Lundi 26 août

Cher journal,

Pour la discrétion on repassera.

Lorsque je suis partie ce matin, tout allait bien. J'ai pris un rapide petit-déj et je suis allée attendre le bus à l'arrêt de bus à quelques minutes de marche de la maison. Il n'y avait personne. Logique, j'avais prévu de prendre un bus plus tôt pour être sûre d'arriver à l'heure.

Le véhicule est arrivé, et les vingt minutes de trajet qui ont suivi m'ont semblé être paradoxalement à la fois les plus longues et les plus courtes de ma vie.

Je suis ensuite arrivée devant le Gymnase. C'était un bâtiment énorme et plutôt ancien, en tout cas trois fois plus grand que celui où j'avais passé mes deux premières années de gymnase. J'ai senti mon estomac se contracter.

Je me sentais minuscule. Je me suis forcée à respirer un grand coup et à voir le bon côté des choses. Ça va aller Amandine, tu vas t'en sortir, il y a surement un plan du bâtiment à l'intérieur.

En face de moi, une grande porte en verre à deux battant jurait avec le reste de l'architecture. À l'intérieur, j'ai vu un large couloir avec des élèves de mon âge qui marchaient d'un bon pas. Soulagée d'être au bon endroit, je me suis dirigée vers la porte et ai poussé le battant de gauche avec entrain. La porte est restée immobile. Par contre un élève du couloir s'est arrêté et a regardé dans ma direction, surpris. J'ai alors rapidement tiré sur le battant. La porte n'a pas plus bougé qu'auparavant. Le garçon de l'autre côté de la vitre me regardait maintenant avec curiosité. Gênée, je lui ai fait un petit sourire et je me suis rabattue sur le battant de droite et je l'ai poussé. Aucune réaction. C'était bien va vaine. Finalement, j'ai tiré une dernière fois sur le battent et, oh miracle incroyable, la porte s'est ouvert. Le jeune homme m'a fixé d'un regard amusé et a applaudit. Rouge de honte et foutue pour foutue, j'ai fait la révérence. Mais quand je me suis redressée, il était déjà parti.

Bravo, Amandine, joli coup...

Je suis ensuite partie à la recherche de ma classe. Heureusement, les gens que je croisais semblaient trop occupés à rire aux éclats et à se donner des accolades, fêtant leurs retrouvailles pour faire attention à moi.

Je tenais le courrier que j'avais reçu pendant les vacances dans ma main et je sentais la sueur commencer à imbiber le papier. Il était indiqué que j'étais dans la classe 3M11 et que j'avais M. Paquet comme conseiller de classe. Seulement aucune indication ne me disait où était ma classe. Faute de mieux, je me suis mise à lire les noms des classes sur les horaires affichés sur les portes des salles de cours. L'heure avançait, me rapprochant de plus en plus du début des cours. Enfin une dizaine de minutes avant la sonnerie, je mis la main sur ma salle de classe. Poussant un soupire de soulagement, j'ai posé la main sur la poignée de la porte. Je réfléchissais déjà à la place qu'il était stratégique de prendre. Être la première sur les lieux était déjà une bonne chose, comme ça c'était aux autres de venir s'assoir à côté de moi et pas le contraire.

Seulement, la porte ne s'ouvrit pas. Non pas encore! Cette fois-ci que je tire ou pousse, le résultat était le même. Elle était verrouillée.

Pourtant c'était bien ma classe, je ne comprenais pas. Soudain la sonnerie a retenti. J'aurais dû être entouré d'une vingtaine de personnes, or j'étais toujours désespérément seule.

J'ai décidé de prendre mon mal en patience, et ai sorti un livre ( que j'avais pris pour le bus initialement).

J'ai attendu une heure quarante-cinq.

À relire quasiment en boucle les mêmes lignes en épiant le couloir pour ne pas être découverte. Quelle éclate...

Puis, des pas se sont fait entendre et une ribambelle de jeunes gens bruyants a débarqué dans le couloir. J'ai juste eu le temps de cacher le livre dans mon sac et me relever à la hâte.

Un homme d'une quarantaine d'années aux petites lunettes rondes, à la tête aussi chauve qu'un boule de bowling et à la chemise à carreaux est venu se poster de devant moi.

- Vous êtes Mademoiselle Ozor?

Le ton était froid et distant. Il m'a confirmé qu'il n'pas était judicieux de lui faire remarquer qu'on ne devait plus dire « mademoiselle » mais « Madame ».

- Oui.

- Pourquoi n'êtes-vous pas allée au discourt du directeur?

