Episode 9: Denver

- Ne tirez pas ! hurla Léna en courant vers eux, le plus vite qu'elle pouvait.

Arrivée à leur hauteur, deux gardes l'attrapèrent violemment, la forçant à s'arrêter. Mathieu, jusque là impassible, s'agita pour aider son amie.

- Toi, tu bouges pas ! cracha un militaire un pointant son arme sur lui.

- Ne le tuez pas ! répéta Léna, les dents serrées.

- T'es gentille, mais va falloir trouver mieux, lui chuchota Ginny.

- Il nous a sauvé la vie ! Un clone n'aurait jamais fait ça, tenta Léna d'une voix implorante.

- Comment vouliez-vous que j'arrive vivante ici, blessée comme je suis ? la soutint Ginny en fusillant les gardes du regard.

Léna profita de ce moment d'accalmie pour se hisser aux cotés de Mathieu et lui glisser à l'oreille:

- Tu pourrais nous donner un coup de main, quand même.

Alors Mathieu la regarda, profondément, et son visage s'illumina, dévoilant son sourire parfait :

- Vous êtes en sécurité, j'ai rempli ma part du marché, ajouta-t-il.

Léna lui rendit son sourire, tout en sachant qu'elle ne le laisserai pas mourir aussi facilement.

- Je suis sûre que vos scientifiques seraient ravis d'apprendre que vous avez tué un clone différent, dit-elle en jouant sa dernière carte.

Les militaires parurent hésiter, alors Ginny y mit son grain de sel :

- Ouais, à mon avis, celui-là vous sera plus utile vivant que mort. Appelez vos responsables avant de commettre un acte que vous regretteriez.

A ces mots, Ginny secoua la tête pour remettre sa chevelure en place, puis dévisagea tour à tour les militaires. Léna dut le reconnaitre, sa camarade savait y faire. Alors l'un d'eux s'éloigna, téléphone à la main, et revint quelques minutes plus tard.

- OK, on les embarque, tous, maugréa-t-il.

Mathieu eut droit à une voiture entière pour lui, accompagné de quatre militaires, armés jusqu'aux dents. Léna n'était pas ravie,mais Ginny la rassura :

- T'inquiète, on a bien joué, ils ne peuvent pas le tuer maintenant.

- Merci, Ginny. Ça va, ta jambe ? demanda-t-elle, pour penser à autre chose.

- Oui, enfin non, mais ça va aller, répondit Ginny, reconnaissante de s'inquiéter de son état. Je peux pas trop la bouger, mais sinon je pense que je m'agiterais comme toi, se moqua-t-elle.

Elles arrivèrent en dernière, devant un immense bâtiment. L'intérieur ressemblait bien à un laboratoire, digne des plus riches entreprises: matériel à la pointe, surface blanche. Même l'odeur frappa Léna, un mélange d'antiseptique et de métallique. Ginny fut tout de suite prise en charge, trois infirmières vinrent l'aider.Alors, Léna aperçut Ava, inquiète, et s'avança vers son amie.

- Ça va, Ava ? demanda-t-elle doucement.

Toutes deux baissèrent les yeux en direction de son bras.

- Ça gonfle, ça brûle et c'est moche.. Mais on est vivantes, c'est tout ce qui compte, répondit son amie en plantant son regard dans celui de Léna.

- On va s'en sortir, je te le promets.

A ces mots, Léna prit Ava dans ses bras. Toutes ses peurs s'envolèrent et une larme coula sur sa joue, due à la pression accumulée de ces derniers jours. Malheureusement, elles furent interrompus par trois infirmières et deux soldats.

- Nous allons vous soigner, dit l'une d'entre elle, suivez-nous.

Léna perdit Ava de vue au bout du couloir. Il ne lui restait plus qu'une infirmière et un garde à ses cotés. Enfin, l'aide soignante ouvrit une porte coupe-feu, dévoilant une salle de bloc opératoire. Surprise, Léna recula et renversa le garde qui se tenait derrière elle. L'infirmière fit signe à d'autres soldats de venir. Alors, la jeune femme paniqua. Pourquoi devait-il y en avoir autant? Pourquoi l'amener dans une telle salle alors qu'elle allait très bien?

 Le premier militaire qui arriva pour tenter de la maintenir se prit une remarquable droite de sa part, et perdit l'équilibre tout en lâchant un juron. Léna regretta son geste en voyant les autres arriver au pas de course. Elle voulut faire demi-tour pour partir encourant mais le garde qu'elle avait assommé quelques secondes plus tôt, était déjà sur pieds et l'attrapa fermement. Un second vint l'aider, puis apparut l'infirmière avec une seringue, beaucoup trop grosse!

- Non non par pitié ! Je ne sais pas ce que c'est... on est pas obligé d'en arriver là. NON MAIS LÂCHEZ MOI !! hurla-t-elle, tout en se débattant de plus belle.

Mais la seringue atteignit sa nuque et elle sentit le produit gelé couler dans ses veines. Il ne lui fallut que trente secondes avant que sa vision ne se trouble et qu'elle perde connaissance.

