49. Lukas (texte de @Lyzlide)

Merci Sheralynt6 pour son dessin de Diane !

Merci Sitou-chan pour ses dessins du couple Wolfiane

LUKAS ( Texte de Lyzlide)

Je nage.

C'est un étang peu profond, où l'on a pied dès qu'on s'approche du bord, mais jamais je n'ai eu autant de plaisir à glisser dans l'eau. Le ciel n'est que bleu, je suis apaisée.

Mais ce rêve si agréable ne pouvait pas durer.

Ça commence par des hurlements.

Surprise, je nage vers la berge.

C'est une bande de Villageois courant vers moi, guidés par la directrice.Tous arborent un rictus de haine qui déforme leur visage.

- Sorcière ! hurle soudain leur meneuse.

- Mais que...

J'essaie désespérément de retrouver un visage ami dans la foule ; n'importe qui, Shawn, Mina, ou même Wolfgang...

Et soudain je le vois. Shawn.

- Shawn ! Que se passe-t-il ?

Il me regarde, l'air impénétrable. M'a-t-il seulement reconnue ?

- Sorcière ! Tuez-la ! ordonne la directrice.

Quand les Villageois me saisissent par les bras pour m'entraîner vers le Village, il ne fait pas un geste.

Bras croisés, il regarde la scène se dérouler sans y intervenir, et maintenant j'arrive à décrypter son expression. C'est du mépris.

"Tu croyais vraiment qu'il t'aimait ? me susurre une petite voix. Regarde tout ce qu'il te cache ! Combien de secrets a-t-il encore à dissimuler ?"

- Shawn !

Je tends le bras lorsque je passe près de lui. Mais il s'écarte.

- Ne me touche pas.

Ma main retombe, sans force.

- Aide-moi...

Il se détourne.

- Il ne t'aime pas ! beugle la directrice.

Le décors change, nous nous retrouvons sur la place du Village.

Au centre, un bûcher.

- Tu sais ce qu'on fait des sorcière, ici ? demande un Villageois;

- A mort la sorcière ! répond un autre.

Le cri est repris par le reste de la foule.

- Non ! hurlé-je.

Je suis poussée vers le bûcher, les Villageois hurlent leur victoire. La directrice m'insulte.

Au premier rang, Shawn.

"Ne me touche pas"

- IL NE T'AIME PAS !

La directrice s'est transformée en oiseau. C'est maintenant un grand corbeau noir qui plane en cercles autours de moi.

- Tuez-la ! croasse-t-elle.

Mains liées au-dessus de ma tête, je vois un flambeau qui passe de mains en mains... jusqu'à Shawn.

Sans même me regarder, sans me lancer un seul regard qui pourrait signifier qu'on ai eu un jour une histoire en commun, il prend la torche.

- Il ne t'a jamais aimé !

- NON ! je hurle.

Je me débats, tente de me défaire de ces chaînes qui cisaillent mes poignets.

- Ne te débat pas, j'ai sécurisé ces chaînes avec un logiciel sur carte dure hyper puissant, me prévient Mina.

Elle vient d'apparaître au bras de Shawn.

"Ne me touche pas"

- Il ne t'a jamais aimé !

Le corbeau ricane. Les cercles qu'il forme autours de moi sont de plus en plus serrés, et soudain il attaque mes bras, ma tête.

- Vas-y Shawn chouchou, minaude Mina.

Il lève les yeux. Les plante dans les miens... et embrase le bûcher.

- NOOON !

"Vas-y Shawn chouchou"

"Il ne t'a jamais aimé !"

"Ne touche pas"

Je me redresse me redresse sur mon lit en hurlant.

La porte de ma chambre s'ouvre brutalement.

Wolfgang, en position de combat, regarde dans tous les coins de la pièce.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? me demande-t-il.

- Rien. Rien.

Mon cœur cogne de grands coups. J'ai l'impression qu'il veut sortir de ma cage thoracique.

Il me scrute attentivement.

- Tu as crié. Un cauchemar ?

Je hoche la tête. Je tremble de la tête au pieds, encore persuadée d'être au milieu des flammes.

- Mina, la directrice... Attend... Shawn ?? Je sais qu'il est mignon, le mouton, mais au point d'en rêver la nuit...

je m'empourpre de colère.

- Arrête de lire dans les pensées, le loup !

- Rho, va pas t'énerver... Je croyais qu'on se disait tout, entre BFF !

je lève les yeux au ciel.

- Tu es insupportable, Wolfi.

- Mais non, je ne suis pas...

Il fronce les sourcils.

- Ne m'appelle pas comme ça.

Je ricane. Le loup s'énerve ?

- Je vais me gêner, tiens.

