Vendredi 23 août
Cher journal,
Je viens de te retrouver en haut de l'étagère de la cuisine en faisant les cartons. Je pense que tu devais appartenir à Grand-maman, c'est son écriture. Honnêtement, je ne sais pas trop ce qui me pousse à écrire aujourd'hui. C'est peut-être parce que je m'ennuie en attendant le camion du déménagement.
Tous nos cartons sont remplis, étiquetés ( Maman a insisté là-dessus, je cite : « Si nous n'avons pas un peu de rigueur, nous ne retrouverons jamais rien! ») et solidement fermés à l'aide de scotch.
Et là, nous attendons. C'est assez étonnant tout de même de voir notre maison vide. Deux étages et demi de vide, comme un aquarium sans eau. Elle a l'air triste.
Je sens boule ce former dans ma gorge. Je n'ai pas envie de partir. Cette maison, elle m'a vue grandir et elle a été le théâtre de la plupart de mes accidents aussi.
C'est un peu comme l'abandonner.
Myriam, qui est actuellement en train de lire assise sur le perron, dirait que je suis trop sensible en levant les yeux au ciel. Depuis qu'elle est entrée en médecine, ma grande soeur n'a plus le temps. Plus le temps pour rire, plus le temps pour rêver, plus le temps pour imaginer que les maisons on une âme.
Je regarde ses cheveux bruns aussi bouclés et désordonnés que les miens sont lisses et plats et remarque qu'apparemment elle n'a plus le temps de les coiffer non plus.
Je ne le lui dirais pas, gardons ça sous le coude pour une autre fois.
Mon autre soeur, Imelda, s'occupe comme elle peut en faisant la roue sur la pelouse fraichement tondue. Elle dit qu'elle n'a pas eu assez de temps de s'entrainer cet été pour les calcifications au championnat suisse d'agrès, à cause des préparations du déménagement. Ce qui fait qu'elle prend chaque minute qu'elle peut trouver à faire des étirements et des figures.
Je sais bien qu'il faut qu'elle s'exerce pour garder de niveau, mais avoue que lorsque tu te retrouves à demander à ses pieds où est le dentifrice parce qu'elle s'entraine à faire la pièce droite dans la cuisine, il y a plus ragoutante comme situation.
Tu dois être entrain de te dire petit journal, que tu aurais mieux fait de tombé sur une de mes soeurs pour avoir une vie plus palpitante à découvrir. Tu as peut-être raison. Mais malheureusement pour toi, tu es tombé sur moi, et il est trop tard pour faire marche arrière.
Tu sais moi aussi j'ai des infos exclusives tu sais, par exemple:
Je me suis cassé treize os depuis ma naissance...
Téméraire, cascadeuse ou acrobate? me diras-tu. Eh non, quel dommage!
En soi je pourrai mentir et dire que je me suis cassé la clavicule en sauvant un bébé des flammes telle une super héroïne. Seulement, Dieu a tenu, ne me demande pas pourquoi, à ce qu'en plus d'être mal chanceuse, je sois maladroite...
Je ne sais pas, il devait s'ennuyer dans son ciel le jour où il m'a créée. Bref, toujours est-il que même les mensonges les plus ingénieux perdent de leurs superbes en sortant de ma bouche.
Donc je suis contrainte d'avouer. La clavicule ( la première fois) c'était en tombant après avoir glissé en roulant sur un balai posé au sol...
Si, si, petit journal. Véridique, je t'assure.
Crois-moi, tu n'es pas au bout de tes surprises...
Une autre preuve que je suis destinée à rechercher en vain les trèfles à quatre feuilles toute ma vie est que mes parents ont eu la merveilleuse idée de m'appeler Amandine ( je cite ma mère: « C'était à la fois doux et original comme prénom ! » ) . Il y a pire tu me diras, j'aurai pu m'appeler Gertrude. Et, je cite mon père : « C'est mignon Amandine, ça signifie « la petite affectueuse ». Non franchement, je n'ai rien contre mon prénom en soi. Seulement, mes parents avaient oublié un minuscule détail. À savoir que leur affectueuse, originale et si douce petite Amandine allait avoir un nom de famille, plus précisément leur nom de famille.
Ozor.
Je m'appelle donc Amandine Ozor, je te laisse imaginer ma joie durant toutes mes années de primaire lorsque le prof faisait l'appel...
Bon, je te laisse, le camion est arrivé, il faut que je mette la main à la pâte.
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