(n'hésitez pas à mettre la musique, elle est vraiment parfaite pour bien commencer cette nouvelle saison!)

LÉNA:

Pas une seule voiture ne circulait sur les routes belges en cette fin d'après-midi.

Oliver avait reçu l'appel au secours d'Ilse seulement la veille, mais depuis, il avait fait des recherches qui lui avaient permis de comprendre l'état actuel du pays. 

Léna avait découvert avec stupéfaction que, tout comme la France, un dictateur avait pris le pouvoir en Belgique. Tristan Degroote, à peine vingt ans, avait enfermé sa capitale, Bruxelles, derrière un imposant rempart, et toute la population s'y trouvait aussi. Seuls quelques rares habitants pourvus d'un laisser-passer pouvaient se rendre à l'extérieur pour pourvoir aux besoins de la ville. 

Même si le temps des clones était désormais révolu, Léna pouvait comprendre sa démarche: de tels murs les protégeaient assurément des menaces extérieures, mais... Selon les informations qu'Oliver avait trouvées sur Internet, la population de la même tranche d'âge que le dictateur s'était rebellée, peu de temps auparavant. Le chef de la Belgique les avait alors chassés de Bruxelles, et laissés livrés à eux-mêmes à l'extérieur. Mais Léna avait compris en visionnant de nouveau la vidéo d'Ilse qu'il ne s'agissait sans doute pas que de ça...

- Ava, ça suffit, ordonna brusquement Oliver à l'intéressée qui conduisait. Lâche tout de suite ce volant, tu tombes de fatigue.

- Mais... protesta faiblement Ava.

Finalement, ils s'arrêtèrent au bord de la route, bien qu'il n'y ait nulle circulation, et ce fut Mathieu qui prit le volant. Le ciel était d'un bleu pur et sans nuages et la brise soufflait doucement. Les lieux paraissaient particulièrement paisibles..

Mais pas seulement. Ils semblaient également... morts. Il n'y avait pas âme qui vive. Personne pour leur dire ce qui pouvait réellement les attendre un peu plus loin. 

Évidemment, Léna avait laissé la petite Cynthia à Paris, où elle serait bien plus en sécurité, tout comme Angelo et Eleanor. Rhett et Katherine étaient restés là-bas pour veiller sur eux, et Léna avait beau être inquiète pour sa fille, elle supposa qu'ils pourraient gérer la situation. Dans le van se trouvaient donc Léna, Mathieu, Oliver, Ava, Zaïa, Jules et Violet, avec des armes qu'ils avaient pu récupérer tandis qu'ils séjournaient à Paris. Au bout d'une heure supplémentaire de trajet, ils parvinrent dans les alentours de Bruges.

La nuit tombait lorsque Mathieu se gara dans le parking d'une zone industrielle à l'abandon. Les grands bâtiments en tôle l'environnant rassuraient légèrement Léna, car elle avait l'impression que de potentiels ennemis ne pourraient que difficilement les repérer. 

- Selon les coordonnées GPS, dit Oliver, l'appel qu'on a reçu a été effectué très près d'ici,mais je ne vois personne...

- Nous n'aurons qu'à chercher demain,décréta Zaïa en ouvrant sa portière. Essayez de dormir un petit peu, je vais monter la garde...

Elle bondit à l'extérieur, une lampe-torche à la main et un fusil à l'épaule. Très vite, la nuit tomba complètement, et Léna finit par ne quasiment plus distinguer sa silhouette immobile... Finalement, la fatigue l'emporta, et elles'endormit. Elle se réveilla en sursaut quelques heures plus tard, en entendant Zaïa s'écrier:

- Hé! Pas un pas de plus! Qui es-tu, toi?

À côté d'elle, Ava ouvrit brusquement les yeux et saisit son fusil de sniper. 

- Je m'appelle Danaé... Attendez, je ne vous veux pas de mal... Je ne suis même pas armée! 

