SAISON 4: Episode 3: Ava

AVA:

Elle n'avait pas de fièvre, et pourtant, elle avait l'impression de se consumer vivante.

Les mots de Kriegs résonnaient sans fin dans sa tête.

Ceux qu'il lui avait soufflés alors qu'elle se réveillait, après qu'ils lui aient plaqué cette.. chose sur la nuque:

"J'obéis à HG, Ava. HG te veut toi, car tu as été la Traqueuse des clones. Pas de compte à rebours. Pas de traces. Tu devais retrouver Ava Diaz et prendre sa place. Infiltrer la Résistance. Et... tu as rencontré cet humain. Décidément, même la Traqueuse n'était pas infaillible. Crois-moi ou pas, peu importe. Tu as tout oublié. Mais dorénavant, les choses vont reprendre la tournure prévue.."

Elle était un clone. Non! Impossible.

Ses mains tremblaient.

Elle avait tué, oui.

Mais elle n'avait jamais pensé avoir tué la véritable Ava avant d'usurper son identité... Elle ne s'en souvenait plus... Encore une fois, elle maudit son amnésie. 

Bon sang! Elle était Ava.

Elle était Ava!

Si elle ne l'était pas, alors qui était-elle? L'angoisse la submergea. Qui. Etait. Elle?

Il aurait été si simple de ne pas croire Kriegs... Pourtant, cette certitude dans son regard...

Et surtout....

Ava aurait voulu hurler. Qui était-elle? Qui était-elle vraiment? Et surtout...
Il y avait quelque chose. Quelque chose d'autre. Quelque chose qui se réveillait en elle.
Ils l'avaient laissée seule avec la douleur et les fantômes. Elle n'avait pas de fièvre, et pourtant elle avait l'impression que des doigts glacés caressaient sa joue et jouaient avec ses cheveux. Promettant que, bientôt, elle serait à eux. 

Mais elle ne voulait pas. Si elle cédait, tout ce qu'elle était disparaîtrait. Alors, elle n'avait d'autre choix que de tenir bon.

Les fantômes ne parlaient jamais, mais au bout d'un temps qu'elle n'aurait su calculer, une voix résonna dans son esprit, la voix familière et oubliée du père d'Angelo. Arthur.

"Ava, viens avec moi. Maintenant. Avant que tu ne sois à eux. Car après, il sera trop tard."

- Il est déjà trop tard, marmonna Ava. Tu le sais.


 Sept ans auparavant.

La nuit était complète, mais la lune, ronde et haute dans le ciel, se reflétait sur les cheveux sombres et lisses de la jeune femme qui surveillait les alentours, un revolver à la main. Près d'elle, allongés sur le sol, étaient des formes sombres, des humains endormis. 

Confiants en elle. 

Et derrière la vitre du Land Rover... Elle le distinguait à peine, mais il devait dormir, lui aussi. Elle n'en revenait pas de comment il s'obstinait à avancer, après tout ce qu'il avait subi. Il n'était qu'un humain. Mais il était fort. Et les clones tuaient des enfants. 

Elle se leva et s'enfonça dans la forêt obscure. Elle connaissait trop bien la mort, mais elle n'avait jamais eu le choix. Jusqu'à maintenant. 

Silencieuse comme une ombre, elle parvint dans une clairière. La lune la fixait, un grand œil brillant qui attendait de voir cette décision qu'elle allait prendre. Mais quoi qu'elle choisisse, la lune comprendrait. Elle non plus n'était pas humaine... Peut-être avait-elle rêvé de l'être? 

La jeune femme songea alors aux coups de feu. Au coup de feu. 

Et elle prit sa décision. Elle ôta le cran de sûreté de son arme, et fouilla dans la poche intérieure de son blouson, pour en sortir un silencieux, qu'elle installa sur le pistolet. Puis, après un dernier regard autour d'elle, elle saisit dans sa poche un petit objet qui brilla sous la lune. Un minuscule talkie-walkie. Elle le posa lentement par terre, visa, tira... Une balle suffit pour détruire l'appareil. Elle ne ratait jamais sa cible. Mais elle ne put résister et écrasa finalement le talkie-walkie sous son talon, bien que cela soit inutile. Entendre l'ultime craquement de l'appareil hors d'état de marche lui procura un bien fou. 

Elle venait d'apprendre à choisir, et plus jamais la Traqueuse, la Version Bêta, l'arme de Falconer, ne marcherait avec lui et tous ses fidèles.


Quelques semaines plus tard.

Ils n'auraient pas dû être sur le toit, à la nuit tombée, Ava le savait. Arthur aussi.

Le couvre-feu avait commencé depuis longtemps déjà, mais tant pis. Ce monde n'avait plus de règles. A quoi bon se soumettre à celle inventées par des gradés, pour les maintenir à leur botte?

Ava avait gardé un des pistolets avec lesquels ils s'étaient entraînés dans l'après-midi. Au creux de sa paume, la crosse de l'arme refusait de se réchauffer, mais cela ne l'étonnait pas. La mort était froide. C'était un coup de feu dans l'obscurité.