Il grogne.

- Bon, d'accord, je te laisse baver tranquillement sur ton mouton.

- Pfff... N'importe quoi !

Il sourit et sort de la pièce

- En passant, j'aime bien ton pyjama Barbapapa.

Je baisse les yeux sur ma chemise de nuit. En effet, l'idole des trois-cinq ans y est représentée levant les bras.

Je lève les yeux au ciel. Wolfi est insupportable - mais malgré moi, je ne peux m'empêcher de sourire.

Mais les images de mon cauchemar reviennent. me hanter.

Le bûcher.

Ce mot, "sorcière !"

Mina, ennemie, au bras de Shawn.

Shawn inexpressif.

Mina me conseillant de ne pas bouger.

"Ne me touche pas"

Mina au bras de Shawn.

Les flammes.

Mina au bras de Shawn.

Shawn impassible, le visage de glace.

"Il ne t'aime pas"

Mina au bras de Shawn. Mina au...

- Stop, m'affolé-je. Stop, ou tu vas devenir folle, Diane.

Tremblante, je repousse les couvertures et me lève d'un bond.

La chambre qu'on m'a attribué -petite pièce au parquet ciré - me semble soudain trop petite. J'ai besoin d'air.

Je pousse la porte que Wolfgang a laissé entrouverte et me précipite dans le couloir.

Au fond, l'escalier mène dehors.

Trente secondes plus tard, je suis devant la porte de secours, à me traiter mentalement d'imbécile.

Fermée. Cette porte est fermée.

Et je n'ai pas la clé.

Excédée par ma propre stupidité, je balance un coup de pied dans le panneau de plastique.

- Tu compte réveiller tout le bâtiment ?

Je me retourne en sursautant.

Thalia, en tee-shirt bleu et short blanc, me regarde d'un air moqueur.

- Je n'arrive pas à ouvrir la porte, lui expliqué-je.

Elle rit.

- C'est parce qu'il faut non pas pousser (elle s'appuie sur la porte qui ne bouge pas d'un pouce) mais tirer (donnant suite à ses paroles, elle tire d'un coup sec la poignée).

La porte s'ouvre.

- Et voilà, rit-elle.

- Pigé, je grimace - jamais je ne me suis sentie aussi stupide.

- C'est rien, s'amuse la Louve en remarquant mon air dépité. Bon, on sort ?

J'acquiesce et passe le pas de la porte.

Les étoiles, dans le ciel, brillent encre de tous leurs feux.

L'air est frais, je regrette de n'être sortie qu'avec mon pyjama.

- Quelle heure est-il ? demandé-je soudainement.

Thalia hausse les épaules.

- Je ne sais pas. Peut-être six heures ?

- C'est l'aube ? Pourquoi fait-il encore nuit ?

Elle rit.

- Tu avances vers le Grand Nord, Diane. Plus tu t'éloigneras de ce que tu connais, plus tu auras des surprises.

Je m'aperçois qu'elle a raison.

Qu'est-ce que je sais du pays des loups ?

Ce qu'on m'en a dit - superstition comme vérité.

C'est tout.

Ce que j'en ai appris, aussi. Mais pour l'instant ça ce résume à pas grand-chose.

Thalia referme doucement la porte. Elle se dirige, dehors, vers la rivière qui luit doucement à la lumière de la ville. Je la suis.

Arrivées au bord, nous nous asseyons.

Je m'attends à ce qu'elle me pose des questions, qu'elle me demande ce que je fais éveillée à cette heure-là.

Thalia ne dit pas un mot.

Je la regarde du coin de l'œil.

Elle scrute la surface de l'eau. Ses traits sont las, fatigués.

J'attendais qu'elle pose des questions mais c'est moi qui lance la conversation.

- Je t'ai réveillé ?

Thalia sursaute, et elle se tourne vers moi.

- Quoi ?

- Tu dormais ? je demande, consciente qu'elle n'a sans doute pas écouté ma question.

- Je dormais ?

Elle émet un rire sans joie.

- Non. Et toi, que fais-tu debout à six heures du matin ?

Je soupire.

- Mauvais rêve.

- Mais joli pyjama, se moque-t-elle gentiment.

Je soupire.

- Merci.

Thalia retourne son regard vers le lac.

- C'est beau, non ? On dirait un autre monde magique. Fabuleux, mais impénétrable.

- On peut rentrer dans la rivière, je remarque.

- Mais pas nager dans les étoiles.

J'acquiesce, pensive, et elle se tait de nouveau.

Je ne dis rien.

Le silence est aussi beau que les paroles, et parfois il vaut mieux le laisser s'installer.

