"Version Bêta."

Ce furent les premiers mots qu'elle entendit.

Une voix humaine: elle le reconnaissait, sans trop savoir comment. 

Les émotions dans cette voix, également. Dédain et fierté à la fois. 

Elle n'avait pas encore vécu. Pas encore. Pourtant, elle savait que dédain et fierté n'étaient que rarement associés. Mais là, en écoutant la voix, elle avait tout simplement l'impression qu'elle était insignifiante, mais qu'elle méritait quand même d'être remarquée.

Comme si elle était spéciale. Insignifiante et pourtant spéciale.

AvaDiazBêta ouvrit finalement les yeux. Allongée dans un lit, elle sentait des frisons et des picotements parcourir tout son corps. 

Elle avait... Froid. 

Elle avait froid.

Un homme à la blouse blanche se pencha sur elle: 

- Bienvenue parmi nous, AvaDiazBêta. 

Et une voix, venant de derrière lui:

- Oh, laisse tomber! Appelle-la Ava! De toute façon, elle ferait mieux de s'habituer à ce nom...

AvaDiazBêta cligna des paupières. La lumière l'éblouissait. Trop de bruits assaillaient brusquement ses oreilles.

Trop d'informations. 

 D'un coup.

Elle ferma ses paupières de toutes ses forces. 

"Ava. Je m'appelle AVA. "

C'était comme si cet effort lui avait coûté tout le regain d'énergie qu'elle avait, et, bien malgré elle, elle plongea à nouveau dans un sommeil comateux.

SEBASTIEN

Sébastien était là lorsque les scientifiques plus âgés éveillèrent AvaDiazBêta.

C'était la première fois qu'il assistait à un Réveil.

Certes, il avait aidé à séquencer les ADN qui avaient permis la création des clones, mais il n'avait encore jamais vu l'un d'entre eux.

AvaDiazBêta semblait... tellement humaine!

Sa peau, ses yeux, son attitude, tout en elle était parfaitement humain! Elle semblait aussi humaine que son amie Mila, qu'il avait laissé en France, ou Lise, la sentinelle avec laquelle il avait coutume de déjeuner au mess...

Il n'en revenait pas. Ici, à Anchorage, on venait de créer un clone... Un clone, un être humain... Presque humain.

Comment était-ce même possible? Voilà ce qu'il se demandait en regardant avec émerveillement le souffle d'AvaDiazBêta former une légère buée dans l'air glacial de la salle.

Les yeux écarquillés, Sébastien observa sa poitrine qui se soulevait paisiblement.

Ce que la science pouvait faire... 

C'était magique. Magnifique et magique. 

Et il avait participé à ce miracle! Son cœur se gonfla de fierté.

Les recherches qu'il menait à Anchorage... Elles en valaient la peine.