Celle-ci arriva à peine quelques heures plus tard.  

- "Très chère JC", lut Oliver à voix haute, "c'est avec grand plaisir que je vous retrouverai à la mairie de Tournai dans trois jours. J'ai dû quelque peu changer mes plans car je comptais rejoindre mes Traqueurs pour éliminer une bande de rebelles qu'ils ont repérée aux abords de Bruges, dans trois jours justement. Ce n'est pas grave, ils s'en chargeront sans moi, mais je serai au rendez-vous. À très bientôt. Tristan Degroote."

Ilse blêmit et lâcha:

- "la bande de rebelles"... Je crois qu'il s'agit de nous!

Danaé regarda sa soeur, les yeux écarquillés. 

- Alors, il faut partir! Il doit y avoir un drone dans les parages qui nous a repérés, pour l'instant, ça doit être tout...

- Vous êtes sûrs? demanda Léna, brusquement inquiète.

- À peu près, marmonna Danaé. 

- S'il n'y a qu'un drone, il faut qu'un groupe parte maintenant, pour faire diversion, déclara Oliver. Si le drone le suit, il n'y aura personne ici pour remarquer que la majeure partie d'entre nous était restée et préparait autre chose. Il faut à tout prix éviter que nous soyons repérés lors de notre route vers Tournai! 

- Entendu, dit Ilse. Danaé, va demander aux guetteurs s'ils ont repéré un drone dans le coin, s'il te plait...

Sa cadette s'éloigna d'un pas pressé. 

- Honnêtement, conclut Oliver, je vous conseille de faire vos bagages très vite et de tout charger dans vos véhicules, qui sont au sous-sol, je présume? 

- Bien vu, admit Ilse. Je vais préparer tout cela.

- Ilse! Ilse!

La voix de Danaé la précéda dans le couloir:

- Il y a effectivement un drone! cria-t-elle en déboulant dans la salle. On fait quoi?

- Il va falloir se décider, les pressa Mathieu. Et vite!

- Très bien, décréta Ilse. On a un camion, dans lequel on met d'ordinaire tout notre matériel, et plusieurs fourgonnettes. Je vais faire partir le camion, il ne sera jamais assez discret ou rapide pour nous mener à Tournai sans nous faire repérer. En outre, je pense que les Traqueurs le suivront, pensant qu'on s'est tous entassés dedans...Danaé, va chercher quelques uns d'entre nous pour conduire! 

- Ça marche! 

- Clairement, nous ne pourrons pas tout emmener. Il va falloir laisser des choses ici. Mais je pense que tous les membres de notre groupe, une trentaine, pourront monter dans les fourgonnettes et qu'il restera un peu de place pour une partie du matériel. Vite, venez m'aider à préparer tout ça! 

Léna et ses amis ne se le firent pas dire deux fois et se précipitèrent à la suite d'Ilse.
Comme prévu, le camion fut le premier à partir. Léna aidait Mathieu à charger les derniers ordinateurs dans une fourgonnette lorsqu'Ilse apparut, un talkie-walkie à la main, le volume réglé de manière à ce que tous puissent l'entendre:

- "Nous sommes sur l'autoroute. Je confirme que le drone nous suit. Normalement, la voie est libre." 

- Vous avez entendu, conclut Ilse. "La voie est libre." C'est le moment d'y aller. 

La demi-douzaine de vans était garée dans le sous-sol, prête au départ et ils démarrèrent en même temps qu'Ilse. Léna, Mathieu, Violet et Jules se trouvaient dans celui de cette dernière en compagnie de Danaé, tandis qu'Ava, Oliver et Zaïa étaient montés dans un autre. Léna n'aimait pas être ainsi séparée de ses amis, mais elle n'avait pas le choix... La route qu'ils empruntèrent était vide, comme à l'accoutumée, mais se souvenant de la menace des "Traqueurs", Léna passa tout le trajet à scruter le paysage par la fenêtre, inquiète qu'un des tueurs de Tristan Degroote ait pu les repérer malgré toutes leurs précautions. Il semblait qu'ils se soient inquiétés pour rien, car ils parvinrent au centre-ville de Tournai sans encombre. 

- Ça change, commenta Jules avec un sourire alors que Léna le lui faisait remarquer. 

A peine était-elle descendue du van qu'elle vit Ava se diriger vers elle en faisant de grands gestes:

- Léna! Dis aux autres de garer les voitures un peu plus loin! Ça pourrait paraître suspect!

- Entendu!

Sitôt que Léna eut relayé l'information, la majeure partie du groupe, hormis ceux chargés de garer les véhicules, se dirigea vers la porte d'entrée de la mairie.

- C'est fermé, remarqua Danaé après avoir tenté de pousser les battants de la porte principale, en vain.

Zaïa et Violet levèrent simultanément la tête vers l'étage supérieur du bâtiment, et Léna devina immédiatement à quoi elles pensaient. La confirmation vint lorsque Zaïa déclara:

- Pas de souci, Violet et moi, on s'en charge.

Les deux espionnes entreprirent alors d'escalader l'édifice en pierre de taille, dont les volets du premier étage n'avaient pas été fermés. Après avoir cassé l'une des vitres au niveau de celui-ci, elles disparurent à l'intérieur. 

- Avoue que ma Violet est douée, glissa Jules à Oliver, ce qui ne manqua pas de faire sourire Léna malgré la gravité de la situation. 

- Si je dis l'inverse, je vais me prendre ton poing dans la figure, de toute façon, sourit Oliver. 

- Bien vu. 

- S'il vous plaît, soupira Ava. Ce n'est pas du tout le moment. Mais alors, pas du tout.

- Ça, c'est que t'es jalouse, Ava, déclara Jules. 

- Jules, un conseil: ferme-la.

La porte de la mairie s'ouvrit à cet instant et Zaïa et Violet apparurent, l'air particulièrement fières d'elles. 

- Si vous voulez bien vous donner la peine... commença Zaïa avec un geste théâtral. 

- Bien joué, ma Violet! s'exclama Jules avant d'aller embrasser l'intéressée. 

- OK, merci de m'avoir fait rater mon effet, Jules, soupira Zaïa. Sincèrement. Allez, rentrez tous. Au moins, à l'intérieur, on est moins repérables. 

Léna ne se fit pas prier et pénétra dans l'accueil de la mairie, sombre et visiblement inutilisée depuis longtemps, au vu de l'odeur de renfermé flottant dans la pièce. 

- Ne comptez pas sur moi pour installer mon sac de couchage ici, grogna Jules. Ces statues sont juste malsaines.

Léna dut convenir que les bustes de marbre placés sur des piédestals le long des murs de la pièce n'étaient effectivement pas très rassurantes.

- Il n'y a donc plus qu'à visiter l'étage, résuma Mathieu. 

- Pour certaines, c'est déjà fait, lâcha Zaïa avec un clin d'oeil à Violet. Je peux vous dire que c'est toujours mieux qu'ici, en effet.