Ce qui l'étonnait, c'était qu'aucun des militaires n'avait remarqué qu'elle avait gardé une des armes,en la cachant sous sa veste. Mais les humains n'étaient pas parfaits. Evidemment.

Ava joua distraitement avec le cran de sûreté:

- Ava, marmonna Arthur en la regardant d'un air dubitatif, fais attention, hein...

- Oui, dit-elle.

Il ne savait pas qui elle était. Cela faisait longtemps qu'elle faisait attention. Tout le temps. Depuis toujours, en fait.

Quelques minutes s'écoulèrent en silence, puis Arthur reprit:

- On est tous arrivés ici en fuyant quelque chose. Léna, elle fuit la vérité. Comme moi. Je fuis l'idée qu'Ellie est partie pour toujours. Que c'est ma faute. Mais que jamais, jamais, je ne pourrai faire revenir les choses en arrière, et faire revenir ma petite soeur. Mais toi, Ava, tu fuis quoi ?

Ava resta silencieuse. Le regard vert d'Arthur l'accusait. Lui n'était pas au courant, mais ce qu'elle cachait, elle, devenait insupportable. Elle ne voulait pas lui mentir. Aimer une personne signifiait prouver la confiance qu'on éprouvait pour elle... Pas mentir.

Lentement, elle leva le pistolet, puis le pointa sur le front d'Arthur. Le jeune homme ne cilla pas, pas même quand Ava ôta le cran de sûreté.

Enfin, elle pressa la détente. Mais l'arme n'était pas chargée.

Evidemment, elle l'aimait. Une nouvelle fois, l'écho du coup de feu retentit dans son esprit. 

Elle baissa l'arme et la tendit à Arthur:

- Moi, je fuis tout simplement ce que je suis. Désolée de... je n'ai pas réussi à le dire avant. J'avais trop peur de ce que tu penserais de moi. Si tu veux, tue-moi. Tu peux en finir. Ça sera plus simple.

Arthur la regarda, les yeux brillants, et prit le pistolet. Il avait compris. Il avait compris qui, ou plutôt ce qu'elle était. Puis il posa l'arme inutile sur le sol à côté de lui.

- Non.

Elle ne comprenait pas. Il avait l'occasion de venger sa petite soeur adorée...

- Je crois que je me doutais que tu n'étais pas comme les autres, avoua Arthur. Je crois qu'au fond, je le savais déjà.

- Et malgré ça, tu...

Arthur ne la laissa pas finir et se pencha pour l'embrasser furtivement. Malgré elle, Ava se mit à pleurer:

- Je suis un monstre, tu ne sais pas qui je suis...

- Ici, on a tous décidé de prendre un nouveau départ, Ava.

Il la serra dans ses bras, la berçant comme une enfant:

- Tout va bien se passer, c'est promis. On est tous les deux. Je ne t'abandonnerai pas. Tu peux me croire.


Plus tard.

Assise sur le sol, dans le parc de la Résistance, Ava ne faisait rien de particulier. Elle réfléchissait, solitaire. Elle sursauta en s'apercevant que Mathieu s'approchait d'elle. Elle le pensait dans leurs chambres, comme les autres!

Mathieu s'assit à côté d'elle:

- Ava.

- Mathieu, répliqua Ava, une pointe d'ironie dans la voix. 

- Tu ne veux pas venir un peu avec nous?

- A certains moments, j'ai besoin d'être seule...

Son ami fit mine de battre en retraite.

- Désolée, Mathieu, lâcha impulsivement Ava, nous sommes complètement différents, toi et moi. Tu as choisi de te battre pour l'espoir. Je n'y arrive pas. Je veux me venger.

Pourquoi avait-elle dit ça? 

- Des clones, dit Mathieu. 

- Des clones, oui, mais surtout de ceux qui les ont créés. Qui ont décidé de briser des vies sans aucun état d'âme. Les vôtres.

- Et pas la tienne? demanda le jeune homme décontenancé.

- Si, justement. La mienne aussi. Et la seule chose que je veux, c'est leur faire payer. Tu vois, je me bats pour la vengeance. Ce n'est pas beau, je sais. Mais c'est la rage qui me fait avancer. 

- Et Arthur, dans tout ça? Léna, Ginny? Notre amitié, Ava, ça ne compte pas?

- J'ai peur, Mathieu. Peur que rien n'ait de sens. Que mes sentiments soient vains et nous détruisent. Que ma rage vous fasse tous disparaître. Mais s'il te plaît, s'il te plait, ne le dis à personne. 

Mathieu essaya de la retenir, mais elle se leva et partit sans un mot, et trop vite pour qu'il puisse la rattraper.

                       *             *             *

Bon.

Qu'avez-vous pensé de cet épisode ? 

Un des plus grands secrets est enfin révélé...

(Bien sûr,  il y aura un prequel pour expliquer tout ça ; )) 

J'espère que ce chapitre vous aura plu, en tout cas !  



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