- On va sortir par le sous-sol! décida Katherine. Comme ça, on a une chance de trouver une voiture dans le parking, et surtout, de trouver la route qui mène loin d'ici...

- Ça sera plus sûr, aussi, ajouta Rhett en désignant l'extérieur, qu'ils entrapercevaient à travers la vitre de l'escalier.

Oliver y jeta un coup d'œil, pour la première fois depuis qu'ils se dépêchaient de rejoindre le bas de la tour. Non, c'était impossible! La tour était encerclée de murailles, et celles-ci étaient en feu... Des hélicoptères volaient dans le ciel, des hélicoptères qui tiraient sur le complexe des clones! Mais que se passait-il? Est-ce que tout cela avait un rapport avec la fille qu'ils avaient retrouvée, celle qui semblait se nommer Ava?

- Oui, sortir devient urgent, là, affirma Laura. Allez, on speede!

- Une minute! l'arrêta Oliver.

- Quoi?

- Il faut que je déconnecte le système, entièrement. Pour que les caméras du rez-de-chaussée soient HS aussi, et que nul ne voie la direction que nous allons prendre... Et aussi désactiver les portails qu'il risque d'y avoir sur notre chemin...

Laura se planta devant lui, les poings sur les hanches:

- Et tu comptes faire ça comment? Le bâtiment entier va tomber en ruines sous peu, je ne veux pas que tu t'attardes ici, je...

- On est passés devant une salle de contrôle, il y a trente secondes, dit le hacker. J'y vais, et en dix secondes, j'ai réglé ça, promis. Vous, prenez de l'avance...

- D'accord, dit Violet. Lou, viens!

Et les deux espionnes prirent la tête du groupe, descendant les escaliers du sous-sol. Un des garçons libérés par Laura et les autres vint aider Rhett à porter Ava, et Oliver poussa Laura en direction des escaliers:

- Vas-y, j'arrive.

Puis il se détourna, et partit vers la salle de contrôle. Elle était vide. Evidemment, tous les clones devaient être réquisitionnés sur les remparts... Il n'eut donc aucun problème pour déconnecter tous les systèmes, et ressortit du local en coup de vent.

Il se figea en voyant deux personnes entrer dans son champ de vision, et pointa instinctivement son arme sur les nouvelles venues.

- Non, attendez! fit la première, une femme d'une quarantaine d'années, aux traits fatigués. On ne vous veut aucun mal! Vous... S'il vous plait, aidez-moi à sauver ma fille...

Une fille d'environ quatorze ans s'accrochait à son bras. Ses yeux vert foncé étaient remplis d'effroi et ses cheveux en bataille.

- Pardon? murmura-t-il.

La femme se rapprocha de lui:

- Je suis Misty Falconer. Je suis la femme de celui qui a créé les clones.

Oliver eut un mouvement de recul, quant à Misty, elle fit un pas en avant, comme pour le retenir:

- Non, attendez, je ne cautionne pas du tout ce que mon mari a fait, il.. il est devenu fou, je... Je veux juste que Zaïa arrive à s'enfuir d'ici, c'est ma fille... C'est la fille à Falconer aussi, mais elle n'a rien à voir avec tout ça... Il nous a retenues prisonnières.. S'il vous plait, prenez-la avec vous!

Le jeune homme sentit son coeur se serrer. C'était impossible que Misty Falconer mente. Elle était vraiment désespérée, et elle n'avait absolument pas l'air dangereuse... Elle voulait juste sauver sa fille... Comment pouvait-il décemment l'abandonner?

- D'accord, dit-il. D'accord, venez avec moi, mes amis m'attendent en bas, vous n'avez qu'à venir, et...

- Non, refusa Misty Falconer. Prenez seulement Zaïa. Moi, je ne peux pas partir.

- Maman... supplia la jeune Zaïa.

- Non, chérie, je ne peux pas venir avec toi...

Les yeux de Misty s'emplirent de larmes, et elle se tourna vers Oliver.

- Les hommes de mon mari vont nous chercher. S'ils ne retrouvent aucune de nous deux, ils nous chercheront jusqu'au bout du monde... Je dois rester ici.

- Mais tout va s'écrouler... plaida Oliver.

- Je dois rester ici, répéta Misty avec force. Zaïa, chérie, je vais te laisser avec...

- Oliver, mais...

Comment pouvait-elle lui faire confiance, alors qu'ils venaient juste de se rencontrer? Mais à vrai dire, en de telles circonstances, avaient-ils vraiment le choix?

- Oliver, personne ne doit savoir qui est le père de Zaïa. Jurez-moi de ne rien dire à personne.

- Je ne dirai rien, mais...

- Parfait.

- Maman, tu ne peux vraiment pas venir? Ils ne nous retrouveront pas, si nous partons loin...