Léna ouvrit les yeux, et dût s'y prendre plusieurs fois pour parvenir à distinguer clairement où elle se trouvait. Des murs blancs, une odeur de désinfectant, un lit d'hôpital... A cette dernière analyse, elle se redressa d'un coup et sortit du lit dans lequel elle était allongée. 

A peine posa-t-elle les pieds par terre, que ses jambes la lâchèrent et elle s'effondra sur le sol. La porte s'ouvrit, et elle découvrit un homme entre deux âges vêtu d'une blouse blanche. Elle tenta de se relever, affolée, mais l'homme était plus rapide. Arrivé à sa hauteur, il lui tendit sa main pour l'aider.

- Bonjour mademoiselle, Léna, c'est bien ça ?

- Pardon, vous êtes:?! s'inquiéta Léna qui était à présent debout.

- Le professeur Altaïr.

Voyant son interlocutrice serrer les poings et regarder la porte par laquelle il était rentré, il ajouta:

- Si j'étais vous, j'irais doucement.

- Qu'est ce que vous m'avez injecté:?! s'alarma cette dernière, en heurtant le lit dernière elle.

- Un sédatif, vous avez été violente, ce qui a inquiété l'infirmière, le rassura-t-il.

- Depuis combien de temps je dors ? S'enquit Léna.

- Quelques heures seulement. Mais ajouté à la fatigue, votre corps réagit plus longtemps. Rien d'inquiétant. Maintenant si vous voulez bien me suivre, dit-il en désignant la porte.

Léna regarda le scientifique, apeurée.

- Vous êtes la plus en forme des autres cependant, alors...

- Où sont-ils ? le coupa-t-elle.

- Ils sont soignés, ne vous inquiétez pas, vous êtes en sûreté maintenant.

- Ah oui, c'est pour ça qu'on me met sous sédatif dès que je gigote un peu, dit-elle, presque en chuchotant.

- Vous vous défendez bien, d'après ce que j'ai entendu, répondit-il en souriant à demi. Je suis venue vous parler de Mathieu, c'est bien son nom ?

- Est-ce qu'il va bien ?

Léna avait retrouvé son inquiétude, et le docteur quant à lui, son sérieux.

- Pour l'instant... Cependant je doute que vous nous l'ayez apporté pour le laisser mourir. Vous savez, un clone est formé à partir d'ADN de son original. D'ailleurs, leur force est purement physique et chimique. Néanmoins, leur compte à rebours n'est qu'une projection de données qui est contrôlée par un dispositif électronique, qu'il est donc possible de déconnecter.

- Vous pouvez le sauver ? dit-elle pleine d'espoir.

- Avez-vous remarqué que lorsqu'on tue un clone, le compte à rebours ne s'arrête pas instantanément. D'une simple balle, en plein cœur, il faut près d'une minute. Dans la tête, seulement quelques secondes. Décapitez le et le résultat est instantané.

Il marqua une courte pause, laissant le temps à Léna de voir où il voulait en venir.

- Le dispositif de contrôle est dans le cerveau, dit-elle d'une voix à peine audible.

- Relié vers la nuque, oui.

- L'opération est impossible ? questionna Léna, alors qu'elle connaissait déjà la réponse.

- Non, mais elle est risquée.

- Soyez honnête, dit-elle en se tourna face à lui, combien d'opération avez vous réussi?

- Jusqu'à présent, tous nos cobayes sont morts, admit Altaïr.

Un petit cri échappa à Léna.

- Cependant, je peux vous offrir une autre possibilité, commença le docteur.

- Pourquoi ne pas m'en avoir parlé directement? demanda-t-elle, sceptique.

- Ça n'a encore jamais été testé, votre ami serait le premier.

Léna l'invita à continuer. De toute façon, foutu pour foutu, pensa-t-elle.

- Si on change son ADN, le dispositif le reconnaîtra comme étant unique, ce qui stoppera le compte à rebours. Ce n'est pas quelque chose d'anodin, cela pourrait aussi tuer votre ami. Un changement d'ADN, pour un organisme humain est impensable. En revanche, sur un clone... il y a statistiquement plus de chance pour qu'il survive, non sans souffrance ceci dit.

Léna était sous le choc. Aucune des deux solutions ne l'enchantait.

- C'est sa vie, il devrait pouvoir en décider... concéda-t-elle.

Alors, le professeur Altaïr l'amena jusqu'à sa cellule hautement gardée.Lorsque la porte se referma derrière elle, Léna se jeta dans les bras de Mathieu, qui l'enlaça. Il lui caressa les cheveux, avec une douceur tellement humaine que Léna sentit son estomac se retourner.

- Je vais mourir, n'est-ce pas ? demanda finalement Mathieu, d'une voix qui trahissait son désarroi.

Léna se recula pour mieux le contempler, et finit par planter son regard dans le sien.

- Non, tu vas encore pouvoir me sauver plein de fois, dit-elle avec humour.

Sa réplique révéla une fois de plus, la petite fossette craquante de Mathieu et, Léna crut fondre, littéralement. 

Elle réussit néanmoins à ne rien laisser paraître -du moins l'espérait-elle- et lui dévoila les offres du scientifique.

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