Un petit attroupement de curieux était en train de se former autour de nous.

- Je ne savais pas qu'il fallait y aller, je n'ai pas été informée, je suis nouvelle... tentai-je de me défendre.

- Bon, j'imagine qu'il s'agit d'une erreur administrative de plus, soupira-t-il d'un air las. Bon tout le monde en classe!

Dans un joyeux brouhaha, notre cher public s'est précipité dans la salle, brisant toutes mes chances d'être dans les premiers.

- Tu peux venir t'assoir à côté de moi!

Je me suis retournée surprise. Deux grands yeux noisette soulignés d'eye-liner et de mascara me fixaient gentiment. Ma sauveuse! Je lui ai fait un énorme sourire.

- Oh cool merci!

- Tu sais, Paquet n'est pas si tendu habituellement, là il a passé le discours entier assis à côté d'Icar pour l'empêcher de faire trop de bruit, donc il l'a mauvaise! C'est pas de ta faute, ça ira mieux après un petit moment, tu verras...

- Ok!

Je ne voyais pas de qui elle parlait, mais j'avais très envie de la croire sur parole. Elle est entrée dans la classe et s'est assise au deuxième rang à droite coté de la porte. J'ai pris place à côté d'elle me demandant combien de temps il lui avait fallu pour s'occuper de ses cheveux ce matin. Superbement roux et brillants, ils lui tombaient jusqu'au bas du dos en élégantes boucles anglaises.

Non, je n'allais pas être jalouse de la première personne qui daignait m'adresser amicalement la parole. Mais honnêtement, c'était difficile.

- Je m'appelle Roxie a soufflé la rousse avec un sourire.

- Moi c'est Amandine

- Oh c'est joli!

- Oui ça veut dire « la petite affectueuse »! annonçai-je sans réfléchir.

Pourquoi je ne pouvais pas tout simplement la fermer ?

Roxie a rigolé franchement.

- Top! C'est mignon comme signification... Dis-toi que mes parents m'ont appelée Roxie parce que j'étais rousse et qu'ils étaient fans de Rox et Rouky!

J'ai pouffé. C'est là que nous fûmes interrompues par M. paquet qui faisait l'appelle. Et ce que je redoutais est arrivé.

- Amandine Ozor?

Comme s'il n'avait pas déjà vu que j'étais là.

Je levais la main lorsqu'une voix creva le silence de la classe.

- Eh ça fait Aman dinosaure, excellent!

Ça s'était fait. Je me suis retournée en direction du fond de la classe d'où provenant la voix et j'ai découvert un jeune homme blond comme les blés aux cheveux aussi en bataille qu'un nid d'oiseau, en train de se balancer sur sa chaise. Il m'a fait un petit coucou de la main et a annoncé , avec un grand sourire:

- Icar, pour te servir!

Un murmure amusé a retenti dans la classe. Avant que j'ai pu décider si le dénommé Icar était un ami ou un ennemi et si je devais lui répondre, Monsieur Paquet s'exclama d'un ton autoritaire:

- Monsieur Perry, vous me ferez l'honneur de vous taire dorénavant dans mon cours si vous ne levez pas la main...

Icar a alors levé la main en le coupant:

- Pardon de détendre l'atmosphère!

- Et qu'on ne t'aura pas interrogé! a rugi le professeur, visiblement à bout de nerfs.

Nullement impressionné, le blond s'est contenté de faire un geste qui pouvait être interprété comme un mixe de « Je fais ce que je veux » et de « Bah comme vous voulez », sans se départir de son grand sourire. Mais après cela, il n'a plus pris la parole à haute voix.

Roxie m'a chuchoté:

- Voilà tu as fait connaissance avec le clown de la classe...

J'ai hoché la tête et me suis à nouveau retournée vers lui et me suis fait la réflexion qu'effectivement, il avait vraiment l'aire d'un clown avec sa chemise jaune ouverte sur un T-shirt noir et son pantalon vert.

Le reste du cours s'est déroulé normalement. À la fin de la matinée, la rousse s'est levée et m'a souri.

- Alors à demain Amandine!

- À demain!

Je suis ensuite rentrée chez moi, j'ai mangé, évitant au mieux les questions de ma mère et je suis montée dans ma chambre.

Je ne sais pas trop que penser de cette journée. Ça aurait pu être bien pire et Roxie à l'air très sympa, mais je me demande si elle ne faisait cela pas juste parce que j'avais l'air paumée... Nous verrons bien. En attendant, j'ai bien mérité un peu de repos.

À plus!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top