- Chérie, ton père a fait en sorte de toujours me retrouver. Si nous restons ensemble, ils nous retrouveront, c'est pour ça que tu vas partir de ton côté.

Zaïa se mit à pleurer elle aussi, et Oliver n'avait jamais rien vu d'aussi triste.

- Mais tu te souviendras toujours de moi, d'accord? Et que je t'aime. Je t'aime, chérie. Plus que tout au monde.

La fille de Falconer hocha la tête, tout en pleurant. Misty attrapa ses mains et les écarta d'elle:

- Maintenant, tu vas aller avec Oliver. Je vais régler tout ça de mon côté.

Lorsque Misty glissa la main de Zaïa dans la sienne, Oliver se sentit submergé par la responsabilité.

- Partez, maintenant, dit Misty.

Oliver serra la main de Zaïa dans la sienne, et l'entraîna doucement vers l'escalier du sous-sol.

- Au revoir, dit-il à Misty.

Il ne savait pas quoi dire d'autre.

La mère de Zaïa hocha la tête, et Oliver entreprit de descendre dans les marches, la main fine de la fille de Falconer dans la sienne.

Laura, Katherine, Rhett et tous les autres l'attendaient à l'entrée du parking, dans deux fourgonnettes noires. Katherine était au volant de la première, à côté de Laura:

- C'est bizarre, ces deux bagnoles étaient prêtes au départ, le moteur enclenché et tout... Les clones devaient prévoir une sortie, mais l'attaque du complexe a dû leur faire changer de plan... T'as réussi à désactiver tes trucs?

- Ouais!

Oliver s'approcha du van, tenant toujours la main de Zaïa, et entreprit d'ouvrir la portière.

- J'ai trouvé Zaïa là-bas, je vous expliquerai...

Il trouverait bien une histoire à leur raconter...

- On est complets! lui cria Laura. Monte dans l'autre van!

Oliver se précipita vers l'autre véhicule, piloté par Lou.

Rhett lui ouvrit la porte: deux ou trois autres fugitifs étaient présents, et Ava était allongée sur la banquette arrière.

- Comment elle va? demanda Oliver en refermant la portière.

- Rien de nouveau, mon vieux, marmonna le botaniste. Il lui faut des soins. Mais jusqu'ici, elle tient le coup.

Oliver s'assit près d'Ava, et installa Zaïa sur le siège à côté de lui:

- Rhett, je te présente Zaïa, elle a réussi à s'enfuir de le tour elle aussi, je l'ai croisée en revenant... On a eu de la chance...

- Oui... approuva timidement Zaïa.

- Alors là, carrément! s'exclama Rhett. Une veine de pendu! Enchanté de vous rencontrer, mademoiselle!

- Moi aussi...

Lou démarra alors, suivant le van de Katherine, et bientôt, après avoir emprunté plusieurs tunnels, ils émergeaient du parking, sur une petite route à travers la forêt

Oliver se tourna pour jeter un coup d'oeil par la vitre: à travers les cimes des arbres, il voyait toujours les hélicoptères tournoyer autour de la tour, mais ils étaient désormais à une sacrée distance de celle-ci... Ils avaient dû parcourir plusieurs kilomètres par les tunnels...

- Bonne nouvelle, on n'a pas été repérés, se réjouit Lou.

- Et maintenant, on va où? demanda Zaïa.

- Le plus loin possible d'ici, déclara Rhett. M'est avis que nous perdre au fin fond de la cambrousse est une bonne idée... On va se faire oublier en attendant que les choses se tassent un peu...

- Je suis sûre que sur le chemin, on trouvera une ou deux boutiques abandonnées où nous ravitailler... dit Lou. En attendant, je suis Kat...

- Vers où elle va? demanda Rhett.

- Selon le GPS, on trace vers le Nord.

- Le Nord? lâcha Zaïa.

- On est en Alaska. Le nord de l'Alaska...

A côté d'Oliver, Ava tressaillit violemment. Il se tourna vers elle, juste à temps pour la voir ouvrir grand les yeux, des yeux gris tourmente.

- Hé, tu m'entends? demanda-t-il avec espoir.

Il était un peu effrayé, aussi. Il ne savait pas qui était cette fille. Pourquoi leurs chemins s'étaient croisés. Mais elle l'impressionnait, sans qu'il puisse comprendre pourquoi.

Elle ne répondit pas. Elle se contente de le dévisager intensément. L'instant d'après, elle sembla de nouveau perdre sa lucidité, et ses yeux se voilèrent. Puis les paupières se fermèrent en tremblant.

Oliver ne savait pas si elle l'entendait, mais il murmura tout de même:

- Ne t'inquiète pas, ça va bien se passer. On va se rendre dans un endroit où on sera à l'abri. Tu n'as plus rien à craindre, on rentre chez nous.