- Arthur, est-ce qu'on va pouvoir aller très loin, comme ça? demanda Ava alors qu'ils roulaient depuis à peu près deux heures. Il nous reste encore du carburant, mais bon...

- On attend de trouver le bon endroit.Quand on l'aura trouvé, on pourra s'y installer et là, on s'organisera. Tout ce qui compte pour l'instant, c'est que ni les clones ni la Résistance ne nous retrouvent.

- Mais c'est quoi, pour toi, le bon endroit?

- On le saura quand on y sera, c'est tout.

- Ce n'est pas le moment de te la jouer poète! marmonna Ava.

- Mais ce n'est pas le cas, je dis ce que je pense...

- Au fait, tu ne voudrais pas me laisser un peu conduire?

Arthur hésita.

- Allez... insista la jeune femme. Comme ça, tu auras tout le loisir de repérer ton endroit...

- Tu ne vas rien lâcher, hein?

- Carrément pas.

Avec un soupir, il la laissa échanger leur places.

Ils roulaient sur une petite route au milieu de sapins, ce qu'Ava trouvait rassurant car nul ne pouvait donc les repérer de loin, lorsqu'Arthur la serra un peu plus fort pour attirer son attention:

- Hé, regarde ça!

Arrêtant la moto au bord de la route, elle tourna la tête dans la direction qu'il indiquait. Entre les arbres apparaissait un lac. Au milieu du lac, une île arborée, qui avait l'air aussi grande que le complexe principal d'entraînement, à Denver...

- C'est parfait,non? demanda Arthur.

-  L'île? Certes, mais il faudrait déjà qu'on ait un moyen de mettre les pieds dessus... Ce n'est pas avec une moto qu'on va y arriver, c'est sûr...

- On va trouver. C'est l'endroit idéal. Continuons un peu à explorer les alentours du lac, on va trouver.

Ava redémarra. La première heure où ils explorèrent le tour du lac fut franchement décevante. Mais ils trouvèrent alors une sorte de barque à moteur à fond plat abandonnée dans la vase du bord.

- Tu vois? dit Arthur.

- Tu veux traverser avec ça?

- Bien sûr! Et le bon point, c'est que la moto va pouvoir embarquer aussi, personne ne nous la volera...

- Tu veux dire qu'on va couler avec ce truc, plaisanta à moitié Ava.

- Mais non, fit Arthur en se penchant pour l'embrasser.

Perdue dans ses bras, Ava oublia d'être inquiète.

Peu de temps après, ils avaient réussi à dégager assez l'embarcation pour allumer le moteur.

- C'est d'une discrétion remarquable, grimaça Arthur.

- Ne te plains pas, je n'aurais jamais cru que ce rafiot démarrerait...

- Certes, mais entre une moto et un bateau, si on continue comme ça, on a interêt à trouver un endroit où se ravitailler en carburant...

- On va trouver, assura Ava tandis que l'embarcation se dirigeait doucement vers l'île boisée.

Elle marqua une pause, puis ajouta:

- Qu'est-ce que tu crois qu'il va y avoir, sur cette île?

- ça m'étonneraitqu'il y ait déjà des gens... Ou des clones.

- Tu as raison, convint Ava. C'est le plus important.

Elle garda ses mains sur le guidon de la moto, d'abord pour que celle-ci ne tombe pas, mais aussi parce que c'était l'une des rares choses qui lui étaient encore vaguement familières.

Lorsqu'ils finirent par accoster, ils s'empressèrent de camoufler la petite embarcation entre les branches des sapins frôlant l'eau.

- C'est plus grand que ce que je pensais, cette île, convint Ava en jetant un coup d'oeil autour d'elle.

Les pins environnants l'empêchaient de voir exactement là où se trouvait l'autre côté de l'île, mais effectivement, ils avaient largement assez d'espace pour y vivre...

- Ava, viens voir par ici, l'appela alors Arthur.

A une dizaine demètres d'elle, il s'était avancé entre les arbres, et elle le rejoignit, curieuse, bien qu'un peu inquiète.

- Cela devait être un lieu pour l'alimentation en eau des alentours, ici, dit-il en indiquant une petite construction cubique, visiblement pour ranger du matériel, juste à côté d'imposants tuyaux émergeant du sol et y plongeant.

- Et si les clones sont au courant que ce lieu existe? murmura Ava. Ils reviendront peut-être le mettre en marche... Arthur, ce n'est pas un bon plan.

Il la regarda:

- Ava, si on n'est pas en sécurité ici, alors je ne sais pas où on pourra l'être. C'est une île, on verra arriver les potentiels clones. On est protégés par l'eau.

- Alors ce n'est pas parfait. C'est juste mieux que rien, n'est-ce pas?

Le regard d'Arthur se fit soudain infiniment triste, et elle comprit qu'elle l'avait blessé:

- Désolée, murmura-t-elle. Vraiment. Je ne voulais pas dire ça.... Je suis tout simplement inquiète.

Elle s'appuya contre lui, submergée par ce qui les attendait. Reconstruire leur vie loin de tout...

- Je sais, dit Arthur. Ne t'en fais pas, je sais.

Sa main effleura le ventre d'Ava:

- Moi aussi, j'ai peur.

Etonnamment, l'entendre dire cela la rassura.

https://youtu.be/IPN3tWrn1RM

Ce passage est un peu plus court mais j'espère qu'il vous aura plu ! 

Qu'en avez-vous pensé? :)