emmener cet humain avec lui.
- Tu penses vraiment ce que tu dis ? Je demande en prenant sa main dans la mienne.
Katsuki et Eijiro se stoppent pour me regarder.
- Évidemment. Des humains mauvais, il en existe. Des bons également. Mais un amour aussi fort, cela n'arrive qu'une fois dans toute une vie.
Les mains de Katsuki se posent sur mes joues, alors que sa queue s'enroule autour de ma jambe.
- Je veux une alliance entre les humains et les Drākõn. Je ne peux pas constamment interdire à mes sujets de fauter si cela leur permet de rencontrer leur âme sœur.
Il baisse les yeux, et Eijiro pose une main compatissante sur son épaule.
- Si j'étais contre, Eijiro ne serait jamais allé porter mon message et jamais nous aurions pu t'avoir auprès de nous. Il faut savoir prendre des risques pour obtenir ce que l'on recherche. Ce risque je l'ai pris, Yuga aussi.
Je ne quitte pas ses yeux, appréciant leur couleur doré. Il faut vraiment que j'apprenne la signification de ce changement de couleur. En assimilant ces mots, je comprend ce qu'il veut dire. Que sans essayer, on ne peut pas savoir. Sans sacrifice, nul victoire. Katsuki veut de cette paix, et je suis certain que des humains la veulent aussi. Peut être que des Drākõn comme Yuga et des humains comme moi sont la clé de ce mystère. N'appréciant pas de voir mes compagnons avec ce regard, je les prend dans mes bras, même si ils sont trop larges pour moi. Leurs ailes nous encerclent, formant un cocon confortable. La rue déserte est idéale car je n'aurais pas fait une telle action devant du monde.
- Que nous vaut l'honneur ? Eijiro embrasse ma joue.
- Vous voir ainsi retourne mon cœur.
Katsuki attrape mes hanches et me colle à ses reins. Eijiro vient se mettre derrière moi pour m'enfermer dans leur bulle. Je suis aux anges. C'est fou comme la chaleur qu'ils dégagent me fait un bien fou. Elle semble être faite d'onde apaisante et positive, mais Katsuki nous coupe dans notre moment.
- Nous ferions mieux de rentrer. Nous avons encore des choses à faire et je commence à avoir faim.
Un gargouillis sort de mon propre ventre et j'en rougis de honte.
- Tu ne sembles pas le seul, apparemment. Me taquine Eijiro.
- Je n'ai rien mangé depuis hier. Dis-je pour me justifier.
- Alors rentrons, je vais faire en sorte que tu sois repu. Dit Katsuki en embrassant mon front.
Nous prenons donc l'allée centrale en direction du château, la faim tiraillant mon estomac.
Néanmoins, j'ai un dernier regard derrière moi à l'intention de Yuga. L'endroit semble rester constamment désert. J'ai un mauvais pressentiment sans savoir d'où cela provient. Pourquoi cette rue est la seule sans aucune présence de vie ?
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Je voulais tellement mettre mon personnage favori en avant ^^
J'espère que la suite continue de vous plaire !
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