Quand tout est bouleversé:

ARTHUR

Le soir, lorsqu'il terminait les cours, Arthur avait l'habitude de passer chercher sa sœur Eleanor au collège. Alors, ils rentraient ensemble, parfois accompagnés par Sarah, leur voisine de l'âge d'Arthur, qu'ils connaissaient depuis toujours. Arthur adorait voir sa soeur passer les grilles le sourire aux lèvres, la joie illuminant ses yeux d'une nuance de vert légèrement plus claire que la sienne. 

Parfois, elle agitait la main à l'intention d'une de ses amies, mais la plupart du temps, Eleanor était seule. Comme son frère, elle demeurait assez refermée sur elle-même, se concentrant plus sur ses études que sur toutes les sorties que les collégiennes de San Francisco pouvaient généralement organiser.

Arthur savait que le rêve de sa petite sœur était d'entrer plus tard dans une grande école supérieure. Yale, Harvard... Il était lui-même persuadé qu'elle pouvait y arriver. Si Arthur était un élève dans la moyenne, Eleanor, elle, avait toujours été première de sa classe...

Lorsqu'ils arrivaient chez eux, après avoir parfois fait un détour et pris le bus pour admirer l'océan et la côte, leur père n'était pas encore rentré, en général. Il finissait son travail tard, vers l'heure où Eleanor, plus jeune qu'Arthur de quatre ans, se couchait. Arthur, lui, attendait le retour de son père, qui revenait, généralement exténué. Il avait à peine la force d'échanger quelques mots avec son fils et ne tardait pas à s'endormir. 

Lorsqu'Arthur et Eleanor se réveillaient au matin, il était déjà parti. Leur mère n'était pas là.

Elle était partie peu après la naissance d'Eleanor, disparaissant comme si elle avait été un fantôme. Comme si ses enfants n'avaient jamais compté. Son père ne s'en était jamais remis. Arthur, lui, se souvenait encore vaguement de la berceuse que lui chantait sa mère pour l'endormir. Elle avait été là, pensait-il souvent avec incrédulité. Puis elle avait disparu.

Eleanor n'en avait absolument aucun souvenir. Quoi qu'il en soit, ce qu'il restait de leur famille vivait avec. Mais ce jeudi matin d'octobre, tout bascula. Arthur croyait son père parti depuis longtemps travailler lorsqu'il se rendit dans la cuisine pour prendre un rapide petit-déjeuner. Mais son père était là, à terre, immobile, une main reposant sur sa poitrine, crispée. 

Eleanor entra alors, ensommeillée, alors qu'Arthur comprenait avec effroi ce qui semblait s'être passé. Il se précipita vers son père et tenta de sentir son pouls.

Rien. 

Eleanor ouvrit de grands yeux effrayés.

- Ellie, hurla Arthur, vite, appelle les urgences!
Mais quoi qu'il en soit, c'était déjà trop tard. Quelques heures plus tard, ils apprirent que c'était une crise cardiaque qui avait foudroyé leur père. Ellie se mit à pleurer et Arthur la serra dans ses bras, le plus fort qu'il put.
- Arthur, murmura Eleanor entre deux sanglots. Pourquoi nous?
- Je ne sais pas.
- Qu'est-ce qu'on va faire?
La voix d'Eleanor était implorante. Elle attendait qu'il prenne une décision.
Arthur avait dix-neuf ans. Mais peu importait. Il ferait en sorte qu'Ellie reste avec lui. Qu'elle ait une vie normale, qu'elle continue ses études. Il pourrait demander au bar qui l'employait occasionnellement un travail à temps plein.
- Ne t'inquiète pas, Ellie, dit-il doucement. Je vais trouver une solution. Je te le promets. Toi, tu n'as pas à t'inquiéter.

ELEANOR

Après une journée de cours plus qu'ennuyante je me dirige directement vers ma petite chambre et j'ouvre le vieux carnet que mon grand-père paternel m'a offert. J'avoue qu'au début je le voyais comme un vieux tas de feuilles inutilisables, maintenant je le vois comme une mine d'or : j'adore ce qui est ancien ! Je l'ouvre et entreprends d'écrire les récents événements, ça faisait un bail que je n'avais pas écrit, il était prêt à prendre la poussière...

"Cher journal, je sais que cette phrase est bien trop stéréotypée mais je n'avais rien d'autre à dire..., j'avais envie d'écrire car hormis Sarah, la voisine, et Arthur, mon frère, je n'ai personne d'autre à qui me confier... j'ai comme un manque en moi, depuis que papa est mort... C'est fou le mal que ça peut faire de perdre quelqu'un de proche, en plus Arthur est souvent au travail, il se tuerait au boulot pour que j'aille bien... s'il faut travailler: je peux, et lui aussi le sait mais il veut que j'aie une enfance normale et que je ne me concentre que sur les cours, c'est ce pourquoi je m'oblige; et cela depuis toujours, d'avoir les meilleurs résultats, d'atteindre la perfection. Je m'éloigne mais j'ai besoin de penser à autre chose pour ne pas tomber dans une dépression. Je suis fatiguée... Depuis la mort de Papa, je n'arrive plus à dormir, en plus j'ai peur pour Arthur, je ne m'endors pas tant que je ne l'ai pas vu. Je dois avoir des cernes énormes, mais il faut que j'aie l'air heureuse, pour Arthur et par mémoire pour mon père. Je pleure beaucoup, tellement que je n'ai plus de larmes... J'ai mal, tellement que je n'ai plus le cœur à rien... Mais la chose la plus horrible depuis cette tragédie, c'est les seuls moments où je ferme l'œil, je cauchemarde beaucoup de ce qui est arrivée à mon père, je revois la scène, et ce qui pourrait arriver à Arthur et moi. J'ai peur et j'ai mal au cœur. Mais une fille de ma classe m'a dit "le temps efface tout, ça ira mieux après"... j'attends encore... "

Je me lève et ferme mon cahier que je laisse traîner sur mon bureau, je passe rapidement devant le miroir et remarque que j'avais raison : j'ai des énormes cernes qui sont trop mises en valeur à cause de mes yeux verts, mon teint pas assez bronzé et mes longs cheveux bruns raides. Je ressemble beaucoup à mon frère, on me l'a toujours dit, et mon frère est comme mon père quand il était plus jeune... Comme d'habitude, chacune de mes pensées est pour mon père et pour Arthur.

Je me dirige vers ma commode et en sors un ordinateur qui commence à se faire vieux mais qui est néanmoins super-efficace. Je me connecte et déverrouille mon compte pour atterrir sur le bureau, un vieux cliché de moi et des deux personnes que j'aime le plus sont en fond d'écran. Mon estomac se noue mais je repense à tous les bons moments et cette sensation finit par passer.

Je me rue vers mon forum préféré, un forum d'hackeurs, /ONLINE-COALITION/, et j'entre rapidement mon pseudo "_Elea_". 

Je vois des personnes connectées, j'ai envie de parler, il y a plusieurs personnes mais je choisis un pseudo qui m'intrigue, je ne saurais dire pourquoi :"O_ver".

La discussion commence...


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