III- Humaine
AVA
- Version Bêta, est-ce que tu nous entends?
- Appelle-la Ava, je te dis!
Elle ne se trouvait plus au même endroit. Cette fois-ci, elle était assise dans un imposant fauteuil, une nouvelle fois face aux deux hommes en blouse blanche, dont le visage était dissimulé par les masques chirurgicaux qu'ils portaient.
L'un d'entre eux lui tendit un objet qu'elle reconnut instantanément, alors que c'était la première fois qu'elle le voyait:
- Dis-moi ce qu'est cet objet, Ava, je te prie.
- Une lampe-torche. C'est une lampe-torche.
C'était la première fois qu'elle en voyait une.
Les scientifiques échangèrent un regard:
- Le téléchargement de données cérébrales a bien fonctionné. AvaDiazBêta dispose bien de tous les souvenirs nécessaires à un être humain.
Un être humain.
Ava savait qu'elle n'était pas un être humain.
Un clone. Elle était un clone. Plus forte, plus résistante que l'originale.
- Ava, dit l'un des scientifiques, tu as seize ans.
Seize ans. Elle connaissait la signification de cet âge. Trop vieille pour être considérée comme un enfant, et trop jeune encore pour être pleinement adulte.
Mais il subsistait une question à laquelle elle ne pouvait répondre seule:
- Qu'est-ce que je fais ici? Pourquoi moi?
Elle savait qu'un clone n'était pas naturel. Que, d'une manière ou d'une autre, il devait être créé.
- Ce n'est pas la question que tu dois te poser, Ava. Tu as été choisie. Ne te pose pas de questions. Nous t'avons offert une vie. Souviens-t-en.
Quelque chose dans sa voix fit frémir Ava.
Comme une menace sous-jacente.
- Dans ce cas, je suis à vos ordres, murmura-t-elle.
Avisant leurs sourires satisfaits, elle sut qu'elle avait donné la bonne réponse.
On la guida jusqu'à une petite pièce, aux murs blancs dépourvus de fenêtres.
Durant tout le temps où elle avait marché jusqu'à cette salle, elle n'avait pas vu une seule fenêtre. Tout était blanc, excessivement propre. Elle savait au fond d'elle que le ciel existait, son esprit l'avait appris, tout comme il avait appris l'existence de la pluie, du vent ou du soleil. Mais, depuis son premier réveil, elle ne les avait pas vus.
On l'avait laissée dans cette chambre. Et on l'avait enfermée.
Ava s'était sentie étrangement mal à l'aise. Est-ce que cela signifiait qu'elle était prisonnière? Il n'empêche, ces gens lui avaient donné une chance de vivre, et il était évident qu'elle devait leur en être reconnaissante...
On finit par lui apporter un plateau-repas composé d'une sorte de bouillie d'une couleur étrange mais qu'elle mangea sans poser de questions. Le goût était fade, mais cela lui importait peu. Alors, on lui retira la perfusion dans son bras qu'elle n'avait pas remarquée jusqu'ici.
Comme si son corps n'était pas encore tout à fait éveillé... Elle bougea ses doigts, puis ses orteils.
Tout fonctionnait.
Peut-être était-elle seule. Mais elle avait un corps. Il lui appartenait. Il était à elle.
A elle.
Elle aurait beau être seule, elle aurait toujours ce corps.
Elle ne serait plus jamais confrontée au vide hurlant.
Elle avait un corps.
Elle serait forte, quoi qui puisse l'attendre.
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