Je suis, dans le ciel, la course d'étoiles filantes. Leur nombre à la minute est incroyable.

- Ca aussi, c'est une caractéristique du pays des loups ? demandé-je à Thalia, qui scrute le ciel elle aussi.

Elle sourit.

- Non, ça c'est juste une nuit à étoile filante, comme il y en a partout dans le monde.

- D'accord.

Mes paupières se ferment toutes seules. Mon cauchemar a interrompu un sommeil important...

- Tu devrais finir ta nuit, me conseille la jeune Louve.

- Tu cr...

Interrompue par un bâillement, je suis forcée de me rendre à l'évidence : je tombe de sommeil.

- Bonne nuit, souris-je.

Thalia rit.

- Dors, faiseuse de paix. J'ai comme qui dirait l'impression que tu en as besoin !

Je me lève, et me dirige vers le bâtiment.

J'ai un instant l'impression que Thalia me suit des yeux, mais quand je me retourne, elle regarde de nouveau le ciel. Perdue dans ses pensées.

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BAM !!

- Debout la marmotte !

Réveillée en sursaut par la porte que Thalia a ouvert plutôt brutalement, je me redresse en bâillant.

- Diane, lève-toi !

- Noon...

La louve se précipite sur moi et m'arrache mon oreiller.

- Noooon, Thalia...

- Wolfchef m'a demandé d'aller réveiller Didi mamie !

- Je l'emmerde, Wolfi, je réponds en me renfonçant du mieux que je peux sous ma couette.

Thalia me considère un instant, surprise, puis éclate de rire.

Elle n'a plus rien de la Thalia de cette nuit. Joyeuse, amusée de tout, elle est aussi agréable à côtoyer que déterminée à me tirer du lit.

Elle s'assoit sur le matelas et me secoue doucement.

- Aller, debout !

- Quelle heure est-il ? grommelé-je.

Thalia bondit sur ses pieds et va tirer le rideau.

Je plisse les yeux. La lumière du jours m'est arrivée en pleins dans la figure.

- Quinze heure, répond-elle.

- Quoi ?!

Déjà ? Est-ce possible que j'ai autant dormi ?

Thalia éclate de rire.

- Bon, je te laisse t'habiller. Rejoins-nous en bas, je vais prévenir Wolfi que tu arrives !

Elle sort.

- Ne claque pas...

Trop tard, manifestement. La porte a claqué.

Je soupire, et me lève.

Dix minutes plus tard, je quitte ma chambre, vêtue d'un jean et d'un sweat.

Thalia n'a pas tout à fait tort quand elle parle de différence entre mon Village et le pays des loups. Plis on s'en approche, plus il fait froid.

Des éclats de voix me parviennent alors, d'une salle entrouverte.

- Mais non ! C'est une idée complètement stupide que de vouloir passer par là.

- La seule idée stupide de cette pièce, Wolfi, c'est toi.

J'éclate de rire. Je m'en doutais, Wolfgang et Thalia ça risque de faire des étincelles...

Je pousse prudemment la porte.

- Salut !

Wolf se retourne vers moi. Il a l'air furieux.

- Et toi, c'est à cette heure-là que tu te lèves ? me hurle-t-il.

Surprise, je recule d'un pas. Qu'est-ce qu'il lui prend ?

Wolfgang s'avance vers moi - il a vraiment l'air furieux.

C'est Thalia qui s'interpose.

- Eh, le louveteau, c'est pas parce que tu ne sais pas prévoir sur une carte que tu dois passer ta colère sur Diane !

- Louveteau ? relève-t-il, tremblant d'une fureur qu'il peine à contenir.

- Oui. Louveteau.

Il lève le bras et la louve l'intercepte.

- Si tu veux frapper quelque chose, va taper dans un arbre dehors.

Thalia a dit ça calmement, sans se démonter.

Wolf la regarde fixement durant dix secondes puis sort de la pièce.

La porte du bâtiment se referme dans un bruit de coup de tonnerre, puis on le voit, par la fenêtre, se diriger vers le bois.

J'éclate de rire, admirative. Thalia est la deuxième personne après Mimi qui tient tête à Wolfgang.

- Pas mal !

- Je n'ai pas l'habitude de me laisser marcher sur les pieds. Thalia sourit.

- Je vois ça. Mais tu as raison, il faut bien que quelqu'un le remette de temps en temps à sa place, Wolfinou...

Elle s'esclaffe, elle aussi.

- Mais il n'est pas méchant, tu sais ?

Elle secoue la tête.

- Pas vraiment, non. Mais il a un sacré complexe d'infériorité.

- De... d'infériorité ?

J'éclate de rire.

- Je ne blague pas, fait-elle avec un sourire.