Dans l'obscurité, Léna ne distinguait pas grand chose, à sa grande frustration, mais Mathieu alluma alors les phares du van et elle put apercevoir la personne que Zaïa tenait en joue. Il s'agissait d'une jeune fille, visiblement plus jeunes qu'eux de deux ou trois ans, aux longs cheveux blonds tressés, et aux yeux d'un vert très clair. Elle portait des vêtements de camouflage, et d'après ce que Léna voyait, elle n'était effectivement pas armée. 

- D'où est-ce que tu sors comme ça? demanda Zaïa d'un ton légèrement apaisé.

- De notre cachette... Juste, par pitié, éteignez les phares de la voiture! Si un hélicoptère ou un drone de Tristan Degroote nous repère, nous sommes perdus! 

Mathieu obéit, tandis qu'Oliver descendait pour se diriger vers Danaé.

- Attendez, vous connaissez la personne qui nous a envoyé un appel au secours?

Les yeux de la jeune fille s'écarquillèrent de surprise. 

- Ainsi,vous l'avez reçu! C'est incroyable, peut-être avons-nous finalement un peu de chance... Et oui, bien sûr que je connais Ilse, c'est ma grande soeur... En tout cas, mieux vaut ne pas traîner trop longtemps par ici. Venez avec moi.

Après s'être assurés que Mathieu avait garé le véhicule dans un endroit où il était relativement caché, les sept amis suivirent Danaé entre les bâtiments envahis par le lierre, jusqu'à un escalier descendant vers un sous-sol. La jeune fille prit la tête, dévérouillant une grille au code électronique. Léna et ses amis pénétrèrent alors dans une salle dont elle n'aurait jamais soupçonné l'existence en un tel endroit.

Elle rappelait à Léna une gigantesque salle de surveillance, pourvue de grands écrans vidéos qui diffusaient des images de l'extérieur des lieux ainsi que d'une ville animée. Léna supposa qu'il s'agissait de Bruxelles. 

Dans la pièce, plusieurs personnes d'une vingtaine d'années vaquaient à diverses occupations et les dévisagèrent d'un air intrigué avant de reprendre leurs activités.

- Ilse, appela finalement Danaé en arrivant devant le fauteuil d'une jeune femme aux cheveux nattés qui leur tournait le dos, penchée sur divers écrans de contrôle. 

Deux grands yeux verts d'eau se rivèrent dans ceux de Léna. 

- Vous avez reçu mon message. Je suis Ilse, la grande soeur de Danaé.

- En effet, murmura Oliver. Mais que vous est-il arrivé, au juste? Pourquoi... 

- ... Vous cachez-vous? compléta Ava.

- A cause de Tristan Degroote! Il nous a forcées à quitter la cité, mais a décrété aussitôt que nous étions un danger potentiel pour la ville. Alors, il a envoyé des traqueurs d'élite pour nous pourchasser et nous tuer... C'est pourquoi nous vivons cachés ici. Il ne nous ont pas découverts, mais nous changeons régulièrement d'abri, sait-on jamais...

-Mais qu'est-ce que c'est que ce malade? s'écrièrent Jules et Violet dans un ensemble parfait. 

Danaé et Ilse échangèrent un regard navré. 

- Notre frère, soupira la première. 

- Mon jumeau,ajouta la seconde. Bientôt, il peindra la phrase "Tristan vous aime!" sur son jet privé, alors qu'il massacre notre génération dans le plus grand secret...

- La vache, lâcha Mathieu. 

- D'accord, j'ai un peu exagéré pour l'avion, reconnut Ilse. Mais je dois l'arrêter, et refaire de Bruxelles et la Belgique ce qu'elles étaient avant le désastre des clones! 

- Alors, vous avez trouvé les bonnes personnes, déclara Oliver. 

- Certes, admit Ilse, mais tout d'abord, vous feriez mieux de vous reposer. Vous avez vraiment des têtes de déterrés!