Mardi 27 août
Mardi 27 août
Cher journal,
Imelda est actuellement en train de s'entrainer aux rondades ( avant ou arrière j'en ai aucune idée) dans le couloir. ça fait un boucan du tonner. Je lui ai demandé si elle ne voulait pas aller dehors et j'ai eu le droit à un « t'as vu le temps qu'il fait? » dégoûté.
C'est vrai qu'il pleut à verse depuis ce matin, mais bon quelques gouttes n'ont jamais tué personne. C'est ce que je me suis dit en remarquant, sur le chemin de l'arrêt de bus à sept heures trente, que j'avais oublié mon parapluie. Quand je suis arrivée au Gymnase, je dégoulinais de partout et la semelle de mes baskets faisait un bruit de ventouse de w.c. sur le carrelage d'époque... Je me suis dit qu'au moins si les gens avaient besoin d'un plombier, ils sauraient où me trouver.
Roxie a écarquillé les yeux, ahurie lorsqu'elle a vu ma tête de panosse trop mouillée.
- Mon Dieu Amandine, mais qu'est-ce qu'il t'ai arrivé! Il faut te changer tu vas chopper un rhume!
Elle m'a fait rire, c'était une réflexion qu'aurait pu me faire ma mère.
- T'inquiètes, ça va aller, je me mettrai près du radiateur...
- Attends viens à mon casier, je vais te prêter un pull.
Sans attendre ma réponse, la rousse m'a tiré par la manche et je l'ai suivie. Lorsqu'elle a ouvert son casier, j'ai pu voir qu'elle avait déjà collé son horaire sur l'intérieur de la porte. Quelle organisation!
- Tiens, a-t-elle dit, en me passant un pull à poil qui m'avait tout l'aire d'être en cachemire .
- Mais tu es folle, je vais te l'abimer!
- Pas de soucis, ce sera l'occasion de dire à ma mère que je le trouve hideux...
Je l'ai regardé, étonnée, mais elle n'avait pas l'air de plaisanter. J'ai retiré ma verte et ai enfilé le pull.
- Oh c'est trop doux! Merci!
Par réflexe, j'ai bondi vers elle pour lui faire un câlin, mais au dernier moment je me suis rappelée qu'elle n'était pas une personne proche et que j'étais trempée. J'ai donc sauté sur place sans l'approcher, comme une débile, pour faire passer ça comme un geste anodin. Roxie n'a surement pas été dupe, mais elle s'est contentée d'un petit rire avant de me dire de me dépêcher qu'on allait être en retard en classe. Décidément, je l'aime bien cette fille. Nous allions entrer dans la salle lorsqu'une jeune femme longiligne a débarqué en me jetant un regard condescendant.
- Alors Rox, tu continues à jouer les saint-bernard? Fais gaffe, on ne sait pas ou ça a trainé.
Le « ça » c'était moi. Je l'ai dévisagée, elle avait un visage fin, un nez en trompette, des cheveux blond platine ( que je devinais être teints ) coupés au carré et des yeux brun sombre qui me scrutaient inquisiteur.
- Bonjour à toi aussi.
C'est sorti toute seule. Je n'ai jamais été du genre à réfléchir avant de parler.
La belle a haussé un sourcil.
- Tiens, je ne savais pas que les chiens mouillés parlaient...
- Étonnant hein, mais t'inquiètes, je sais faire plein d'autres tours aussi, je saute, donne la patte et t'envoie bien te faire voir !
Oups, c'était sortit tout seul. Je me suis figée, attendant sa réaction. À côté de moi, Roxie nous observait comme si elle assistait à un match de Tennis très ennuyeux. La grande blonde a laissé passer quelques secondes inconfortables, puis a esquissé un sourire.
- Tu sais quoi Rox? On la garde, je l'aime bien.
Puis elle a tourné les talons.
J'ai interrogé la rousse du regard.
- Elle est toujours comme ça, tu t'y habitueras...
Le reste de la matinée c'est déroulé sans incident notoire. Hormis Icar qui m'a lancé en distribuant les feuilles d'exercices d'allemand ( je soupçonne la prof de le faire bouger dans l'espoir qu'il se taise.):
- Alors, petit dinosaure, comment on va aujourd'hui?
Il avait l'air très contant de sa trouvaille.
- Très bien, mais fait gaffe je suis un T rex, pas un petit dinosaure et je boufferai bien du blond...
- Quand tu veux! a-t-il rétorqué avant de s'éloigner en éclatant de rire.
- Hein?
C'était censé lui clouer le bec.
- Fais gaffe aux phrases détournables, vélociraptor !
Un clin d'oeil plus tard, il était déjà à la table de devant à faire le mariole et moi maudissais ma bêtise.
À midi à la cafète, Roxie m'a proposé de manger avec elle et Marie, la grande blonde. C'est là qu'elle m'a fait passé un interrogatoire digne du KGB.
- Alors comment ça se fait que tu aies débarqué ici?
- Mon père a été muté...
- Oh il fait quoi comme métier?
- Il est charpentier.
- Trop cool! Il construit des toits?
- Non, il joue au KAPLA a raillé Marie.
Je l'ai ignoré et ai répondu:
- Oui il fait des toits principalement.
- Et ta maman?
- Elle est enseignante, à des élèves de sept-huitième.
Elle nous en raconte des bonnes parfois, ses élèves sont de vraies pives.
- Et tu as des frères et soeurs?
Les questions se sont enchaînées comme ça pendant presque toute la pause. Mais ça ne me dérangeait pas. Je voyais bien que son intérêt était sincère, donc ça me faisait plaisir de lui répondre. De mon côté, j'ai appris qu'elle avait trois petits frères, dont des jumeaux, qu'elle habitait à la campagne, que ses parents travaillaient beaucoup et qu'ils avaient des poules. J'ai essayé de questionné Marie, mais je n'ai eu le droit qu'à un « Je t'en pose des questions? » peut engageant.
Tout en répondant aux questions, j'ai observé mes deux nouvelles connaissances. Je me demandais bien comment diable elles avaient pu devenir amies. D'un côté Roxie, rayonnante dans sa petite robe blanche bouffante sur les genoux, avec ses chaussettes remontées jusqu'au bas des cuisses et ses deux tresses plaquées de chaque côté de la tête, aussi soignée qu'une poupée de porcelaine et de l'autre Marie toute en noir, docs aux pieds, cheveux teins, bracelets cloutés, l'air de vouloir défier le monde entier.
Elles me font un peu penser à Émilie et Judith. Bien que ce soit le contraire. Émilie la douce est une vraie gothique et Judith la tigresse est tirée à quatre épingles. D'ailleurs ça me fait penser qu'il faut que je les appelle cette semaine !
L'après-midi, j'ai eu deux périodes d'option spécifique où je ne connaissais personne. Je suis en philo-psycho, Roxie en Espagnole et Marie en Art. Et comme pour l'instant l'entièreté de mes interactions sociales se résume à elles deux et à un clown de servis pour qui tout est bon pour tromper l'ennui, je me suis faite toute petite dans un coin en écoutant mon prof théoriser sur Freud.
Bon, il ne pleut plus, il faut que je te laisse, je dois encore passer à la librairie acheter « Notre Dame de Paris » que l'on doit lire pour le français. En rollers je serai de retour juste à temps pour le diner!
Ciao!
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