- Tu crois vraiment que Wolfinou fait un complexe ?

- Et pourquoi pas ? Viens, sortons.

Bonne idée. Mais... Qu'est-ce que tu appelles un complexe d'infériorité exactement ?

On sort de la pièce, et Thalia s'explique :

- Il n'aime pas qu'un autre que lui ai raison. Et si c'est une fille c'est encore pire !

Je tire la porte, et une bouffée d'air frais me surprend - j'ai bien fait de m'habiller plus chaudement qu'hier.

Je regarde Wolfgang de loin, pouffant de rire.

Il discute avec un jeune homme brun, vêtu de cuir. La poignée d'un sabre dépasse de son dos, et sa silhouette musclée prouve qu'il est capable de l'utiliser.

Qui est ce gars ? Pas un pensionnaire en tout cas. Peut-être un instructeur ?

- Ca explique des choses.

"Je t'entends" grogne la voix de Wolf dans ma tête.

Pour toute réponse, j'éclate de rire.

Grognant, il retourne à sa conversation avec le jeune homme.

- Tu le connais ? je demande à Thalia, sourcils froncés.

Je n'arrive pas à discerner son totem. C'est étrange...

- Ton loup ?

Je secoue la tête.

- Le gars avec qui il discute.

A son tour de secouer négativement la tête.

A ses mots, je fronce les sourcils.

- Jamais ? Tu en es sûre ?

Qui est-ce ?

Un ennemi ? Une taupe ? Un espion des Mères-Grands ?

Non.

Je l'ai déjà vu quelque part... mais où ?

- Oui, certaine. Pourquoi ?

- Parce que moi je l'ai déjà vu... J'en suis sûre.

- Alors qui est-ce ?

- Je ne sais pas...

Si, je sais. Maintenant je sais.

Il y a exactement six ans, un orage énorme a frappé le Village et ses environs.

Les éclairs ont dû zébrer le ciel trois jours sans s'arrêter, et les coups de tonnerre faisaient trembler arbres et maisons.

Mais le vent était encore le pire ; sifflant, il arrachait les toitures, faisait battre une sarabande acharnée aux battants de volets et fouettait si fort les arbres qu'on s'attendait à les voir se déraciner d'une minute à l'autre. Et ce qui devait arriver arriva ; un chêne, robuste et solide arbre trop en prise au vent, est tombé à terre, six tonnes de bois droit sur la ferme où l'en entreposait les ballots de paille.

Des Villageois, venus constater l'étendue des dégâts, ont recueillis aux abords du Village un petit garçon. Maigre, dépenaillé, il avait deux yeux d'un bleu auquel l'étendue magique de l'océan m'a fait penser.

Deux yeux bleus, un air perdu mais sincère.

Ce visage est resté à jamais gravé dans ma mémoire.

Même la directrice a eu pitié de lui - ou peut-être a-t-elle vu dans ce garçonnet perdu un moyen de montrer sa pseudo générosité.

Les Villageois l'ont installé à l'orphelinat.

Le lendemain, l'orage a disparu... Et le petit aussi. Sans laisser aucune trace.

- Si, tu sais qui s'est. Diane ?

Je sursaute. Plonger dans mes souvenirs n'est jamais très reposant, et je n'aime pas remuer les fantômes du passé... Mais maintenant je sais qui il est - ou du moins où je l'ai vu.

- Je ne connais pas son nom.

Et je lui raconte.

- ... on ne l'a jamais revu.

Pensive, elle le regarde.

- Eh bien comme tu l'as devant toi...

Elle se tourne vers moi.

- Va lui parler ! En plus il est plutôt beau gosse...

Je m'empourpre.

- Eh ! Je ne vais pas sauter sur tous les chasseurs que je vois passer !

Un air fataliste aussi bien imité que factice sur le visage, Thalia rit :

- Tu approches du Grand Nord, Diane. Plus tu t'éloigneras de tout ce que tu connais...

- Plus j'aurais des surprises ! achevé-je.

Nous rions ensemble, côte à côte.

- Diane ! m'appelle soudain Wolfgang.

Je m'avance alors vers eux, Thalia sur les talons.

- Oui ?

C'est à Wolf que je m'adresse, mais c'est le jeune homme qui me répond :

- Diane Fox, je crois ?

- Euh... oui ?

Il tend sa main, que je serre - un brin surprise.

- Je m'appelle Lukas. Et je te cherchais.

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Merci @Lyzlide pour ce texte ! Lukas est un personnage de sa fanfiction Code Rouge alors n'hésitez pas à aller voir son livre !

On se retrouve bientôt pour la suite, envoyez-moi vos textes et dessins !

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